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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 28/1/2020, 17:07 by: Leia
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Le chapitre suivant présente un contenu qui, par sa nature, s'adresse à un public, disons, "ADULTE"... Afin d'éviter toute réaction négative envers cette fiction, veuillez donc prendre en considération cet avertissement...



Chapitre 23



- Tu es vraiment certaine qu'il n'a rien ? - demanda une nouvelle fois Terry, la respiration en suspend.
- Oui, oui, ne t'inquiète pas. Il se réveillera avec une belle bosse au front (et une dent en moins malheureusement). - - Allez, aide-moi plutôt à le coucher. J'aimerais qu'on soit parti d'ici avant que quelqu'un ne nous surprenne...
- Aucun risque, il avait donné congé à tout son personnel... - dit Terry sur un ton faussement détaché tout en hissant avec peine sur le lit le corps inanimé de la star hollywoodienne.
- Ah bon, mais pourquoi ? - fit Candy, la bouche ronde d'étonnement. Embarrassé, le jeune homme la regardait en se mordillant la lèvre.
- Tu ne me croirais pas si je te le disais...
- Vraiment, Terry, je ne comprends rien à cette histoire ! - s'écria-t-elle, agacée - Vas-tu me dire ce qui s'est passé dans cette chambre, oui ou non ?

Son regard se heurta alors à une paire de menottes en fourrure pendue à la tête de lit. Elle fronça les sourcils d'interrogation, de drôles de pensées lui venant à l'esprit confortées par la décoration chargée autour d'elle, les draps de soie de couleur pourpre, et ce parfum de cocotte qui flottait dans la chambre... Elle n'avait pas fait attention à tout cela en arrivant, trop absorbée qu'elle était à examiner l'hôte des lieux, mais à présent qu'elle avait retrouvé son calme, elle ne pouvait ignorer l'étrangeté de ce qui l'entourait.

- On dirait une boite à bonbons croisée avec une maison close... - se dit-elle, gênée d'être involontairement témoin de ce dont elle n'aurait pas dû être.

Un gémissement l'interrompit alors dans ses pensées. C'était l'endormi qui commençait à émerger de son sommeil forcé.

- Vite, vite, ne trainons pas ici ! - dit-elle tout bas en agitant les mains de panique. Elle vérifia une dernière fois son pouls et ses pupilles, puis d'un coup de menton, fit signe à Terry de la suivre. A pas de loup, ils sortirent de la chambre, traversèrent le salon, fermèrent le plus discrètement possible la porte derrière eux, puis s'éclipsèrent, à la limite de la téléportation tant ils étaient pressés de rentrer chez eux !

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Terry n'avait pas poussé la porte de sa cabine qu'il sentit une forte pression dans son dos. Déséquilibré, il tituba sur quelques mètres pour s'écraser avec fracas contre la table basse du salon. Surpris par la violence du coup, il se retourna, étonné. Candy le fixait, les bras croisés, d'un air déterminé.

- Maintenant, Terrence Grandchester, tu vas te mettre à table ou je te promets que tu vas le regretter jusqu'à la fin de tes jours !

Aux yeux furibonds qu'elle lui jetait, il comprit que sa menace était réelle. De toute façon, tarder encore ne faisait que reculer l'échéance inutilement. Autant affronter le couperet avec courage ! Avec un peu de chance, elle serait magnanime...

- Assieds-toi, je t'en prie... - lui dit-il en lui indiquant du regard le canapé. Puis, prenant une forte inspiration, il se lança dans son récit...

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Fou de rage, Terry s’apprêtait à défoncer la porte de son rival quand un éclair de lucidité lui traversa l'esprit. Puisque c'était Candy que cet « enfoiré » attendait, autant lui laisser croire que c'était bien elle qui le rejoignait... Il frappa donc à la porte tout doucement, s'amusant à en griffer le bois comme l'eut fait une demoiselle impatiente. Sans surprise, la porte s'ouvrit sur le playboy gominé, vêtu de ses plus beaux atours, compte tenu de la qualité de l'étoffe du kimono qu'il portait, largement ouvert sur sa poitrine imberbe...

- Haaaaa, Terrence, quel empressement ! - s'écria Rudolph en sautillant de joie tout en l'invitant à entrer d'un geste gracieux de la main.

