CHAPITRE 9
Candy s’était réveillée plus tard que d’habitude ce matin là, après une nuit agitée peuplée de rêves étranges où Terry tenait le premier rôle. Elle se hâtait vers la salle à manger pour rejoindre Eléonore. Terry serait-il présent ce matin ? Après l’avoir attendu jusque très tard dans la nuit, elle avait fini par s’endormir sans l’entendre rentrer.
En passant devant son bureau, elle remarqua que la porte était entrouverte. Des bruits de voix attirèrent son attention : il semblait bien que la mère et le fils aient une nouvelle explication orageuse. Tout en se maudissant pour son indiscrétion, Candy s’approcha pour écouter.
« Comment as-tu pu faire une chose pareille ? Disait Mme Baker. Susanna Marlow ! Ta maîtresse !
- J’ai pensé à vous et à mon père, répondait Terry. Qu'y a-t-il de plus valorisant pour un homme dans ma position que d’afficher sa liaison avec une actrice en vue, belle et talentueuse ?
- Je suis confondue par un tel cynisme !... »
Effarée, Candy s’éloigna rapidement pour ne plus entendre ce qui se disait. Un poids énorme lui oppressait la poitrine et le sang battait à ses tempes. Comment avait-elle pu être aussi stupide ! Ainsi c’était vrai, il y avait quelque chose entre Terry et sa partenaire !
Quand Elisa lui en avait parlé la première fois, elle avait refusé d’y prêter attention, justement parce qu’il s’agissait d’Elisa. Persuadée que sa vieille ennemie ne voulait que lui faire du mal, elle avait négligé ses propos.
Et puis il y avait eu cette représentation du « Roi Lear » à Chicago. Elle les avait vu ensemble et n’avait pas compris ! Pourtant elle avait appelé Terry de toutes ses forces ce soir-là, et il n’avait même pas réagi au son de sa voix, trop occupé à prendre soin de Susanna !
Elle n’était qu’une idiote ! Naïvement elle avait cru tout ce qu’il lui avait écrit. Les mots tendres, les douces promesses, tout n’était que du vent. Pendant qu’elle se berçait d’illusions à Chicago, Terry se payait du bon temps à New York.
Dire qu’elle avait accepté de rester ici, de s’occuper de lui, persuadée qu’il avait besoin d’elle et de ses soins, alors que pendant tout ce temps, il n’avait fait que se servir d’elle pour attiser la jalousie de sa partenaire et obtenir ce qu’il voulait ! L’animosité de Susanna à son égard se comprenait maintenant. Mais tout cela était terminé. La leçon avait été dure, mais Candy ne se laisserait plus manipuler.
Elle remonta dans sa chambre pour prendre son manteau et sortit en courant sans même avaler une tasse de café. Elle devait voir Susanna immédiatement.
Candy ne connaissait pas l’adresse de la jeune actrice aussi décida-t-elle de se rendre au théâtre malgré l’heure matinale. On l’informa que Robert Hattaway était déjà dans son bureau mais elle répugnait à mêler le célèbre metteur en scène à ses problèmes de coeur. Elle était encore dans le couloir, hésitant à frapper à la porte quand celle-ci s’ouvrit brusquement.
La femme qui sortit était si élégante que Candy se sentit ridicule dans son manteau rouge avec ses moufles et son bonnet assortis.
« Tient, dit l’autre méchamment, vous êtes déguisée en lutin du Père Noël ?
- Mademoiselle Marlow... Susanna... Je voulais vous parler.
- Nous n’avons rien à nous dire, mademoiselle André. »
La belle actrice se dirigea vers l’escalier d’un pas décidé sans accorder un regard à Candy qui dût courir derrière elle pour la rattraper.
« Je sais que vous ne m’aimez pas, insista Candy, mais je voulais vous dire que Terry et vous...
- Je ne veux plus jamais entendre parler de ce goujat ! S’emporta Susanna en se retournant. J’ai fait la plus grande erreur de ma vie et je n’ai qu’à m’en mordre les doigts ! Je l’ai bien cherché après tout. Il m’a traitée comme une moins de rien ! »
Abasourdie, Candy fixait la jeune femme en colère sans comprendre. Elle s’attendait à trouver Susanna heureuse, mais elle la découvrait aigrie et vindicative. N’avait-elle pas obtenu ce qu’elle voulait en séduisant Terry ?
La comédienne se calma soudain et observa Candy avec une mine compatissante.
