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UNE DEUXIEME CHANCE, Pour l'anniversaire de Terry en 2009 !

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Dinosaura
view post Posted on 15/1/2012, 15:41




UNE DEUXIEME CHANCE



PROLOGUE



La voiture s'arrêta enfin devant le vieux manoir. Un jeune homme en sortit en se massant les reins. Le trajet avait été pénible sur les mauvaises routes et son dos le faisait souffrir. Bien qu'il soit persuadé de bien connaître la région, la neige qui recouvrait le paysage et l'obscurité de cette nuit d'hiver avaient faussé son sens de l'orientation et il s'était égaré plusieurs fois sur les routes de campagne avant de parvenir à destination. Il regarda sa montre. Minuit moins le quart n'était pas ce qu'il convient d'appeler une heure convenable pour faire des visites, mais les circonstances étaient particulières.

Son maigre bagage à la main, il hésita un instant devant la lourde porte d'entrée puis se décida a actionner le heurtoir de bronze. Moins d'une minute après, le battant s'entrouvrait pour le laisser entrer, juste assez pour empêcher le froid de s'engouffrer dans la maison. Le jeune homme se hâta de pénétrer dans le hall en tapant des pieds pour les débarrasser de la neige collée à ses chaussures. Il se tourna ensuite vers le portier et ses yeux s'agrandirent de surprise.

« Père ?

- Bonjour mon fils. Je suis heureux que tu sois arrivé enfin. Je commençais à me faire du souci.

- Les routes sont mauvaises, plaida Terry. Où sont les domestiques ?

Le duc de Granchester eut un geste de la main pour écarter la question et prit lui-même la valise de son fils pour la poser dans l’entrée pendant que le jeune homme enlevait son manteau et son chapeau. Il remarque deux autres bagages de luxe posés dans le hall mais n’osa pas poser de question.

« Suis-moi dans mon bureau, veux-tu. Certains événements survenus depuis que nous nous sommes parlés m’empêchent de t’accueillir comme je l’aurais voulu. Nous n’avons plus beaucoup de temps. »

Intrigué, Terry suivit son père dans la pièce attenante. Un grand feu brûlait dans la cheminée réchauffant le petit bureau où il avait souvent pénétré dans son enfance. A cette époque, c’était chaque fois pour essuyer des remontrances et ce souvenir le fit grimacer. Il prit place dans le fauteuil que Richard Granchester lui désignait et accepta le verre d’alcool qu’il lui tendit. Il en prit une gorgée avec satisfaction pendant que son père se servait un autre verre et s’installait derrière l’imposant bureau de chêne.

Les deux hommes s’observèrent quelques instants en silence avant que Terry ne prenne la parole.

« Votre coup de téléphone m’a surpris Père.

- Je m’en doute, mais il fallait bien que l’un de nous se décide à faire le premier, pas, tu ne crois pas ? J’ai appris ta présence en Angleterre par les journaux. J’ai pensé que c’était le moment où jamais de renouer avec toi. Depuis combien de temps ne nous sommes-nous plus parlé ?

- Six ans, répondit Terry laconiquement. Depuis mon départ pour les Etats Unis.

- C’est très long, constata le Duc. Tant de choses se sont passées depuis. Il y eu cette terrible guerre. Puis l’épidémie de grippe qui a emporté ta belle-mère et ton plus jeune frère. Le pays commence enfin à reprendre confiance en lui, et je ne voulais plus que nous restions en mauvais termes.

- Avons-nous jamais été en bons termes ? Demanda Terry d’un ton sarcastique en prenant une autre gorgée de cognac.

- Tu es mon fils, Terry ! J’ai beaucoup d’affection pour toi, même si tu as du mal à l’admettre. Sans doute n’ai-je pas été très démonstratif dans ton enfance, mais cela ne change rien à mes sentiments paternels. Demain sera le jour de ton anniversaire, tu auras vingt-trois ans. Comme je tiens à mettre fin à la brouille qui nous oppose, je souhaitais t’offrir quelque chose de particulier à cette occasion. »

Interloqué, Terry fixa son père sans répondre, attendant la suite de son discourt. Tant de chaleur de la part de cet homme l’étonnait plus qu’il ne saurait dire, mais lui aussi tenait à arrondir les angles de leur relation en dents de scie. Il attendit donc que le duc précise sa pensée.

« Malheureusement, des événements imprévus m’obligent à me rendre à un rendez-vous d’affaires. J’aurais aimé passer quelques jours ici avec toi, mais j’espère que nous pourrons parler à mon retour. »

Terry eut un sourire désabusé et posa son verre sur l’accoudoir de son fauteuil. Il joua un instant avec l’idée de l’envoyer voler contre un mur mais se retint. Finalement, son père n’avait pas changé. Ses affaires passaient toujours avant sa famille en général et son fils aîné en particulier.

« Pourquoi alors m’avoir fait venir de Londres jusqu’en Ecosse, Père. Cela représente un long voyage juste pour me souhaiter mon anniversaire.

- Voilà : je sais que tu as toujours beaucoup apprécié cette propriété, Terry. Je souhaite te l’offrir. Tu aimes l’Ecosse depuis ton enfance. Tous les papiers sont prêts, ils n’attendent que ta signature. Fais-moi plaisir, reste ici jusqu’à mon retour, et donne moi ta réponse à ce moment-là. Nous n’en aurons pas pour plus d’une journée et je serai de retour d’ici vingt-quatre heures au plus tard. Réfléchis tranquillement. Je souhaiterais vraiment que tu acceptes de prendre soin de cette maison et de tout ce qu’elle contient. »

Des bruits se firent entendre dans le vestibule et le duc se leva pour sortir.

« Mon associé m’attend, mon fils. Pense à ce que je t’ai dit. »

Terry acquiesça sans rien dire. Fatigué et abattu, il le suivit jusqu’à la porte. Les paroles de son père semblaient chargées d’une signification qui lui échappait, mais trop épuisé pour penser, il n’avait pas la force d’y réfléchir maintenant. C’est à peine s’il leva les yeux sur l’homme qui attendait le duc. Il croisa un regard bleu acier qui lui rendit toute sa lucidité.

« Albert ! »

Les images se bousculaient dans l’esprit de Terry. William Albert André ! Le père adoptif de Candy ! L’ami de ses jeunes années ! Que faisait-il dans leur manoir en Ecosse ? Comment son père le connaissait-il ?

« Bonsoir Terry, dit Albert en lui serrant la main. Ton père et moi avons un rendez-vous que nous ne pouvons remettre. Tous mes voeux pour ton anniversaire, à propos. Je n’ai malheureusement rien à t’offrir... »

Le jeune homme retint la grande main ferme dans la sienne. Son coeur battait soudain plus vite. Il avait une question à poser mais ne pouvait s’y résoudre. Au prix d’un grand effort il articula :

« Donnez-moi simplement de ses nouvelles, Albert, ce sera déjà beaucoup. Comment va-t-elle ?

- Elle va bien, Terry, répondit Albert en retirant sa main pour s’emparer de sa valise. Elle va aussi bien que possible. »

Sur ses quelques mots, le patriarche de la famille André sortit à la suite du Duc. Terry le vit monter dans une puissante voiture où son père attendait déjà. En quelques instants ils avaient disparu dans la nuit.