Devant cet étrange comportement, Terry eut un mouvement de recul, mais plus désireux encore d'avoir une explication, il hocha la tête et pénétra dans la pièce, dont l'éclairage tamisé l'interpela...

- J'ai donné congé à mon personnel pour que nous soyons plus tranquilles... - lui dit tout bas Rudolph avec un clin d'oeil complice tout en lui tendant une coupe de champagne.
- Je n'ai pas peur d'affronter vos gardes du corps, vous savez ! - répliqua Terry en refusant la coupe.
- J'en suis certain mon ami, mais pour ma part, j'aime bien faire ce genre de choses dans la discrétion...
- Je comprends, il ne serait pas de bon ton que tout le monde soit au courant de votre attitude envers tous ces maris ou compagnons dont vous convoit'...

Son interlocuteur l'interrompit en fouettant l'air d'un revers de la main.

- Rhoooo, oublions ces histoires de bonshommes !... L'essentiel, c'est que vous soyez venu, Terrence, les autres ne comptent pas... ou ne comptent plus...

Devant la singularité de ces propos, le front de Terry se plissa tandis que tout son corps se raidit, sur la défensive.

- Qu'est ce qu'il mijote, celui-là ? - se dit-il tout en l'observant du coin de l'oeil se diriger en chantonnant vers le gramophone. D'un geste aérien, ce dernier déposa le bras de l'appareil sur le disque et une douce musique se mit jouer. La tête penchée sur le côté, les yeux fermés, ses bras virevoltant au rythme de la mélodie, il revint vers Terry en se balançant, ses mules en cuir frôlant le sol.

- Décidément, ce type est vraiment bizarre ! - se dit-il, déconcerté par l'allure et le comportement de plus en plus étranges de la star américaine. Il se moquait de lui, il n'y avait pas de doute ! Comment pouvait-il fanfaronner devant lui tel un paon tout en faisant semblant d'ignorer la raison de sa visite ?! A bout de patience, Terry le saisit au vol et l'empoignant par le col de son kimono, plaqua son nez contre le sien.

- Valentino, je ne suis pas venu ici pour cueillir des pâquerettes ! Nous avons à parler !!!

Terry vit alors passer une lueur étrange dans le regard du bourreau des cœurs, lequel, profitant de cette providentielle proximité, s'enhardit et d'un bond, lui plaqua un baiser sur la bouche ! En réaction, le jeune aristocrate le repoussa vivement et bascula dans son élan contre la banquette derrière lui.

- Q... Qu'est ce qu'il vous prend, Rudolph ??? - s'écria-t-il d'une voix hystérique. Il tenta de se relever, mais déjà ce dernier s'asseyait à côté de lui, le buste penché en avant et le cou tendu vers lui.
Excusez-moi, Terrence, mais ce fut plus fort que moi .Vous étiez si près de moi que je n'ai pas pu résister à la tentation de vous embrasser. Vous m'en voulez ?

Terry était tellement choqué que rien de compréhensible ne sortait de sa bouche. Rudolph se glissa alors contre lui et nullement effarouché, se mit à jouer avec les boutons de sa chemise, tandis que son autre main remontait le long de son biceps (bandé et surtout tout disposé à user de sa force de catapultage !...)

- Otez vos mains de moi !... - grogna Terry, mâchoires serrées.

Sa voix, cette fois, avait repris un aspect normal, ferme et menaçante, mais visiblement pas assez convaincante, son entreprenant interlocuteur persistant dans son entreprise de charme.

- Haaa, Terrence ! Si vous saviez comme je suis heureux ! Au fond de moi subsistait un doute, mais maintenant que vous êtes là, je n'en ai plus...
J... J'ai peur de ne pas très bien comprendre... - protesta Terry tout en essayant de se dégager de cette emprise de plus en plus embarrassante.

L'envie d'envoyer valser Valentino dans le décor le démangeait, mais paradoxalement, il ressentait aussi de la pitié pour l'énergumène qui s'alanguissait contre lui. Comment avait-il pu s'imaginer que... ? Ce n'était pas la première fois qu'un homme s'amourachait de lui. Le théâtre regorgeait de comédiens sensibles à la gent masculine et il était habitué à leurs regards énamourés. Néanmoins, il n'aurait jamais imaginé que le plus grand séducteur d'Hollywood, celui que toutes les femmes idolâtraient, celui que les maris détestaient et jalousaient, puisse préférer les hommes ! Il imaginait déjà la tête qu'allait faire Candy en l'apprenant. Cette perspective le réjouissait intérieurement...

