candycandy, candyterry, candycandyfinalstory, anohito
Forum candyneige.com

Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

« Older   Newer »
  Share  
Leia
view post Posted on 9/3/2017, 18:05 by: Leia
Avatar

Membre Actif >100 messages

Group:
Member
Posts:
326

Status:


Chapitre 18




Le grand jour était enfin arrivé. On pouvait sentir l'agitation dans le château aller croissant au fur et à mesure que les heures s'écoulaient. On avait installé de grandes tables nappées de blanc dans le jardin, une estrade pour le petit orchestre qui accompagnerait en musique le repas, et des tentes autour de tout cela au cas où le soleil déciderait de leur faire faux bond. Il est vrai qu'on était à l'abri de rien en Angleterre !

Le Duc surveillait les derniers préparatifs avec attention. Tout devait être parfait. Bien que ce ne soit que des fiançailles, il voulait que cela soit une véritable cérémonie. Son fils avait fait le choix de ne pas se marier sur la terre de ses ancêtres, mais il pouvait lui offrir une belle fête, entouré de tout ce qu'il y avait de plus noble et de plus aristocratique. C'était sa façon à lui de le reconnaître définitivement aux yeux de tous comme son fils légitime, ce qui ferait peut-être grincer quelques dents mais il n'en avait cure. Le Duc de Grandchester n'avait de compte à rendre à personne ! C'était d'ailleurs ce message qu'il avait fait passer à son épouse Béatrix, laquelle lui opposait une résistance farouche quant il s'agissait de Terry. Il restait pour elle ce bâtard qu'il lui avait imposé et qu'elle avait dû supporter durant des années, cet enfant rebelle à toute discipline qui la toisait à travers les yeux de celle que son époux n'avait jamais cessé d'aimer. Chaque fois que le garçon s'approchait d'elle, elle éprouvait une jalousie féroce et le chassait violement pour qu'il disparaisse au plus vite de sa vue et de ses pensées. C'était elle qui avait tenté de l'envoyer en pension dès l'âge de six ans, mais le Duc lui avait opposé un refus catégorique. Elle était néanmoins parvenue à ses fins quand il avait atteint les dix ans, et avait proposé Gordonstoun School, au nord-est de l'Ecosse, avec comme raison que des têtes couronnées y avaient étudié. Le Duc avait bien compris que si elle avait pu trouver un pensionnat en Laponie, son choix se serait porté sur celui-ci, tant elle voulait éloigner Terry de sa famille. C'est pourquoi il avait proposé le Collège Saint Paul qui n'était pas très loin de Londres et qui lui permettrait de rendre visite à son fils quand bon lui semblait. Leurs relations étaient toujours aussi tendues mais il avait préféré, le caractère de Terry s'affirmant de plus en plus, le garder non loin de lui pour veiller sur lui. Ils en avaient connu des disputes et des affrontements, mais il était très fier de son fils qui avait su tracer son propre chemin, se bâtir une carrière admirée de tous, et se faire aimer de cette délicieuse blonde qui apportait de la gaieté dans toute la maison. Il s'était même bien habitué à la présence de Cookie et à l'esprit vif et fin qui le caractérisait, à son humour sarcastique qui témoignait du recul qu'il avait sur la vie et sur les gens. Rien ne l'impressionnait, et encore moins Beatrix qui l'évitait comme la peste. Elle n'avait pas diné avec eux depuis son retour, prétextant à chaque fois un mal de tête ou une extrême fatigue. Seule Sybille se hasardait par sa présence, mais ses piques blessantes ne parvenaient jamais à passer la barrière ironique que Cookie lui dressait, trop soucieux qu'il était de vouloir défendre Candy et Terry.

Le Duc restait néanmoins sur ses gardes quant à l'attitude de son épouse. Celle-ci lui avait annoncé avec grandiloquence qu'elle ne participerait pas à cette mascarade, ce qui revenait à se demander pourquoi elle était revenue au domaine familial alors qu'elle aurait pu rester tranquillement à Bath. Il en connaissait la raison : c'était tout bonnement pour le contrarier, pour le défier comme de coutume, mais cette fois, il n'avait pas l'intention de céder pour avoir la paix, et c'est très menaçant qu'il lui avait déclaré :

- Madame, je ne requiers pas mais ordonne votre présence le jour des fiançailles. Dès l'instant où le premier invité posera un pied dans l'allée, je vous veux présente pour l'accueillir. Et ne vous méprenez pas. Je suis tout disposé à venir vous tirer du lit et à vous traîner en chemise de nuit devant tout le monde. Vous m'en verriez navré, mais vous le seriez plus encore !