Terry referma la porte et la verrouilla. Il avança lentement jusqu’au grand salon. Le feu brûlait dans la cheminée et il se laissa tomber sur le canapé en face de l’âtre. La grande horloge égrena les douze coups de minuit, le tirant de sa torpeur.

« Et voilà, songea-t-il. Nous sommes le 28 Janvier 1920. C’est ton anniversaire et tu te retrouves tout seul dans ce château plein de fantômes ! »

Il n’était plus revenu ici depuis l’été 1913, ce merveilleux été dont le soleil lui réchauffait encore le coeur chaque fois qu’il y songeait. C’était pendant ces vacances qu’ils avaient découvert tous les deux la profondeur de leurs sentiments.

Candy ! Son image était partout. Il écarta les rideaux de la fenêtre pour observer l’extérieur. De l’autre côté de la vitre ne régnait que la nuit, sombre, froide et hostile. Mais les yeux de sa mémoire lui montraient un lac calme qui reflétait les rayons du soleil couchant et une toute jeune fille qui riait.

Candy, la seule qui ait jamais fait battre son coeur. Elle plaisantait, s’énervait, rougissait, se mêlait de tout... Mais elle était ainsi et c’était ainsi qu’il l’aimait. Pourquoi avait-il fallu que la vie les sépare ?

Silencieusement, il refit le parcours qu’il avait fait avec elle la première fois où il lui avait fait visiter la vieille demeure. Dans la salle des trophées, il sentit encore la chaleur de son corps quand elle s’était précipitée dans ses bras, effrayée par un bruit provenant d’une vieille armure.

Tout dans cette maison lui rappelait la jeune fille. Il sentait encore son parfum de roses flotter dans l’air. Et voilà que son père voulait faire de lui le légitime propriétaire des lieux; cet écrin de ses plus doux souvenirs. Terry n’était pas sûr d’avoir la force de supporter tant d’émotion.

Un chandelier à la main, il gravit l’escalier qui conduisait à l’étage. Seul ou pas, il avait besoin de se reposer. Il poussa la porte de son ancienne chambre et se figea sur le seuil. Dans la pièce flottait le même parfum de roses qu’il avait respiré au rez-de-chaussée, pourtant Candy n’avait jamais mis les pieds dans cette chambre.

Le coeur battant il fit quelques pas dans la pièce et distingua le souffle léger d’une respiration. Il s’approcha du lit. La faible lueur des bougies lui révéla une silhouette endormie. De longs cheveux blonds et bouclés s’étalaient sur l’oreiller. La femme bougea dans son sommeil et se tourna vers lui. Incapable de croire ce qu’il voyait, Terry se laissa tomber sur le fauteuil en cuir qu’il avait toujours aimé. Ses jambes ne le portaient plus. Il détailla longuement chaque détail de son visage, la courbe pleine de ses lèvres, la ligne douce de son épaule...

Elle promettait d’être jolie quand elle était adolescente, mais Candy était devenue magnifique. Elle était la plus belle femme qu’il ait jamais contemplée, et elle dormait dans son lit !

L’esprit engourdi, il resta à la contempler pendant un temps infini. Toute fatigue envolée, il voulait juste remplir ses yeux de ce spectacle incroyable et pourtant bien réel. Bien qu’il eut du mal à aligner deux idées cohérentes, certaines phrases de son père lui revinrent en mémoire. Son cerveau se mit à travailler à toute vitesse. Finalement, au bout d’un long moment, Terry reprit son chandelier et sortit de la chambre sans un bruit pour regagner le salon.

Il avait beaucoup de choses à faire avant le réveil de la jeune femme.

-----oooOooo-----



Plutôt content de lui, Terry jeta un coup d’oeil à la table de la cuisine. Il commençait à faire jour et les bruits en provenance du premier étage l’avaient averti que la jeune femme était réveillée. Il l’entendit descendre puis appeler Albert, un soupçon d’inquiétude dans la voix. Déjà ses pas se dirigeaient vers l’office.

Le jeune homme respira à fond et redressa les épaules. Durant les dernières heures, il avait eu le temps de s’habituer à l’idée que Candy se trouvait là et de déterminer la conduite à tenir. Il n’en était pas de même pour elle. Comment allait-elle réagir en découvrant sa présence ?

« Reste calme, s’admonesta-t-il. Tu es comédien. Dis-toi que ce n’est rien de plus qu’une audition à passer ! »

La jeune femme pénétra dans la cuisine en appelant la gouvernante :

« Catherine, vous êtes là ?

- Désolé Candy, il n’y a que moi. »

Elle se tourna vers l’endroit d’où provenait la voix et ses yeux s’agrandirent de surprise. Bouche bée, elle le contempla un long moment sans pouvoir prononcer le moindre mot.

Terry ne put retenir un sourire devant son expression éberluée et fit quelques pas vers elle. Aussitôt les yeux de Candy se mirent à chercher désespérément atour d’elle, comme pour trouver une porte de sortie, ce qui l’arrêta net dans son élan. D’un geste de la main il l’invita à prendre place à table.

« Catherine étant absente, c’est tout ce que je peux t’offrir comme petit-déjeuner, dit-il. J’ai trouvé des toasts, du beurre, de la marmelade et j’ai préparé du thé. Il y a des oeufs aussi mais je n’ai pas réussi à trouver le café.

- Pourquoi du café ? Demanda Candy encore trop surprise pour réfléchir.

- Tu le préfères au thé, est-ce que je me trompe ? »

Elle hocha la tête, étonnée qu’il se souvienne de ce genre de détail et s’installa à table. Son coeur battait la chamade pendant qu’elle l’observait prendre place en face d’elle.

Terry n’était plus l’adolescent dont elle se souvenait. Elle avait vu des photos de lui dans les journaux, mais se trouver si près de lui était tout à fait différent. Il était devenu un homme maintenant, et un homme très séduisant de surcroît. Une légère rougeur envahit ses joues à cette pensée. Elle ne devait plus songer à lui de cette manière. Cinq années s’étaient écoulées depuis leur terrible rupture dans cet hôpital. Son coeur saignait encore au souvenir de leur dernière étreinte alors qu’il agissait avec tant de naturel. Il est vrai que cette page de sa vie était tournée depuis longtemps maintenant. Elle devait être capable de se comporter avec autant de détachement que lui malgré les questions qui se bousculaient dans sa tête.

« Comment se fait-il que tu sois là, Terry ? Demanda-t-elle. Et où sont passés les autres ?

- Je pourrais te poser la même question. Après tout, tu es ici chez moi. Ne me dis pas que tu as peur d’être seule avec moi, répondit-il avec ce sourire en coin qu’elle connaissait. »

Mais Candy n’avait aucune envie de plaisanter. La situation était suffisamment déstabilisante. Elle devait à tout prix éviter de rentrer dans ce jeu car elle redoutait ses propres réactions. Elle fronça les sourcils.

« Je suis sérieuse, Terry.

- Très bien, abdiqua-t-il. Je commence dans ce cas. Je suis arrivé la nuit dernière sur l’invitation de mon père qui souhaitait me voir. Malheureusement, des obligations imprévues l’ont obligé à s’absenter pour la journée, ainsi qu’Albert qu’il m’a présenté comme un de ses associés. J’ignorais totalement que mon père traitait des affaires avec la famille André, d’où ma surprise. En revanche, je n’ai aucune idée sur la raison pour laquelle la gouvernante est absente aujourd’hui. Voilà, tu en sais autant que moi. Si tu me disais maintenant ce qui t’amène dans ce coin perdu de l’Ecosse en plein hiver ?

