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Posts written by Leia

view post Posted: 16/10/2015, 16:37 Lettres à Juliette - Fanfics pour tous les âges
La tête appuyée contre sa poitrine, elle jouait à faire lascivement glisser son index sur son torse, se délectant du doux contact de sa peau virile sous la pulpe de son doigt.

- Dis moi... Tu en as connu beaucoup... avant moi ?

Elle sentit contre sa joue le muscle de sa poitrine tressaillir et ne fut pas surprise de cette réaction. Elle leva les yeux vers lui et vit qu'il se mordait la lèvre d'embarras. Il s'attendait un jour ou l'autre à cette question, mais naïvement, il n'avait jamais songé à ce qu'elle la lui posât aussi directement. Une multitude de pensées s'entrechoquaient dans son esprit en quête de la meilleure réponse.

Le visage des multiples conquêtes d'une nuit lui revenait brutalement en mémoire, lui laissant un goût amer dans la bouche. Ce n'était pas très glorieux et il se demanda comment il allait pouvoir lui expliquer l'homme qu'il avait été à cette époque, bien différent de celui qui la tenait maintenant dans ses bras. Comment lui expliquer le tourbillon dans lequel il s'était jeté après leur rupture, un tourbillon de travail, d'alcool et de fêtes, pour essayer de l'oublier, elle, sans jamais y parvenir ? Ces inconnues de passage lui avaient permis un bref instant de se convaincre qu'il était encore vivant même si tout de suite après il se sentait à nouveau mort à l'intérieur. Il s'était toujours refusé à tout engagement, à toute attache, ne voulant rien promettre, n'ayant rien à offrir, encore moins son cœur. C'est pourquoi ces quelques liaisons éphémères s'étaient généralement produites en tournée où le changement de ville facilitait la fuite. Bien entendu, s'il avait su qu'un jour il retrouverait Candy, il aurait agi bien différemment et ne se serait pas comporté comme un malotru sans aucun état d'âme. Mais à présent qu'il avait fait l'expérience du véritable amour charnel, qu'il avait ressenti ce bonheur suprême entre les bras de celle qu'il aimait, cela ne pouvait souffrir la comparaison avec ce qu'il avait vécu autrefois et il réalisa combien il s'était perdu pendant tout ce temps.

Il ouvrit la bouche pour lui répondre, lui dire qu'il n'était pas fier de ce qu'il avait été, de cet être sans scrupule qui avait certainement fait souffrir, non seulement Suzanne qui n'ignorait rien de ses infidélités, mais aussi les femmes qui s'étaient données à lui, espérant secrètement pouvoir le retenir. Mais il n'y en avait eu qu'une capable de le faire, et cette femme s'appelait Candy, celle qui se tenait lovée contre lui et qui l'observait avec attention comme si elle cherchait à lire dans ses yeux ses pensées. C'était certainement ce qu'elle était parvenue à faire car elle posa un doigt sur sa bouche, scellant ses lèvres entrouvertes.

- Après tout peu importe ce qui s'est passé avant puisque tu es là à présent avec moi... - lui dit-elle avec un tendre et triste sourire – Mais...

Elle se redressa, rapprochant pudiquement le drap contre elle, et baissant les yeux.

