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Des yeux bleus comme le ciel, fanfic de Fatalzmarion (qui nous manque beaucoup !!!!!)

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view post Posted on 15/10/2012, 09:10
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C'est à mon amie Annie Brighton que je dédie cette fiction
Quand j’ai commencé à l'écrire, je ne te connaissais pas encore. J’ai ensuite fait ta connaissance via le forum et ta passion pour Anthony m’inspire …
Tu maintiens vivace sa flamme comme je maintiens celle de Terry …
Terry et Anthony sont tellement semblables qu’ils ne peuvent qu’être amis … chacun avec leurs qualités, leurs défauts, leurs points communs et leurs différences …
Je ne les imagine pas un instant en train de se déchirer …

Voici l'histoire que je leur offre …

« Les yeux bleus comme le ciel »


**************

Sur le thème de Sophie :
Et si Anthony était resté en vie ? Terry aurait du faire face à un rival de poids …

***************

La voix Off :
Candy a découvert le secret de la naissance de Terry Grandchester en pénétrant par erreur dans sa chambre en rendant visite à Archibald et Alistair. Alors que le souvenir d’Anthony continue de la hanter, elle croit l’apercevoir lancé au galop sur son cheval blanc ! Mais il s’agit encore une fois de Terry Grandchester. L’esprit troublé, Candy tombe, s’évanouit et est ramenée à l’infirmerie par Terry qui s’interroge sur l’identité du mystérieux « Anthony » que Candy a appelé dans son délire.
Pendant ce temps, Archibald regrette de ne pas recevoir plus souvent des nouvelles de l’état de santé d’Anthony. Il ne sait pas que le Collège Royal de Saint-Paul s’apprête à accueillir :

« Un nouveau venu »

*****************

Candy se leva ce matin là un peu plus tôt car elle voulait remercier Terry de lui avoir porté secours lors de son aventure nocturne et retrouver Capucin qui allait se demander ce qu’elle était devenue.
Et elle couru sur la colline espérant y trouver à la fois le garçon et le petit animal.
Elle ne remarqua pas qu’elle était suivie par Niel Legrand et ses deux sbires voulant encore lui jouer un mauvais tour.

Les lascars sont stoppés dans leurs intentions charmantes par Terry qui une fois encore prend la défense de Candy et les met en fuite.
Patty n’a rien raté de la scène et, un peu songeuse, court sur la colline rejoindre Candy.

******************

Au même moment, un fiacre s’arrête devant le Collège et un adolescent en descend. Blond, aux yeux azurs et très élégant, il ne peut cependant masquer une infirmité : un accident très grave qui l’a frappé voilà quelques mois le condamne à boiter fortement et à s’aider d’une canne sans doute pour le reste de sa vie.
Loin de se sentir anéanti par cette fatalité, le jeune américain remercie chaque jour le ciel d’avoir épargné sa vie et de lui permettre de marcher quand cette chute de cheval violente aurait pu le tuer. Il est heureux d’être enfin arrivé lui aussi en Angleterre, dans ce fameux collège pour jeunes gens de la haute société, où il retrouvera les autres membres de sa famille et surtout sa douce Candy qu’il n’a pas oubliée et qui lui a tant manqué pendant sa longue convalescence.
C’est le cœur en fête et plein d’espoir qu’Anthony Brown regarde l’austère édifice du Collège de Saint Paul avant d’être accueilli par Sœur Margareth.

« Soyez le bienvenu dans notre collège, Monsieur Brown » : l’accueilli la mère supérieure, sur le même ton glacial que celui sur lequel elle avait accueilli Archibald et Alistair, ensuite Candy, et pour finir Annie. « J’espère que vous vous y plairez ».

« Je n’en doute pas un instant ma mère. Je vais retrouver ici plusieurs membres de ma famille et vous m’en voyez ravi ».

« Je vais les faire appeler. Sœur Margareth ? »

« Oui ma mère »

« Faites appeler Messieurs Archibald et Alistair Cornwell. Ceux-ci pourront guider leur cousin jusqu’à sa chambre ».

« Tout de suite ma mère »

Un instant plus tard, les deux garçons se trouvaient devant la porte du bureau de la mère supérieure et se demandaient encore quelle était cette mystérieuse connaissance qu’il leur fallait accueillir et guider. Sœur Margareth ne leur avait donné que ces informations là.

Il se trouve que la Tante Elroy, une fois qu’Anthony avait été suffisamment rétabli, avait émis le souhait que lui aussi puisse parfaire son éducation dans le meilleur collège de Londres mais n’en avait soufflé mot à personne. Aucun des enfants n’était donc au courant de sa venue.

Alistair frappa à la porte et la voix puissante de la religieuse les autorisa à entrer.

« Vous nous avez fait appeler ma mère ? »

« En effet, je vous demanderai de bien vouloir accueillir et aider à s’installer votre nouveau condisciple et cousin, je pense, voici Anthony Brown »

Et au moment où la mère supérieure prononça ces mots, le nouveau venu devant elle se tourna lourdement, pour faire face aux deux garçons qui n’en croyaient pas leurs yeux : celui qui leur faisait face aujourd’hui était bien leur cher cousin qui leur avait tant manqué !!!

« Anthony !!! » Dirent en même temps Archibald et Alistair.

« Bonjour les garçons. Je suis tellement content de vous revoir enfin ».

« C’est pas possible ! Anthony !! Nous trois réunis je n’arrive pas à y croire » dit Alistair.

« J’avais peur qu’on ne se revoit jamais et puis nous recevions si peu de tes nouvelles » ajouta Archibald.

« Comme vous pouvez le voir, je vais bien et je suis certain que d’être ici avec vous va me permettre d’aller mieux encore et que d’ici peu je pourrais même courir comme avant. »

« On n’en doute pas une seconde »

Les trois garçons prirent congé de la mère supérieure, restée de glace face aux touchantes retrouvailles des garçons et sortirent, en direction de la chambre qui avait été désignée pour Anthony au rez-de-chaussée du dortoir.

« J’en connaît une qui va être drôlement surprise … et heureuse, de te revoir » : dit Alistair.

« Oui hier encore, elle est venue nous rendre une visite nocturne après l’extinction des feux et elle nous parlait de toi. Tu lui manques tellement ! » Ajouta Archie.

« Candy … » devina Anthony.

« Oui Candy !! »

« Moi aussi je suis très content de la voir. Elle m’a tellement manqué aussi. Lorsque j’ai repris conscience à l’hôpital, je l’ai appelée, me demandant ce qu’il s’était passé. Il parait que je suis resté dans un coma profond des semaines durant et je ne me souviens de rien. Sauf de Candy ! Je l’entendais crier, crier après moi mais j’avais beau lui répondre et la chercher partout dans mon rêve, il m’était impossible de la voir. Et quand j’ai fini par m’éveiller, j’ai appris que vous étiez tous partis à Londres pour étudier et que si je voulais vraiment vous revoir et retrouver Candy, je devais me battre pour remarcher. Et me voilà … »

« Maintenant, on ne se quitte plus, Anthony ! Viens on va aller voir Candy » proposa Alistair.

« Où est-elle ? » demanda rapidement Anthony.

« Sûrement dans le parc !! Où veux-tu qu’elle soit ?? » dit ironiquement Alistair « Elle n’a pas changé tu sais, elle ne se sent bien qu’en plein air … Elle reste des heures au pied du chêne, sans rien dire ou à jouer avec Capucin, en cachette bien sûr. Personne ne sait qu’il est là»

« Ou alors elle est en train de parler avec le prétentieux » : ajouta sarcastiquement Archibald.

« Le prétentieux ? » interrogea Anthony « qui est-ce ? ».

« Oh Archie, je t’en prie !! » répondit Alistair « C’est notre voisin de chambre, Terry, et Archibald a un peu de mal avec ».

« Ce n’est qu’un snob arrogant !! C’est lui qui a du mal avec nous et avec tout le monde d’ailleurs. Il est soi-disant fils de Duc mais il est aussi bien élevé qu’un ours mal léché ! Personne ne peut le voir pas même en peinture à part Candy !!! Son bon cœur lui a fait tendre la main à cet idiot qui lui faisait sans doute de la peine parce qu’il restait isolé et depuis, il ne la lâche pas !! » Explosa Archibald. « J’espère bien que maintenant que tu es arrivé, Anthony, cet abruti va comprendre qu’il est de trop et que Candy ne peut pas le fréquenter !! »

« Archie !!! » Le coupa Alistair « Crois-tu vraiment que c’est le moment d’ennuyer Anthony avec tes scènes de jalousie ? Et puis Candy est assez grande pour savoir ce qu’elle fait !! »

« Je préfère qu’Anthony soit au courant ! Un point c’est tout ! »

« Les garçons, nous n’allons pas perdre notre temps à de futiles paroles !! Je veux revoir Candy, c’est tout ce qui me ferait plaisir » : trancha Anthony.

Et les trois cousins prirent lentement, au rythme d’Anthony, la direction du parc, là où ils étaient certains de trouver Candy.

**********************

Candy avait discuté un moment avec Patty, d’un « trésor » que celle-ci possédait et qu’elle lui montrerait bientôt. Candy rentrait à présent en direction du Collège dans l’espoir encore de croiser Terry pour le remercier. Elle était bien entendu comme toujours espionnée par Elisa Legrand, toujours à la recherche de méchancetés à faire subir à Candy.

Elle vit la veste rouge de Terry accrochée à un arbre alors, ne le voyant pas mais se disant qu’il ne devait pas être loin, hurla à pleins poumons : « Terryyyyyyyy, je vous remercie de mon coeurrrrrrrrrr !!! De m’avoir secouruuuuuuuuue !! », Jusqu’à casser les oreilles d’Elisa qui écoutait et qui alors s’éloigna.

Terry observait Candy du haut d’un arbre tout proche et attendri de plus en plus, dit pour lui-même : « Quelle curieuse fille !! »

Après son cri à vous trouer les tympans, Candy entendit Alistair et Archibald l’appeler et les vit s’approcher d’elle. Ils avaient leur air de conspirateurs !!

« Qu’est-ce que vous mijotez tous les deux ? Vous avez l’air bizarre !! » Leur demanda Candy.

« Mais rien voyons ! C’est juste qu’on a une petite surprise pour toi »

De sa branche, Terry, qui se demandait ce qu’Archibald avait encore imaginé pour être agréable à Candy, ne perdait pas une bribe de conversation.

« Une surprise !! Qu’est-ce que c’est ? J’adore les cadeaux » répondit Candy.

Et comme dans un rêve, elle le vit sortir de derrière un gros buisson tout proche …

« … Toi !! … pas possible !!! ».

Candy n’en croyait pas ses propres yeux. Après tout ce temps, il était là, en chair et en os, le même visage d’ange qu’elle avait laissé aux Etats-Unis.

« Anthony !!! » : hurla-t-elle et elle couru vers lui le serrer dans ses bras. En pleurs, gagnée par l’émotion, elle ne prêta pas attention à la canne et à la boiterie franche d’Anthony.

« C’est si bon de te revoir … »

« Moi aussi Candy, je t’ai appelée pendant si longtemps. Parfois, je croyais même avoir oublié ton visage alors je devenais fou et je le cherchais partout dans ma tête et maintenant tu es là !! »

« Anthony … je pensais que je ne te reverrai jamais ! ».

« Candy … »

« Anthony … »

Alistair et Archibald regardaient les deux jeunes gens si heureux de se retrouver et n’auraient voulu pour rien au monde interrompre l’émotion du moment mais il était l’heure de rentrer au cours et Anthony se déplaçait très lentement.

« Pardon de vous interrompre, nous devons tous aller en classe mais la mère supérieure autorise les membres de la famille André, ainsi qu’Annie, à dîner ce soir tous ensemble au foyer avec Anthony en l’honneur de son arrivée. Vous aurez donc tout le loisir de vous voir et vous parler ».

Et les quatre inséparables, enfin réunis, se dirigèrent pas à pas vers les bâtiments.

Juché sur son arbre, Terry n’avait rien manqué de la scène des retrouvailles mais elle lui avait fait l’effet d’un coup de poignard au cœur.

Anthony !! C’était lui, ce maudit américain que Candy en larmes avait appelé dans son sommeil. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien lui trouver ? Et qu’avait-il de plus que lui ? Il n’y avait que lui jusqu’alors que Candy avait regardé avec ces yeux là. Et sa joie de le voir !!! Oh mon Dieu, qu’est-ce qu’il vient fabriquer ici cet éclopé ??

« Ca ne va pas se passer comme ça mon ami ! Elle est à moi et rien qu’à moi … »

Pour la première fois de sa vie, Terrence Grandchester allait se battre pour conserver pour lui seul l’attention de quelqu’un. Son père l’avait casé dans ce collège pour ne plus s’en occuper, sa mère l’avait repoussé, mais Candy … jamais, jamais elle ne l’avait fait souffrir, bien au contraire. Jusqu’à aujourd’hui … Ce retour inopiné fit prendre conscience à Terry que le petit ange aux cheveux blonds et au museau couvert de charmantes taches de rousseurs était devenu ce qu’il avait auprès de lui de plus précieux.

Mais il devina aussi que la bataille serait rude. Candy avait l’air de beaucoup tenir au fameux Anthony et lui, fils rebelle du Duc de Grandchester, n’avait jamais réussi à se faire aimer de personne …

*************

Toute la famille André se réunit au foyer pour le dîner. Elisa avait eu un peu de retard car elle avait fait une chute dans le parc mais n’avait pas voulu en dire plus. Elle était bien trop contente d’avoir à nouveau Anthony sous la main !!!

Candy n’était pas encore remise de ce qui lui arrivait : Anthony était là, vivant, en pleine forme, à ses côtés !!! C’était trop !!!

« Quel bonheur de le retrouver !! » pensa-t-elle. Mais une image lui vint soudain à l’esprit sans qu’elle en comprenne le sens.

Terry … Elle n’avait pas encore eu l’occasion de le remercier de se gentillesse envers elle et cela lui tenait vraiment à cœur.

Une fois le dîner terminé, Candy s’excusa et prit congé de la famille.

« J’espère que vous ne m’en voulez pas de vous laisser mais j’ai quelque chose à faire avant de regagner ma chambre »

« Mais non bien sûr Candy » dit Elisa « Nous comprenons que tu ne sois pas à l’aise au milieu des mondanités !! »

Candy ne prit pas la peine de répondre à la chipie et sortit du foyer.

« Je parie qu’elle va rejoindre Terrence Grandchester » Lâcha encore Elisa. « Décidément qui se ressemble s’assemble. Ce grossier personnage et cette fille d’écurie sont vraiment bien assortis »

« Cela suffit Elisa » la coupa Alistair.

Elisa ignora le jeune homme et regarda Anthony, qu’elle était ravie de revoir enfin.

« Anthony, tu l’as échappé belle. Cette fille est responsable de ton accident mais heureusement tu es sorti de ses griffes puisqu’elle a jeté son dévolu sur ce voyou » continua la rouquine.

« ELISA !!! Tu te tais ! » Dit Archibald.

Anthony ne répondit pas mais quelque chose le dérangeait. Qui était ce Grandchester que tout le monde qualifiait de voyou mais qui avait su gagner l’amitié de Candy ?

******************

Candy se rendit vers la petite colline où elle était pratiquement certaine de trouver Terry. En cette fin du mois d’avril, le jeune homme y restait souvent jusqu’au coucher du soleil.
Elle fut attirée par le son de l'harmonica. Il était là …

« Terry, bonsoir … »

« Tiens donc, Mademoiselle Taches de Son ! Que me vaut l’honneur de votre visite ? »

« Je voulais vous remercier de votre aide hier soir »

« Ah et vous interrompez votre touchant dîner de famille pour me dire cela ? Cela n’en valait pas la peine »

« Quoi ?? Que voulez-vous dire ? »

« Je veux dire que les membres de votre famille doivent regretter votre absence et que vous devriez les rejoindre »

« Le dîner est terminé figurez-vous et je pensais rentrer dans ma chambre mais je voulais vous voir avant … »

« Ah bon !! Et vous quittez précipitamment votre boiteux fiancé pour venir me rejoindre !! Ce n’est pas digne d’une jeune fille du monde cela, ma chère Tache de Son … »

« PARDON ??!! Mon Quoi ?? Sachez qu’Anthony n’est pas mon fiancé et puis je vous interdis de vous moquer de sa boiterie !! Figurez-vous qu’il a eu un terrible accident qui aurait pu le tuer et qu’il lui a fallut des mois pour s’en remettre. Alors gardez vos commentaires !!! »

Et sur ces dernières paroles Candy se leva et furieuse, regagna son dortoir.
Terry, éberlué des paroles de la jeune fille, tentait de tout regrouper dans sa tête :
« Ce n’est pas son fiancé, se dit-il, mais elle a pourtant l’air de tellement y tenir. Je suis sûr qu’il y a quelque chose entre eux. Mais elle m’a quand même rejoint ce soir au lieu de rester près de lui … »

Terry regrettait ses paroles, se demandant s’il n’y avait pas été un peu fort dans ses propos. Une fois encore, sa jalousie lui avait attiré les foudres de Candy alors qu’il aurait tellement voulu éveiller en elle bien d’autres sentiments.

***************

En rentrant au dortoir, Candy croisa la Sœur Margareth qui lui apprit qu’elle ferait partie des chars fleuris du prochain festival de mai organisé au collège prochainement. Cela avait été annoncé au cours de l’après midi mais étant donné que Candy en avait été exceptionnellement dispensée en raison de l’arrivée d’un membre de sa famille, elle avait tenu à le lui annoncer ce soir.