Sur ce, il l'avait sèchement saluée d'un signe de tête puis s'en était allé, la laissant muette d'étonnement et tremblante de rage. Cette menace semblait avoir porté ses fruits puisqu'au moment il revenait vers le château, il l'aperçut marchant vers lui, vêtue de ses plus beaux atours.

- Cette tenue correspond-elle à vos attentes, mon ami ? – fit-elle ironique en le toisant avec insolence.
- Peu m'importe à vrai dire… - rétorqua-t-il avec un regard empreint d'une profonde indifférence – Du moment où vous vous en tenez au rôle qui vous est attribué, celui de la parfaite hôtesse. D'ailleurs, il serait judicieux de votre part de commencer à guetter l'arrivée de nos invités qui ne saurait tarder. Terrence est déjà dans la court, prêt à les accueillir…
- Mais… Pourquoi devrais-je attendre avec lui ???
- Vous préférez peut-être que ce soit Candy qui se joigne à lui ? Ce serait dommage que la fortune en bijoux que vous exhibez soit éclipsée par la simplicité d'une jeune et jolie américaine…

Vexée, elle voulut riposter, mais il avait déjà tourné les talons, les épaules secouées d'un petit rire moqueur. Furibonde, elle resta quelques secondes immobile, le temps de retrouver son calme, puis elle se résigna à aller vers l'entrée où se tenait, comme convenu, l'héritier des Grandchester. Il avait fière allure dans son beau costume, les mains croisées dans le dos, pensif. Si ce n'était pas ces yeux qu'il tenait de cette autre femme, elle lui aurait aisément trouvé une franche ressemblance avec le Richard de sa jeunesse. Dieu qu'elle avait aimé cet homme et comme il le lui avait si mal rendu ! Encore aujourd'hui, il venait de l'humilier avec ces mots blessants qu'il savait lui assener sans aucune délicatesse, tandis qu'il lui imposait la présence de son bâtard de fils et cette fête somptueuse pour célébrer sa future union avec une parvenue sans éducation qui ne devait pas valoir mieux que l'autre, l'actrice ! Que pouvaient donc avoir ces américaines de mieux que les anglaises pour parvenir à les retenir ? Ce ne pouvait pas être cet accent campagnard et leurs mauvaises manières !… Peut-être ressentaient-ils le besoin de s'encanailler avec quelqu'un d'une classe inférieure, mais cela n'expliquait toujours pas cette attirance qu'ils avaient envers ce genre de femmes, ni ce besoin de s'afficher avec ! En ce qui concernait Terrence, ma foi, il était à moitié américain par sa mère et par conséquent, contaminé dans ses gènes. Heureusement que ses enfants à elle ne souffraient pas de cette tare. Elle pouvait être fière de sa lignée ! – se dit-elle tout en observant d'un air dédaigneux cet écart de jeunesse qui lui tournait en cet instant le dos. Ce dernier remarqua alors sa présence et elle ne put retenir une moue de contrariété. Son regard pénétrant croisa le sien et à la façon curieuse qu'il la regarda, elle eut la désagréable sensation qu'il pouvait lire dans ses pensées. Frissonnant de dégoût, elle lui dit, peinant à dissimuler sa gêne :

- N'y voyez aucune amabilité de ma part, mon jeune ami, je ne fais qu'obéir à la volonté de votre père…
- Vous m'en voyez navré…
- Certainement moins que moi, mais parfois, il faut faire bonne figure même dans les situations les plus éprouvantes…
- Sur ce point, je ne peux qu'être d'accord avec vous, Béatrix. Mais rassurez-vous, il n'est de supplice qu'à l'importance qu'on lui porte, et pour ma part, elle est inexistante.
- J'ai peur de ne pas comprendre, Terrence… - fit-elle en fronçant les sourcils.

Il se tourna franchement vers elle, un sourire amusé au coin des lèvres.