- Je voudrais savoir si toi et Suzanne... - demanda-t-elle d'une voix presque inaudible tant elle craignait la réponse.
- Non ! - fit-il avec une telle ardeur qu'elle en eut les larmes aux yeux. Il s'était redressé à son tour et la fixait intensément – Non ! Je n'aurais jamais pu, jamais !!! Je lui dois peut-être la vie, mais la misère morale dans laquelle elle m'a plongé par la suite, ne m'a jamais permis de la considérer autrement que comme la geôlière de la prison dans laquelle elle m'avait enfermé. Tu sais, elle a beaucoup souffert durant sa maladie et je suis resté à son chevet tout ce temps, la veillant jour et nuit durant les dernières semaines de son agonie. J'ai cru naïvement que cela nous avait rapprochés et j'en suis venu à regretter mes escapades, bien que nous n'étions ni mariés, ni fiancés, m'étant refusé à tout autre rôle que celui d'homme de compagnie, chassant jusqu'à celui de compagnon. Pour être honnête, j'éprouvais tant de pitié pour elle que j'avais commencé à me reprocher mon manque de tendresse envers elle, mon indifférence pendant toutes ces années. J'aurais pu au moins faire un effort même si au fond de moi je la détestais pour tout ce qu'elle représentait pour moi. Je le lui ai dit et elle a paru soulagée. Elle est partie quelques jours plus tard, et quand j'ai retrouvé tes lettres cachées au fond d'un tiroir de son secrétaire alors que je rangeais ses affaires, le cœur rongé de culpabilité, j'ai ressenti une rage furieuse envers elle, car elle m'avait trahi et menti tout le long ! Alors qu'elle en avait eu l'occasion lors de nos dernières conversations, elle aurait pu m'avouer ce qu'elle avait fait, et j'aurais pu lui pardonner. Mais tandis que ce paquet de lettres tremblait entre mes mains, j'ai ressenti toute la monstruosité de son geste et l'entendais presque rire de moi. Je tenais ces lettres et je réalisais qu'elle les avait ouvertes, les avait lues et les avaient conservées précieusement durant toutes ces années, s'imaginant peut-être avec délectation le choc que cela me ferait en les découvrant après sa mort et toute la douleur que cela provoquerait en moi. Je suppose que c'était sa petite vengeance pour ce que je lui avais fait subir, mais crois-moi, Candy, crois-moi, même en ignorant tout cela, je n'aurais jamais pu la toucher ! Et à la lueur de ce que je sais à présent, je regrette d'avoir pris soin d'elle durant ses derniers moments alors que j'aurais du lui cracher tout mon mépris !

Il avait assené cela avec une telle haine qu'elle en avait frémi et s'était précipitée vers lui, prenant son visage entre ses mains.

- Je t'en supplie, Terry, ne laisse pas ton cœur se remplir d'aigreur ! Suzanne était un être faible qui ne cherchait que sa satisfaction personnelle. Elle croyait t'aimer et se permettait tout au nom de cet amour égoïste qu'elle éprouvait pour toi. Mais je veux que tu fasses la paix avec elle et avec toi-même. Je ne veux pas qu'elle soit un fantôme entre nous. Elle n'est plus là, tu n'es plus lié à elle, tu es lié à moi, et c'est tout ce qui compte à présent. Peu importe qu'elle ait lu et gardé mes lettres, elles ont dû la faire souffrir beaucoup plus qu'à toi. Au fond, elle est plus à plaindre qu'à blâmer...
- Mais que faudrait-il qu'on te fasse pour que tu cesses de trouver des excuses à tous ceux qui t'ont tant faite souffrir ? - s'emporta-t-il, exaspéré.
- Je ne leur trouve pas d'excuse. Je veux seulement me détacher d'eux, ne pas éprouver de haine en pensant à eux sinon ils continueraient à vivre en moi et je ne veux pas leur donner ce pouvoir. Et puis, je sais que tu es là avec moi désormais et cela me rend plus forte. Je n'ai peur de personne avec toi. Je suis heureuse, Terry, tellement heureuse que je ne veux pas gâcher ce bonheur en réveillant des douleurs qui font partie du passé.
- Je suis follement heureux, moi aussi, Candy, mais je ne sais pas si cela pourra m'aider un jour à acquérir ta sagesse et ton courage ! - soupira-t-il. Puis, son œil retrouvant toute sa malice, il se pencha vers elle – Me laisseras-tu néanmoins m'occuper du sort d'Elisa quand nous la reverrons ?
- Promets-moi que tu te tiendras tranquille ! - s'écria-t-elle en écarquillant des yeux suppliants – Je sais tout ce qu'elle nous a fait vivre mais pense à la tête qu'elle fera en nous voyant ensemble. Ce sera notre plus belle revanche !
- Présenté comme cela... - fit-il avec une moue dubitative, tout en se promettant intérieurement de s'occuper personnellement du cas de sa future cousine. Il n'était pas question qu'elle s'en sorte aussi facilement !