Candy qui ne connaissait pas encore le festival ne se rendait pas bien compte en quoi cela consistait mais remercia la sœur et entra dans sa chambre.

Patty l’y attendait.

« Candy !! Enfin te voila !!! J’ai entendu dire que tu ferais partie des chars fleuris et je voulais être la première à te féliciter !!! »

« Merci Patty mais cela consiste en quoi exactement ?? »

« Et bien tu seras l’âme des fleurs. Tu auras une robe magnifique, tu seras maquillée et entourée de tas de fleurs merveilleuses. Et après le défilé, il y a un grand bal et tout est vraiment merveilleux. Tu en as de la chance … les âmes des fleurs choisissent leur cavalier en priorité. Et je suis sûre qu’ils vont tous se battre danser avec toi !! »

Patty était tellement enthousiaste que Candy fut à son tour très excitée mais son amie parut triste tout à coup.

« Tu en as de la chance Candy. Tu n’as que l’embarras du choix dans les garçons. Tu as Alistair, Archibald, Anthony maintenant … alors que moi je n’ai personne. »

« Ecoute Patty, Archibald dansera avec Annie mais Alistair n’a personne, je lui demanderai s’il veut bien … »

« Oh tu ferais ça ?? Mais est-ce qu’il voudra bien ? »

« Ne t’en fais pas, j’en fais mon affaire !! »

« Mais toi, avec qui danseras-tu ? Pardonne-moi Candy mais je ne sais pas si Anthony pourra danser … »

Ce fut au tour de Candy d’avoir l’air triste. Elle repensa au merveilleux bal chez les André où elle avait dansé avec Anthony. Il ne dansait pas, il volait !! Et il l’emmenait dans les airs avec lui … Dans ses bras, il lui semblait flotter dans le firmament, dans un endroit connu d’eux seuls … Mais cela semblait si loin … C’est vrai qu’Anthony ne pourrait pas danser avec elle au festival.

Patty la tira de sa rêverie.

« Excuse-moi Candy, je ne voulais pas te faire de peine »

« Ce n’est rien Patty et puis tu as raison. Cela me fait mal d’admettre ça mais c’est vrai que je vois mal Anthony danser pour le moment »

« Mais alors qui sera ton cavalier ? »

L’image de Terry traversa l’esprit de Candy un instant.

« Pourquoi pas lui ? » se dit-elle mais elle se ravisa : « Non, jamais Terry n’acceptera de danser avec moi devant tout le monde et puis avec ce qu’il m’a dit ce soir … pas question. En plus cela fera peut-être de la peine à Anthony qui devra rester dans son coin ».

Alors elle répondit à Patty : « Anthony ! C’est lui que je choisirai pour m’accompagner ce jour là … et nous ne danserons pas, voilà tout !! »

Candy repensa alors au fameux trésor que Patty devait lui montrer et le lui rappela.

« Bien sûr Candy, je vais te le chercher !! »

Et la jeune fille sortit précipitamment.

Quelques minutes plus tard, Candy entendit un vacarme dans le couloir, et quelques instants plus tard, la voix furieuse de la Mère Supérieure. Elle sortit pour voir ce qu’il se passait.

**************

Le trésor de Patty était en fait une petite tortue prénommée Charlotte. La mère supérieure venait de découvrir la présence de l’animal dans le collège et exigea que Patty l’abandonne dans les bois. Patty, qui ne pouvait s’y résoudre, se mit à pleurer et Candy, devant la détresse de son amie, prit sa défense. Le problème est qu’elle fut quelque peu arrogante et irrespectueuse envers la religieuse et Candy fut envoyée en chambre de méditation.

« Melle André, vous irez en chambre de méditation et y resterez jusqu’à la fin du festival de mai … »

N’écoutant que son cœur Candy emporta avec elle dans la fameuse chambre la tortue Charlotte et le lendemain, elle parvint à s’échapper par la fenêtre, direction le zoo de Blue River. Là elle confierait Charlotte aux bons soins de son ami de toujours, Monsieur Albert, qui y travaillait.

« Monsieur Albert, c’est moi … » cria joyeusement Candy en frappant à la porte de la cabane, quand elle entendit une voix familière à l’intérieur … Terry !! Lui et Albert riaient de bon cœur.

« Entre Candy »

« Vous avez l’air de bien bonne humeur tous les deux !! »

« On n’écoute pas aux portes Melle Tarzan ! » répondit Terry.

Et Albert ajouta : « Figure toi que l’on parlait de toi Candy !! Terry m’expliquait pourquoi il t’avait surnommée Melle Tarzan Tâches de Son »

Et avec une moue, Candy répondit : « Et bien moi ça ne me fait pas rire, je trouve cela insultant ! Monsieur Albert, je dois vous demander un service. Pourriez-vous garder Charlotte ? »

Et Candy montra l’animal qu’elle avait emporté avec elle.

« Charlotte ?? »

« Oui c’est la tortue de mon amie mais la mère supérieure exige qu’elle s’en débarrasse alors je suis venue vous la confier »

« Bien sûr Candy, j’en prendrai grand soin. Je vous laisse tous les deux car je dois prendre mon tour de garde mais attendez-moi, j’en ai pour environ deux heures. Vous devez avoir des tas de choses à vous dire. »

Et Albert laissa Candy et Terry dans la cabane où un léger malaise s’installa.

Terry ne savait que dire après s’être si mal comporté la veille et Candy ne parvenait pas à s’expliquer le sentiment étrange qu’elle éprouvait lorsqu’elle était en présence de Terry. La rougeur de ses joues, la chaleur qui l’envahissait et la capacité qu’elle avait à lui pardonner systématiquement le moindre de ses commentaires désagréables … même ceux envers Anthony.

Terry fut le premier à rompre le silence.

« Allons nous promener » proposa-t-il.

S’amusant et se taquinant comme deux enfants, Terry et Candy découvrirent le parc zoologique ensemble. Ils virent les différents animaux, mangèrent des bonbons et se poursuivirent à travers les allées.

« Je me sens tellement bien avec elle » pensait Terry.

« Il peut être tellement gentil et si attachant » pensait Candy « les passants nous prennent peut-être pour des amoureux !! »

A cette pensée, Candy rougit. Terry l’invita à s'asseoir.

Ils discutèrent un moment du festival de mai. Terry fut déçu d’apprendre que Candy n’y participerait pas mais n’y laissa rien paraître.

« Comment vous êtes vous connus avec Albert ? » questionna-t-il alors.

Et Candy lui répondit bien volontiers. Elle expliqua qu’elle avait fait la connaissance d’Albert alors qu’elle était en difficulté. Celui-ci l’avait secourue en bien des occasions et était devenu son ami le plus cher, de même qu’Alistair et Archibald.

« Et Anthony, qui est-ce ? » osa demander Terry, un éclair traversa son regard mais Candy ne le remarqua pas.

« C’est également quelqu’un de très cher à mon cœur. Je l’ai rencontré un jour où j’étais désespérée et il a toujours été très gentil avec moi. Il faisait alors pousser de merveilleuses roses mais il a eu un terrible accident de cheval et c’est un miracle qu’il soit parmi nous aujourd’hui … »

« Le cheval … » pensa Terry « Cela explique donc ce qu’il s’est passé l’autre soir. Voilà pourquoi elle a réagit comme ça en entendant mon cheval et qu’elle s’est évanouie ».

Mais encore une fois, les sentiments de jalousie de l’orgueilleux Terry prirent le dessus car il répondit :
« Un garçon qui fait pousser des roses, cela ne peut être qu’une fillette et il ne devrait pas monter à cheval !! »

Candy était outrée : « Terry, comment osez-vous ? Anthony n’est pas une fillette, c’est quelqu’un de formidable, il a toutes les qualités qu’un garçon doit avoir !! »

Cette dernière remarque fut un coup de douloureux dans le cœur de Terry.

« Les garçons que vous rencontrerez ici sont aussi valables que lui, et eux au moins, ils pourront vous faire danser !! »

Et Terry s’éloigna en courant : « Elle l’aime !! Il a toutes les qualités que son cœur désire … mais tu verras Candy, moi aussi, je te montrerai mes qualités et tu finiras par l’oublier ».

Terry avait trahi ses propres sentiments envers Candy dans sa dernière réflexion mais elle était bien trop furieuse une fois encore pour y avoir prêté attention.

« Quel goujat !!! Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi méchant … Il était adorable jusqu’à présent mais il faut toujours qu’il finisse par se montrer désagréable ! »

« Candy !! »

Candy se retourna et elle vit Monsieur Albert derrière elle.

« Où est Terry ? »

« Il est parti … et c’est tant mieux, ce n’est qu’un désagréable personnage »

« Ah bon ? Ce n’est pourtant pas l’impression qu’il m’avait faite. Je trouve que c’est un gentil garçon »

Et Candy décida d’expliquer à Monsieur Albert l’attitude étrange de Terry depuis leur première rencontre, qu’il pouvait se montrer aussi adorable qu’agaçant, aussi gentil que vraiment méchant et les évènements de ces derniers jours. L’arrivée d’Anthony et les réflexions de Terry à l’encontre de celui-ci.

Albert comprit immédiatement les sentiments de Terry mais pensa que Candy devait s’en rendre compte elle-même.

Il se contenta de répondre : « Crois-moi Candy, tu obtiendras vite une réponse à toutes tes interrogations … »

Candy expliqua alors à Albert qu’elle était punie et qu’elle ne participerait pas au festival de mai.

« Et bien puisque tu n’y seras pas, je ne viendrai pas moi non plus » conclut-il.

Et Candy rentra à la chambre de méditation par le même stratagème qu’elle en était sortie.

**************

Le lendemain matin, Candy admirait de la fenêtre de sa prison le défilé des chars fleuris. Elle fut soudain interrompue dans ses pensées par Patty qui s’était glissée jusqu’à la chambre de méditation pour avoir des nouvelles de sa tortue et remettre à Candy un paquet qui était arrivé pour elle.

Quand elle l’ouvrit, Candy y découvrit les costumes de Roméo et Juliette. Cela lui donna une bonne idée.

Elle se déguisa en Roméo et s’échappa par la fenêtre. Elle aussi participerait au festival de mai !!

Elle rejoint Annie dans la salle de bal et celle-ci, amusée par l’audace de Candy, se mit à danser avec Roméo.

Terry s’était lui aussi rendu à la chambre de méditation avec la ferme intention cette fois d’être agréable avec Candy et peut-être de trouver le courage de lui avouer ses sentiments mais il avait trouvé la pièce vide. Candy s’était échappée et se cachait très certainement parmi les invités, déguisée.

Il la cherchait des yeux quand il fut abordé par Elisa.

« Terrence, accepteriez vous de danser avec moi ? »

« Je suis flatté, mais je danse très mal. Je craindrais d’écraser vos pieds Milady, choisissez quelqu’un d’autre »

Il laissa Elisa, vexée, en plan et se dirigea vers le bois.

Le regard de la peste fut alors attiré par autre chose. Qui était ce mystérieux Roméo qui faisait valser Annie ?
Elle se rendit auprès d’Archibald qui discutait non loin avec Alistair et Anthony. Elle l’interrogea sur le nouveau cavalier d’Annie et Archie qui n’avait rien remarqué se rendit auprès d’Annie pour connaître l’identité de son beau cavalier.

Annie commença alors à danser avec Archibald et Roméo alla retrouver Alistair et Anthony.

« Les garçons, c’est moi !! »

Avant que les deux cousins n’aient eu le temps de se mettre à rire de l’imagination de leur amie, les deux chipies Elisa et Louise vinrent les interrompre.

« Alistair, pourrais-tu inviter Louise à danser ? »

Alistair ne put refuser devant l’insistance d’Elisa et alla danser avec son amie.

« Anthony, comme tu ne peux pas danser, je vais proposer à ton ami de danser avec lui » osa dire Elisa en regardant Roméo alias Candy qu’elle n’avait toujours pas reconnu.

Mais Candy refusa bien sûr l’invitation et sortit elle aussi de la salle en direction du bois.

Arrivée à l’endroit où elle avait caché ses vêtements de rechange, elle retira sa perruque sans s’apercevoir qu’Elisa l’avait épiée et était déjà repartie vers le collège réfléchissant à un moyen de la démasquer de la façon la plus humiliante possible. Elisa ne resta pas assez longtemps au bois pour voir que Candy s’apprêtait à se transformer en Juliette …

Candy qui venait de changer de costume avait par contre un autre spectateur : juché sur un arbre, Terry avait assisté à la métamorphose de sa princesse pour son plus grand plaisir.

« Et bien si l’habit de fait pas le moine, la jolie robe fait la grande dame ! » lâcha-t-il enfin dans un éclat de rire.

Candy, qui se rendit compte d’avoir été observée en petite tenue, était fort gênée de la situation.

« Vous m’avez regardé changer de costume ?? C’est très mal »

« Je vous ai vue mais voir ne veut pas dire regarder !! Heureusement que j’étais là car j’ai vu qu’Elisa vous épiait et qu’elle vous a reconnue »

« Elisa m’a vu ??! Elle va sûrement me démasquer ! »

Et Terry entraîna Candy plus loin, près de l’arbre sur la colline, où ils étaient plus en sécurité.

Ils conversèrent un moment sur l’enfance de Terry et les rares images de bonheur avec ses parents que celui-ci avait en mémoire.

Tout à coup, ils entendirent une musique, une merveilleuse valse.

« Cette musique » pensa Candy « c’est sur cet air que j’ai dansé avec Anthony pour la première fois »

« Princesse Juliette, voudriez-vous me faire l’honneur de m’accorder cette danse ? » demanda Terry, qui était un magnifique Roméo dans son costume de soie mauve.

Et Candy se leva pour accepter la main qu’il lui tendait et ils commencèrent à valser.

Les sentiments de Candy se bousculaient dans son esprit : « Anthony est là tellement proche, je n’arrive pas encore à croire qu’il soit ici avec moi … Cette si belle journée, cette robe de Juliette, cette musique, comme le jour où j’ai valser avec Anthony pour la première fois et pourtant c’est Terry qui me fait danser … Terry … Anthony … Comme ils se ressemblent … »

« A quoi songez-vous Candy ? » demanda Terry la voyant songeuse.

« Je pensais au jour où Anthony m’a fait danser pour la première fois … »

Terry arrêta de danser à cet instant et rejeta froidement Candy qui tomba sur l’herbe.

« Encore celui là !! Quand aurez vous fini d’en parler !! Allez donc le rejoindre puisque vous l’aimez tant ! » Explosa Terry.

« Mais enfin Terry ! Qu’est-ce qu’il vous prend ?? »

« Je vais vous dire une bonne chose, Candy. Je ne perdrai pas mon temps à faire le joli cœur avec une fille qui se moque de moi mais qui accepte de danser avec moi parce que son prétendant est un canard boiteux. Pas question que je sois la roue de secours ma chère Tache de Son. Alors allez donc danser avec votre précieux Anthony !! »

Et Terry s’éloigna de nouveau en courant.

Candy resta un moment sur l’herbe au pied de l’arbre, de plus en plus perdue face au comportement de Terry.

Elle décida alors de retourner au bal.

******************

Elisa, qui pensait que Candy reparaîtrait dans son costume de Roméo, ne la remarqua pas lorsqu’elle se présenta dans la salle vêtue du costume de Juliette, merveilleuse dans sa robe couleur fraise et sa perruque assortie.

Et Candy commença à danser avec Annie, Archibald, Alistair et Patricia. Elle n’avait pas voulu se joindre à eux pour tenir compagnie à Anthony, resté assis, mais celui-ci avait énormément insisté pour qu’elle danse.

« Tu es si jolie Candy que je veux pouvoir t’admirer en train de danser. Tu ne dois pas te priver pour moi. J’ai tellement de plaisir à te voir, vas-y et amuse toi ».

Candy fit tellement bien les choses que, comme l’avait promis à son amie, elle s’arrangea pour que Patty se retrouve en face d’Alistair.
Intimidés d’abord, les deux jeunes gens ne tardèrent pas à se mettre à danser et tout le monde s’amusa beaucoup. Candy dansait avec un autre élève, Arthur, un jeune homme timide aux cheveux roux qu’elle ne connaissait pas bien mais cela lui convenait tout à fait : Annie et Patty étaient pleinement heureuses.

Candy ne remarqua pas les deux yeux tristes d’un bleu profond qui l’observaient de l’entrée de la salle.

« Mon dieu, si je n’étais pas si stupide et si entêté, c’est moi qui serait à la place de ce rouquin ! Elle est si jolie, je ne sais pas comment m’y prendre avec elle. S’il n’y avait pas cet Anthony, tout serait tellement plus simple. Il suffit de l’observer quand elle le regarde pour voir qu’elle en est follement amoureuse. Et moi espèce d’idiot, je n’arrive qu’à me disputer avec elle ces jours ci ».

La tristesse de ce regard observant Candy, qui comme un ange aux ailes dorées ondulait au son de la musique du bal, n’échappa pas à Anthony.

« Ce garçon qui observe Candy ? Ne serait-ce pas lui Grandchester ? Je veux savoir … En réapparaissant ainsi dans la vie de Candy sans même m’être annoncé, j’ai peut-être créé pour elle une situation délicate. Qui est-il pour elle ? Je dois lui parler … »

Et n’écoutant que la voix de son cœur, Anthony se dirigea lentement vers Terry qui le regarda s’approcher. Sans que ni l’un ni l’autre n’ait encore ouvert la bouche, ils savaient tous les deux quel serait l’objet de cette inévitable explication imminente.