« Terrence est une ordure, Candy. Croyez-moi, il ne faut pas lui faire confiance. Savez-vous ce qu’il m’a dit hier soir ? Que vous n’étiez pas digne de sa famille parce que vous aviez été adoptée et qu’on ne connaissait pas vos origines ! Voilà ce que nous sommes pour lui : des traînées juste bonnes à culbuter pour son amusement. Qu’il épouse donc les millions de la fille Gilson comme il en a l’intention. J’espère qu’elle lui donnera de nombreux enfants aussi débiles qu’elle !
- Terry va se marier ? Demanda Candy d’une voix tremblante.
- C’est dans ses projets immédiats, oui. Les miens sont beaucoup plus réjouissants : on m’a proposé un excellent contrat pour faire du cinéma. J’ai décidé de tourner la page, et vous devriez en faire autant. Cet imbécile présomptueux d’est pas digne de notre affection. Rentrez chez vous et oubliez-le, c’est tout ce qu’il mérite. »
Sur ses mots, Susanna tourna les talons et rejoignit la voiture qui l’attendait dans la rue. Un homme dans lequel Candy reconnut Steve Newton, descendit et lui tint la portière, mais elle était trop bouleversée pour s’y intéresser maintenant.
Les paroles de Susanna résonnaient encore dans sa tête. Terry allait se marier avec une fille stupide simplement parce qu’elle était riche ! Avait-il déjà semblable projet en tête quand il était si tendre avec elle ? La famille André était une des plus riches d’Amérique. Mais voilà, Candy était orpheline. Elle avait certes été adoptée, mais personne ne connaissait ses vrais parents. Cela expliquait pourquoi Terry était si distant avec elle. Il voulait l’écarter de sa vie sans pour autant lui en avouer les véritables raisons.
C’est à lui qu’elle en voulait. Lui qui avait séduit Susanna pour la laisser tomber ensuite. Sans doute l’avait-il embrassée elle aussi, comme il avait embrassé Candy. Embrassée, caressée et bien plus encore... La jeune actrice l’avait reconnu implicitement : n’avait-elle pas avoué avoir commis une terrible erreur ? Elle avait succombé au charme ravageur de Terry et Candy avait été bien près de faire de même.
Le rouge au front elle s’engouffra dans son taxi en n’ayant plus qu’une hâte : rentrer chez elle et retrouver la protection et la gentillesse d’Albert.
A peine avait-elle disparu au coin de la rue, que la puissante voiture de sport de Terry s’arrêtait devant le théâtre. La disparition de la jeune fille avait été découverte et il cherchait à la retrouver avant que les choses ne s’enveniment encore plus. Il avait toujours su que le jeu qu’il jouait était risqué et craignait maintenant d’avoir à en payer le prix.
Robert Hattaway ne put rien lui apprendre au sujet de Candy mais il lui annonça la démission de Susanna et son intention de quitter la ville au plus tôt, ce qui mit du baume au coeur de Terry. Mais quand le concierge lui expliqua avoir vu la jeune actrice discuter avec une femme blonde en manteau rouge avant de s’en aller, son humeur s’assombrit à nouveau. Les choses ne se passaient pas tout à fait comme il l’avait imaginé.
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De retour à la maison Granchester, Candy traversa le vestibule en courant. Elle eut un pincement de coeur en voyant le gigantesque sapin qui avait été dressé dans le hall et attendait que des mains joyeuses le garnissent de boules et de guirlandes. Elle était loin d’avoir l’esprit à cela pour le moment. Noël dans cette maison devait être aussi sinistre que l’atmosphère qui y régnait.
C’était Eléonore qui avait eu l’idée de commander ce sapin et les décorations traditionnelles à y accrocher afin de faire une surprise à son fils. Elles avaient eu l’intention de le décorer dans l’après-midi mais ces projets semblaient bien loin à Candy.
Elle se souvenait avec émotion des noëls à la maison de Pony. Entourés de l’amour prodigué par Melle Pony et Soeur Maria, les petits orphelins chantaient et décoraient le sapin en se chamaillant. Les yeux brillants, ils mettaient leurs petits souliers devant la cheminée pour y découvrir au matin les modestes cadeaux que les deux femmes avaient réussi à réunir. Malgré la pénurie chronique d’argent, tout le monde était heureux.
Mais ici l’esprit de Noël était absent. On ne trouvait dans cette maison qu’un jeune noble arrogant et cynique, une mère délaissée qui cherchait à reconquérir l’amour de son fils et une jeune fille au coeur brisé par un amour déçu. Mieux valait qu’elle rentre chez elle.