- Les vacances, tout simplement, répondit Candy en souriant. Albert et moi étions en Espagne et en Italie. Nous repartons pour les Etats Unis dans quelques jours. Il a reçu un câble de ton père la semaine dernière et a souhaité faire le détour pour je ne sais quelle affaire à traiter. Il est en relation avec le duc depuis plusieurs années; d’après ce qu’il m’a dit. Et ton père nous a offert l’hospitalité, c’est tout.

- Et bien, puisqu’ils nous ont abandonnés, il m’incombe de veiller sur toi jusqu’à leur retour. Je t’assure que tu n’as rien à craindre de moi.

- Je n’ai jamais eu peur de toi, Terry. »

La jeune femme songea que si cela avait été le cas, elle aurait sans doute moins souffert, mais ce qui était fait était fait. Finalement, entretenir une conversation normale avec Terry s’avérait plus facile que Candy ne l’avait craint. La curieuse connexion qui avait toujours existé entre eux semblait toujours être présente. Ils discutèrent de tout et de rien et elle se détendait peu à peu. Chacun prit soin pourtant d’évier tout sujet qui aurait pu réveiller des souvenirs douloureux.

Terry savourait ce moment comme un instant précieux et l’observait à la dérobée chaque fois qu’il le pouvait. Endormie, il l’avait trouvée belle, mais éveillée elle était magnifique avec ses yeux brillants et ses sourires délicats. La grâce qui imprégnait chacun de ses gestes le transportait. La gamine effrontée et un peu garçon manqué avait disparu, laissant la place à une jeune femme à la beauté éblouissante.

Il traîna volontairement à table pour prolonger au maximum cet instant privilégié. Tout naturellement, elle l’aida à débarrasser et à mettre la vaisselle dans l’évier. La gouvernante n’était toujours pas arrivée.

« Que souhaites-tu faire de ta journée, Candy ?

- Je suis inquiète pour Catherine, dit la jeune femme. Cela ne lui ressemble pas de ne pas venir travailler. N’y a-t-il pas moyen de prendre de ses nouvelles ? »

Attendri, Terry songea qu’elle était bien toujours la même : Elle s’inquiétait sans cesse pour les autres. Bien qu’il n’ait aucune envie de voir leur intimité perturbée par qui que ce soit, il sauta sur l’occasion de passer encore quelques heures avec Candy.

« Nous pourrions passer chez elle, si tu veux. Prenons la voiture. Mais il vaut mieux t’habiller chaudement.

- Excellente idée ! S’exclama-t-elle, ravie. J’en ai pour une minute. »

Candy se précipita vers sa chambre pour prendre son manteau. Pour rien au monde elle n’aurait avoué que l’idée de rester enfermée toute la journée avec Terry lui procurait un sentiment de malaise mal défini. Une balade à l’extérieur était une excellente option.

Pourtant, malgré les efforts de Terry, la voiture refusa de démarrer.

« C’est sans doute à cause du froid, tenta d’expliquer Candy conciliante, bien que le jeune homme ne semble pas particulièrement contrarié. Il vaut mieux ne pas la laisser dehors. Je vais t’aider à la pousser dans la grange.

- Tu plaisantes, j’espère ! Protesta Terry, choqué à l’idée de lui infliger un tel effort physique.

- Je ne suis pas en sucre, et tu n’y arriveras pas tout seul.

- Ne me prends pas pour une mauviette non plus, je te prie ! »

Candy éclata de rire pour dissimuler son trouble. L’impressionnante stature de Terry et ses muscles qu’elle avait vu jouer sous les vêtements de bonne coupe produisaient sur elle un effet qu’elle ne connaissait que trop bien. Elle s’imagina un instant blottie dans ces bras puissants et rougit. Heureusement, le froid piquant avait déjà coloré ses joues et Terry ne se rendit compte de rien. Cet homme appartenait à une autre, elle ne devait pas l’oublier. Elle s’attela à la tâche avec ardeur pour chasser les pensées interdites qui s’imposaient à elle.

La matinée était bien avancée quand ils terminèrent. Terry referma la porte avec soin. Il songea au vieil avion qui avait été entreposé si longtemps dans ce hangar et qu’Alistair avait réussi à faire voler sur quelques mètres ce fameux été de leurs vacances. Candy devait y penser aussi car elle était adossée à un arbre, perdue dans ses pensées. Il s’approcha d’elle sans qu’elle réagisse, mû par un besoin irraisonné de la consoler.

« Si ton cousin était là, il aurait sûrement pu la faire démarrer, dit-il gentiment.

- Alistair ne réparera plus rien désormais, répondit-elle d’une voix cassée.

- J’ai appris sa disparition par les journaux. J’en ai été peiné. Je l’appréciais, tu sais.

- Il t’aimait bien aussi. »

La mélancolie gagnait la jeune fille et Terry ne voulait pas la voir se perdre dans ses souvenirs au risque de lui rappeler d’autres périodes douloureuses de son existence.

« Il est trop tard pour nous rendre jusque chez Catherine ce matin, décida-t-il. De plus, nous sommes frigorifiés. Il vaut mieux rentrer. »

Candy acquiesça et le suivit jusqu’à la maison comme une automate.

Il prit son manteau sans qu’elle réagisse. Le feu ranimé dans la cheminée, ils s’installèrent sur le canapé en silence, laissant la chaleur de l’âtre les réchauffer. La voir aussi morose était quelque chose d’inhabituel pour Terry. Il ne se souvenait d’elle que souriante et pleine de vie. Il souhaitait plus que tout la sortir de cet état. Avoir parlé d’Alistair les conduisit tout naturellement à évoquer des souvenirs du collège et la jeune fille finit par se détendre.

Les activités du matin leur ayant donné faim, ils trouvèrent dans le garde-manger des plats préparés à l’avance par la gouvernante qu’ils n’eurent qu’à réchauffer et déjeunèrent dans une ambiance qu’ils s’efforcèrent de garder aussi neutre que possible. Mais Terry avait de plus en plus de mal à conserver son personnage d’indifférent. Avoir Candy à ses côtés lui procurait un bonheur comme il n’en avait plus éprouvé depuis longtemps. Il avait l’impression de sortir d’un long sommeil et de retrouver sa jeunesse.

Le sujet qu’il ne devait pas aborder lui brûlait les lèvres et il vit le moment où il ne pourrait plus se retenir. Il leva les yeux et lu dans le regard de la jeune femme une prière silencieuse. Elle non plus ne voulait pas parler des événements qui avaient suivi leurs brèves retrouvailles à New York. Il orienta donc la conversation sur le présent, lui raconta des anecdotes de théâtre, des souvenirs de tournée et le soulagement qui se peignit sur le visage de Candy blessa Terry au plus profond de son coeur. Il comprit qu’elle avait tourné la page sur leur histoire avortée et ne voulait plus évoquer ces souvenirs pénibles. Elle le prouva en saisissant la perche qu’il venait de lui tendre.

« Tu as réalisé ton rêve. J’en suis heureuse pour toi. Les critiques ne tarissent pas d’éloges sur ton talent.