*********************

Ils se dirigèrent vers la cour nord du collège, là où ils ne seraient pas dérangés.

Terry parla le premier, sur le ton hautain et arrogant qu’il avait l’habitude d’utiliser pour masquer ses sentiments et se cacher sous les traits d’un mauvais garçon : « Alors mon cher, que me voulez-vous ? »

« Je voudrais vous parler de Candy »

« De Candy ? Et qu’est-ce qui vous fait croire que je pourrais me sentir concerné par Candy ? »

« Cher Monsieur » dit Anthony sur le même ton « Je veux que vous sachiez que je connais Candy suffisamment bien pour deviner aisément qu’elle vous apprécie beaucoup ».

« Vous y allez fort !! Elle m’apprécie beaucoup ? » Répondit Terry au comble de l’arrogance.

« Elle vous apprécie beaucoup et tient à votre amitié. Par respect pour elle et ce qu’elle représente pour moi, je tiens à m’expliquer avec vous, Mr Grandchester » ajouta Anthony le plus calmement du monde.

« Vous connaissez mon nom ? Vous n’êtes pourtant ici que depuis quelques jours !! Vous devez alors déjà savoir que je suis un mauvais garçon, une brute infréquentable …» dit Terry, comme pour changer le cours de la conversation qui le mettait mal à l’aise.

« Ecoutez bien ce que je vais vous dire » répondit Anthony « En effet, je connais déjà votre nom et ai eu vent de votre réputation mais je sais que si Candy vous a accordé son amitié, c’est que vous en valez la peine et je me rangerai à son avis. J’ai aussi eu le loisir d’observer Candy ces derniers jours … »

« Et qu’avez-vous découvert Monsieur l’Américain du Grand Retour ?? » osa impertinemment dire Terry.

« J’ai rencontré Candy lorsqu’elle avait douze ans et moi quatorze. Je ne sais ce que j’ai fait pour mériter cette bénédiction mais je sais qu’elle m’a ouvert son cœur et que j’y tenais une place de choix. Nous avons vécu des tas de bonnes choses ensemble et j’ai de merveilleux souvenirs à ses côtés. J’avais l’impression quand elle me regardait que j’étais le seul garçon sur la terre et qu’elle voulait me dire au travers des émeraudes de ses yeux que tout son être et toute son âme seraient à moi pour toujours. Malheureusement, j’ai eu cet accident stupide qui m’a laissé quelque peu infirme et j’ai abandonné Candy bien trop longtemps. Je sais qu’elle s’est retrouvée bien seule, qu’elle a du faire face aux moqueries d’Elisa, à la méchanceté de notre tante, Archibald et Alistair m’ont déjà tout expliqué. Mais Annie m’a également expliqué qu’ici à Londres, elle a pu compter sur une autre personne pour la protéger, pour prendre sa défense, quelqu’un qui avait su voir comme moi la fille merveilleuse qu’est Candy. Cette personne, c’est toi Terry ».

Terry ne savait que répondre … alors Anthony continua.

« Je sais que je ne perdrai jamais Candy complètement car elle a le cœur si noble qu’elle m’a offert son amitié et cela pour toujours, mais la place spéciale en son cœur, dont je parlais tout à l’heure, elle t’appartient à présent ».

« Foutaise, voyons » répondit Terry, qui refusait d’admettre la véracité des propos de son rival « Il suffit de voir comment elle te regarde »

Sans s’en rendre compte, les deux garçons s’étaient mis à se tutoyer.

« Je sais, elle me regarde toujours avec la même affection. Mais ce sourire, ce pétillement dans ses yeux qui avant m’étaient réservés, je les ai vu depuis mon arrivée mais ce n’est pas à moi qu’ils étaient adressés.
Elle t’aime Terry, cela crève les yeux même si cela me répugne de l’admettre. Je ne veux que son bonheur. Je l’ai abandonnée trop longtemps pour avoir le droit de briser le nouvel équilibre qu’elle s’est créée avec toi. Je devine que toi aussi tu en es amoureux. Normal, qui résisterait à son charme ? Tu sais, pour toi aussi, il suffit de voir comment tu la regardes !!! Il me faudrait être aveugle pour ne pas l’avoir remarqué et désolé, mais je ne suis que boiteux !!! ».

Terry ne trouvait pas les mots pour répondre à cet inconnu qui avait percé aussi facilement les secrets de son cœur et qui connaissait tellement bien Candy. Il dit finalement.

« Ca suffit !!! Je n’aime personne et personne ne m’aime ! »

Il tourna le dos à Anthony pour s’éloigner quand celui-ci lui répondit sur son ton calme :
« Oh si tu aimes quelqu’un et quelqu’un t’aime »

Terry, légèrement éloigné, lui fit à nouveau face et Anthony ajouta :
« Je suivrai le choix du cœur de Candy et je ne me mettrai pas en travers de ta route si c’est ce qu’elle désire … mais si jamais tu la fais souffrir, tu auras affaire à moi !!! »

Terry ne répondit pas et cette fois, il s’en alla.

*****************

Anthony retourna vers la salle de bal. Les autres avaient fini de danser et ils purent tous ensemble profiter du buffet et du beau temps. Ils étaient attablés à une table du parc lorsqu’ils entendirent Elisa et Louise demander à la mère supérieure la permission de rendre visite à Candy dans la chambre de méditation et lui apporter quelques douceurs, ce que la religieuse leur permit.

« Oh les chipies !!! » dirent ensemble Annie, Candy et Patty.

Elles allaient découvrir que Candy n’étaient plus dans la chambre.

Annie et Patty se mirent à les poursuivre pour leur parler et ainsi les retarder. Elles espéraient alors que Candy en passant par les toits aurait le temps de regagner son lit …

Mais Candy arriva trop tard … juste à temps pour apercevoir les deux chipies pénétrer dans la pièce avec un panier à provisions.

« Cette fois, je suis perdue » se dit Candy.

Mais surprise, il y avait bien quelqu’un qui se cachait dans le lit !! Elisa, pensant qu’il s’agissait d’un mannequin, s’avança mais quand la forme se mit à bouger et qu’elle en vit les deux bras, elle quitta la pièce en rageant : « Cette peste de Candy m’a joué un tour mais elle me le paiera !!! »

Annie et Patty furent curieuses de savoir qui avait bien pu être assez rapide pour prendre la place de Candy qui venait seulement de rentrer par la fenêtre …

« Terry … !!! Ah ça par exemple »

« J’étais sûre que c’était lui !! » dit Candy.

Patty et Annie, sentant que leurs deux amis avaient bien des choses à se dire, les laissèrent seuls et retournèrent au festival.

« Alors Mademoiselle Tâches de Son, vous pouvez me dire merci … je me méfiais d’Elisa, heureusement »

Candy lui dit en tirant la langue coquinement : « Merci Terry »

« Je ne me contenterai pas de ce merci là, vous me devez un cadeau !! »

Un peu perdue, Candy se demanda ce que cet étrange phénomène allait encore imaginer :

« Ben qu’est-ce que vous voulez comme cadeau ?? »

« Je veux qu’on se tutoie !! »

« Oh ce n’est que ça ! Bien sûr Terry, on se dit « tu » maintenant ! »

« Et … autre chose » ajouta-t-il encore, l’air taquin.

Décidément, quels changements d’humeur ! Où était passé le voyou grossier et désagréable qui lui avait parlé si durement cet après midi ?

« Quoi d’autre ? »

« Je veux danser avec toi, aujourd’hui »

« Ici ?! Mais on n’a pas de musique et je n’oserai jamais remettre le nez dehors après le coup d’Elisa. Le festival c’est fini pour moi !!! »

« Pas sûr … »

Et Terry sorti de la chambre de méditation.

Il se rendit auprès de la mère supérieure. Par sa force de persuasion et surtout grâce aux dons généreux que son père le Duc avait offerts pour l’organisation du festival, la directrice ne put refuser « la faveur » que Terrence Grandchester lui demanda ce jour là.

« Ma mère, verriez vous un inconvénient à ce que Candice Neige André puisse se joindre à nous pour le grand feu et le bal de clôture du festival ? »

Et la mère supérieure avait accepté …

Candy fut donc libérée et pu se joindre à ses amis pour profiter de la fin du bal.

Elisa était verte de rage. Candy dansait avec Terry Grandchester devant tout le monde !!! Sous les yeux d’Anthony !!! Elle n’avait pas honte la chipie !!! Et elle, Elisa, n’avait finalement dansé avec personne …

Mais le pire c’est qu’Anthony ne paraissait pas étonné de voir l’objet de son affection danser avec le jeune aristocrate et tout semblait aller pour le mieux entre les deux jeunes hommes.

Décidément, elle n’y comprenait rien !!!! Qu’est-ce que Candy avait de plus qu’elle ?

********************

Les beaux jours étaient revenus définitivement et les élèves du Collège Royal de Saint Paul avaient retrouvé leurs tenues estivales.

L'année scolaire était terminée. Certains élèves étaient rentrés dans leur famille mais pour les autres, l'école organisait ce que les religieuses appelaient « Le Collège d'été ». Ces cours d'été se déroulaient à Edimbourg en Ecosse. Candy, Annie et Patty avaient décidé d'y participer.

Les André possédaient une demeure non loin du lac et la Grand Tante Elroy avait souhaité que les enfants y passent leurs vacances. Le bon air de la campagne et les promenades en forêt ne pouvaient être que bénéfique pour la fin de la rééducation d'Anthony.

C'est ainsi que Archibald, Alistair et Anthony, accompagnés par Daniel et Elisa Legrand, quittèrent Londres pour se rendre au pays des cornemuses.

Toute la petite bande se réjouissait à cette idée car de cette manière, il leur serait facile de se retrouver pour passer du temps ensemble. Tout le monde se réjouissait sauf Elisa bien sur qui aurait souhaité avoir tout l'été Anthony pour elle seule mais non, il allait falloir qu'elle supporte la présence de Candy !

**********************

A leur arrivée, les filles durent installer leurs affaires dans leurs chambres mais ensuite elles eurent quartier libre et elles avaient prévu de retrouver les trois garçons pour une première promenade.

« Qu'est ce que vous voulez faire les filles ? » demanda Alistair.

« Oh une promenade en barque !! » répondirent-elles en chœur.

« Va pour le lac et les barques alors » répondit Alistair « Ca vous va les garçons ? »

« Oui pas de problème pour moi. Tu te sens d'attaque pour ramer, Anthony ? »

« Bien sûr !! Juste un petit coup de main pour monter à bord et c'est parti ! »

Les deux frères aidèrent donc Anthony à s'installer car celui-ci, même s'il faisait des progrès fulgurants depuis qu'il avait retrouvé ses amis, était encore un peu instable et avec la barque qui tanguait dans tous les sens, il aurait pu facilement tomber.

Quelques minutes plus tard, les trois embarcations étaient prêtes, Ali et Patty dans une, Archie et Annie dans l'autre et Anthony et Candy dans une troisième.

« On fait la course ? » proposa Anthony.

« Tu crois que tu peux ? » S'inquiétèrent ses amis.

« Bien entendu !!! Qu'est-ce que vous croyez ? Quand je ne savais pas bien me mouvoir sur mes jambes, il fallait bien que je compense avec les bras !!! Alors je suis devenu super costaud, vous verrez, je vais vous mettre une raclée !! »

« C'est ce qu'on va voir ça !!!!!!!! »

Et les trois garçons se mirent à ramer le plus fort qu'ils pouvaient jusqu'à l'autre bout du lac et ce fut Anthony et Candy qui atteignirent les premiers la berge !!
Anthony était très fier de son exploit. Il était peu essoufflé par rapport à ses deux cousins qui peinaient à reprendre leur respiration.

« Et bien !!! Tu l'as dit Anthony ! Tu as des bras en acier !! »

« Merci du compliment » fanfaronna Anthony gaiement.

« Tiens à qui appartient cette belle résidence ? » demanda tout à coup Candy.

« Je ne sais pas » dit Archibald « C'est superbe en tout cas »

« Allons-y !! »

« Oh Candy, une autre fois si tu veux bien ... Nous sommes fatigués après cette course de fous !! On rentre » Dirent Alistair et Archibald.

« Et moi j'ai l'impression que j'ai pris un coup de soleil » dit Annie.

« Et bien, rentrez. J'accompagnerai Candy » proposa Anthony « J'ai bien envie de faire une promenade à pied »

« Chic Anthony !! On y va »

« D'accord !! A plus tard » répondit le reste de la troupe.

Les deux jeunes gens marchèrent lentement jusqu'à la superbe villa et admirait les fleurs environnantes.

Candy fut alors abordée par un gamin d'environ huit ans.

« Hey !! C'est Tâches de Son !! »

« Non mais ça va bien petit insolent ? Ne m'appelle pas ainsi !! »

« On ne parle pas ainsi aux dames qu'on ne connaît pas » dit Anthony au petit garçon.

« Je la connais !!! C'est mon frère qui m'en a parlé !!! »

« Ton frère ? »

« Oui mon grand frère !! Il m'a parlé de toi et m'a dit que t'étais une chouette fille mais que tu étais pleine de tâches de son sur le nez !! »

« Et puis-je savoir qui est ton frère qui t'apprend des choses pareilles ? »

« Ben c'est Terry !! »

« TERRY !! » dirent en même temps Anthony et Candy « Tu parles de Terry Grandchester ? »

« Et ben ouais, le fils du Duc !! C'est mon frère !! Moi je m'appelle Marc »

Une dame interrompit alors le babillage du gamin.

« Marc !! Cesse un peu de raconter des sottises et laisse ces jeunes gens tranquilles ! »

« Mais maman, je ne les ennuies pas !! Et puis Terry est mon frère !! C'est comme ça !! »

Candy reconnut alors la maman du gamin.

« Madame Catherine !!! Je vous reconnais bien sûr ! C'est vous qui travailler au collège à Londres ! »

« En effet Candy et maintenant le Duc vient de m'engager ici pour m'occuper de la cuisine et du ménage dans sa résidence. Ainsi je ne serai plus séparée de mon Marc. Je pourrais veiller de près à ce qu'il se tienne convenablement ! »

« Votre fils est taquin mais il est très mignon » dit Anthony.

Mais sur ces belles paroles, Marc avait déjà une autre idée en tête : prévenir Terry qu'il avait de la visite.
Il alla se placer sous une fenêtre entrouverte de l'étage et se mit à brailler à tue-tête

« Terryyyy !!! Descends !! Je t'ai ramené Tâche de Son !! »

« Marc !!! Veux tu bien cesser !!! Terrence ne descendra pas ... » lui ordonna sa mère.

« Pourquoi ne descendrait-il pas ? » demanda alors Candy.

« Oh je n'en sais trop rien. Il m'a dit qu'il allait dans sa chambre et qu'il ne voulait voir personne. Quand c'est ainsi, il lui arrive de ne pas mettre le nez dehors pendant des jours. »

Ils entendirent alors un son d'harmonica qui jouait une musique merveilleuse. C'était Terry.

« Qu'est-ce qu'il joue ? » questionna Anthony.

« Cela s'appelle Ce N'est Qu'un Au Revoir. C'est une chanson que l'on joue en Ecosse pour dire adieu à quelqu'un de cher »

« Adieu à quelqu'un de cher ... » murmura Candy.

Elle cria alors à son tour :

« Terry !!! C'est moi, c'est Candy. Montre toi »

Mais rien n'y fit car la fenêtre de la chambre se referma brutalement sur l'appel de la jeune fille.

Déçus, Candy et Anthony rentrèrent. Candy retourna dans sa chambre à l'école en se demandant encore ce que pouvait bien avoir Terry.
Elle regarda par la fenêtre avec les jumelles que lui avait donné Alistair et aperçu une silhouette de femme à la résidence de Terry. Qui était-ce ?
Ce soir-là, Candy eut bien du mal à trouver le sommeil.

Elle allait avoir le lendemain matin l'explication qu'elle cherchait.

*******************

« Maman tu es la plus belle du monde
Aucune autre à la ronde n'est plus jolie
Tu as pour moi, avoue que c'est étrange
Le visage d'un ange du paradis

Dans tous mes voyages
J'ai vu des paysages
Mais rien ne vaut l'image
De tes beaux cheveux blonds

Tu es, Maman, la plus belle du monde
Et ma joie est profonde
Lorsqu'à mon bras
Maman, tu mets ton bras

Maman tu es la plus belle du monde
Car tant d'amour inonde tes jolis yeux
Pour toi, c'est vrai, je suis malgré mon âge
Le petit enfant sage des jours heureux

J'avais fait des rêves
Où l'on m'aimait sans trêve
Mais les rêves s'achèvent
Et toi seule m'est restée

Maman tu es la plus belle du monde
Et lorsque tout s'effondre autour de moi
Maman, toi tu es là ! »

Luis MARIANO


Candy se promenait le lendemain après midi avec Anthony au bord du lac quand leur attention fut attirée par une dame qui pleurait au bord de l'eau ...

« Candy !! Regarde là ... elle ne te rappelle personne cette dame ? » Demanda Anthony en chuchotant.

« Euh ... possible ... tu la connais ? » répondit Candy vaguement. Il était évident qu'elle l'avait reconnue mais comme Terry lui avait fait jurer de ne rien dire ...

« Bien sûr que je la connais !! Tu veux rire ??! C'est Eléonore Backer, l'actrice !!! Si Archibald était là, je crois qu'il tombe mort !!! Viens, allons lui parler »

Mais en voyant les jeunes gens approcher, la jeune femme en pleurs se sauva ...