Arrivée dans sa chambre, elle commença à entasser en toute hâte ses affaires dans sa valise, pressée de quitter New York le plus rapidement possible.
C’est là que Terry la trouva à son retour soulagé d’être arrivé à temps.
« Que fais-tu ? Demanda-t-il bien inutilement.
- Cela ne se voit pas ? Répondit-elle, agacée par la valise qu’elle n’arrivait pas à fermer. Je rentre chez moi par le premier train.
- Tu ne peux pas faire çà.
- Détrompe-toi ! Un taxi vient me chercher et je ne veux pas le faire attendre, alors laisse-moi terminer mes bagages.
- Je viens de le renvoyer, dit simplement Terry en s’adossant à la porte. »
Avec toutes les emplettes que Candy avait faites en compagnie d’Eléonore, la valise avec laquelle elle était arrivée était devenue trop petite pour tout contenir, et le jeune homme s’amusait à la regarder se battre avec le couvercle qui refusait de fermer. Elle cessa son combat inutile pour se tourner vers lui, le visage fermé.
« Pourquoi as-tu fait cela ?
- Parce que je voudrais que tu restes.
- Je n’ai plus rien à faire ici Terry, répondit la jeune fille désabusée. Tu n’as plus besoin de mes soins et ta mère et parfaitement remise de son malaise.
- Ce n’est pas à l’infirmière que je parle mais à toi, Candy. J’ai toujours besoin de toi. »
Gênée par le ton vibrant qu’il avait employé, elle préféra ne plus le regarder et recommença à s’escrimer sur sa valise, sans plus de succès.
« Tu n’y arriveras pas comme çà, murmura une voix à son oreille. »
Candy se retourna avec un sursaut. Aussitôt deux grandes mains se posèrent sur sa taille et la soulevèrent sans effort pour l’asseoir sur le couvercle récalcitrant. Sourire aux lèvres, Terry enclencha les fermetures de la valise.
Il était trop près d’elle pour que Candy puisse esquisser le moindre mouvement. Si elle essayait de quitter son siège improvisé, elle se retrouverait dans ses bras. Il était dangereusement proche et elle sentait ses pensées s’embrouiller dans sa tête. Elle leva les mains pour le repousser comme il s’inclinait vers elle.
« Ne te moque pas de moi, Terry, balbutia-t-elle. Je n’en ai vraiment plus envie. Il vaut mieux que je parte. Trop de choses ont changé entre nous.
- Et si tout redevenait comme avant, Taches-de-son ? »
Surprise par l’utilisation de ce surnom qu’il n’avait plus employé depuis longtemps, Candy leva les yeux et son coeur bondit dans sa poitrine. Le regard posé sur elle était si tendre qu’elle s’y noya sans pouvoir résister tandis que Terry jouait avec une des boucles blondes qui s’enroulait autour de son doigt.
« Je suis désolé d’avoir été obligé de jouer cette comédie, Candy. Laisse-moi t’expliquer et je ferai tout pour que tu me pardonnes. »
Il souleva son menton du bout des doigts et se pencha vers elle. Son pouce effleura le contour de sa bouche tremblante et le coeur de la jeune femme s’affola dans sa poitrine.
Elle savait qu’elle ne pourrait pas résister longtemps à son charme, aussi serra-t-elle les lèvres pour échapper à la caresse avant de détourner la tête.
« Tu appelles cela une comédie ? S’exclama-t-elle. C’est une farce grotesque, oui ! Tu t’es moqué de moi dans tes lettres pendant des mois en me laissant croire que... Alors que tu avais une aventure avec Susanna Marlow ! Maintenant tu l’as laissée tomber et tu envisages de te marier avec une fille que tu ne connaissais pas il y a deux jours ! Que veux-tu te faire pardonner dans tout cela, à part le fait de m’avoir prise pour une idiote ? Et encore, je ne peux pas t’en vouloir pour çà parce que c’est bien ce que je suis pour n’avoir pas vu qui tu étais vraiment ! »
Sur le point d’éclater en sanglots, Candy tenta de se lever pour échapper à la proximité envoûtante de Terry mais il la prit par les épaules pour l’obliger à rester assise. La déception qu’elle éprouvait se transforma peu à peu en colère quand elle vit qu’il souriait toujours.