- Tu as suivi ma carrière, Candy ? Demanda-t-il avec un brin d’orgueil.

- Un peu. Par les journaux, avoua-t-elle dans un souffle.

- Moi je ne sais rien de toi. Es-tu toujours infirmière ?

- Bien sûr ! J’adore mon métier ! Je suis même montée en grade ! A partir du mois de mars je serai l’infirmière en chef du service de pédiatrie. M’imagines-tu avec autant de responsabilités ? »

Terry sourit. Il l’avait imaginé de bien des manières, mais pas responsable d’un service dans un hôpital. Il était très fier d’elle et certain qu’elle devait s’occuper merveilleusement des enfants.

Gênée par le regard tendre qu’il posait sur elle, Candy se leva et prit son manteau.

« Ne devions nous pas aller prendre des nouvelles de Catherine ? »

Candy éprouvait l’urgence de mettre fin à ce tête à tête dangereux. Elle évitait de le regarder et sursauta quand il lui prit le bras pour la tourner vers lui.

« Tu ne t’occupes que des enfants ? Je n’ai donc aucune chance de t’avoir pour infirmière, même si je tombe malade ? »

Il était trop proche d’elle et le coeur de Candy commençait à battre la chamade. Puis toute la douleur éprouvée, toutes les larmes versées remontèrent à la surface et lui serrèrent la gorge. Non, elle avait assez souffert à cause de cet homme. Elle ne voulait plus revivre cela.

« Les enfants ont besoin d’amour plus que nous, Terry, et cela me rend heureuse de leur en donner. Quand ils me quittent, c’est qu’ils sont guéris. Les seules larmes que je verse sont des larmes de joie. »

Le coeur du jeune homme se serra. Son plus cher désir avait toujours été de la rendre heureuse, alors qu’elle avait tant souffert à cause de lui, de sa décision ce soir-là. Voilà pourquoi elle avait dressé cette barrière entre eux. Il était fou de rêver encore à ce qui ne pouvait plus être, pourtant, noyé dans les deux lagons verts levés vers lui, il sentait sa raison lui échapper.

« Je n’ai jamais voulu te faire souffrir, chuchota-t-il en s’approchant d’elle. »

Perdu dans les yeux implorants de Candy, seul avec elle dans cette maison qui lui rappelait tant de souvenirs; Terry retrouvait les tendres sentiments de sa jeunesse. Il s’inclina encore et sentit le souffle précipité de la jeune femme sur sa joue. Quand ses lèvres effleurèrent la bouche tremblante, la gloire lui ouvrit ses portes.

Pas très longtemps, car Candy détourna la tête et le repoussa de toutes ses forces.

« Ne joue pas à cela, plus jamais ! » S’exclama-t-elle avant de sortir précipitamment par la porte d’entrée.

Frustré, le jeune homme resta plusieurs minutes sans réaction. Il se maudissait d’avoir cédé à cette inclination qui le poussait à retrouver la douceur de ces lèvres qu’il n’avait goûtée qu’une fois. Non seulement elle l’avait repoussé, mais il était persuadé d’avoir ruiné toute chance de renouer avec elle un lien quelconque. Désormais elle lui refuserait même son amitié.

Le froid qui pénétrait par la porte restée ouverte l’aida à reprendre ses esprits. Il saisit son manteau et se précipita à la suite de Candy en suivant les traces de pas qu’elle avait laissées dans la neige. Mais la jeune fille était déjà loin et il n’apercevait nulle part sa silhouette menue. Il cria son nom sans obtenir de réponse. Il ne pouvait pourtant pas la laisser errer seule dans cette région qu’elle ne connaissait pas. L’été de leurs vacances était loin et elle risquait de se perdre. Mais où chercher ?

La maison de la gouvernante et de son fils se trouvait un peu plus loin vers le village. Candy s’était rendue plusieurs fois chez eux autrefois, elle saurait certainement retrouver le chemin. De plus, elle voulait s’enquérir de la santé de Catherine depuis le matin. Plus il y songeait, plus Terry se persuadait que c’était là que la jeune femme s’était rendue.

Mais avec l’avance qu’elle avait prise, il ne réussirait pas à rattraper, à moins de trouver un moyen de la distancer...

Terry fit demi-tour en direction de château et courut vers les écuries. Son père aimait trop l’équitation pour se priver de sa promenade quotidienne. Il était certain qu’il avait emmené sa monture préférée en Ecosse, et il ne se trompait pas.

Le superbe étalon dont le duc était si fier piaffait et renâclait dans son box. Il ne fallut que quelques minutes au jeune homme pour seller l’animal et l’enfourcher. Heureux de pouvoir libérer son énergie, le cheval partit au galop, au grand bonheur de son cavalier.

Arrivé à hauteur du petit bois, Terry fit bifurquer sa monture vers une sente à travers les arbres qu’il savait être un raccourci permettant de rejoindre la maison de Marc et de sa mère par l’arrière. Un filet de fumée s’échappait de la cheminée, prouvant que la maison était occupée. Il n’y avait aucune trace de Candy mais si elle avait suivi la route normale, elle ne devrait pas tarder à arriver. Tans pis si elle était vexée de le trouver là à l’attendre.

Il frappa à la porte et la gouvernante lui ouvrit en poussant un cri de surprise.

« Monsieur Terry ? Je ne savais pas que vous étiez en Ecosse !

- Je suis arrivé dans la nuit, Catherine, la rassura Terry en entrant. »

Ses yeux parcoururent la petite pièce à vivre de la maison où tout était en ordre, comme toujours, mais la visiteuse qu’il espérait y trouver n’était pas là. Catherine était dans tous ses états et se tordait les mains en balbutiant.

« Monsieur le Duc m’a donné ma journée. Si j’avais su... Je suis désolée, Monsieur Terry, je vais venir au manoir immédiatement.

- Ne vous inquiétez pas pour cela, restez chez vous et profitez de votre journée de congé. Dites-moi juste si vous avez vu Candy.

- Mademoiselle Candy ? Non, je ne l’ai pas vue. Ne devait-elle pas repartir aujourd’hui avec son père ?

- Elle voulait prendre de vos nouvelles. Je pense qu’elle ne devrait pas tarder. »

La gouvernante était bourrelée de remords à l’idée que les deux jeunes gens aient été obligés de se débrouiller seuls. Pour apaiser ses craintes, Terry accepta la tasse de thé qu’elle lui proposait et en profita pour prendre des nouvelles de Marc. Il s’était toujours bien entendu avec le fils de Catherine et ne savait pas ce qu’il était devenu depuis six ans.

La femme était heureuse de parler de son fils qui travaillait désormais à Edimbourg, et flattée que l’héritier du duc se souvienne de son ami d’enfance. La conversation permit à Terry de patienter mais Candy tardait à arriver. Bien qu’il ne soit que le milieu de l’après-midi, la nuit commençait à tomber et Terry était inquiet. Et s’il s’était trompé ?

Il rassura une nouvelle fois la gouvernante, lui garantit qu’il n’avait pas besoin de ses services au château, et sortit retrouver l’étalon qui fut ravi de repartir en balade.