C'est seulement en passant devant la maison de Terry plus tard dans l'après midi qu'il la retrouvèrent ...

De leur bosquet, Anthony et Candy virent Eléonore accrochée à la grille de la villa, suppliant Terry de la laisser entrer et celui-ci la repousser de son regard si froid.

Anthony n'y comprenait rien ...

« Mais qu'est-ce qu'elle vient faire chez lui ? Pourquoi se disputent-ils ? »

Candy se dit qu'Anthony finirait bien par comprendre ce qu'il se passait. Elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance.

« C'est sa mère » dit-elle calmement « Mais n'en parle jamais à qui que ce soit ! Personne ne doit le savoir, je l'ai découvert par hasard et Terry m'a fait promettre de ne rien dire. »

« QUOI ??!! C’est sa mère !!! » Dit Anthony éberlué « Et il lui parle comme ça !!! Tu dois intervenir Candy ! »

« Moi !!? »

« Oui, toi il t'écoutera !! Tu dois lui faire comprendre qu'une mère on en a qu'une !!! »

Candy décida d'obéir à Anthony et elle s'avança jusqu'à la grille ...

« Terry !!! Je t'en supplie redeviens toi-même » lui dit-elle.

Terry et sa mère cessèrent de se disputer en entendant la voix de Candy et se retournèrent pour voir qui avait parlé.

« Candy !! » dit Terry.

« Terry ! Ressaisis toi, s'il te plait. Redeviens celui que tu es vraiment ! »

« Mais je suis moi même, je suis celui que je suis vraiment »

« Tu mens !! Tu adores ta mère ! Pourquoi la rejettes tu ? »

« Tu ne sais pas de quoi tu parles ! »

« Oh si justement, je n'ai jamais connu mon père ni ma mère »

« Moi non plus, je n'en ai jamais eu »

Eléonore ne disait pas un mot, elle laissait parler la jeune fille car son fils avait changé depuis qu'elle était apparue. Il était moins agressif. Il s'était calmé d'une seconde à l'autre.

« Tu sais Terry, j'ai eu la chance d'être entourée d'éducatrices et d'amis dévoués qui m'aimaient mais en venant ici en Ecosse, j'ai fait la connaissance de Marc et sa maman. Cela m'a permis de découvrir ce qu'est l'amour d'une mère et cela rien ne peut le remplacer, ni le dévouement des maîtres, ni l'amitié des camarades. Je voudrais une mère et si j'en avais une, je ferais tout pour la garder !! Tu m'entends Terry ?? TOUT ! »

Et Candy à son tour, se sauva en larmes.

Anthony sortit alors de son bosquet pour suivre son amie, comme il pouvait. Mais il savait qu'il ne pourrait jamais courir assez vite pour la rattraper.

« Anthony ? » l'appela alors Terry.

« Terry ... »

Anthony s'arrêta alors devant la grille, aux côtés d'Eléonore. Il ne l'avait jamais vue d'aussi près. Elle était si belle. Il la regarda attentivement et pour la seconde fois de sa vie, face à une femme, il murmura : « Maman ... »
Le visage de Rosemary lui était à nouveau apparu en regardant la mère de Terrence.

Terry n'osa rien dire, repensant aux paroles de Candy qui avait l'air tellement triste. Mais Anthony parla :

« Terry, tu devrais réfléchir à ce que t'a dit Candy. La femme que l'on appelle maman, elle est unique. On n'a que celle-là et quoi que l'on ait à lui reprocher, il nous est interdit de la haïr. Ta mère restera toujours la femme de ta vie et la plus belle sur cette terre. Crois-moi j'en sais quelque chose. A bientôt Terry. Madame, mes hommages. Je vous admire énormément »

Anthony baisa la main d'Eléonore et s'éloigna, appuyé sur sa canne.

*******************

La jeune blonde avait passé une nuit agitée, elle était inquiète pour Terry car elle ignorait comment tout s'était terminé avec sa mère. Avaient-ils fait la paix ou non ?
Et Anthony ? Le pauvre ! Elle l'avait planté là !! Et dans sa précipitation, elle était partie en courant sans l'attendre. Il lui faudrait s'excuser, c'était la moindre des choses.

Terry ... Terry et sa mère ... Il agit très mal avec elle ...

Candy soupira, elle était plongée dans ses pensées, assise au bord du lac quand elle entendit une voix profonde derrière elle.

« On rêve ? Je sais lire sur les lèvres, tu sais ! Tu as prononcé mon nom. »

« Terry !! »

« Je voulais te remercier Candy, pour ce que tu as fait ... tout ce que tu as dit »

« Tu t'es réconcilié avec ta mère ? »

« Oui et c'est bien grâce à toi ... et à ton ami américain »

« Anthony ... »

« Oui, sais-tu où je peux le trouver ? J'aimerais le remercier aussi »

« Il doit être avec Alistair et Archibald. Je dois le voir aussi pour m'excuser de l'avoir laissé en plan hier »

« Il ne t'en voudra pas, Candy. Tu peux en être sûre »

« Je sais bien ... Anthony est tellement gentil ... il l'a toujours été ... mais je lui dois tout de même des excuses »

« Tu l'aimes beaucoup ton américain, n'est-ce pas ? »

« En effet ... je crois que c'est la personne que j'aime le plus au monde ... même si j'aime beaucoup Mademoiselle Pony et Soeur Maria, et Albert évidemment. Mais Anthony représente tellement pour moi. Nous avons tellement de souvenirs ensemble. »

Ces paroles blessèrent tellement le cœur de Terry que celui-ci pensa un instant qu'il allait se déchirer mais pour la première fois de sa vie, il arriva à se maîtriser. Il savait que s'il voulait gagner l'amour de Candy, il lui fallait absolument contenir son mauvais caractère et peser ses mots pour pouvoir exprimer ce qu'il ressentait réellement. Néanmoins, avec ce que Candy venait de dire à propos d'Anthony, il ne tenait plus à rester avec elle cet après midi. Il craignait que son tempérament impulsif reprenne le dessus et il ne voulait pas d'une autre confrontation avec Candy.

De plus, cet Anthony ... lui était sympathique, il lui donnait confiance. Il avait l'impression que Anthony ne le jugeait pas. Pour quelle raison ? Il l'ignorait mais ce dont il était certain était qu'Anthony était quelqu'un de très à part. Il se sentait différent face à lui. Lorsqu'il regardait cet adolescent marcher avec sa canne, il voyait son reflet d'une certaine façon. Anthony était un peu cassé physiquement mais il avait une âme noble. Lui Terry, c'est justement cette âme que la vie lui avait mis en pièces mais il voulait se reconstruire. Il le voulait vraiment de toutes ses forces.

Anthony avait eu la volonté de réapprendre à marcher et lui avait montré qu'il était possible d'améliorer ses relations avec sa mère ... Anthony ... et Candy bien sûr.

Ce jeune homme blond aux yeux bleus comme le ciel lui avait montré l'exemple à suivre.

« Anthony, comme j'aimerais que nous soyons amis ... »

***************

Terry se sentait mal et fier à la fois après sa conversation avec Candy. Il était fier de lui car il était parvenu à maîtriser sa jalousie et à ne pas faire le moindre commentaire désagréable mais il était aussi très triste d'avoir eut à entendre les paroles si aimantes de Candy à propos d'Anthony. Le jeune blond lui avait assuré que c'était de lui dont Candy était amoureuse mais aujourd’hui, en voyant les yeux de la jeune fille briller comme des émeraudes en parlant d'Anthony, Terry n'en était plus sûr du tout.

Toute cette histoire lui restait sur le cœur. Il lui fallait un remède ... le cheval.

S'il y avait un endroit où il se sentait à l'aise en toutes circonstances, quel que soient les problèmes qu'il puisse avoir, c'était d'être sur le dos de sa jument grise, Sheila.
Il la sella et partit en forêt.

Au détour d'un sentier, alors qu'il ralentissait l'allure pour que la jument reprenne son souffle, il reconnut un visage familier.

***************

« Anthony Brown ... On se promène ? » demanda-t-il sur un ton dégagé. Il était à l'aise avec Anthony lorsque Candy n'était pas dans les parages.

« Terry ... Comment vas-tu depuis hier ? »

« Bien mieux ... Je ... enfin ... merci »

« Merci ? Pourquoi ? Je n'ai rien fait »

« Si ... Tu as parlé ... et je t'ai entendu. Crois-moi, c'est ce qui m'est le plus difficile depuis toujours, c'est écouter ce qu'on me dit ... »

« Je t'en prie ... à ton service »

Terry descendit de son cheval et l'attacha à un arbre. Les deux garçons s'assirent sur la souche d'un vieil arbre.

Le silence s'installa un instant et contre toute attente, c'est le brun qui le brisa.

« Alors Monsieur Anthony Brown, est-ce que l'Europe vous plait ? »

« Beaucoup ... ce que j'en ai vu jusqu'à présent en tous cas »

« L'Amérique ne te manque pas ? »

« Et bien, je m'y plaisais beaucoup naturellement, c'est mon pays natal. J'ai toujours aimé Lakewood et je l'aimerai toujours ; mais les gens que j'aime sont ici ... donc je suis bien ici. Il y a juste une chose qui me manque »

« Quoi ? »

« Mes roses »

« Tes roses ? Ah oui Candy m'en a parlé. Elle a dit que tu faisais pousser des roses merveilleuses »

« C'est ma mère qui m'a appris. Maman avait une passion pour ces fleurs. Elles disaient qu'elles étaient ses amies, qu'elles étaient vivantes. Moi j'étais toujours triste quand elles se fanaient mais ma mère me consolait en me disant que les roses mouraient un jour pour alors renaître encore plus belles. J'étais un petit garçon à cette époque et je me souviens avoir demandé à ma mère de ne jamais se faner car elle ne pouvait pas renaître plus belle que ce qu'elle l'était déjà. Peu de temps après, elle disparaissait pour toujours ... »

« Je suis désolé ... »

« J'ai commencé à prendre soin de sa roseraie après cela. Je me sentais proche d'elle lorsque je m'y trouvait alors j'ai bien vite progressé dans la culture des roses et j'en ai même créé une pour Candy »

« Elle m'a dit que c'était ta plus grande passion tes roses ... »

« Et bien Candy se trompe, Terry »

« Comment ça ? »

« Ma plus grande passion n'est pas les roses. Avec mes roses, c'est de l'amour !! Ma passion c'est autre chose »

« Et qu'est-ce que c'est ? »

Anthony regarda en direction de Sheila, toujours attachée.

« Le paradis existe quelque part
Il est là … Tu le vois ?
Il souffle devant toi
Juste entre les oreilles de ton cheval »

« C'est l'équitation »

« ... »

Terry ne savait quoi répondre mais une idée germa dans son esprit, idée qu'il n'osait pas exprimer.

« J'espère que je pourrais un jour remonter à cheval » continua Anthony « Quand je me suis réveillé de mon coma, c'est une des premières choses que j'ai demandé au médecin. Quand pourrais-je remonter ? J'ai bien cru que ma Grand Tante allait s'évanouir. Elle est persuadée que c'est Candy qui m'a mis toutes mes idées stupides en tête, comme elle le dit si souvent, mais je t'assure que ce n'est pas Candy. Cette passion est juste en moi depuis que je suis né. »

« Tu n'as pas de crainte des chevaux ? Enfin je veux dire ... Je sais que Candy, elle, en a une peur bleue depuis ta chute »

« Non je n'ai pas peur des chevaux. Ce dont j'ai peur c'est de ne pas avoir la capacité physique de rester dessus lorsque j'y serai et de devoir renoncer à faire du cheval jusqu'à la fin de ma vie. Je sais que je suis passé près de la mort et que j'aurais pu ne jamais remarcher mais je me dis quand même que le plus à plaindre est quand même mon cheval. Il avait pris son pied dans un piège à renard et c'est pour cela qu'il m'a désarçonné !!! Ce n'était pas de la méchanceté de sa part ... mais la tante Elroy a voulu qu'on l'abatte après l'accident. Elle disait qu'il avait failli me tuer et qu'il était dangereux. Je le regretterai toujours. Je l'aimais beaucoup mon cheval »

Anthony se leva et marcha jusqu'à Sheila. Il lui flatta l'encolure.

« Elle est splendide » dit-il à Terry.

« Tu sais Brown, il n'y a qu'un moyen de vérifier si tu es capable de tenir à cheval, c'est d'essayer »

« Quoi ?!! »

« Tu m'as bien entendu !! On dit toujours qu'après une chute de cheval, il faut remonter de suite. Le plus vite possible. Je crois que toi tu as attendu suffisamment longtemps !! »

« Euh ... ben ... je ne sais pas si je pourrais ... et si je tombe ? »

« Et bien tu tombes, tu te ramasses voyons !! Je vais tenir le cheval. Tu viens de dire que tu n'avais pas peur ! »

« Non je n'ai pas peur mais c'est un cap à franchir pour moi ... »

« Monsieur l'américain serait-il un poltron ? »

« Quoi ??!! Répète ça pour voir !!! »

« Un poltron !! Tu sais moi hier face à ma mère, je n'étais pas plus à l'aise que toi devant ce cheval aujourd’hui !! Pourtant j'avais aussi envie de l'embrasser que toi de grimper sur cette selle !!! Tu m'as montré ce que j'avais à faire et c'est mon tour maintenant. Tu dois le faire Anthony !! »

Et sur ces mots, Terry détacha Sheila de son arbre et se plaça à la tête du cheval, ordonnant tacitement au jeune blond de mettre le pied à l'étrier.

Anthony essaya, il plia la jambe gauche pour tenter de placer son pied dans l'étrier. Mais il lui fallait pour cela se tenir de tout son poids sur la droite pendant cette ascension. Cette jambe droite, c'est elle qui avait été brisée à plusieurs endroits et qui l'avait fait tant souffrir.

« Je ne peux pas, Terry » dit-il en reculant « Je ne peux pas soutenir mon poids sur ma jambe droite »

« Anthony !! Pour pouvoir, il faut le vouloir !!! Tu n'as rien à prouver à personne aujourd'hui. Prends le temps qu'il te faut mais tu monteras sur ce cheval !! Si tu te dérobes aujourd'hui, tu ne remontras jamais à cheval de toute ta vie !!! Je te le garantis. Tu revivras cet échec et cette peur qui te dévore aujourd'hui, ces démons t'empêcheront de galoper à jamais !! Monte, c'est un ordre !! »

Anthony ouvrit des yeux comme des soucoupes de stupéfaction aux paroles de Terry mais n'osa pas discuter.

« Il a raison. Si je dois le faire, c'est maintenant » pensa Anthony.

Anthony réfléchit quelques secondes puis il attrapa sa canne de la main gauche de façon à trouver en elle un équilibre au moment où cette première jambe quitterait le sol. Il plia le genou, essayant d’atteindre l’étrier de son pied gauche. Il lui paraissait tellement haut. Il sentait sa jambe droite trembler mais elle ne lui faisait pas mal … Il allait atteindre l’étrier. Il lui suffirait alors de pousser sur son pied gauche pour se hisser en selle. Quand la semelle de sa chaussure atteint le métal, il lâcha sa canne et attrapa la selle de ses deux bras.

Une seconde plus tard, il était bien plus grand … Il se sentit tellement mieux …

Il était assis bien en selle sur le dos de la jument grise, une jambe de chaque côté, le dos bien droit et les pieds fixés dans les étriers. Quelle belle victoire, il en était tellement fier …

« Alors Anthony, tu vas rester planté là ? » lui dit alors Terry.

« Non bien sûr !! » répondit Anthony.

Et sur cette phrase, il pressa Sheila de ses talons et elle démarra instantanément. Doucement d’abord et puis de plus en plus vite …

Anthony ne voyait plus, il n’entendait plus, il ne pensait plus. Il n’y avait plus que lui, Sheila et la forêt écossaise. Il sentait le vent qui lui fouettait les joues, ses cheveux qui se battaient en toute liberté et les larmes qui naissaient à ses yeux. Etait-ce l’émotion ou l’air vivifiant du cheval au galop qui le faisait pleurer ? Peu importe, il s’en moquait éperdument, il était bien, il était heureux.

Peu lui importait à cet instant d’avoir frôlé la mort ou la paralysie. Il était à nouveau le cow-boy qui avait remporté le rodéo organisé par les Steve aux Etats-Unis. Et tout cela grâce à Terry …

Il se retourna pour le regarder mais celui-ci n’était plus qu’un minuscule point derrière lui car Sheila avait déjà parcouru des centaines de mètres à pleine vitesse.

Alors il regarda à nouveau devant lui, il prenait de plus en plus confiance. Ses réflexes cavaliers lui revenaient. Il lui semblait que hier encore il galopait dans les prés de Lakewood.

« Je n’aurais pu rater cela pour rien au monde !! Merci Terrence Grandchester. Tu n’es pas un voyou. Candy avait raison !! »

****************

Au fil de sa promenade, Anthony laissa Sheila l’emporter à travers les bois et ils arrivèrent vers la résidence des André.

Tante Elroy, Daniel et Elisa prenaient le thé à la terrasse quand ils entendirent les sabots du cheval au galop. Ils regardèrent donc dans cette direction. Elisa reconnu le cheval de Terry. Ces derniers temps, elle avait bien changé d’avis au sujet du jeune aristocrate …

« Oh la la c’est le cheval de Terry, je suis sûre qu’il vient me voir ! » dit la jeune rouquine.