« Il semblerait que tu ais rencontré Susanna ce matin, dit-il. Ce sont ses mots que j’entends dans ta bouche. Ce que je voudrais savoir, c’est ce que tu penses au fond de toi. Que te disait ton coeur quand tu lisais mes lettres, Candy ? »
Soudain beaucoup moins sûr de lui, le jeune homme la fixait, une prière au fond des yeux. Et s’il s’était trompé ? Son souffle s’accéléra tandis qu’il attendait une réponse qui tardait à venir. Inconsciemment ses mains se crispèrent sur les épaules de Candy qui sortit enfin de sa torpeur.
« Je croyais que tu m’aimais, Terry. Tu avais dit... »
Avec un soupir de soulagement, Terry l’attira contre lui et couvrit son visage de baisers fiévreux.
« Bien sûr que je t’aime, Miss Taches-de-son ! Ne me fais plus jamais des peurs pareilles ! »
Incapable du moindre mouvement, Candy restait les bras ballants tandis qu’il la serrait à l’étouffer. Les mots qu’il avait prononcés s’imprimaient en lettre de feu dans son esprit bouleversé sans qu’elle arrive à y croire. Avait-il vraiment dit « Je t’aime » ? Pas de sous-entendu, pas d’insinuation à double sens, pas de « J’ai des sentiments pour toi » ! Juste trois mots magiques qu’elle désespérait d’entendre.
Étonné par son manque de réaction, Terry prit son visage entre ses mains et plongea son regard dans celui de la jeune femme. A la surface des deux lacs verts qui le fixaient, il discerna le doute et quelque chose qui ressemblait à de l’espoir, du moins l’espérait-il.
« Viens avec moi, décréta-t-il en lui prenant la main. »
Il l’entraîna au rez-de-chaussée, jusqu’au bureau de son père. Il sortit d’un tiroir les coupures de presses parues dans les journaux après son réveil à l’hôpital et les lui tendit.
Le visage souriant de Susanna sauta aux yeux de Candy dont les lèvres se crispèrent.
« Pourquoi me montres-tu cela ? Demanda-t-elle gênée.
- Parce que ces photos sont un mensonge. J’ai eu un choc quand je les ai vues le matin après mon réveil. C’est toi qui devrais être à la place de Susanna, alors que tu es tout au fond de la pièce, comme effacée. Tu devrais être au premier plan, Candy, c’est là que je te vois au fond de mon coeur. Mon métier d’acteur, la célébrité, tout cela n’a aucun intérêt si je ne peux pas le partager avec toi. Je n’avais pas compris avant à quel point Susanna était obsédée par moi, mais elle vivait dans un rêve, Candy. Je n’ai jamais partagé son obsession et je n’ai jamais rien fait pour l’encourager. Tu étais la seule à occuper mes pensées. Je ne savais pas comment me débarrasser d’elle pour que nous puissions être ensemble. Et puis Elisa Legrand est venue à l’hôpital.
- Elisa ? »
C’était un nouveau coup pour Candy qui se décomposa un peu plus.
« Oui, mais pour une fois tu peux lui dire merci. Elle s’est mise à me parler comme à un arriéré mental et j’ai compris qu’elle pensait que le coup que j’avais pris sur la tête avait amoindri mes facultés. C’est alors que l’idée a germé dans mon esprit. J’ai conçu ce personnage du futur duc de Granchester pour pouvoir manipuler Susanna et l’amener à me détester. Voilà pourquoi j’étais odieux. Et cela a marché ! Elle est complètement dégoûtée de moi et va quitter la ville.
- Tu m’as menti ! Constata Candy sur un ton de reproche. »
Pourtant au fond de sa poitrine son coeur chantait. Terry tenait à elle ! Il avait monté cette comédie pour éloigner sa partenaire envahissante. Elle reconnaissait bien là le goût du jeune homme pour le théâtre. Cette mise en scène lui ressemblait bien.
« Je ne pouvais pas te mettre dans la confidence, Candy. Tu es tellement honnête et sincère, que tu n’aurais pas pu jouer ton rôle. Tu aurais été capable de plaindre Susanna et de la mettre au courant du subterfuge, ce qui aurait tout flanqué par terre ! Crois-moi, elle était prête à tout pour t’écarter. Dieu seul sait ce dont elle aurait été capable pour me mettre le grappin dessus !
- Et tu as préféré monter ton petit stratagème tout seul en me laissant me morfondre dans mon coin !
- Pas tout à fait seul, reconnut Terry. Ma mère était dans la confidence depuis la soirée au théâtre...
- Quoi ! Mais son malaise...
- Elle n’a jamais été malade, Candy. Tu vois à quel point elle est bonne comédienne ! C’était une ruse pour te retenir à New York.