Le jeune homme ne savait plus que faire. Il avait hâte de revenir au château pour s’assurer que Candy allait bien, mais choisit quand même de suivre la route normale en espérant trouver des traces du passage de la jeune femme. Le froid était de plus en plus vif et le ciel couvert ne laissait passer que peu de lumière. Bientôt il n’y voyait plus à dix pas. Il comprit que si Candy n’était pas rentrée au manoir, jamais il ne la retrouverait dans l’obscurité. Il lança son cheval au galop mais dut ralentir son allure de crainte que l’animal ne se rompe les os. C’est alors qu’un faible appel atteignit ses oreilles.

« Candy ? Appela-t-il.

- Je suis là, Terry, répondit une petite voix tremblante. »

Fou d’inquiétude, il pénétra dans le bois en direction de la voix et découvrit la jeune fille assise sur une souche qui se massait la cheville. Il sauta à bas de sa monture et courut vers elle.

« Candy ! Que fais-tu là ? Je me faisais un sang d’encre pour toi !

- J’ai glissé et je me suis tordu la cheville, expliqua-t-elle. J’ai essayé de rentrer par mes propres moyens, mais... »

Terry remarqua alors qu’elle tremblait de tous ses membres et que ses lèvres étaient bleues de froid.

« Bon sang, Candy ! Combien de temps es-tu restée là ? »

La culpabilité s’empara de Terry. S’il n’avait pas voulu l’impressionner en arrivant avant elle chez Catherine, ils n’en seraient pas là. Il aurait dû la suivre tout simplement, et elle n’aurait pas passé deux heures dans cette humidité glaciale. Etait-il donc incapable, au moins une fois dans sa vie, de prendre la bonne décision ? Depuis ce matin, il n’avait fait qu’accumuler les impairs. Mais pour l’instant il était urgent de s’occuper de Candy. Les lèvres serrées, il la prit dans ses bras pour la hisser sur son cheval et monta derrière elle. Malgré la réticence de la jeune fille, il la serra contre lui, et laissa l’étalon aller à son pas sans le forcer car l’obscurité était maintenant complète.

Ce moment d’intimité volé au destin était un véritable bonheur pour Terry. Elle se blottissait contre lui pour profiter de sa chaleur et même frigorifié, tenir le corps de Candy entre ses bras était un rêve dont il souhaitait ne jamais se réveiller.

Ils n’échangèrent pas un mot jusqu’à leur arrivée au manoir où Terry la porta jusqu’au salon. Il commença par lui apporter une couverture avant de rajouter des bûches dans l’âtre. Puis il partit à la recherche de la trousse de premiers soins rangée dans la cuisine.

Candy avait déjà délacé sa botte quand il revint et grimaçait en essayant de la retirer. Il s’agenouilla près d’elle et l’aida précautionneusement à dégager son pied tout en maintenant la cheville blessée d’une main. Puis il palpa l’articulation avec des gestes d’une infinie douceur.

« C’est enflé, mais pas trop, constata-t-il. En temps normal je t’aurais conseillé un bain de pied dans une bassine d’eau glacée, mais aujourd’hui... Peut-être ton séjour prolongé dans la neige a-t-il eu quelque chose de bon, finalement. »

Candy ne sentait pas la douleur. Elle ne pouvait penser à autre chose qu’à la gentillesse de Terry, la douceur de ses doigts sur sa jambe. Une chaleur bienvenue commençait à se répandre en elle à ce contact. La grande main remonta jusqu’à son mollet et elle serra les lèvres pour ne pas laisser échapper le soupir qui montait en elle.

Le jeune homme qui n’était pas dans un meilleur état comprit que ses mains tremblantes allaient le trahir. Il posa délicatement le pied de Candy sur le sol.

« Je vais te faire un bandage, mais tu devrais... »

Incapable de finir sa phrase, il désigna la longue jupe d’un geste vague. Candy rougit et comprit qu’il lui fallait retirer son bas.

« Et tu te dis infirmière, s’admonesta-t-elle en silence. Bravo ma fille ! A quoi est-ce que tu penses ? »

Gênée, elle releva sa jupe pendant que Terry se retournait galamment et fouillait dans la trousse de secours pour trouver une bande. Il était heureux qu’il lui tourne le dos car le bruissement des jupons éveillait en lui des images séduisantes et interdites qui firent courir un frisson le long de son dos. Il respira à fond et se composa un visage impassible avant de se retourner. Pourtant, frôler la peau de Candy en bandant sa cheville fut une épreuve encore plus pénible pour ses sens exacerbés. Il procéda lentement et avec méthode puis contempla son oeuvre d’un air satisfait.

« Qu’en dis-tu Candy ? Pourrais-je faire une bonne infirmière ?

- Tu t’en sors plutôt bien, reconnut-elle en souriant. Mais tu as encore beaucoup à apprendre. Toutes les blessures ne sont pas aussi faciles à soigner. »

Terry ouvrit la bouche pour lui répondre mais se retint. Il songeait à la blessure qui béait toujours au fond de son coeur depuis cinq ans et que le simple fait de la revoir avait réveillée. Candy souffrait-elle encore elle aussi ? La distance qu’elle s’obstinait à maintenir vis-à-vis de lui prouvait qu’elle ne tenait pas à renouer les liens qui avaient existés entre eux autrefois. Il n’avait pas le coeur d’aller contre la volonté de la jeune femme et il capitula.

Elle avait besoin d’avaler quelque chose de chaud. Il lui prépara du thé qu’il lui apporta au salon puis alla s’occuper de Soliman.

Tout en prenant soin du cheval, Terry laissa vagabonder son esprit dans les méandres de sa vie. Il ressassa ses échecs et ses succès, ses doutes et ses espoirs. Quoi qu’il fasse, Candy était toujours associée aux moments les plus heureux de sa vie. Elle était aussi au centre de la période la plus douloureuse de son existence, celle qui l’avait conduit où il en était aujourd’hui. La revoir avait été comme une révélation. L’amour qu’il avait pour elle brûlait toujours au fond de son coeur comme au premier jour. Pendant toutes ces années, il s’était bercé d’illusions : Il avait oublié que le bonheur se construit à deux. Or Candy n’était plus disposée à lui accorder cette chance. Il avait ruiné sa vie autrefois et ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Elle avait tourné le dos aux décombres de son amour perdu et rebâti sa vie sur de nouvelles bases. Le laisser entrer dans son univers au péril de le voir tout détruire une nouvelle fois était un risque qu’elle ne voulait plus prendre.

Pourtant Terry était décidé à avoir avec elle la conversation qu’ils n’avaient jamais eue. Il avait besoin de mettre les choses à plat pour savoir si l'orientation qu'il souhaitait donner à sa vie était encore possible. Il regagna la maison, résolu à dire à Candy toute la vérité. Mais épuisée par sa journée mouvementée, la jeune fille s’était endormie sur le canapé. Il remonta la couverture sous son menton et s’installa en face d’elle pour la contempler une nouvelle fois dans son sommeil. Tant qu’elle était assoupie, il pouvait continuer à vivre son rêve. Il repoussa le moment des explications et s’absorba dans le délicieux spectacle qu’elle lui offrait.

La pendule égrena les minutes puis les heures. Candy n’ouvrit les yeux que vers vingt heures. En découvrant Terry qui la regardait elle se redressa précipitamment et rougit.

« Comment te sens-tu ? Demanda-t-il.

- Bien, je crois. Ma cheville ne me fait plus mal.