Mais quand le cheval s’approcha, ils purent constater que ce n’était pas Terry qui galopait.

« Mais c’est Anthony !!! » glapit la Grand Tante « Il est fou ??!!!!! Je lui avais interdit de monter à cheval »

« Mais oui c’est Anthony !!! Sur le cheval de Terry » Dirent en même temps éberlués les deux jeunes Legrand.

« OHE !!!!!!! » cria Anthony en passant en trombe devant eux le sourire aux lèvres, agitant la main gaiement.

« Anthonyyy !!! » hurla la Grand Tante « Descends de là immédiatement !!! »

Mais Anthony ne l’entendit pas et continua sa course sans même un regard en arrière.

« Quand je pense que je lui ai fait croire que j’avais fait abattre son maudit canasson pour être certaine qu’il ne remonte jamais sur cette sale bête !!! Voilà qu’à peine guéri, je le retrouve sur un autre !! » Lâcha la Grand Tante.

« Ah bon ? » demanda Daniel « Le cheval qui a failli tuer Anthony est toujours en vie ? »

« Oui, il est au ranch des Steve. Le jeune Tom refusait de l’emmener pour l’abattre alors il m’a proposé de le garder dans son ranch » répondit la Tante, puis en se signant ajouta « Quelles idées Anthony s’est mis dans la tête depuis qu’il fréquente des gens comme Tom et Candy !!! Il ne m’aurait jamais désobéi de la sorte avant !! »

« Vous savez, Grand Tante, cela ne m’étonnerait pas que ce soit Candy qui ait fait monter Anthony sur le cheval ! » glissa Elisa de sa langue de vipère.

« Ou Grandchester … » ajouta Daniel.

La Tante continua à crier : « Anthonyyyy !!! Anthony !!! Reviens tout de suite !!!! »

Mais Anthony avait disparu. Il était déjà très très loin sur le dos de la puissante Sheila.

*******************

La Grand Tante était encore dans une colère noire lorsque Alistair et Archibald rentrèrent à la résidence. Anthony n’était pas encore réapparu depuis son escapade équestre.

« Ah vous voilà, vous deux » lança-t-elle aux deux frères « Où est passé Anthony ? »

« Anthony ? Mais il n’est pas avec nous, ma Tante. On ne l’a pas vu de l’après midi »

« Comment ?!! Mais vous pourriez le surveiller un peu, non ? »

« Mais ma Tante, Anthony n’est pas un invalide, il se débrouille bien tout seul. On ne va pas le surveiller comme un petit enfant » répondit Alistair.

« Ca j’ai pu le remarquer qu’il pouvait se débrouiller seul !! Pour faire des idioties surtout !!! » Aboya Tante Elroy « Figurez-vous que tout à l’heure, Anthony est passé devant moi sur un cheval au galop complètement fou !!! Je lui avais interdit de monter à cheval !! Je parie que c’est encore une idée de Candy !!! »

« Mais c’est impossible, Grand Tante » riposta Archibald « Candy était avec Annie et Patty tout l’après midi. Je ne pense pas qu’elle ait vu Anthony aujourd’hui ».

« Peu importe !! Je suis certaine que c’est d’elle que vient l’idée stupide de remettre Anthony sur un de ces maudits canassons !! »

« NON C’EST FAUX !!!! Ma Tante, avec tout le respect que je vous dois, vous faites erreur ! »

Tout le monde se tourna vers la porte. C’était Anthony !! 

« Anthony !!! » cria la Tante « Qu’est-ce qu’il t’a pris de remonter sur un cheval ?? Tu veux me faire mourir de peur ??!! »

« Ma Tante, j’en avais envie c’est tout !! Je ne suis pas un infirme !!! Je marche, je suis en vie et tant que je serai en vie, je monterai à cheval. Je n’ai pas besoin de Candy pour m’influencer »

« Je te l’avais interdit !! »

« C’est comme si vous m’interdisiez d’être heureux, ma Tante !! Je vous répète que tant que je serai vivant, je monterai à cheval dès que j’en aurais la possibilité. »

Elisa et Daniel Legrand entrèrent à ce moment-là au salon, en plein éclat de voix entre la Tante Elroy et son neveu. Alistair et Archibald n’osaient rien dire mais Elisa ne se gêna pas pour prendre la parole.

« Tu remontes à cheval même si Tante Elroy te l’avait défendu Anthony ?! » minauda Elisa « Comme c’est courageux de ta part »

« Qu’est-ce que tu essaies de dire, Elisa ? » dit finalement Archibald.

« Oh rien, voyons … Juste que Candy se réjouit à l’idée qu’Anthony monte sur ce cheval de Terry qui est bien trop fougueux !! »

« Ca veut dire quoi ça ? » ragea Anthony 

« Candy t’a loupé la première fois … mais elle sait très bien que si tu retombes encore, elle sera débarrassée de toi cette fois !! Et elle pourra filer le parfait amour avec Terry … ouvre les yeux, elle se moque de toi et ne pense qu’à lui !! »

Anthony regarda Elisa de son air le plus calme.

« Ma pauvre Elisa, tu es décidément la pire des vipères qui existe sur cette terre !! Non seulement, je répète que ce n’est pas Candy qui m’a convaincu de remonter à cheval, comme ce n’est pas elle qui est responsable de mon accident, mais j’ajoute que si Candy est amie avec Terry Grandchester, c’est grâce à son bon cœur et sa gentillesse !! Tout le contraire de toi !! Et tu rêves d’être à sa place !!! »

« ANTHONY !! » Le coupa la Tante « Ne sois pas insolent envers ta chère cousine pour défendre cette fille, je te prie !! »

« Ne vous en faites pas, j’en reste là !! Je n’ai rien à ajouter … ou plutôt si, je vous remercie de vous soucier de mon bien être mais tant que je vivrais, je monterais à cheval ! Bonsoir mes amis, je monte me coucher »

Et sur ces mots, Anthony sortit du salon, suivi de près par Archibald et Alistair, laissant les Legrand et la Grand tante interdits.

*****************
Le lendemain, afin de calmer quelque peu les esprits, Archibald et Alistair proposèrent une nouvelle promenade en barque sur le lac, ce que bien sûr Annie et Patty acceptèrent immédiatement. Elisa voulu d’abord refuser mais Anthony lui proposa de monter en barque avec elle pour tenter de faire la paix avec sa cousine, alors elle accepta de bon gré. Candy était partie en promenade en forêt juste après les cours et elle ne l’aurait pas dans les pattes. Anthony serait tout à elle !

La promenade se passait bien, hormis le fait qu’Elisa se plaignait de la chaleur, du soleil, de l’odeur de la campagne, bref de tout … Néanmoins, toute la bande s’amusait très bien.

Pendant ce temps, Candy se reposait au bord du lac où elle fut bientôt rejointe par Terry. Elle était de plus en plus complice avec lui depuis qu’il avait radouci quelque peu ses ardeurs et cette amitié naissante avec Anthony ne pouvait que réjouir la jeune fille. Ils conversaient de choses et d’autres quand ils entendirent les trois barques arriver …

Elisa avait aussi repéré Candy qui conversait avec Terry et se mit à gesticuler dans tous les sens.

« Regardez vous tous !!! C’est Candy avec Terry !! Tu vois bien Anthony, elle se moque de toi, la traînée !!! Rame voyons !! Plus vite !! Je ne veux pas qu’elle reste aussi près de lui !! Plus vite, Anthony !! » Piaillait-elle en faisant tanguer la barque dans son agitation.

« Mais Elisa, tiens toi tranquille » dit Anthony « Tu vas nous faire chavirer !! »

« Je m’en fiche !! Rame plus vite » Répondit-elle et elle se pencha pour pagayer avec sa main croyant ainsi avancer plus vite.
Mais tout ce qu’elle réussit à faire fut de faire basculer la barque comme l’avait prévenue Anthony et les deux jeunes gens se retrouvèrent à l’eau.

Candy et Terry n’avait rien raté de la scène.

« Anthony !!! Oh mon Dieu, il ne pourra jamais nager jusqu’à la rive !!! » Dit Candy, affolée.

N’écoutant que son courage et l’inquiétude de son amie, Terry plongea dans le lac, fonçant tout droit en direction d’Anthony pour aller le repêcher.

Anthony était à la surface mais avait énormément de mal à garder la tête hors de l’eau, il lui fallait battre des jambes fort vite et cet exercice lui était encore quelque peu douloureux.

Elisa aussi était au milieu du lac et criait à l’aide. 

Alistair et Archibald lui criaient de se reprendre car elle savait fort bien nager mais elle se contentait de paniquer, accrochée à la barque qui était retournée et qui flottait sur l’eau.

Terry atteignit enfin Anthony qui était prêt à couler et l’attrapa. Anthony s’accrocha à lui et il put sans trop de mal le ramener sur la rive. Il le laissa alors aux bons soins de Candy et il replongea dans l’eau pour secourir Elisa qu’il ramena à son tour sur la terre ferme.

*****************

« Terry !! Oh Terry ! Tu m’as sauvé la vie !! Alors que tous ces poltrons m’auraient laissée me noyer !! »

« Arrête Elisa !! Tu sais très bien nager !! Et puis tu as bien cherché ton bain forcé après avoir fait renverser la barque !! » Lui dit Archibald.

« C’est Anthony qui a failli se noyer !! » Ajouta Alistair.

Candy aidait Anthony à se remettre de sa frayeur et à reprendre son souffle.

« Ca va les garçons, je vais bien, laissez la tranquille. Merci Terry, tu nous as tiré d’un fameux pétrin … »

« Je t’en prie … J’adore jouer les héros ! »

Elisa se pendit une fois encore au cou de Terry.

« Oh mon Terry !! Comment pourrais-je te remercier ? Laisse moi t’accompagner à ta villa pour m’occuper de toi ! »

« Non Elisa, ça ira. Je vais aller changer de vêtements et tu devrais en faire autant. »

Et Terry s’éloigna, indifférent.

« C’est de ta faute Candy !! » Lâcha-t-elle alors.

« De ma faute !!? Et je voudrais savoir ce que j’ai fait !! »

« Tu joues ta mijaurée avec Terry devant le pauvre Anthony !! Tu n’as pas honte ? C’est pour cela qu’il s’est mis à ramer comme un fou !! »

« Quoi ??! » Répondit Candy.

« ELISA !! » Intervint Anthony « Tu sais fort bien que ce n’est pas ce qui s’est passé, n’est-ce pas !! Maintenant laisse Candy tranquille et rentre te changer »

Et sur ces mots, Elisa, furieuse, rentra jusqu’à la résidence, jurant de dire à la Tante Elroy que tous l’avaient laissée à son triste sort et qu’elle aurait pu se noyer si Terrence Grandchester n’était pas intervenu.

*****************

Elisa avait relaté ses aventures à la Grand Tante. Pour la consoler, celle-ci l’autorisa à organiser une fête blanche à la résidence en l’honneur de Terrence Grandchester qui avait sauvé la vie de sa chère petite nièce. Bien entendu, tous seraient invités à l’exception de Candy.

Et les festivités s’organisèrent. Les trois cousins furent évidemment furieux que Elisa ne souhaite pas recevoir Candy et voulaient l’obliger à l’inviter mais celle-ci leur expliqua qu’elle préférait se promener plutôt que de se rendre à la fête.

« Mais c’est en l’honneur de Terry » avait plaidé Anthony « Il serait sans doute content que tu viennes »

« Je parie qu’il ne viendra pas » avait répondu Candy « Ce n’est pas son genre toutes ces festivités »

« Si, il a dit qu’il venait » avait dit Alistair.

Une expression de déception était apparue une seconde sur le visage de Candy mais elle avait répondu : « Et bien soit ! Amusez-vous bien mais je préfère aller en balade en forêt »

C’est ainsi que tous les André ainsi qu’Annie et Patty se rendirent à la résidence le dimanche suivant pour le goûter organisé par Elisa et que Candy partit se promener dans les bois comme elle l’avait annoncé.

Au détour d’un sentier, elle croisa Terry sur son cheval, vêtu d’un impeccable costume immaculé, qui se rendait à la fête.
Déçu d’apprendre que Candy n’y allait pas, il lui dit qu’il préférait ne pas y aller non plus et il emmena Candy prendre le thé chez lui car un orage menaçait d’éclater.

Terry et Candy visitèrent toute la résidence du Duc puis allèrent se réchauffer devant la cheminée du salon. Ils bavardaient de choses et d’autres, parlaient d’Eléonore et Candy, enveloppée dans le peignoir de soie rose que la mère de Terry avait laissé en présent pour elle, se confiait au jeune homme brun qui lui faisait battre le coeur très bizarrement depuis quelques jours.

« Qu’est ce qui m’arrive ? J’ai l’impression que mes joues vont exploser tellement je les sens rouges écarlate » pensa-t-elle « Qu’est ce qui se passe quand il est avec moi ? »

Depuis que Candy avait appris par Anthony la gentillesse que Terry avait eu à son égard en l’aidant à remonter à cheval et le sauvetage d’Anthony et Elisa des eaux du lac, Candy observait Terry encore d’une autre manière. Bien sûr, elle n’avait jamais marché dans toutes les rumeurs du collège qui le qualifiait de garçon lugubre, prétentieux et solitaire ; elle lui avait toujours parlé comme à tout un chacun, mais à présent, elle ressentait encore quelque chose de plus fort envers lui. 

Comme une sorte d’admiration, de confiance … elle se sentait en sécurité avec lui. Après tout, il l’avait secourue plusieurs fois et il avait redonné confiance à Anthony. Celui-ci parlait toujours de Terry avec tant de chaleur … Anthony ne pouvait pas se tromper …

« Anthony, Anthony … Je suis si heureuse quand il est là … Je suis à l’aise … mais quand je suis avec Terry, je suis plus intimidée, je me sens toute petite … »

Elle regarda encore une fois le jeune homme brun qui était adossé à la cheminée …

« Comme il est beau … Terry est beau ! … Je n’oserais jamais dire ça tout haut ! »

Candy avait l’impression que ses pensées pouvaient se voir sur son visage et que Terry lisait en elle comme dans un livre ouvert … le rouge de ses joues s’accentuait encore …

Terry la regardait lui aussi …

« Comment lui dire ce que je ressens, elle est tellement jolie. Je suis au paradis quand elle est avec moi. Je voudrais la serrer … fort … jusqu’à l’étouffer … si jamais elle me rejette, je ne le supporterai pas … »

********************

Pendant ce temps, l’orage avait éclaté, obligeant les convives de la fête blanche à rentrer au salon. Elisa était furieuse car Terry n’était pas venu. Elle avait cru un moment à un simple retard mais de toute évidence, le beau brun ne se présenterait pas. La rouquine enrageait et les autres invités, dont Anthony, qui savait que son nouvel ami n’éprouvait pas la moindre attirance envers sa cousine, tentaient de lui faire passer le temps et de la calmer.

Ils dégustaient des gâteaux et conversaient sur divers sujets mais Elisa continuait à trépigner.

« Je parie qu’il a rencontré Candy et que c’est elle qui l’a empêché de venir ici !! » lâcha-t-elle tout à coup.

Anthony sentit son cœur se serrer à cette phrase … c’était peut-être vrai … imaginer son ami qui serrait Candy contre lui ou qui se promenait avec elle, ou pire qui l’embrassait peut-être, lui faisait mal … mais qu’y faire ? Il n’arrivera jamais que ce qui doit arriver …

« Je devrais aller jusque chez lui » dit alors Elisa « Il est peut-être malade … »

Anthony réagit alors … si Candy était réellement avec Terry, ce n’était pas le moment qu’Elisa fasse irruption comme une trouble fête … Il préféra intervenir.

« Mais non Elisa … S’il n’a pas répondu à ton invitation cette fois, il viendra probablement à la prochaine fête. En plus, il y a de l’orage et c’est dangereux de se promener par ce temps. »

« Je te remercie de te soucier de moi, Anthony » Répondit la rouquine de sa voix la plus douce.

« Nous allons demander à Annie de jouer une mélodie au piano »

Elisa se calma enfin car elle était contente qu’Anthony fasse attention à elle mais quand même, elle aurait tellement voulu que le bel aristocrate accepte son invitation … car c’est lui avait sa préférence … mais lui, le voyait que Candy … encore Candy !!

*******************

Terry était venu s’asseoir aux côtés de la jeune blonde sur le canapé. Il ne savait par où commencer car il ne voulait pas se tromper.

Candy avait l’air triste.

« Tu sais Terry, j’aurais voulu avoir une mère comme … »

« Comme la mienne ? »

« Oui … »

Terry la prit alors par les épaules et elle tourna son doux visage vers lui.

« Candy, veux tu que nous restions ici tous les deux jusqu’au couché du soleil ? »

« Oh Terry … »

Et Terry l’attira vers lui et l’embrassa sur les lèvres d’un baiser aussi surprenant que passionné.

Voilà !! C’était fait ! Il n’avait pris la peine de rien dire, de rien demander. Il avait fait ce dont il avait envie, ce que son cœur lui dictait de faire. Et comme c’était bon, elle était tellement douce. Il n’avait jamais eu le cœur aussi en paix et battant autant la chamade !! Il avait l’impression d’avoir fait un immense voyage et d’être enfin arrivé à destination …

Tout se bousculait dans la tête de Candy … qu’est-ce qu’il se passait ?? Le garçon arrogant qu’elle avait rencontré dans la brume du Mauritania la tenait dans ses bras !! Il sentait bon l’eau de Cologne et la lavande. Son cœur battait de plus en plus vite … Il était en train de l’embrasser !! Et Dieu c’était si bon … C’était là sa place … Candy était née femme, elle était née jolie, et ce pour une seule raison, pour une seule paire de bras … ceux de Terry Grandchester.