- Voyons Beatrix, cessons de jouer les hypocrites. Nous savons tous deux combien nous nous détestons. Je me suis habitué à votre mépris envers ma propre personne et cela fait bien longtemps qu'elle a cessé de m'émouvoir. Vous êtes peut-être l'épouse de mon père, mais cela ne représente qu'un titre à mes yeux, qu'une signature sur un contrat, et en aucun cas une quelconque obligation morale. Si cela ne tenait qu'à moi, je ne vous porterais aucune attention, aucun intérêt tant vous m'importez peu. Vous m'êtes indifférente. Néanmoins…

Cette fois, le sourire moqueur qu'il lui adressait s'évanouit pour laisser place à un regard froid, menaçant, qui la fit reculer d'un pas.

- Néanmoins – reprit-il – Je ne serai pas indifférent à la moindre tentative de votre part de blesser la femme que j'aime.
- Voyons, Terrence, qu'insinuez-vous là ? Vous avez une mauvaise opinion de moi… - bredouilla-t-elle en évitant son regard figé au sien.
- Bien au contraire, ma chère belle-mère ! Je vous connais que trop bien ! Et je sais par expérience de quoi vous êtes capable ! Si pour une fois, vous vouliez bien assumer ce que vous êtes devant moi, vous descendriez d'un cran sur l'échelle de votre médiocrité. Vous êtes une méchante femme, Béatrix. Je pourrais user de bien d'autres adjectifs pour vous décrire, mais celui de méchante résume bien ce qui vous caractérise. Vous êtes de ces êtres méprisables qui n'hésitent pas à se venger de leurs aigreurs et de leurs frustrations sur des personnes plus faibles, et dans votre cas plus précisément, sur un petit garçon que vous a avez maltraité et martyrisé pendant des années. Vous êtes laide à l'intérieur et si vous vous regardiez plus attentivement dans le miroir, vous y verriez clairement le reflet de la laideur de votre âme !

La duchesse de Grandchester chancela, le souffle coupé sous le coup de l'émotion. Comment osait-il lui parler ainsi, lui, ce petit bâtard qu'elle avait recueilli (sous la contrainte peut-être) et dont elle avait dû supporter la présence pendant plus de dix ans ?!!! Dix ans d'humiliation quotidienne qu'elle avait dû subir sous le regard condescendant de ses congénères féminines qu'elle faisait mine d'ignorer. Tout le gotha connaissait les origines du fils de son époux mais personne ne l'évoquait, tout au moins devant elle. Comme on avait dû rire derrière son dos, encore plus maintenant depuis qu'il était devenu une vedette américaine et que sa roulure de mère l'avait officiellement reconnu !

Submergée par la rage que ces pensées provoquaient en elle, elle leva la main vers lui pour le gifler, main qu'il retint dans son élan peu avant qu'elle s'abatte sur sa joue.

- Maîtrisez-vous, belle-maman ! - fit-il entre ses dents tout en déployant un large sourire - Vous oubliez que le personnel nous regarde…

Il serrait sa main si fort qu'elle laissa échapper un cri de douleur. Il la lâcha en retour avec une moue de mépris, la laissant furieuse et tremblante, faisant mine d'ignorer le regard embarrassé des domestiques qui allaient et venaient du jardin où ils s'affairaient.

- Vous êtes dangereux, Terrence !... – bredouilla-t-elle en se frottant discrètement la main.
- Vous ne croyez pas si bien dire, Beatrix. Je suis ravi que vous l'ayez enfin compris !

Du coin de l'œil, elle aperçut Carson qui s'approchait d'eux et elle se figea, convaincue qu'il avait assisté à toute la scène. Son air impassible ne laissait rien afficher, mais elle évita néanmoins son regard de peur d'y déceler de l'approbation, connaissant la complicité qui liait les deux hommes.

- Ah, vous tombez à point nommé, Carson ! – s'exclama Terry en l'apercevant – Pourriez-vous apporter un verre d'eau à sa seigneurie. Elle ne se sent pas très bien…
- N'en faîtes rien, mon ami, d'autant plus que je vois poindre une voiture au bout du chemin… - fit-elle en toussotant d'embarras. Sa silhouette se redressa quand elle reconnut le véhicule. Les traits blêmes de son visage se transformèrent sous l'effet d'un étrange sourire qui interpella le jeune duc. La voiture s'arrêta enfin devant eux et un élégant jeune homme en sortit, dont la longue silhouette rappelait celle d'un autre jeune homme un peu plus âgé.