- N’essaie pas de marcher tout de suite. Est-ce que tu as faim ? »

Candy secoua la tête. Elle se sentait étrangement bien et n’avait envie de rien, si ce n’était de prolonger encore ce moment de félicité, devant la cheminée qui dégageait une douce chaleur et en compagnie de Terry.

Le jeune homme ne se sentait pas non plus en appétit. Il jeta un regard à la pendule. Quelque chose lui disait que le temps lui était compté. Il décroisa ses longues jambes et se pencha en avant, les coudes sur les genoux.

« Il y a une conversation que nous n’avons jamais eue, Candy. J’aimerais que nous parlions maintenant.

- A quoi cela servirait-il de remuer le passé ? Demanda-t-elle en détournant les yeux. Pourquoi aujourd’hui ?

- Parce que c’est mon anniversaire. »

Candy resta bouche bée un court instant. Elle venait de réaliser qu’elle n’avait jamais su la date de son anniversaire alors qu‘elle croyait si bien le connaître. Il ne la lui avait jamais dite, et elle ne la lui avait jamais demandée. Tout à coup elle se sentait étrangement coupable.

« Oh ! Fut tout ce qu’elle put dire.

- Tu ne pouvais pas le savoir. En fait, c’est pour cette raison que mon père m’a demandé de venir. Il souhaite m’offrir cette propriété.

- N’est-ce pas plutôt pour lui un moyen de se réconcilier avec toi ? Cela ne te fais pas plaisir ?

- Et... ? Demanda Terry une lueur malicieuse dans le regard.

- Et quoi ?

- C’est tout ce que tu me dis ? Tu n’essaies pas de me convaincre d’accepter ? De lui tendre la main ? Je me souviens qu’autrefois tu ne te gênais pas pour intervenir dans mes affaires. Avec ma mère par exemple, tu as tout fait pour que je me réconcilie avec elle.

- C’était il y a longtemps. A cette époque nous étions plus... liés. »

Le silence retomba et le jeune homme se leva pour attiser le feu. Il avait surtout besoin de se donner une contenance. Ils restèrent de longues minutes sans parler avant que Candy ne se décide à reprendre.

« Est-ce que tu vas accepter ?

- Quoi donc ? La réconciliation ou la maison ?

- Eh bien, les deux je suppose.

- J’ai beaucoup de souvenirs heureux liés à cette demeure. Je ne sais pas quoi en penser. C’est un cadeau tellement inattendu. Pourtant, je crois que mon plus beau cadeau c’est toi, Candy. »

Il se retourna vers elle pour découvrir sa mine outrée. La jeune femme fronça son nez, comme quand elle était adolescente et qu’il la mettait en colère. Il ne le lui avait jamais avoué, mais cette expression sur son visage l’avait toujours fait craquer.

« Non mais quel culot ! S’exclama Candy. Pour qui te prends tu, espèce d’imbécile prétentieux. Je suis Candice Neige André, pas une fille de joie qu’on t’aurait réservée pour la nuit ! Et qui tient le rôle du proxénète dans ton histoire, ton père ou le mien ? »

Le sourire de Terry s’élargit et il reprit sa place dans le fauteuil en face d’elle pendant qu’elle croisait les bras sur sa poitrine, résolue à en découdre.

« Fais-moi confiance, ma belle, avec les filles de joie, je ne reste pas au salon à discuter !

- Je te reconnais bien là ! Et Susanna, elle en pense quoi ? »

Candy se mordit la lèvre, mais il était trop tard. Terry lui avait fait perdre son sang-froid, et l’avait amenée où il le voulait. Alors qu’ils avaient fait de gros efforts toute la journée pour ne pas aborder le sujet qui les avait séparés, voilà qu’elle avait enfin prononcé le nom de la responsable de tous leurs malheurs. Maintenant elle ne pourrait plus éviter l’explication qu’il demandait.

Terry se renversa en arrière dans son fauteuil et ferma les yeux en soupirant.

« Tu vois, Candy, il fallait bien que nous en arrivions là. C’est cela que je considère comme un cadeau : Pouvoir enfin t’exprimer tout ce que nous ne nous sommes pas dit ce soir-là. C’est comme un couteau resté planté dans mon coeur depuis tout ce temps. Il faut l’arracher si nous voulons espérer guérir un jour.

- Ce fut tellement difficile, Terry ! Mais nous n’avions pas le choix ! C’était la seule décision à prendre. Revenir sur le passé ne nous apportera rien de bon.

- Il est vrai que la vérité fait mal parfois, mais pas autant que le doute. Depuis des années, la même question me ronge, Candy. Tu es sortie de la chambre de Susanna, et tu m’as annoncé que tu rentrais à Chicago. Pourquoi as-tu fais cela ?

- Je... ne peux pas te le dire ! J’ai promis ! Balbutia-t-elle. »

Candy avait renoncé à la position allongée et s’était assise sur le canapé. Elle serrait la couverture autour de ses jambes et gardait les yeux baissés.

Le jeune homme se leva et servit deux cognacs. Il en proposa un à sa compagne qui refusa d’un signe de tête. Il le laissa sur la table avant de reprendre sa place dans son fauteuil. Il prit une gorgée pour se donner la force de continuer.

« J’ai fait la pire bêtise de ma vie ce soir là, Candy. Jamais je n’aurais dû te laisser partir. Je me suis conduit comme un lâche. Au lieu de me battre contre la pression que tous exerçaient sur moi, j’ai capitulé et j’ai accepté de rester près de Susanna. J’ai sacrifié mon bonheur et je t’ai fait souffrir pour satisfaire les exigences d’une égoïste qui prétendait m’aimer.

- Il ne faut pas dire cela ! Elle avait besoin de toi ! Elle avait promis de te rendre heureux ! Elle t’aimait tellement...

- Alors nous n’avons pas la même définition de l’amour. Tu ne connais pas Susanna comme je la connais. Elle est avant tout comédienne, Candy. Elle joue un rôle en permanence. Celui de la femme amoureuse avec toi, et celui de l’infirme avec moi. Tout ce qui l’intéresse c’est de posséder ce que les autres n’ont pas pour augmenter son prestige. Et aujourd’hui, elle a trouvé un autre moyen pour briller au firmament que de s’afficher avec moi. »

Candy le regarda sans comprendre. Son coeur battait de plus en plus vite et la vieille douleur recommençait à lui serrer la poitrine.

« Pourquoi dis-tu cela ? »

Terry ne répondit pas. Il fixait les flammes et semblait perdu dans ses pensées. Après un long silence il reprit :

« Est-ce que tu me trouve ténébreux, Candy ? »

Comme elle ne disait rien, il se tourna vers elle et découvrit un sourire timide sur son visage ravagé.

« C’est Susanna qui t’a dit çà ?

- Çà et bien d’autres choses. Quand elle accepté de remonter sur les planches pour cette tournée qu’on nous proposait en Europe, nous n’imaginions pas le succès que nous rencontrerions. Ou plutôt, que ma partenaire rencontrerait !

- On dirait que cela ne te fait pas plaisir. Tu n’es pas du genre envieux pourtant.