Mais une image lui traversa l’esprit … Anthony … NON !! Elle ne pouvait pas faire cela … Amoureuse ? D’un autre qu’Anthony … Impossible …

Et elle se dégagea tout à coup de l’étreinte de Terry, se reculant de quelques pas.

« Non Terry » dit-elle « Je ne peux pas … »

« Anthony ? »

« Oui, Anthony. Ce que je fais ici avec toi est incorrect envers lui … »

« Incorrect ? Que veux-tu dire ? »

« Il a toujours été mon ami … et cela lui ferait de la peine de me voir embrasser quelqu’un d’autre … »

« Tu as déjà embrassé Anthony ? »

« Euh … non … c’est la première fois »

« Alors c’est bien ce que tu disais Candy, Anthony est ton ami et le sera toujours … il est aussi le mien … mais j’aimerais croire que tu éprouves pour moi plus que de l’amitié … moi c’est le cas, c’est pour ça que je t’ai embrassée »

« Terry … Je … ne peux pas »

« Ose dire que tu ne m’aimes pas !! » dit hargneusement Terry qui avait du mal à accepter ce rejet.

Candy se recula encore.

« Terry … je … oui je t’aime … mais je ne peux pas !! »

Et elle s’enfuit précipitamment en dépit de l’orage qui zébrait encore violemment le ciel.

Candy courait, le plus vite qu’elle pouvait, en direction de son dortoir. Elle se précipita sur son lit et pleura. Terry l’avait embrassée !!! Et c’était si bien !!! Elle lui avait avoué ses sentiments … était-ce vraiment ceux qu’elle ressentait ? … aimait-elle Terry ? … oui … oh que oui, elle l’aimait de tout son cœur … mais Anthony … lui aussi elle l’aimait de tout son cœur !! … mais il ne lui était jamais venu l’envie de l’embrasser … alors que Terry … elle avait envie de retourner jusque chez lui et de l’embrasser encore … Elle voyait Anthony, sa chute, la peur qu’elle avait eu de le perdre, toutes ses larmes … et puis son retour … marchant avec sa canne … les progrès fulgurants qu’il faisait … la marche, l’équitation … l’autre jour, il avait même réussi à courir tout doucement … Anthony … Anthony … C’est lui qu’elle aime, c’est lui qu’elle doit aimer !! … Mais Terry ? Il est tellement beau, tellement fort, tellement attirant … elle était si bien dans ses bras … L’aimait-elle ? Bien sûr, elle n’en doutait plus … mais Anthony ?

« Non, je ne peux pas faire ça à Anthony ? Je l’aime aussi … Terry … »

Candy luttait contre ses pensées hésitantes, contre ces allers et retours entre le beau brun et le tendre blond … les roses banches sont-elles vraiment les plus belles ? Les rouges attirent pourtant tellement notre regard … Quel pur sang est le plus beau, le plus fier ? Le destrier blanc ou l’arabe noir ? Qui est le plus fort ? Le feu ou l’eau ?

« Lui ? … ou lui plutôt ? … Anthony est si fragile encore … mais Terry aussi a besoin de moi même s’il voudrait le cacher … Il a besoin de moi … mais aussi de l’amitié d’Anthony … depuis que j’ai fait sa connaissance, je ne l’ai jamais vu aussi proche de quelqu’un … »

La jeune blonde finit par trouver le sommeil ce soir là mais il fut agité.

******************

Terry aussi eut bien du mal à suivre le marchand de sable …

« Elle a quand même dit qu’elle m’aimait, mais … »

******************

Rien n’allait plus au pays du tartan …

Candy évitait Terry depuis ce baiser qui l’avait mise mal à l’aise. Elle n’était pas plus fière en présence d’Anthony qu’elle avait l’impression d’avoir trahi. Néanmoins, ce contact de lèvres lui restait en tête et elle avait honte d’elle-même d’avoir des pensées tellement indécentes. Elle avait encore envie que Terry l’embrasse !! Mais cela ne se produirait plus jamais, c’était certain !! Elle s’était sauvée de chez lui comme une voleuse, il devait sans doute être très vexé et elle avait bien trop honte pour se présenter à nouveau devant lui … Elle redoutait le retour au collège qui devait se dérouler dans quelques jours …

A côté de cela, Annie était extrêmement inquiète car s’il était évident que Terry et Anthony entretenaient des relations amicales, il l’était tout autant que c’était loin d’être le cas avec Archibald. A la moindre occasion, le jeune Dandy américain et l’aristocrate arrogant se tapaient dessus pour un oui ou pour un non … Escrime, échange de coups de poings, rien ne les arrêtait … Alistair et Anthony essayaient bien sûr d’intervenir et de calmer les deux volcans en irruption mais en vain … La bagarre recommençait toujours à éclater …

De plus, Anthony avait remarqué un changement dans le comportement de Terry. Depuis quelques jours, il était de nouveau plus agressif, plus froid …

L’instrument de réconciliation du petit groupe allait se présenter de la façon la plus inattendue.

Candy se promenait dans la campagne quand elle croisa Terry. C’était leur première rencontre depuis le jour de l’orage et aucun des deux ne se sentait à l’aise. Candy était troublée et ne comprenait pas ses propres sentiments et Terry ignorait s’il allait essuyer un rejet ou un reproche quelconque ou tout au contraire, s’il pouvait espérer un revirement de situation. Le silence de Candy de ces derniers jours n’augurait rien de bon.

« Mademoiselle Tâches de Son … » lança-t-il de son air goguenard habituel.

« Bonjour Monsieur Grandchester … » répondit-elle.

« Puis je jouir du plaisir de votre compagnie le temps d’une promenade ? » continua Terry.

« Quel gentleman !! Je ne m’attendais pas à autant de galanterie ! Où est passée votre audace habituelle ? »

« Elle est endormie … »

Et ils se mirent à marcher côte à côte en direction de la résidence du Duc et un silence un peu lourd s’installa. Ils se devaient l’un l’autre un semblant d’excuse mais aucun n’osait commencer.

Ils dirent en même temps : « Je voulais te dire … » et à cette phrase, ils se mirent donc tous les deux à rire. Cela détendit un peu l’atmosphère.

« Je voulais m’excuser Terry » dit alors Candy « Ma réaction envers toi a été stupide mais … »

« Non c’est moi qui m’excuse de mon comportement. J’ai manqué de tact et je t’ai forcée à m’embrasser alors que tu n’en avais pas envie »

Candy se met à rougir car elle n’osait pas dire ce qu’elle pensait réellement.

« Ne t’excuse pas … c’est moi qui ai mal agit mais … »

« Puis-je encore t’embrasser, Candy ? »

Et joignant le geste à la parole, sans attendre la réponse, Terry s’exécuta …

Cette fois, Candy ne se détacha pas des bras de Terry … comme elle avait rêvé qu’il l’embrasse encore et encore … et voilà que ça se produisait …

Quand finalement il détacha ses lèvres des siennes, il la serra contre lui et elle pouvait sentir son parfum enivrant traverser ses narines … mais Anthony …

De nouveau, Candy se sentit coupable envers Anthony et son doute se lisait sur son visage lorsque Terry la regarda dans les yeux.

« Candy, tu penses encore à lui … n’est-ce pas ? »

« Oui … Je ne peux pas me résoudre à … j’ai l’impression de l’abandonner … Je ne sais pas ce qu’il espère de moi exactement … peut-être est-ce juste de l’amitié ? Je croyais que nous étions amoureux et je l’aime sincèrement mais … je n’ai jamais eu envie de l’embrasser … alors que toi … mais si lui est amoureux de moi, je n’ai pas le courage de l’abandonner »

Terry ne voulait pas influencer Candy en lui avouant qu’il avait déjà eu avec Anthony une conversation en ce sens, que le jeune blond était bel et bien amoureux d’elle mais qu’il s’effacerait au besoin pour leur laisser le champ libre si Candy le préférait lui …
Il ne pouvait que trop comprendre les sentiments d’Anthony et il ne pouvait aussi que saluer sa bravoure de renoncer à Candy purement et simplement afin de lui simplifier la tâche … lui Terry en aurait été incapable … si Anthony s’était montré hostile envers lui et avait décidé de se battre pour le cœur de Candy, il aurait sans doute eut une attitude bien moins chevaleresque !! Jamais il n’aurait accepté de laisser l’objet de son affection à un autre sans sourciller et si finalement, Candy avait choisi Anthony, il n’aurait pas pu le supporter et il aurait quitté le collège …

Mais Anthony, lui, bien qu’amoureux de la jeune fille, avait osé laisser faire les choses … et Terry se devait de lui rendre la pareille. Seule Candy pouvait choisir … Il articula alors des mots que jamais au grand jamais, il ne se serait cru capable de prononcer …

« Tu sais Candy, jamais je n’aurais cru cela possible mais Anthony est mon ami. Et c’est quelqu’un de bien … Je comprends que l’aime autant. Je veux que tu écoutes ton cœur et que tu prennes une décision en ton âme et conscience. Moi je t’aime et je t’attendrai … mais si tu dois choisir Anthony et non moi, je respecterai ta décision »

Et il l’embrassa sur le front …

Candy n’en revenait pas de ce qu’elle venait d’entendre !! Terry !! Qu’est ce qu’il avait dit ? Il n’était plus le même !! L’insolent rebelle qui perturbait la messe ou qui s’introduisait éméché dans le dortoir des filles, où était-il passé ? Le cynique qui se moquait d’elle à la moindre occasion ?

Elle n’eut pas le temps de s’interroger davantage sur l’attitude du jeune homme car il lui dit :

« Viens avec moi !! Je vais te montrer quelque chose … »

Et Terry emmena chez lui, derrière la demeure. Elle découvrit un vieil avion en ruine et celui-ci allait être le petit détail qui pouvait réconcilier toute la bande … leur faire oublier leur rancœur et l’atmosphère pesante de ces derniers jours.

A la demande de Candy, Alistair s’attela à remise à neuf de l’engin. Malgré les réticences d’Archibald, lui et son frère, aidé de Terry et Anthony, travaillèrent durant trois jours pour finir par un baptême de l’air pour Alistair.

Il avait réalisé son rêve : voler. Et l’animosité entre Terry et Archibald était définitivement assoupie.

Le plaisir fut de courte durée car l’avion ne tarda pas à finir sa course sur le sol dans un crissement de tôles brisées avec Alistair à son bord mais tout se termina très bien … il y eut bien plus de peur que de mal.

L’amitié était bel et bien scellée dans le groupe. Ils pouvaient tous regagner Londres, les vacances étaient terminées et avaient été franchement positives pour tous.

Terry savait qu’il devrait être patient avec Candy et elle savait qu’elle aurait d’ici peu une décision à prendre …

Allait-elle interpréter justement les paroles de Terry « Ecoute ton cœur » … Et si son amour appartenait encore au jeune homme blond à qui elle avait offert son cœur à l’âge de 12 ans ?

Bien des embûches attendaient encore nos jeunes amis à leur retour au collège …

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Les élèves étaient de retour au collège et avaient retrouvé leurs austères uniformes. Candy était triste d’avoir quitté l’Ecosse car elle y avait passé un été merveilleux. A côté de cela, elle était toujours dans le doute quant à ses relations avec Terry et Anthony. Elle avait une envie irrésistible que Terry la serre dans ses bras mais elle éprouvait une telle affection pour Anthony.

De plus, elle se voyait très mal aborder ce sujet si gênant avec Anthony et n’envisageait pas non plus d’afficher une quelconque relation avec Terry en mettant en quelque sorte Anthony devant le fait accompli sans lui en avoir préalablement parlé.

De toute façon, ils étaient de retour au pensionnat et les rencontres entre les filles et les garçons allaient de nouveau se limiter car la mère supérieure avait pris grand soin de leur rappeler le règlement dès leur retour à Londres.

Le moins possible de rencontres, de conversations, de visites … On connaissait la chanson …

Le retour au collège marquait aussi le début de l’automne. Les feuilles des arbres commençaient à jaunir et à tomber progressivement.

En dépit de la déclaration d’amour qu’il avait osé faire à Candy, Terry avait conservé avec Anthony ses relations amicales et complices. L’Ecosse avait été plus que profitable aux deux jeunes gens. Pour l’un, il avait marqué le retour à la paix, à la complicité avec sa mère et il avait enfin découvert ce que pouvait être l’amitié ; pour l’autre, il s’agissait de réparation physique. En effet, Anthony avait pu renaître au pays des cornemuses. Il ne boitait pour ainsi dire plus, il avait pu remonter à cheval, se baigner comme tous les jeunes de son âge, même son inséparable canne lui était devenue superflue.

Un après midi de la première semaine de rentrée des classes, Anthony et Terry profitaient des derniers moments de tiédeur de la jolie saison. Ils étaient assis ensemble dans le parc. Terrence jouait de l’harmonica et le jeune américain, adossé à un arbre, assis sur l’herbe humidifiée par le début de soirée londonien, l’écoutait sans rien dire.

Finalement, Terry termina sa mélodie.

« Alors Terry, comment te sens tu après ces vacances ? » demanda Anthony.

« Oh, je n’en sais trop rien … un peu vide. L’automne m’a toujours rendu morose … »

« Et Candy ? »

« Je commence à me demander si tu ne t’es pas trompé, l’amerloque !! Elle t’aime toujours toi ! »

« Je suis peut-être un peu têtu et je voudrais que tu aies raison, l’angliche !! » répondit du tac au tac Anthony sur le même ton « Mais je suis au regret de te contredire. Je continue à prétendre que tu as fait naître chez Candy des sentiments qu’elle ignorait jusqu’alors … Il ne se passe pas une fois où je parle avec elle sans qu’elle vienne à faire allusion à toi ! A mon grand regret, je ne te le cache pas »

« Et bien nous sommes tous les deux logés à une bien mauvaise enseigne ! Candy ne m’ouvre pas les bras, même si elle en a envie, car elle ne peut te les fermer à toi !! C’est bien ça ta théorie ?? »

« Exactement !! Remarque, si Candy ne se décide pas, nous pourrions toujours nous rabattre sur Louise et Elisa !! » Plaisanta Anthony.

Terry éclata de rire à cette grotesque suggestion.

« Je préfèrerais plutôt entrer au séminaire !! » Répliqua Terry en riant.

« Et moi plutôt me recasser une jambe !! » continua Anthony.

Les deux garçons continuèrent à plaisanter un moment puis Terry se remit à jouer.

C’est alors que l’attention d’Anthony fut attirée vers la grille du parc …

« Terry !! » Interrompit-il son camarade en lui touchant le bras « Regarde un peu là bas … »

Terry leva les yeux dans la direction indiquée par son condisciple.

« Quoi ? Je ne vois rien »

« Mais si !! Derrière la grille, là bas … Il y a une fille »

« Une fille ?? »

Terry observa plus attentivement et aperçut effectivement la jeune fille qu’Anthony avait repérée.

« Ah oui, je la vois … Tu as des yeux de lynx, Brown ! »

« On dirait qu’elle pleure » continua Anthony « Allons lui parler … »

« Quoi ?? Mais ça va pas, non ? Que veux tu qu’on lui dise … »

« On verra bien … allez … viens »

Anthony sentait une irrésistible envie d’éponger le chagrin de la jeune demoiselle dont il avait perçu les faibles sanglots et qui se trouvait pourtant à plusieurs mètres de lui. Il entraîna Terry derrière lui.

« Mademoiselle … » dit-il à la jeune blonde adossée à la barrière qui pleurait en silence, inconsolable.

La jeune fille sursauta … elle se retourna pour apercevoir les deux jeunes hommes. Anthony fut frappé par ses immenses yeux verts et ses cheveux d’or très longs et ondulés. Cette fille était magnifique … belle comme le jour …

« Mademoiselle, excusez mon intrusion … mais vous semblez si malheureuse … qu’avez-vous ? » lui demanda Anthony.

Elle essuya ses larmes d’un mouchoir trempé qu’elle avait entre les doigts.

« Rien … rien du tout Monsieur … Je vous remercie » Répondit-elle effarouchée.

« Allons donc, si d’aussi jolis yeux se mettent à pleurer, ce n’est pas sans nulle raison. Confiez moi votre chagrin, il vous paraîtra alors moins lourd à porter »

Terry ne disait rien. Il contemplait son ami devenu soudain si … poète. Certes, il avait toujours entendu Anthony employer des mots doux, choisis et élégants. Il l’avait toujours entendu parler posément et de façon réfléchie … mais face à cette jeune blonde, qu’il trouvait lui aussi fort jolie bien sûr, Anthony lui semblait tout à coup si … éberlué et si sûr de lui à la fois ...

Mais pour rien au monde il n’aurait interrompu le fragile dialogue qui s’était installé.

« Il a lui aussi les yeux bleus comme le ciel » pensa la jeune fille.

« Dites moi, Mademoiselle, dites moi pourquoi vous pleurer … »

« Il lui ressemble tellement … il est si beau » se disait la blonde.

Et elle se sauva en courant … toujours en larmes.

Ne retiens pas tes larmes
Laisse aller ton chagrin
Pleurer ça fait du bien
Et si tu as de la peine
Tu sais bien que je t'aime
Je ne serais jamais loin

Amel BENT

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Anthony la regarda s’éloigner … il ne disait rien. Il ne pouvait détacher les yeux de cette fragile silhouette qui bientôt disparu de sa vue.