- Rodolphe ! – fit Beatrix, dissimulant avec peine son soulagement – Tu n'imagines pas à quel point je suis heureuse de te revoir !
- Voyons, mère, vous parlez comme si nous nous étions pas vus depuis des années ! – répondit le jeune homme en lui prenant les mains pour y déposer un baiser – Vous êtes bien pâle. Vous vous sentez bien ?
- A présent que tu es là, tout va beaucoup mieux…

Rodolphe tourna alors la tête vers Terry, lequel le détaillait avec curiosité. Son petit frère avait bien changé ! Sur le moment, il se sentit presque troublé de ses retrouvailles, mais quand il croisa son regard dans lequel brillait la lueur malveillante de sa véritable nature, malveillance dont il avait si souvent souffert dans son enfance, il se raidit, serrant les mâchoires, prêt à bondir sur lui.

- Terrence… - fit Rodolphe en lui tendant une main qui suintait l'hypocrisie.
- Rodolphe… - répondit Terry en la serrant à peine en retour.
- Je n'aurais pas parié un penny sur ton retour en ces lieux un jour ! – gloussa l'arrogant demi-frère – Décidément, la vie nous réserve bien des surprises !
- Certaines sont malheureusement pourvues d'épines…
- Hahaha, Terry ! J'avais oublié combien tu pouvais être amusant ! S'il est une qualité que je ne peux te retirer, c'est bien cet humour grinçant dont tu sais parfaitement user.
- Notre famille est une grande source d'inspiration…

La tête de Rodolphe bascula en arrière dans un grand éclat de rire.

- Décidément, Terry, tu me feras toujours autant rire !
- Pas à mes dépends, cette fois, je te l'assure…

Le jeune frère, saisissant l'allusion, abrégea son enthousiasme par un ricanement embarrassé. Au regard éloquent que lui adressa Terry, il comprit que ce dernier n'avait pas oublié ces funestes années au château rythmées par les brimades que lui et sa sœur lui avaient infligées. Il n'en avait gardé pour sa part que des souvenirs diffus, quelques plaisanteries cruelles sans conséquence... A vrai dire, ils n'étaient que des enfants et c'est bien connu, les enfants sont parfois impitoyables avec leur entourage… Un silence pesant s'instaura entre les deux jeunes hommes.

- Voulez-vous que je fasse monter vos bagages dans votre chambre, My Lord ? – les interrompit Carson, soucieux de faire remonter de quelques degrés la température glaciale autour d'eux.
- Oui, Carson, merci ! – répondit Rodolphe, sans grande conviction, de plus en plus gêné par le regard scrutateur de son frère sur lui. Soudain, flanqué d'un regain d'intérêt pour son illustre mère, le sourcil faussement froncé d'inquiétude, il s'avança vers elle, prenant sa main entre les siennes.

- Je vous trouve vraiment très pâle, maman. Laissez-moi vous conduire à votre chambre. Un peu de repos vous fera le plus grand bien avant l'arrivée des invités…
- Est-ce bien nécessaire ? – fit-elle d'une petite voix – J'ai promis à ton père d'être là pour les accueillir.
- Terrence s'en acquittera comme un chef, j'en suis sûr !
- Je vous en prie, belle-maman. Allez vous "reposer". Vous avez ma bénédiction… - fit Terry avec une moue entendue, peinant difficilement à cacher son soulagement de les voir s'éloigner de lui. La mère et le fils ne se firent pas prier plus longtemps et disparurent prestement à l'intérieur du château. Que la journée allait être longue avec des gens aussi détestables ! Heureusement, ils seraient dilués dans la masse des convives et il pourrait les éviter aisément. Il avait hâte que tout le monde soit là pour retrouver Candy qui devait être en train de finir de se préparer. Elle avait reçu la veille sa robe de fiançailles confectionnée par un des plus grands couturiers de Londres. Il n'avait pas eu le droit de la voir mais il savait déjà que quoi que ce fût, cela lui irait divinement bien.

Une autre voiture pointa au bout du chemin, suivie d'une autre. Terry se redressa, le poing serré de nervosité. Carson se rapprocha de lui, les mains croisées dans le dos.