Désireux de s'extirper de cette situation incommode au plus vite, il saisit fermement son admirateur par les épaules et l'écarta de lui. Ce dernier parut surpris de ce soudain rejet et battit des cils d'incompréhension tandis que l'objet de tous ses désirs se dirigeait à grandes enjambées vers la porte. Vif comme l'éclair, il courut lui barrer le passage.

- Pourquoi m'évitez-vous, Terrence ? Nous avons tant de choses à nous dire pourtant...

Agacé, Terry essayait de forcer le passage, mais Rudolph, motivé par ses sentiments, freinait chacune de ses tentatives, si bien qu'ils tournaient l'un autour de l'autre.

- Au secours !!! - gémit Terry intérieurement – Comment vais-je me sortir de ce pétrin ???

Il se dirigea alors vers la chambre avec l'espoir d'y trouver une autre issue. Malheureusement, comme il le craignait, c'était un cul de sac. Il se retourna et aperçut Rudolph qui, nullement découragé, s'approchait de lui avec une lenteur hypnotique...

- Ecoutez, Rudolph... - bredouilla Terry, gêné, alors que ce dernier posait à nouveau ses mains sur sa poitrine, ses yeux implorants cherchant les siens, qu'il fuyait en gémissant d'agacement – Je regrette mais... Vous vous méprenez...
- Tsss... Tssss... Mon ami... J'en ai dompté des plus récalcitrants que vous... Avouez, vous ne seriez pas là si...
Je n'avoue rien du tout, bien au contraire ! - rugit Terry en se débattant plus fermement - Et pour tout vous dire, je trouve que tout ceci prend une tournure vraiment déplaisante, monsieur !
- Désagréable ? Mais je ne veux en rien vous êtes désagréable, Terrence ! - s'écria Rudolph en s'agrippant à lui - Mon cœur bat pour vous depuis que je vous ai vu au théâtre à New-York ! Vous étiez un Hamlet si... ! Les mots me manquent pour qualifier l'émoi que j'ai éprouvé ce soir là ! Puis, quand je vous ai vu sur le pont du bateau au premier jour de la traversée, j'ai vraiment cru que j'allais m'évanouir de bonheur tant votre présence était inattendue et inespérée. J'ai bien tenté de dissimuler mon émotion à ce moment là, mais mon regard croisant alors le votre et j'ai remarqué que vous me dévisagiez à votre tour... J'en ai été si bouleversé que je ne n'ai pu dormir de la nuit !... Depuis, je n'ai eu de cesse de chercher à vous approcher, de vous parler et... de vous séduire... Confirmation m'en a été faite alors que mon pied cherchait le votre sous la table l'autre soir. Le regard que vous m'avez lancé en retour était si éloquent !..

La mâchoire de Terry se décrocha à l'écoute de cette improbable déclaration. Les bras ballants, il n'en croyait pas ses oreilles. Depuis le début du voyage, il avait cru que c'était Candy qui était l'objet des assiduités de la star. Comment avait-il pu être aussi naïf et aveugle ? De cette interrogation émana tout aussi vite la réponse : son amour pour Candy, à la fois possessif et adorateur, lui interdisait à l'évidence tout discernement. Chaque homme devenait naturellement une menace, un rival, qui ne pouvait que la désirer, elle, et vouloir la conquérir. Comme il se sentait stupide à présent devant cet homme qui soupirait devant lui, le revers de la main sur le front, tel le fils du scheik devant la belle Yasmin.

Ils avaient bonne mine tous les deux...

Honteux de son manque de jugement qui l'avait entrainé dans cette situation embarrassante, il bredouilla quelques mots d'excuses et sans autre forme de procès, pivota sur ses talons en direction de la porte d'entrée.