Terry le tira de sa rêverie.

« Oh oh …Anthony !!! Ça va ? »

« Un ange … Je viens de voir un ange … »

« Eh remets toi mon vieux !! »

« Mon dieu … je n’ai jamais vu une fille aussi belle … »

La cloche sonna, marquant pour les élèves l’ordre de se rendre à leur chambre pour la nuit. En traversant le parc, les deux garçons croisèrent Candy et Annie.

Encore sous le choc de la rencontre inattendue avec la jolie blonde en larmes, Anthony ne remarqua pas les filles.

Un sourire béa aux lèvres, le regard absent mais heureux, il ouvrit la porte du dortoir et y pénétra.

Candy regarda Terry d’un œil interrogateur.

« Qu’est-ce qui lui prend ? On dirait qu’il est sur la lune !! » Lui demanda-t-elle.

« Un ange passe …
Mais mon ange, prends-moi sous ton aile
Et mène-moi vers la nuit éternelle.
Qu'on dise jusqu'à Paris,
Que désormais je souris …
Aux anges. » Récita malicieusement le jeune brun.

« HEIN ??! » dirent en chœur Candy et Annie.

Terry posa un baiser sur la joue de Candy, lui fit un clin d’œil … et suivi le même chemin que son camarade laissant les deux filles stupéfaites.

« Ils sont fous tous les deux ??! » lâcha Candy.

Moitié amusées, moitié interdites de l’attitude de leurs amis, elles rentrèrent elles aussi vers leurs chambres.

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Anthony était couché sur son lit, les mains croisées dans son cou. Il n’avait pas encore ôté ses vêtements de collégien pour revêtir son pyjama. Il était simplement en train de songer. Il ne pouvait sortir de son esprit la troublante apparition qu’il avait rencontrée ce soir-là.

« Comme elle est belle … et elle a l’air si douce … comment d’aussi jolis yeux peuvent-ils pleurer ? »

Et il finit par s’endormir.

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La jeune blonde était rentrée chez elle, pour un nouvel affrontement avec son père.

« Père, il est hors de question que j’épouse ce garçon que je ne connais même pas !! Un mariage de convenance, très peu pour moi »

« Mais ma chérie, le fils de mon ami est très séduisant, il est l’héritier du titre … Tu deviendras Duchesse … »

« Il n’en est pas question … Vous devrez me résoudre par la force … »

« Par la force ?? Mais loin de moi l’idée d’user de la force contre ma fille chérie, il ne me reste que toi et je veux que tu comprennes que mon seul souci est ton bonheur. »

« Alors laissez moi agir comme bon me semble ! Je ne veux pas de ce mariage !! Et si ça se trouve, cet illustre fils de Duc non plus !! »

« Tu es tellement jolie et adorable !! Quel homme pourrait détourner son regard de toi ? »

Voilà la conversation qu’elle avait eue un nombre incalculable de fois avec son père mais leurs discussions demeuraient sans issue.

Le comte désirait que sa fille épouse le fils de l’un de ses amis et la jeune fille, le cœur encore brisé par une récente rupture déchirante, refusait d’accéder à la requête de son père. Fréquemment, il lui était arrivé de s’enfuir de la maison pour courir à travers les rues de Londres à la recherche d’une solution à ses sombres pensées mais sans succès. Elle se baignait dans ses larmes bien amères mais aucune échappatoire ne se profilait à l’horizon.

« Oh mon amour, comme tu me manques … Comme je m’en veux d’avoir eu à prendre cette décision qui a fait notre malheur à tous les deux »

Mais ce soir là, elle se sentait inexplicablement mieux … La main que lui avait tendue ce jeune homme blond à travers la grille du collège, jusqu’à laquelle sa course folle l’avait entraînée, l’avait quelque peu réconfortée …

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Le lendemain matin, Elisa croisa Candy sous le préau du collège et lui jeta comme à son habitude un regard noir. La jeune blonde ne s’en formalisa pas mais se heurta à ce moment à un homme, un visiteur visiblement.

« Oh pardon Mademoiselle, navré de vous avoir heurtée »

« Je vous en prie Monsieur. C’est moi qui m’excuse » lui répondit-elle.

Elisa s’approcha d’eux.

« Monsieur, n’êtes vous pas le Duc de Grandchester ? » demanda la rouquine.

« En effet, Mademoiselle »

« Je suis l’amie de votre fils, Terrence. Nous sommes très proches lui et moi »

« Et bien, elle ne manque pas de culot, celle-là !!! » pensa Candy.

Mais le Duc ne répondit pas à Elisa. Il salua les jeunes filles et partit en direction du bureau de la mère supérieure. Il échangea quelques mots avec celle-ci puis se rendit jusqu’à la chambre de son fils.

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« Tu épouseras cette jeune fille !!! » lança le Duc, furieux du rejet et de l’arrogance de son héritier.

« PAS QUESTION !!! Vous m’entendez, Père ?? J’ai d’autres projets … Je ne suivrai pas votre exemple en sacrifiant l’amour au profit du devoir et d’un mariage de convenance !! »

« Tu feras ce que je t’ordonne !! »

« JAMAIS !! Plutôt mourir »

Le Duc s’était présenté au collège en vue de soumettre à son fils le projet de mariage qu’il avait envisagé pour lui durant l’été. La fille de son meilleur ami, un Comte, était une jeune femme charmante, très jolie … son père était extrêmement riche … leur mariage serait une alliance des plus heureuses.

« Attends au moins de rencontrer la jeune femme que je te destine … Tu ne pourras en détacher ton regard une fois que tu l’auras vue … Elle ressemble à … à »

« A ma mère ?? »

« TERRENCE !!! Ne parle jamais d’elle !! Tu m’entends ? »

« Pourtant il me faut en parler !! C’est ma mère et je l’aime !! Je n’épouserai pas cette jeune fille, je vous le répète. Puisse-t-elle être aussi belle qu’une déesse grecque !! J’ai déjà offert mon cœur à une autre personne »

« Tu es encore sous mon autorité mon cher !! Et tu feras ce que je te dis !! Je viendrai te chercher dimanche pour les rencontrer, elle et son père ».

Et le Duc ressortit de la chambre, furieux de l’entêtement de son fils. Il donna ordre aux religieuses de veiller particulièrement à Terry jusqu’à dimanche car il soupçonnait fortement son rebelle héritier d’être capable de s’enfuir du collège pour échapper à la rencontre du dimanche suivant.

Terry était désespéré et furieux à la fois. Candy … Candy … Il n’y avait qu’à elle qu’il pensait et il lui avait juré de l’attendre … de patienter jusqu’à ce qu’elle se sente prête …
Et voilà que son père voulait l’enchaîner à suivre le même tracé que lui et le contraindre à épouser une femme qu’il n’avait encore jamais vue.

Il attendit quelques heures, à ressasser ses noires idées dans la tristesse de sa chambre.
Le soir … Candy viendrait probablement prendre le thé avec ses cousins Alistair et Archie … Il pourrait attirer son attention, lui parler et lui confier ses ennuis. Il n’avait envie de les partager qu’avec elle seule.

Mais ce soir là, Candy ne vint pas.

Les jours suivants, Terry ne sortit pas de sa chambre. Il s’y terrait comme un lion en cage.

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Anthony fut désolé de ne pas retrouver son camarade comme d’habitude dans le parc mais il allait bien vite oublier l’absence de Terry.
Alors qu’il rêvassait, il vit une silhouette se dessiner à la grille. Il la reconnut instantanément.
Il se leva et marcha jusqu’à elle en claudiquant encore très légèrement.
Cette fois, la jolie blonde ne pleurait pas mais elle affichait toujours la même tristesse dans le regard, alors que ses immenses yeux verts se seraient voulus rieurs et lumineux.

Les deux jeunes gens se regardèrent intensément à travers la sévère barrière de la prison de Saint Paul.

« Mademoiselle … Je suis ravi de vous revoir »

« Je passais par là … Je vous ai vu et j’ai eu envie de vous parler. Merci pour hier »

« Mais je n’ai rien fait de spécial … Je ne supportais pas vous voir pleurer. Je m’appelle Anthony … Anthony Brown »

« Moi c’est Georgie »

« Enchanté Georgie »

Anthony tendit la main à travers la grille et Georgie la saisit. Étrangement, elle ne pouvait plus la lâcher. Il y avait très longtemps qu’elle n’avait pas ressenti pareille chaleur.

« Puis-je vous demander, Georgie, de me confier ce qui explique le chagrin de vos yeux ? »

Georgie se plongea dans le regard bleu azur de son interlocuteur … Il avait l’air tellement bon.

Sans pouvoir se l’expliquer, elle lui fit instantanément confiance.

Elle lui raconta sa vie, son Australie et ses deux frères … Abel et Arthur … Elle parla de Laurent, de leur amour, du mariage auquel il voulait renoncer pour elle … De son départ pour Londres … Ils avaient tout quitté pour être ensemble mais Laurent était tombé gravement malade … Georgie ne pouvait subvenir aux besoins de sa santé … si elle ne le ramenait pas à sa famille, Laurent mourrait … Le cœur en cendres, elle avait abandonné pour toujours son grand amour … elle avait ensuite retrouvé son père, ancien bagnard accusé à tort … Le Comte Fernand Girard … Après l’éclatement au grand jour de la machination dont celui-ci avait été victime, il fut réhabilité … Il retournait dans ses droits, ses titres et sa fortune … Sa fille devint un des plus beaux partis de Londres, non seulement de par son statut mais également de par sa troublante beauté … Laurent, qui avait été opéré, revint vers elle mais Georgie ne se sentit pas le droit de le reprendre à l’affection de sa fiancée … Certes Laurent ne l’aimait pas, mais elle en était folle amoureuse. Elle avait veillé sur lui durant sa convalescence … elle ne méritait pas d’être abandonnée par lui une fois encore …

Georgie avait tenté de retourner en Australie mais s’était retrouvée aux prises avec l’amour presque maladif que lui portaient ses deux frères adoptifs, Abel et Arthur. Ceux-ci en étaient plus amoureux l’un que l’autre … Georgie trouvait cela malsain, car pour elle, ils resteraient à jamais ses deux grands frères. Elle était donc revenue auprès de son père en Angleterre.

Fernand Girard avait été ravi que sa fille lui revienne mais voilà qu’il s’était mis en tête, dans son intérêt disait-il, de lui faire épouser le fils de son meilleur ami … un Duc …

« Je comprends à présent la nature de vos larmes, Georgie, mais quelque soit leur raison ou leur poids, faites vous une obligation de venir les partager avec moi » lui dit Anthony à la fin de son triste récit.

Les deux jeunes gens continuèrent à converser et à se découvrir au travers de la grille froide jusqu’à ce que Anthony soit ramené à la réalité par la cloche du collège qui sonnait le glas de leur douce entrevue.

« Quand pourrais-je te revoir Georgie ? » lui demanda-t-il alors.

« Demain … » Répondit immédiatement la jeune blonde.

Et le lendemain, Georgie revint à la grille … et les jours suivants.

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Le samedi, Terry se décida enfin à sortir de sa chambre. Il n’avait pas revu Candy depuis la visite de son père car il était étroitement surveillé par les religieuses. Il voulait alors confier ses tourments à son meilleur ami … Anthony.

Il traversa le parc pour se rendre à l’endroit habituel où Anthony avait l’habitude de se rendre.

Mais il ne le trouva pas au pied de l’arbre comme il s’y attendait. Il ne lui fallut pas longtemps pour remarquer que son ami avait trouvé une bien plus charmante distraction que l’écoute du son de l’harmonica.

Au travers de la grille de fer, Anthony caressait les cheveux de la jeune fille que Terry reconnut immédiatement. Il l’embrassait passionnément.

« Tiens donc » se dit-il malicieusement, oubliant son tourment personnel « On dirait que la demoiselle est consolée … »

Georgie remarqua qu’elle et Anthony avaient un spectateur de leur élan amoureux. Elle tourna son regard vers lui et Anthony se retourna également.

« Navré de vous interrompre » dit Terry, un sourire en coin « Dites donc Monsieur Brown, savez vous que vous enfreignez le règlement du collège ? »

« Terry … » dit Anthony en rougissant « Je te présente Georgie »

« Enchanté Georgie, appelez moi Terry. »

Georgie repassa la main qu’elle avait retirée à l’arrivée de Terry au travers de la grille. Celui-ci la lui baisa. Sans nul doute, l’ami d’Anthony connaissait le protocole de l’aristocratie.

« Nous parlions de Londres et de ses environs avec Georgie, elle me disait que cette ville valait la peine d’être visitée mais je n’en ai pas encore eu l’occasion. » bredouilla Anthony comme pour se justifier.

« Mais bien sûr !! » répondit Terry qui bien entendu était amusé de l’embarras de son condisciple.

Terry s’éloigna ensuite afin de laisser « les tourtereaux roucouler » comme il disait et alla attendre Anthony un peu plus loin.

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« Dites donc l’amerloque !!! On ne perd pas de temps, il me semble … » Lui dit-il lorsque Anthony finit par arriver près de lui.

« Ce n’est pas ce que tu crois » dit Anthony en rougissant à nouveau.

« Non, non, c’est évident … ce n’est pas ce que je crois !! Dis moi, elle est charmante cette petite Georgie … »

« Elle est merveilleuse mais … »

Anthony eut tout à coup l’air bien triste. Il baissa les yeux.

« Quoi ? » questionna Terrence.

« Elle doit rencontrer demain son futur mari … son père va lui faire épouser un beau parti … elle ne l’a jamais vu »

« Décidément … c’est contagieux » pensa Terry.

« Terry, je n’arrête pas de penser à elle … je ne peux plus me passer d’elle … Que vais-je devenir si je la perds ? »

Terry resta silencieux. Il avait le regard songeur et terne. L’aristocratie lui semblait plus que jamais bien cruelle.

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Le lendemain après-midi, le cocher du Duc de Grandchester arrêtait la voiture devant le collège de Saint-Paul. Sur ordre du Duc, il venait chercher le futur fiancé afin de lui faire faire la connaissance de sa promise.

Docilement, Terry le suivi mais intérieurement, il était en rage bien évidemment. Il était bien décidé à ne pas accepter les plans de son père. Il ne pensait qu’à une seule femme … il n’y en avait qu’une à qui il désirait offrir son cœur … Candy.

Les élèves avaient entendus les rumeurs quant aux fiançailles de Terrence … elles arrivèrent aux oreilles d’Elisa.

« COMMENT ??! Terry va se marier !! Mais c’est avec moi qu’il doit être !! »

La jeune rousse était bien sûr contrariée à l’idée de ne jamais pouvoir concrétiser ses rêves avec le séduisant Terry mais une pensée la consola …

« Si je ne peux pas l’avoir, tu ne l’auras pas non plus, Candy !! »

Elisa afficha son sourire mesquin et rentra au foyer.

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Terry arriva au château et fut accueilli par le Duc élégamment vêtu.

« Mon fils !! Comme tu es beau !! Tu ne pourras décidément que faire excellente impression à ta merveilleuse promise et à mon ami, Fernand »

« Vous m’en voyez ravi, père » Répondit le jeune homme de son air le plus froid.

« Ils sont déjà installés au salon, nous n’attendions plus que toi »

« Je vous suis, père »

Ils entrèrent au château. Le Duc ouvrait la marche pendant que Terry était plongé dans ses pensées.

Il était décidé non seulement à refuser l’ordre de son père quitte à en être renié jusqu’à la fin de son existence mais aussi à se comporter de façon à décourager définitivement la fiancée en question et son Fernand de père.

« A nous trois, Fernand !! » se dit-il alors que le majordome ouvrait la porte du salon pour que le Duc et son fils puissent y pénétrer.

Terry vit un homme de l’âge de son père aux cheveux blonds qui le regardait. Curieusement, cet homme qu’il n’avait jamais vu lui parut sympathique. Il regrettait d’avoir à devenir, incessamment, désagréable à son égard.

« Terrence … Enchanté de faire enfin votre connaissance. Fernand Girard » lui dit le Comte en lui tendant la main.

Terry saisit cette main mais ne répondit pas comme l’aurait exigé le protocole. Il la serra si fort qu’il cru voir se crisper le visage de son invité qui le regardait toujours de ses yeux pleins de bonté.

« Je ne doute pas un instant que vous formerez un superbe couple avec ma fille » continua le Comte « Georgie, s’il te plait … »

La jeune fiancée de Terry se tenait à la fenêtre et tournait le dos à l’assemblée, regardant distraitement l’immense parc de la propriété du Duc. Terry cru reconnaître sa silhouette mais à l’énoncé de son prénom, elle se retourna pour leur faire face …

« TOI !! » souffla Terry stupéfait. Ses yeux immenses fixaient la jeune fille élégamment vêtue d’une robe de soie vert d’eau. Un ruban blanc lui retenait les cheveux. Elle était sans nulle doute merveilleuse … très jolie … et la bonté se lisait sur ses traits.

La jeune femme reconnut bien sûr l’ami d’Anthony. Elle s’avança vers lui pour lui présenter sa main à baiser.

« Georgie Girard, Monsieur »

Pour la seconde fois de leurs vies, Terry se pencha pour prendre les doigts de Georgie.

Les deux jeunes gens se fixèrent alors quelques secondes, jusqu’à ce que Terry prenne la parole.

« Pourriez-vous nous laisser seuls, s’il vous plait » dit-il à son père et au Comte Girard.