- Vous vous êtes moqués de moi tous les deux ! C’est cruel de votre part ! Sais-tu seulement à quel point j’ai été malheureuse quand tu me battais froid ? »
Terry s’approcha d’elle avec l’air contrit d’un petit enfant qui vient de faire une bêtise.
« C’était dur pour moi aussi, ma chérie. Mais je t’évitais parce que quand je suis près de toi, j’ai trop envie de te serrer dans mes bras, de t’embrasser... »
Joignant le geste à la parole, il noua les bras autour de sa taille et l’attira contre lui malgré sa résistance. Très lentement, il se pencha vers elle pour l’embrasser. Ses mouvements étaient si lents, que la jeune femme aurait eu tout le temps de lui échapper, mais sa réticence n’était que symbolique. Serrée contre le corps de Terry, la chaleur qui s’insinuait en elle avait déjà fait fondre ses derniers reproches et ses derniers doutes. Quand les lèvres fermes se posèrent sur les siennes, elle répondit aussitôt à leur pression et s’abandonna au baiser passionné qui suivit.
« Je m’en veux de t’avoir causé de la peine, murmura Terry le souffle court quand il se détacha de sa bouche. Mais je saurai me faire pardonner, je te le promets.
- Tu n’es pas au bout de tes peines; répondit la jeune femme, taquine. Cela risque de te prendre très longtemps...
- Toute la vie si tu veux ! »
Avec un sourire, Terry sortit de sa poche une boîte en velours qu’il ouvrit pour lui montrer la bague ornée d’un diamant qu’elle contenait.
« Je voulais te la donner pour Noël, mais je ne peux plus attendre, affirma-t-il. Candice Neige André, veux-tu m’épouser ? »
Incrédule, Candy regardait la pierre étincelante sans pouvoir prononcer un mot. Elle leva les yeux vers le visage souriant qui la dominait et glissa une mèche rebelle derrière l’oreille du jeune homme qui la serra plus fort.
« Tout ce que tu as deviné dans mes lettres était vrai Candy. Pourquoi crois-tu que je ne t’ai envoyé qu’un aller simple ? Je t’aime et je veux te garder près de moi. Si ce que j’ai lu entre les lignes quand tu répondais à mon courrier est la vérité, je suis sûr que tu diras oui ! S’il te plait mon amour... »
La jeune femme posa un doigt sur ses lèvres pour le faire taire et lui sourit avec tendresse. Elle se dressa sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille où elle chuchota ce simple mot :
« Oui ! »
Terry la souleva par la taille pour la faire tournoyer en riant. Les dernières secondes qu’il venait de vivre avaient été les plus longues de sa vie !
Quand il la reposa au sol, elle noua les bras autour de son cou, un peu essoufflée.
« Tu es complètement fou, murmura-t-elle en se serrant contre lui, mais je te préfère comme cela.
- Tu es sûre ? Parce que je vais reprendre le théâtre. M. Hattaway est d’accord pour me rendre mon rôle de Roméo dès la reprise de janvier. Tu seras la femme d’un acteur en devenir, Candy. Je ne serai sans doute jamais duc de Granchester, mais je suis persuadé que tu ferais la plus jolie duchesse qu’on ait vue depuis longtemps.
- Je n’ai aucune envie d’être duchesse, je veux juste être avec toi. Et puis... »
Candy baissa les yeux et avoua un peu embarrassée :
« Je n’aime pas beaucoup cette maison, Terry.
- Moi non plus, reconnut-il en caressant sa joue. Puisque ta valise est bouclée, que dirais-tu de venir t’installer dans mon appartement ? Mais je te préviens, il est tout petit. Il n’y a qu’une chambre... »
La jeune fille rougit mais une lueur espiègle brillait au fond de ses yeux quand elle répondit :
« Dans ce cas... Ce n’est peut-être pas prudent vu ton état de santé...
- Je prends le risque, affirma-t-il en s’emparant de ses lèvres. »
Perdus dans leur étreinte, aucun d’eux n’entendit la porte du bureau s’ouvrir puis se refermer discrètement. Un sourire ravi sur le visage, Eléonore Baker se tourna vers le majordome qui observait l’immense sapin l’air dubitatif. Elle avait envie d’être aimable avec la terre entière, aujourd’hui.
« Cela va être un merveilleux Noël, Caleb. Le plus beau que j’ai connu depuis bien longtemps. »
FIN
Dinosaura, 30 novembre 2008