- Mais ? Que vous arrive-t-il Terrence, vous partez, alors que je vous ai ouvert mon cœur ??? - gémit dans un trémolo son soupirant tout en agrippant de plus belle à lui.
- Ecoutez, Rudolph... - fit Terry, terriblement gêné. Il se rendait compte qu'il avait affaire à un homme très amoureux de lui et il ne savait comment l'éconduire sans le blesser... - Tout ceci est un malheureux malentendu... Il se trouve que je suis très amoureux de ma future épouse, et je regrette sincèrement d'avoir involontairement pu vous faire croire que j'avais des sentiments pour vous. Si parfois je vous ai donné à penser, par l'insistance de mes regards, que vous m'attiriez, c'est parce qu'au contraire, j'étais convaincu que vous aviez des vues sur ma fiancée...
- Mademoiselle André ??? - couina Rudolph en relâchant sa proie – Elle est assurément une personne ravissante et charmante mais... C'est bien à vous que je m'adressais en permanence et non à elle...
- Je regrette, Rudolph – soupira Terry devant la mine déconfite de son interlocuteur – Je n'ai jamais été attiré par les hommes,..
- Mais, c'est peut-être parce-que vous n'avez jamais essayé ? - fit ce dernier en se collant une nouvelle fois contre lui dans une ultime tentative de séduction.

Cette fois, c'en était trop ! Il n'en pouvait plus de ce type fardé qui battait des cils devant lui, de ses mains qui glissaient sur lui, le touchaient sans vergogne, sourd à son refus et n'écoutant que son désir. Il l'empoigna par le col et le repoussa violemment, lequel dans sa bascule, emporta un morceau de sa chemise. Il tomba avec fracas au sol, jambes écartées, révélant un magnifique « service trois pièces » parfaitement épilé... Un vrai moment de grâce !...

- Dieu du ciel !!! - s'écria Terry horrifié par ce désolant spectacle. Il ne savait plus s'il devait en rire ou s'en alarmer, mais une chose était sûre, il devait s'échapper de cet endroit au plus vite ! Il traversa le salon mais au moment où sa main s’apprêtait à tourner la poignée de la porte vers la liberté, il entendit derrière lui la voix hystérique de Rudolph l'interpeler. Il tourna la tête en réaction et aperçut ce dernier qui se relevait, empêtré dans les larges manches de son kimono.

- Je vous interdis de partir, Terrence ! - s'écria-t-il, rouge de colère, en sautillant sur place de rage.
- Cause toujours ! - se dit Terry en tournant la poignée de la porte. Etrangement, elle ne cédait point...
- Si tu veux sortir mon mignon... - ricana alors Rudolph en agitant la clé de la porte au dessus de sa tête – Il va falloir que tu viennes la chercher !...

Fulminant de rage, Terry se précipita à la poursuite de son geôlier, lequel, en bon danseur qu'il était, esquivait avec dextérité chacune de ses tentatives pour l’attraper. S'en suivit alors une course poursuite dans toute la cabine jusqu'à ce que sa main parvienne à s'emparer d'une des extrémités de la ceinture en soie qui retenait le kimono. Terry tira d'un coup sec, espérant ramener vers lui le fuyard, lequel, stoppé net dans son élan, se mit à patiner sur place, entrainé par le cuir de ses mules qui glissaient joyeusement sur le sol moquetté. Sentant que ce dernier perdait l'équilibre, Terry relâcha sa proie ce qui eut pour effet, tel un élastique sur lequel on a trop tiré, de propulser en avant le dom Juan italien, qui, tête première, partit s'écraser, dans un soleil majestueux, sur l'épaisse moquette ! Ejectée par la violence du choc, une des mules alla se figer dans le miroir de la commode tandis que sa jumelle accrochée au lustre au dessus d'eux, tremblait d'ultimes soubresauts.

Terry resta quelques secondes sans réaction, hébété. Rudolph Valentino, à moitié nu sur le sol, ne bougeait plus... La chanson sur le disque bien que terminée depuis longtemps, continuait à tourner, dans un silence de mort, avec un bruit de craquement répétitif. Le cœur battant, Terry s'approcha du corps et le secoua légèrement avec le pied. L'inanimé restait désespérément inerte....

- Mon Dieu, je l'ai tué !!! - se dit-il en prenant sa tête entre ses mains. Il tournait dans la pièce en gémissant, s'imaginant déjà en prison pour le restant de ses jours. Il ne verrait plus jamais Candy, qui deviendrait de son côté la risée du pays pour s'être fiancée à un assassin ! Un a-ssa-ssin ! Voilà bien ce qu'il était devenu, tout cela par la faute de sa stupide jalousie !!!