Le Duc fut horrifié de l’audace de son fils qui le congédiait de son propre salon tel un domestique et le Comte étonné que le jeune Grandchester souhaite s’entretenir avec Georgie en privé. Ce n’était pas très conventionnel. Mais les deux aristocrates s’exécutèrent.

« Alors c’est toi mon fiancé … » commença Georgie de sa voix mélodieuse « J’aurais pu tomber plus mal ! »

« Anthony m’a parlé hier de ton futur mariage … J’ignorais que sans le savoir, c’est à moi qu’il faisait allusion »

« Anthony … »

« Il est très épris de toi, Georgie »

Georgie eut les larmes aux yeux.

« Oh moi aussi … je l’aime … Jamais je n’aurais cru pouvoir aimer quelqu’un à nouveau … C’est monstrueux. Je dois me marier avec toi alors que nous ne nous connaissons pas … Je suis amoureuse d’Anthony mais … »

« Mais … »

« Mais je ne peux pas lutter contre la volonté de mon père »

« Ecoute moi bien Georgie, non seulement je suis moi aussi très amoureux de quelqu’un que je refuse d’abandonner pour un mariage de convenance mais surtout, je refuse d’être l’instrument du malheur d’Anthony !! Si tu ne trouves pas la force de tenir tête à ton père, je te promets que moi, j’irai contre la volonté du mien !! Nous ne marierons pas, Georgie, je te le promets »

« Oh Terry … qu’allons-nous faire ? Ils ont déjà tout arrangé … Tu sais j’ai grandi en Australie chez des fermiers … tout y était tellement plus simple. On ne m’aurait jamais forcé à épouser quelqu’un que je ne connais même pas !! »

« Si tu savais comme je voudrais être né dans une famille plus simple … Une famille normale … je pourrais épouser Candy, celle que j’aime … »

Terry expliqua alors la situation plus clairement à Georgie.

Candy dont il était fou amoureux depuis le premier jour … l’arrivée d’Anthony au collège … qui lui a ouvert les bras … ils sont devenus amis … la flamme qu’il avait déclaré à Candy … les hésitations de celle-ci … et le comportement d’Anthony depuis qu’il avait fait la connaissance de Georgie.

« Anthony est mon meilleur ami et même si la femme que j’aime avait du le choisir, je n’aurais pu renoncer à son amitié. Cela m’aurait fait très mal, ça c’est clair, mais … Anthony … je n’aurais jamais pensé qu’il prenne une place aussi importante. A côté de cela, Candy a le plus grand cœur qui puisse exister. Elle serait pleinement heureuse d’apprendre qu’Anthony a trouvé l’amour et ne pourrait supporter qu’il te perde, qui plus est à cause de moi … leur affection mutuelle est palpable.

Même si Candy ne doit jamais répondre à mes attentes, même si elle n’accepte jamais mon amour, jamais … tu m’entends, Georgie … JAMAIS … je ne causerai le malheur d’Anthony et par conséquent la tristesse de Candy !! Et surtout pas pour satisfaire les principes désuets de l’aristocratie que je désapprouve au plus haut point »

Terry et Georgie ne purent poursuivre leur conversation. Leurs pères rentrèrent au salon. Le Duc paraissait toujours aussi contrarié de l’attitude de son fils.

« Alors Terrence, puis-je savoir si ta fiancée et toi avez trouvé un accord et si tel est le cas, puis-je en connaître les tenants ? »

« Mais bien sûr, père ! » Répondit Terry du ton insolent qui le caractérisait quand il allait entrer en conflit avec son père « L’accord est tout trouvé !!! Nous ne nous épouserons pas !! »

« QUOI ??? » hurla le Duc. Jamais il n’aurait pensé que son fils ose se montrer aussi têtu devant le Comte Girard et sa fille. Il imaginait que devant leurs invités, il plierait et accepterait d’épouser la jeune fille.

« Vous m’avez entendu, père. Georgie et moi ne nous marierons pas. »

Le Comte Girard était stupéfait mais en voyant la mine réjouie de sa fille, il voulu une explication de sa part.

« Explique toi Georgie, je te prie » lui demanda-t-il d’un ton ferme mais doux.

« Papa, je vous en conjure … loin de moi l’idée de vous mettre mal à l’aise devant votre ami, Monsieur le Duc, mais Terry et moi nous nous apprécions fortement mais … il n’y aura jamais d’amour entre nous car nous avons tous deux offert notre cœur à d’autres personnes. »

« Mais ma Chérie … tu as renoncé à l’amour du petit fils du Capitaine Grey … tu ne peux pas refuser de te marier par amour pour ce garçon »

« Il ne s’agit pas de Laurent Grey, papa … J’ai remis mon cœur entre les mains d’un autre homme »

« Mais qui voyons ? »

« Il s’appelle Anthony … certes il n’est pas issu d’une famille noble mais il n’en pas moins honorable »

« Son Oncle est William André » ajouta Terry pour appuyer les dires de Georgie.

« William André ?? De Chicago ?» Répondit le Comte Girard.

« Lui-même et je peux vous garantir que son neveu est bien le meilleur garçon qui soit … bien plus aimable que moi » dit Terry en souriant « Votre fille a raison de lui accorder son amour »

« Je vous remercie de votre franchise, Terrence » dit le Comte « Ma Georgie, tu es certaine que c’est ce que tu veux ? Tu sais, je ne veux pas te contraindre à épouser un homme que tu n’aimes pas. J’aimais ta mère et ma famille aurait fait mon malheur si elle m’avait obligé à renoncer à Sofia … mais je veux être certain que lorsque je ne serai plus de ce monde, tu auras à tes côtés un homme qui t’aime pour veiller sur toi »

« J’ignore si Anthony demandera un jour ma main, papa … mais s’il le fait soyez assuré que je serai la plus heureuse des femmes et la plus aimée des épouses » lui répondit Georgie

« Et il le fera, Georgie » Lui dit Terry « Je sais qu’Anthony t’aime de tout son cœur »

Le Comte se tourna vers le Duc.

« Richard, je pense que nous faisons erreur en voulant contraindre nos enfants. Je ne veux pas être la cause du malheur de ma fille en croyant pourtant agir au mieux pour elle … J’espère que notre amitié n’en souffrira pas »

« Je t’en prie Fernand … De toute façon, il est évident que nos enfants sont déjà amis … Nous le resterons donc. »

Le Comte Girard et Georgie échangèrent encore quelques politesses avec Richard Grandchester puis s’en allèrent. Georgie affichait un sourire radieux qui ne put que réjouir Terry.

Mais quand il se retrouva seul avec son père, après que les Girard les aient quittés, celui-ci lui lança un regard noir.

« Alors Terrence, tu as réussi ton petit numéro !! Tu es parvenu à me faire perdre la face devant mon ami !! »

« Père … »

« ASSEZ !! » Hurla le Duc « Je t’ai dit que je te choisirai une épouse et je tiendrai parole que cela te plaise ou non !! Tu ne t’enticheras pas de n’importe qui, foi de mon âme !! »

« Alors vous n’abandonnez pas !! Vous ne pouvez pas suivre l’exemple du bon sens de votre ami !! »

« Fernand est un sentimental !! Il perd toute raison devant sa fille mais tu apprendras que l’aristocratie a ses devoirs !! Je t’avais trouvé une épouse charmante et digne de nous … tu as été trop sot pour saisir ta chance !! Soit, je t’en trouverai une autre … »

Terry ne répondit pas à son père, il sortit furieux de la pièce sans se retourner.

« Terrence !!! » le rappela le Duc « Où vas-tu ? »

« Je rentre au collège !!! » Hurla le jeune héritier du titre.

******************

Il faisait déjà nuit lorsque Terry arriva à l’austère école. Tous les élèves étaient rentrés dans leur chambre. Il se précipita vers la sienne …

Il en ressorti peu de temps après pour se rendre à une chambre située au rez-de-chaussée du dortoir …

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Candy dormait à poings fermés quand elle entendit tambouriner à la fenêtre de sa chambre … Elle sursauta et se redressa sur son lit.

« CANDY !!! CANDY !! Ouvre !! »

« Mais qui est là ? » demanda tout haut la jeune fille les yeux encore chargés de sommeil, se demandant si elle n’avait pas rêvé.

Elle marcha jusqu’à la fenêtre.

« ALISTAIR !! Qu’est-ce que tu fais là ? »

« Anthony doit te parler absolument tout de suite !! Il ne pouvait pas grimper jusqu’à ta fenêtre … »

« Anthony ? »

Et Candy se pencha au balcon. Elle aperçut en bas Anthony, Archibald et Capucin.

« Descendons » dit-elle à Alistair.

De quelques mouvements de cordes, les deux acrobates furent vite au sol.

« Alors Anthony … qu’est ce qui se passe ? »

« C’est Terry, Candy !! »

« Terry ?! »

« Tiens, il m’a remis ça pour toi »

Et Anthony tendit une lettre à son amie.

« Ma chère Candy
Je quitte le collège pour rejoindre l’Amérique où j’espère trouver ma voie. Je prierai pour ton bonheur où que je sois. Je tiendrai parole, ma Candy, je t’attendrai et ne pourrai jamais aimer quelqu’un d’autre que toi. Un jour, ici ou ailleurs, nous nous retrouverons.
Prends soin de toi et n’oublie jamais que de l’autre côté de l’Atlantique, un cœur battra toujours en harmonie avec le tien. Tu n’imagines pas ma peine de te quitter mais rester, je ne peux pas.

Terry »

Candy laissa tomber la lettre sur le sol … bouleversée.

« Terry … Terry est parti … Oh Terry, ta lettre est bien trop courte »

« Vite Candy, on peut encore le rattraper … Il a glissé cette lettre sous la porte de ma chambre et puis il est parti » lui dit Anthony.

« Le rattraper ? Mais comment ? »

« Un fiacre » proposa Archibald « Prenez vite un fiacre !! »

Candy et Anthony, flanqués de Capucin, se précipitèrent à leur tour jusqu’à la grille du collège. Cela n’allait pas être facile pour Anthony de l’escalader mais il pu y parvenir avec l’aide de Candy. Ils se retrouvèrent bien vite tous les deux de l’autre côté.

Quelqu’un arrivait vers les collégiens en courant …

« Georgie !! » dit Anthony « Qu’est-ce que tu fais là ? »

« Terry vient de passer nous saluer, mon père et moi … Il prend le bateau qui part dans une heure … » expliqua-t-elle, essoufflée « Alors, je suis venue te prévenir »

« Dans une heure !!! » S’écria Candy au bord des larmes, sans s’interroger à cet instant sur l’identité de la jeune blonde qui lui faisait face « Jamais un fiacre ne sera assez rapide pour arriver au port dans une heure !!! »

« Nous ne prendrons pas un fiacre » dit alors Georgie « Mon père possède une automobile … Il va nous y emmener »

« VITE !! » cria Anthony.

Et les trois jeunes gens se précipitèrent jusqu’à la résidence du Comte Girard.

Quelques minutes plus tard, ils étaient en route à pleine vitesse en direction de Southampton à la poursuite de l’amour de Candy …

Au cours du trajet, Georgie et Anthony, tout heureux de se retrouver et, qui plus est, enfin libres de vivre leur amour, expliquèrent à Candy les circonstances de leur rencontre et le mariage arrangé entre Terry et Georgie.

« Terry m’a parlé de toi, Candy … Il t’aime comme un fou » dit Georgie.

« Oh moi aussi je l’aime » pleurait Candy.

Enfin le port se profila à l’horizon … Des fumées sortaient des immenses cheminées du Mauritania … Le bateau s’apprêtait à appareiller. Il n’y avait plus une minute à perdre.

Le Comte Girard arrêta son automobile le plus près possible du navire et les trois jeunes se précipitèrent vers le bateau.

« Terryyyyyyy !! » Hurlait Candy, Capucin accroché à son cou en cache-nez, faisant le mort comme à son arrivée à Londres « Terry !! »

Elle le cherchait des yeux parmi la foule de passagers qui se pressaient contre la rambarde pour saluer leurs familles.

******************

Terrence Grandchester, le regard triste, s'apprêtait à se diriger vers sa cabine quand il cru entendre son nom ... Candy ... Était-ce elle ?

Candy, suivie de près par Georgie et Anthony, se précipita vers la passerelle que les employés s'apprêtaient à détacher.

« Jeunes gens, vous ne pouvez pas monter à bord ... le bateau va partir »

« Il y va de ma vie, Monsieur, laissez nous passer ... juste un instant. Nous redescendons immédiatement »

******************

Terry voulait vérifier à qui appartenait cette voix qui l'avait appelé dans la brume matinale.

Il marcha vers la rambarde d'où il pouvait voir la foule ... près de la passerelle d'embarquement.

*******************

C'est alors qu'elle le vit ... elle se mit à courir sur la passerelle.

« Terry !!! »

*******************

« Candy !!! »

Et il couru vers elle ... pour la rejoindre au milieu de cette étroite passerelle d'embarquement.

« Candy !!! C'est bien toi ... Tu m'aimes donc ... »

« Oh oui Terry ... j'étais tellement aveugle »

Et ils s'embrassèrent instantanément si heureux de s'être retrouvés.

« Comment as-tu osé m'abandonner ? » demanda Candy faussement fâchée.

« Je le regrettais déjà ... mais si je ne le faisais pas, d'autres forces et combats allaient s'acharner à nous séparer »

« Oh mon amour ... jamais moi sans toi »

Ils se serrèrent très fort dans les bras avant de remarquer que Georgie et Anthony se tenaient juste un peu plus bas sur cette même passerelle.

« Mon ami ... » dit Terry en tendant la main vers lui.

« Tout est bien qui fini bien Terrence Grandchester ... » Lui dit le jeune blond.

« C'est bien grâce à toi !! J'emmène Candy en Amérique si elle veut me suivre, bien sûr » dit-il en regardant Candy malicieusement « Tu n'y vois aucun inconvénient ? »
Anthony tenait Georgie par les épaules.

« Pas le moins du monde ... Rends la très heureuse. J'espère que nous nous reverrons très bientôt »

« Je vous attends en Amérique, toi et Georgie ... et qui sait ? Mariés et heureux ... »

« Heureux, nous le sommes déjà ... mariés ... cela dépendra de Georgie ... »

« Je pense qu'il n'y aura aucun problème » dit Terry en faisant un clin d'oeil complice à Georgie « Tu seras le plus heureux des hommes et le plus aimés des époux ... »

Terry tendit la main à Anthony que celui-ci saisit immédiatement pour attirer son ami dans ses bras.

« Au revoir mon ami, à très bientôt et merci pour tout »

Il regarda ensuite Georgie. Leur complicité naissante se passait de mots car ces deux jeunes aristocrates rebelles avaient su rester maîtres de leurs destins ... Ils étaient tellement semblables. Terry baisa les doigts de Georgie avant de reprendre la main de Candy pour l'entraîner vers le pont ... Il fallait que Anthony et Georgie redescendent car les marins s'impatientaient ...

Candy suivit Terry vers le pont mais avant que l'employé ne décroche définitivement la passerelle, elle jeta un coup d'oeil en arrière et elle la redescendit ventre à terre pour se jeter une dernière fois dans les bras d'Anthony, les larmes aux yeux.

« Oh Anthony, jure moi que nous allons nous revoir ... »

« Bien sûr, tu seras toujours dans mon cœur et n'oublie pas, Tendre Candy, tu es tellement plus jolie quand tu ris que lorsque tu pleures ... Tu seras heureuse »

Candy le lâcha et remonta la passerelle pour se replonger dans les bras de Terry.

Tous les deux s'installèrent à la rambarde pour saluer leurs amis.

« Au revoir Anthony, au revoir Georgie !! » crièrent-ils en chœur.

« A bientôt » répondirent les deux amoureux restés sur le quai.

Anthony agitait le bras droit, le gauche demeurant autour les épaules de Georgie.

« Qu'est ce que je lui dois à cet américain aux yeux bleus comme le ciel !!! Au plaisir de te revoir, Anthony Brown » pensa Terrence en regardant son ami qui lui souriait.

« Tu es un grand homme, Terrence Grandchester ... Je te dois mon bonheur ... A bientôt » furent les pensées d'Anthony en admirant l'immense paquebot qui s'éloignait vers le nouveau monde et la jeune femme à ses côtés qui le regardait avec des yeux pleins d'amour.

FIN

Terry et Candy que rien ne pouvait séparer vécurent très heureux aux Etats Unis aux côtés de la mère de Terrence. Ils ne tardèrent pas à officialiser leurs relations par leur mariage. Terry réalisa son rêve de devenir acteur. Plus d'une comédienne en tomba bien sûr amoureuse mais l'amour qu'il affichait avec Candy découragea bien vite toutes les tentatives de ces séductrices.

Anthony et les autres, y compris Georgie et son père, ne tardèrent pas à gagner eux aussi l'Amérique en raison de la guerre qui menaçait d'éclater en Europe.

Tous furent naturellement très heureux de se revoir ... Un deuxième mariage allait bien vite être annoncé ...

(c) Fatalzmarion



Note de l'auteur :
Il est bien fréquent que l'amitié se transforme en amour mais il est plus rare que l'amour se transforme en amitié. J'ai eu la chance de connaître cette expérience. Cet homme que j'aimais est devenu mon meilleur ami et je ne pourrais envisager mon existence sans sa présence à mes côtés.
Xavier ... je t'offre cette histoire ... en espérant que tu resteras près de moi pendant très longtemps encore.

Et encore une fois, Ma Chère Annie Brighton – Hélène, c'est à toi et à Anthony que je dédie cette fiction ... De tout cœur.

Fatalzmarion
 
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