- Il faut croire que le succès m’a changé. Même si les critiques sont élogieuses à mon égard, ce que tu ignores c’est que j’ai aussi la réputation d’avoir le caractère le plus exécrable qu’on ai jamais vu ! Susanna au contraire est un vrai rayon de soleil pour les Européens qui l’adulent et la portent aux nues. Je ne l’avais jamais vue aussi heureuse. Quand on lui a proposé de poursuivre la tournée en Italie et en Espagne, elle a accepté sans hésiter.

- Mais pas toi ?

- J’ai d’autres engagements qui m’attendent en Amérique. Si j’ai bien saisi le sens de ses paroles, on peut dire qu’elle m’a jeté comme une vieille chaussette ! Selon elle, je ne suis qu’un éternel rabat-joie qui ne réussit qu’à la démoraliser et à entraver l’expression de son talent. Oh, elle me tient toujours pour responsable de son état, mais désormais, c’est moi qui l’empêche de reprendre goût à la vie. »

Candy eut un rire sans joie et prit son visage entre ses mains. Ses épaules étaient secouées de tremblements sans que Terry puisse déterminer si elle riait ou si elle pleurait. Inquiet, il se rapprocha d’elle et vint prendre place à ses côtés sur le sofa. Il écarta les mains de son visage et découvrit ses grands yeux verts remplis de larmes.

« Quel gâchis ! S’exclama Candy désabusée. Il y a cinq ans, elle ne pouvait pas envisager de vivre sans toi ! Tu étais le seul lien qui la retenait à l’existence. Elle t’aimait plus que sa propre vie. Pour cette raison elle a brisé les nôtres. J’ai cru mourir tant j’étais malheureuse de t’avoir perdu, et maintenant... Où en sommes nous tous les trois ? Nous nous retrouvons aussi seuls les uns que les autres, avec toute cette souffrance qui nous obsède et nous empêche d’aller de l’avant. Tout cela pour rien ! »

Terry aurait voulu la prendre dans ses bras pour la consoler, mais la vitesse à laquelle elle retira ses mains des siennes prouvait qu’elle n’avait nulle envie d’une quelconque intimité avec lui. Les espoirs fous qu’il avait nourris toute la journée se réduisaient comme peau de chagrin. Sa fierté reprit aussitôt le dessus.

« Crois-tu que ce fut plus facile pour moi ? Durant toutes ces années, tu n’as jamais cessé d’occuper mes pensées... et mon coeur ! J’ai été tellement stupide ! Si c’était à refaire...

- Personne ne peut jamais revenir en arrière, Terry. Cesse de te torturer pour une chose que nous ne pouvons pas changer. Fais comme moi : Essaie de ne te souvenir que des moment merveilleux que nous avons connus.

- Ils étaient si forts, Candy ! S’exclama-t-il. J’aimerais tant les retrouver. Il n’est pas question de retourner en arrière. C’est aller de l’avant que je veux... avec toi ! »

Candy eut un soupir désabusé et leva sur lui un regard lourd de reproches.

« Parce que Susanna t’a quitté ? Tu te dis que la petite Candy pourrait être une solution de rechange ? Cinq ans c’est très long, Terry. Trop long pour recoller les morceaux d’une vieille histoire.

- Je t’ai écrit, avoua soudain le jeune homme dans un souffle. »

Surprise, elle le regarda sans comprendre et attendit qu’il précise sa pensée. Terry se leva et s’accouda à la cheminée. Il ne pouvait plus rester assis près d’elle alors qu’elle venait de jeter aux orties sa tentative de réconciliation.

« C’était il y plus de deux ans, raconta-t-il. Nous sommes venus jouer à Chicago. Je t’ai envoyé une lettre et une invitation. J’espérais te voir, te parler... Mais ma lettre m’est revenue avec la mention « N’habite plus à l’adresse indiquée ».

- J’ai quitté mon ancien appartement. Je voulais être plus proche de mon nouveau travail, reconnut Candy d’une voix blanche. »

Son coeur battait à tout rompre et elle priait pour que Terry ne s’en rende pas compte. Il avait essayé de la contacter ! Combien de lettre lui avait-elle écrites en cinq ans, qui avaient toutes fini dans la corbeille à papier ? Elle avait toujours résisté à la tentation, certaine que reprendre contact avec lui ne servirait qu’à la faire souffrir d’avantage. Elle craignait surtout si elle le revoyait, de ne pas avoir la force de s’en tenir à la décision prise ce soir de novembre, quand elle avait promis à Susanna de s’effacer et de lui laisser l’homme qu’elles aimaient. A plus forte raison si elle avait découvert qu’il endurait les mêmes tourments.

Terry avait essayé de la contacter et elle ne l’avait jamais su ! Cela avait dû être terriblement difficile pour lui de mettre ainsi sa fierté de côté. Avait-il été soulagé que sa tentative n’aboutisse pas ? Pourquoi n’avait-il pas insisté ?

« L’adresse de la famille André ne devait pas être difficile à trouver, reprit-elle avec un brin de rancoeur.

- J’aurais pu contacter Albert, c’est vrai, reconnut Terry, mais je ne voulais pas mêler ta famille à cette histoire. Nous n’avons eu besoin de personne pour prendre notre décision ce soir là. Je pensais que nous devions régler cela seuls aussi. C’est notre histoire, Candy, elle ne regarde que nous.

- Et pourtant c’est à cause de nos familles que nous sommes là toi et moi, aujourd’hui. Penses-tu qu’ils l’aient fait exprès ?

- Je me le demande, avoua le jeune homme. »

Tous deux s’absorbèrent dans leurs pensées pendant un bon moment. Puis la jeune femme se leva lentement.

« Je crois que je vais aller me coucher. J’ai été heureuse de te revoir Terry et de passer cette journée avec toi. »

Il s’avança vers elle pour la prendre dans ses bras et la porter jusqu’à sa chambre, ou au moins la soutenir dans l’escalier. N’importe quoi, pourvu qu’il puisse encore sentir la chaleur de son corps contre le sien, mais Candy l’arrêta d’un geste de la main.

« Je peux très bien me débrouiller toute seule, décréta-t-elle. »

Terry la regarda s’éloigner à pas prudents et gravir l’escalier. Il cherchait désespérément un moyen de la retenir, persuadé que s’il la laissait sortir de sa vie aujourd’hui, il ne la reverrait plus jamais. Elle était presque arrivée à l’étage quand il trouva la force de parler, mais il ne reconnut pas sa propre voix.

« Il est inutile que je te demande de rester, n’est-ce pas ? Ni ce soir, ni pour plus longtemps ? Réponds-moi je t’en prie, et je te jure que ce sera la dernière fois que je t’imposerais ma présence si elle t’est si pénible. »

Candy s’arrêta avant d’atteindre le palier et se retourna. Terry était au pied de l’escalier et levait vers elle ce regard suppliant qui la faisait fondre. L’homme dont elle avait été éperdument amoureuse abandonnait toute fierté et jetait son coeur à ses pieds au risque de la voir le piétiner. Elle aurait tant voulu... Mais si le ramasser signifiait souffrir encore comme elle avait souffert, elle ne se sentait pas la force de le faire. La mort dans l’âme elle soupira.

« Ni toi ni moi ne sommes sortis indemnes de notre rupture, Terry. Ce fut terriblement difficile. Ce n’est pas le genre d’épreuve qu’un être humain est capable de supporter deux fois.