C'est ce moment là qu'on choisit de frapper à la porte...

- Misère, misère, me voilà définitivement perdu ! - murmura-t-il, une goutte de sueur perlant à son front. Il regarda autour de lui : le désordre qui y régnait ne penchait pas en sa faveur. Il était facilement reconnaissable qu'il y avait eu affrontement physique. Valentino au sol et sa chemise à lui déchirée en étaient des preuves flagrantes.

Derrière la porte, la personne se faisait insistante.

- Terry ? Terry, ouvre-moi !!! - entendit-il alors. C'était la voix de Candy ! L'espace d'une seconde, il se sentit soulagé, puis il réalisa qu'elle allait le découvrir dans cette triste posture. Comment allait-elle réagir ? Elle ne lui laissa pas le temps de réfléchir à la question, tambourinant de plus belle à la porte. Il se décida enfin à lui ouvrir avant qu'elle n'ameute toutes les chambres alentour, et se mit en quête de la clé. Il se souvint que Valentino la tenait avant de tomber. Il devait donc l'avoir encore en sa possession. Il revint vers lui, le palpa non avec une certaine réticence, et finit par retrouver la clé nichée sous son poitrail. Il le souleva légèrement, récupéra l'objet de malheur et se dirigea vers la porte, d'un pas lent et lourd, engourdi du choc émotionnel qu'il venait de subir.

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- Et c'est ainsi que tu m'as trouvé... - soupira Terry en baissant piteusement le nez.

Candy se leva, pensive. Il s'attendait à une nouvelle remontrance de sa part mais ce qu'elle laissa échapper le laissa pantois :

- Rudolph Valentino aime les hommes ! - s'écria-t-elle en parcourant la pièce de long en large – Rudolph Valentino aime LES HOMMES !

Sa voix montait crescendo au rythme de sa prise de conscience. Jamais elle n'aurait imaginé que celui qui avait incarné les plus grands héros de la littérature, celui pour lequel elle avait pleuré en le voyant mourir dans les bras de sa bien aimée dans « Arènes Sanglantes », celui qu'elle était allée voir à plusieurs reprises au cinéma de La Porte en compagnie de Soeur Maria et de Mademoiselle Pony (ses plus grandes fans après Terry), celui là, ma foi, aurait préféré se lover dans les bras d'Armand Duval que dans ceux de la Dame aux camélias !

- Rudolph Valentino est gay ! - ne cessait-elle de répéter en agitant les bras, visiblement abasourdie par la nouvelle.
- C'est tout ce que tu retiens de cette histoire ? Que Valentino est gay ??? - rétorqua Terry vexé - Tu oublies que j'ai frôlé la prison ! Cela n'a pas l'air de te bouleverser outre mesure !

La réflexion du jeune homme eut tôt fait de la ramener sur terre. Piquée au vif, le nez froncé de colère, elle lui rétorqua :

- Tu n'as rien frôlé du tout ! Il s'est assommé en tombant et voilà tout !
- Cela aurait pu être plus grave !
- Hé bien ce ne fut pas le cas ! Et n'oublie pas que si tu en es là, c'est parce que tu es un JALOUX MALADIF et PARANOIAQUE de surcroit ! Même pas fichu de remarquer que c'était à toi qu'il faisait du gringue !
- Cela te va bien de te moquer ! Ce n'est pas toi qui t'es trouvée dans cette situation ! Il m'a vraiment fichu la frousse, tu sais !
- Je n'ai aucun mal à te croire ! - ricana Candy – Toi qui voulais lui casser la figure, bien mal t'en a pris ! Haha !
- Je t'avoue que je suis un peu déçu de ne pas avoir pu coller mon poing sur sa face fardée, mais que veux-tu, je n'allais pas frapper quelqu'un en situation de faiblesse ! – fit Terry avec un léger sourire.
- J'en conviens ! - pouffa Candy – Nu sous un kimono n'est pas une tenue pour se défendre. La preuve, il a glissé comme une savonnette !