- Ma vue n'est pas parfaite mais je crois bien apercevoir la voiture de monsieur le curé ainsi que celle des Crawley… - fit-il d'un ton tranquille qui se voulait apaisant, devinant l'état de stress dans lequel se trouvait le jeune duc.
- Verriez-vous un inconvénient, Carson, à rester près de moi ? – demanda alors Terry, d'un air anxieux - J'ai pratiquement oublié les noms de tous ces gens…
- Je serai ravi de vous apporter mon aide, My Lord…
- Merci, Carson. Vous êtes un véritable… ami…

Carson sentit son cœur bondir dans sa poitrine et une chaleur bienfaisante l'envahir. Il ferma à demi les yeux de contentement et sautilla discrètement sur ses grands pieds, savourant intérieurement ce moment seul à seul avec son protégé…

****************



- Décidément, cet imbécile de Terry est toujours aussi insupportable ! – s'écria Rodolphe tandis qu'ils montaient les marches de l'escalier qui menait aux chambres.
- Je ne peux malheureusement qu'acquiescer ! – répondit sa mère en s'appuyant sur la rampe – Dire que je dois supporter ses grands airs depuis trois jours. Vivement que cette comédie soit terminée et qu'il reparte en Amérique avec son infirmière !

Devant le regard interloqué de son fils, elle ajouta, perfide :

- Hé oui, il n'y a bien qu'en Amérique que les femmes riches travaillent !...
- Soit !... – ricana-t-il – Mais… Dites-moi, comment est-elle ? J'ai entendu parler de sa famille, mais je n'ai aucune idée de ce à quoi elle ressemble.
- Oh… Elle est blonde, petite. Tout à fait quelconque !...
- Hé bien, j'aurais cru Terry plus exigeant !
- Qu'espérais-tu ? Il n'est qu'à moitié de notre sang et il n'en a pas hérité des qualités !...

Poursuivant leurs médisances, ils parvinrent au premier étage et longèrent le long couloir sombre jusqu'à la chambre de Beatrix. S'étant acquitté de sa tâche avec application, Rodolphe avait à présent l'intention d'abréger la séparation. En ce jour de fête, il devait bien y avoir une bouteille de champagne qui n'attendait qu'à être honorée par l'alcoolique mondain qu'il était ! Mais au moment où sa mère tournait la poignée de la porte, la lumière crue du jour provenant d'une autre chambre à l'autre bout du couloir les interpella. Une créature d'une beauté éblouissante, vêtue d'une robe longue en crêpe de soie jaune très pâle en sortit. Elle s'avançait vers eux, les mètres qui les séparaient se réduisant, révélant au fur et à mesure la perfection de ses traits. Elle s'arrêta devant l'escalier et d'un geste gracieux posa sa main sur la rampe. Son regard émeraude croisa ingénument celui de Rodolphe, provoquant en lui un flot de pensées folles et déstabilisantes. Il déglutit péniblement, les yeux exorbités, fixés sur cette apparition divine qui s'apprêtait à descendre les marches.

- Qui… Qui est-ce ? – bredouilla-t-il, le souffle coupé par l'émotion.
- C'est Candy. Candice Neige André. La fiancée de ton frère… - répondit en grimaçant Beatrix.

Il resta un instant interdit par la nouvelle, cherchant à récupérer du trouble que Candy venait de provoquer en lui. Mais il en était incapable, comme si sa rétine avait brulé au contact de sa lumière, laissant une empreinte indélébile, disposée à hanter ses jours et ses nuits.

- Ce… Ce soit-disant laideron est la fiancée de Terry ? – grogna-t-il entre ses dents tout en adressant un regard ulcéré à sa mère. Elle hocha la tête, surprise par l'étrangeté de sa réaction. Ce qu'elle lut dans ses yeux la paralysa d'effroi : une rage sourde, contenue, mêlée d'une ardente convoitise qui rougissait sa gorge, menaçant d'exploser.
- Tu vas bien, Rodolphe ? – demanda-t-elle d'un air inquiet.
- Le mieux du monde, mère… - mentit-il tout en dévorant Candy des yeux, laquelle s'éloignait peu à peu de son champ de vision. Ce n'était pas le moment qu'il la perde de vue, d'autant plus que son idiot de frère était occupé dehors. C'était l'occasion rêvée de faire les présentations !

D'une main tremblante, il se passa la main dans les cheveux, réajusta sa veste et abandonna sa mère sans plus de cérémonie. Les poumons gonflés de suffisance, il hâta le pas vers l'objet de son désir, avec la farouche prétention d'en découvrir tous les mystères…

Fin du chapitre 18

 
Top
59 replies since 22/11/2011, 18:57   34650 views
  Share