- Tu n’as donc plus confiance en moi, comprit le jeune homme. En tout cas pas assez pour accepter de renouer avec moi. Au moins pourras-tu un jour me pardonner ?

- Je vais répondre à la question que tu m’as posée tout à l’heure. Oui, Susanna a raison. Tu es quelqu’un de sombre, de taciturne et de renfermé. Mais je sais aussi que quand tu donnes ta confiance, tu ne le fais pas à moitié. Ton coeur est noble et je sais combien tu peux être généreux et attentionné. Si elle ne l’a pas compris, elle est idiote et ne se rend pas compte de ce qu’elle a perdu. Si tu veux tout savoir, je peux t’avouer que si j’ai eu froid cet après-midi dans la forêt, je n’ai jamais eu peur. Parce que je savais que tu me trouverais. Il y a longtemps que je t’ai pardonné, Terry, mais ne m‘en demande pas plus, je... »

Elle ne finit pas sa phrase, mais les mots étaient inutiles. Terry baissa les yeux et revint prendre sa place devant la cheminée.

« Merci d’avoir été honnête avec moi, Candy. Bonne nuit.

- Bonne nuit Terry. Et bon anniversaire. »

Il entendit la porte de la chambre se fermer derrière elle et resta à fixer les flammes. Les larmes lui brûlaient les yeux mais il ne voulait pas les laisser sortir, pas encore, pas tant que la femme pour laquelle elles couleraient était encore dans la maison. Il resta dans le salon à essayer de rassembler les morceaux de son coeur brisé jusqu’à ce que l’horloge sonne minuit, puis alla se coucher dans une des chambres d’amis. Il ne ralentit même pas en passant devant la porte de Candy. Ecrasé de fatigue après quarante heures sans dormir, il se laissa tomber sur le lit comme une masse et sombra dans un sommeil sans rêve.

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EPILOGUE



Le soleil était déjà haut quand Terry émergea des bras de Morphée le lendemain matin. Il sentait que quelque chose avait changé en lui, et ce n’était pas le fait d’avoir un an de plus. Il fit une rapide toilette et descendit à la salle à manger. La porte de son ancienne chambre était ouverte. La pièce était vide.

Comme il s’y attendait, son père était seul, attablé devant un copieux petit déjeuner à l’anglaise. Le duc posa son journal en le voyant entrer.

« Bonjour mon fils, dit-il simplement.

- Bonjour père, répondit le jeune homme en prenant place. Quand vos invités sont-ils partis ?

- En pleine nuit. La jeune Candy avait bouclé ses bagages et a insisté auprès de son père pour qu’ils s’en aillent immédiatement. J’avoue que tu me déçois, Terry. Je te croyais plus dégourdi avec les filles. »

Le jeune acteur manqua de s’étrangler en avalant son thé et fut pris d’une violente quinte de toux qu’il étouffa tant bien que mal dans sa serviette. Incrédule, il fixait le duc qui lui faisait face, imperturbable. Il ressemblait à l’image qu’il avait toujours eue de son père, réprobateur et les sourcils froncés, si ce n’était la petite lueur qui dansait au fond de ses yeux et qu’il n’avait jamais remarquée auparavant.

« Vous aviez tout manigancé depuis le début ! Comprit Terry. Et Albert était complice, bien sûr. Voilà pourquoi vous avez donné congé à la gouvernante et ne l’avez pas prévenue de mon arrivée !

- Très bien. A défaut de tes talents de séducteur, tu as au moins gardé tes facultés de raisonnement. André et moi sommes au courant de votre histoire et il nous a semblé urgent que vous puissiez avoir une explication tous les deux. Et plus si affinités...

- Je n’arrive pas à croire ce que j’entends ! S’exclama Terry. Vous vous êtes arrangés pour nous laisser seuls Candy et moi ! Qu’espériez-vous au juste ? Nous trouver dans une situation compromettante ? Vous parlez de la seule femme que j’ai jamais aimé, Père, pas d’une soubrette qu’on culbute à la va-vite entre deux portes !

- Tu ne t’es jamais plaint de mes choix en matière de soubrettes quand tu étais jeune, il me semble ! Eh oui, mon fils ! J’ai porté beaucoup plus d’attention à ton éducation que tu sembles le croire. Ceci dit, si tu t’étais permis ce genre de privauté avec la fille de mon ami André, j’aurais sans douté été contraint de t’obliger à réparer tes tords. Seulement voilà, tu as laissé passer ta chance ! »

Terry était abasourdi en découvrant les implications du plan machiavélique concocté par son père et son meilleur ami. Un vertige le saisit en songeant à ce qui aurait pu se passer s’il s’était montré plus entreprenant : Un mariage ? Avec Candy ? Pourquoi dès qu’il s’agissait d’elle, l’idée d’une union forcée semblait-elle moins répugnante ? En ce qui le concernait lui, en tout cas. Mais Candy ? Aux yeux de la jeune femme, il resterait toujours celui qui lui avait infligé la pire douleur qu’elle ait éprouvé. Elle avait dit lui avoir pardonné, mais de là à lui accorder son amour...

« Il n’y avait qu’un bémol dans votre plan, père. Candy ne m’aime plus. Et comme, toujours grâce à l’éducation que vous m’avez donnée, je suis aussi un gentleman, je ne pouvais pas la contraindre. Elle est trop indépendante pour que je la force à quoi que ce soit.

- Au moins vous avez parlé. C’est un début.

- Un début ! Oubliez vos idées folles, vous et Albert ! Mon histoire avec Candy appartient au passé, point final.

- Elle t’en veut, et c’est normal. Mais tu as avoué qu’elle était la seule femme que tu ais jamais aimée. A toi de la convaincre qu’elle peut toujours avoir confiance en toi. Tu as jusqu’au retour de Melle Marlow de sa tournée en Italie, si elle revient.

- Ne me dites pas que vous êtes pour quelque chose là-dedans aussi !

- Ma foi... Ce cher André a de nombreux contacts en Espagne et en Italie. Il a semble-t-il réussi à convaincre certaines personnes de s’intéresser au talent d’une jeune actrice... Il est même possible qu’elle trouve là-bas un nouveau prétendant, qui sait ?

- Seigneur Dieu ! Comment avez-vous pu monter une telle machination derrière notre dos ! Et pour rien, en plus. Candy ne souhaite plus me voir.

- Dans ce cas, pourquoi a-t-elle laissé une enveloppe pour toi ? Elle a dit que c’était pour ton anniversaire. »

Terry prit l’enveloppe que lui tendait le duc d’une main tremblante. L’écriture était bien celle de Candy. Il la fit tourner dans sa main plusieurs fois avant de se décider à l’ouvrir. Elle ne contenait qu’un minuscule morceau de papier avec trois lignes manuscrites. Pourtant le visage du jeune homme s’éclaira d’un grand sourire en les lisant.

Oubliant ses bonnes manières tant il était intrigué; Richard Granchester essayait de déchiffrer le court message que Candy avait adressé à son fils, mais celui-ci le glissa prestement dans sa poche intérieure, à côté de son coeur.

« Qu’est-ce que c’est ? Demanda le duc. On dirait une adresse. Son adresse ?

- C’est plus qu’une simple adresse, Père, répondit Terry le coeur battant. C’est une deuxième chance.

- Alors, bon anniversaire mon fils ! »


FIN




 
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