A ces mots, ils ne purent retenir un rire qui rapidement devint fou, au point de les obliger à s'asseoir. La tension de la nuit se libérait et jaillissait comme un geyser, par éclats tonitruants. Ce n'est qu'au bout de longues minutes, (après surtout que leur voisin de chambre les informât par quelques coups fermes contre la cloison qu'ils étaient un peu trop bruyants) qu'ils se calmèrent, le visage baigné de larmes d'avoir trop ri.

- J'espère qu'il va vite se remettre... - fit Terry entre deux derniers hoquets.
- C'est surtout son dentiste qui va avoir du travail... J'ai trouvé une belle incisive sur la moquette. Les dents de devant, ça ne pardonne pas, surtout pour une vedette comme lui...

Terry sentit le fou rire le reprendre.

- Arrêtons d'en parler sinon nous allons encore faire du bruit et il y aura des plaintes... - fit-il en essayant de retrouver un peu de maîtrise – On ferait mieux d'aller se coucher. Tu viens ?
- Où ça ? - répondit Candy d'un air interrogatif.
- Hé bien, au lit, avec moi, voyons !
- Tu plaisantes ??? Après la soirée que tu viens de me faire passer ??? Figurez-vous monsieur Grandchester, que c'est bien la dernière chose que j'ai envie de faire ! Pour une fois, je trouve que l'idée d'avoir pris des chambres séparées (pour éviter de faire jaser) est excellente et me rend bien service ce soir. Vous dormirez dans votre chambre et moi dans la mienne, ce sera très bien ainsi !
- Ma parole !!!! Mais quelle mouche t'a piquée ??? Tu as vraiment un fichu caractère !
- Je te renvoie le compliment !...

Déstabilisé par tant d'effronterie, il resta quelques instants muet, puis redressant orgueilleusement, le nez, il tourna les talons tout en levant un bras en l'air en signe d'indifférence.

- Soit... Je mérite ce châtiment... Mais pour une nuit seulement, mademoiselle Taches de son ! Entendez-vous bien, une nuit !

De rage, elle lança vers lui le premier coussin qui se trouvait à sa portée, mais manqua sa cible qui, déjà, avait disparu dans sa chambre d'où lui provint cet insupportable ricanement moqueur qui avait le don de l'horripiler. Fulminant de rage, elle ouvrit la porte communicante qui la séparait de sa propre cabine et la claqua avec fracas, bien déterminée à ne pas lui adresser la parole pendant plusieurs jours !

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Elle se réveilla en sursaut milieu de la nuit. En dépit du sang-froid admirable qu'elle avait affiché devant Terry, les émotions de la soirée l'avait passablement secouée. Sans surprise, ses rêves avaient rapidement cédé la place à un affreux cauchemar dans lequel Rodolphe, le frère de Terry l'attaquait de nouveau tout en prenant peu à peu l'apparence de Rudolph Valentino. Malgré tous ses efforts pour paraître sereine, elle ne s'était pas encore bien remise de l'agression de son beau-frère, dont le souvenir la surprenait parfois, sournoisement, dans son sommeil. Le cœur battant et la respiration haletante, elle chercha d'une main tremblante l'interrupteur de sa lampe de chevet. Tout était calme dans la pièce et elle secoua la tête, contrariée de n'avoir pu contrôler sa peur. Elle se leva, se versa un verre d'eau pour se nettoyer de toute cette noirceur intérieure, puis se rendit dans le salon où la lumière de la nuit se reflétait sur les meubles en ondoyant. Un silence paisible régnait dans la pièce et pourtant, une envie irrépressible de rejoindre Terry la saisit. Lui seul avait le pouvoir de chasser ses craintes et d'adoucir son âme meurtrie.

Elle tourna la poignée de la porte communicante, et contre toute attente se retrouva nez à nez devant lui, uniquement vêtu de son pantalon de pyjama. Surprise, elle resta quelques secondes sans rien dire.

- Toi aussi tu ne dors pas ? - lui dit-il enfin en posant tendrement une main sur sa joue. Elle opina de la tête tout en plongeant son regard émeraude dans le sien. Comme elle était heureuse de le revoir ! Oubliées les disputes, oubliée la colère, elle ne voulait qu'une chose, être accueillie dans ses bras protecteurs.

Elle se lova contre lui et nicha sa tête au creux de sa poitrine. Il sentait son cœur battre très vite, comme un animal apeuré, et la serra un peu plus fort contre lui pour la rassurer. Dieu qu'il détestait la savoir dans cet état, lui qui s'était juré de toujours la protéger.

Peu à peu, la chaleur de leurs deux corps les enveloppèrent. Le cœur de Candy ralentit et sa respiration devint plus régulière. Elle sentit l'étreinte de Terry se resserrer, ses mains caressantes glisser vers ses reins. Elle releva la tête et aperçut, dans la faible clarté de la nuit, ses yeux qui brillaient d'un trouble qu'elle reconnaissait, celui qu'elle mourait d'envie de partager avec lui. Dressée sur la pointe des pieds, elle passa ses bras autour de sa nuque et partit en quête de sa bouche, qu'elle rencontra en chemin, pressante et affamée. Emportés dans un baiser fougueux, ils se sentirent aspirés dans un vertige voluptueux qui les étourdissait. S'abandonnant sans retenue aux caresses de Terry, elle sentait ses doigts courir sur sa poitrine nue, qu'il avait, d'un geste vif, dégagée de toute contrainte. Collée à lui, elle ne pouvait ignorer la passion qui le possédait, et elle y répondit d'un imperceptible mouvement de tout son corps. Soudain, elle se sentit soulevée et transportée avec empressement dans sa chambre, puis posée sans grande précaution sur son lit où il la rejoignit, délesté à son tour de son vêtement de nuit...

Elle s'alanguit sur la couche et l'attendit, soumise avec délice au souffle court qui la caressait, impatiente d'accueillir ce corps qui maintenant s'appesantissait sur elle. Elle entrouvrit les lèvres et sentit le doux contact de sa langue sur la sienne tandis qu'il ramenait ses fines jambes autour de lui. Elle se cabra légèrement quand il entra en elle, laissant échapper un long soupir d'extase. Un plaisir violent, paralysant, prit alors possession d'elle, une brûlure intense et exquise qui pénétrait chacun de ses muscles, jusqu'à l'éblouissement. Le balancement sensuel de leurs corps sous tension rythmait leurs plaintes lascives, excitant leurs sens qui vibraient sous leur peau.

C'est alors qu'audacieuse, elle le renversa par surprise, se positionnant en amazone pour mieux le dominer. Troublé, frémissant et haletant, Terry l'observait, maîtresse de son corps dont elle voulait combler le sien. Assise au-dessus de lui, elle commença à le stimuler, se mouvant en lui, à l'écoute de ses soupirs qui allaient crescendo tandis que son regard se voilait de fièvre. Se sentant perdre pied, il se redressa, caressa longuement, d'une main brûlante, sa poitrine, pour, à bout de résistance, s'emparer goulument d'un des tétons, et jouer de sa langue avec lui, suscitant chez elle des sensations aiguës, excitantes, qu'elle encourageait par des petits cris de plaisir. Ses lèvres se crispèrent et sa respiration se fit de plus en plus haletante, signes annonciateurs d'une jouissance prochaine. Il empoigna alors ses hanches et se mit à guider ses mouvements, lesquels prirent force et vitesse, poussés par la hâte d'atteindre la satisfaction céleste. La respiration rauque et sifflante de Terry résonnait dans la tête de la jeune femme, une musique enivrante qui précipitait en chute libre vers le plaisir ultime. Le flot violent et irrésistible de la délivrance les emporta soudain, dans un cri de volupté libérateur, les laissant sans souffle, à demi inconscients sur le lit.

Haletant, Terry se tourna vers Candy, échouée à côté de lui. Les lueurs de la nuit jouaient sur son doux visage, dont les traits détendus par l'amour bouleversaient toujours autant le jeune homme. Il caressa tendrement sa figure, traçant du bout des doigts la courbe de sa bouche entrouverte d'où s'échappait le son paisible de sa respiration. Il comprit qu'elle dormait déjà et un sourire ému se dessina sur ses lèvres. Il rabattit le drap sur sa peau délicate et s'allongea à côté d'elle, les yeux rivés sur elle, longuement, émerveillé, l'esprit débordant de mots tendres pour elle jusqu'à ce que la fatigue s'empare à son tour de lui et l'emporte dans un sommeil sans rêve jusqu'au petit matin...

Fin du chapitre 23

 
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59 replies since 22/11/2011, 18:57   34650 views
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