Rassurée, Candy s'allongea sur le ventre, le drap épousant harmonieusement les courbes voluptueuses de ses reins. Elle s'étira langoureusement, puis se tourna vers lui et, la tête en appui contre son bras replié, lui demanda alors :

- Tu sais ce qui me ferait plaisir ?
- Dis-moi.
- Je voudrais retourner à Saint-Paul...
- Saint-Paul ??? Cet endroit sordide avec ces bonnes sœurs lugubres toutes vêtues de noir qui nous suivaient presque jusqu'au petit coin ???

Elle secoua la tête avec enthousiasme tandis qu'il la regardait avec des yeux ronds d'interrogation.

- Je voudrais revoir la colline de Pony, celle où j'allais me ressourcer après les cours ou après un mauvais coup d'Elisa et de Daniel – fit-elle en souriant, nostalgique – Je voudrais me promener dans le collège, dans le parc, passer devant nos chambres, revivre ces moments heureux où nous étions tous ensemble, où la guerre n'avait pas encore éclaté et n'avait pas encore séparé certains d'entre nous pour toujours...

Le souvenir d'Alistair emplit tout à coup son cœur et des larmes de tristesse voilèrent ses jolis yeux. Remarquant sa détresse, Terry s'allongea à côté d'elle et posa une main sur sa joue, la caressant tendrement.

- Nous irons où tu voudras, mon amour – lui dit-il d'une voix douce – Et si tu veux que nous nous rendions à Saint-Paul, et bien, je m'incline, dussé-je affronter les moustaches de la Mère Supérieure !
- Oooooooh, voyons, Terry, tu es vraiment irrécupérable ! - gloussa-t-elle, indignée, en le repoussant.
- Je sais... - dit-il tout en basculant au-dessus d'elle et s'emparant de ses poignets pour l'immobiliser – Mais c'est ce que tu aimes chez moi, non ?
- Je l'admets – fit-elle tout en essayant de se dégager, mais il la tenait fermement avec ce sourire machiavélique qu'elle aimait retrouver sur son visage, annonciateur de belles promesses...
- Dans ce cas, mademoiselle André... - grogna-t-il en plongeant vers le creux de sa gorge, son souffle chaud se répandant sur sa peau, la faisant frissonner de délice – Que diriez-vous si nous reprenions notre conversation là où nous l'avions laissée ?
- De laquelle parlez-vous, monsieur ? - demanda-t-elle d'un air innocent, tandis qu'il desserrait son étreinte pour glisser vers son sein.
- De celle-ci... - fit-il d'une voix rauque, ses lèvres se refermant avec avidité sur le téton avec un soupir de plaisir. Elle s'arqua en gémissant et laissa partir sa tête en arrière en fermant les yeux, se livrant avec délectation aux divines succions de son amant, lequel malgré l'heure tardive semblait très inspiré et loin d'être fatigué...

Quand l'épuisement les emporta enfin, le ciel commençait à se colorer des premières lueurs de l'aube. Il était grand temps que Terry regagne sa chambre avant que les domestiques ne le remarque. Au bout d'un effort surhumain, il parvint à abandonner sa couche, et après s'être sommairement rhabillé, quitta discrètement la pièce non sans poser un regard adorateur sur la nymphe nue et belle qui dormait profondément dans le lit. Ses chaussures à la main, il remonta à pas de loup le couloir en direction de sa chambre, et, alors qu'il passait devant la galerie de tableaux qu'il avait précédemment contemplée avec Candy, il tressaillit de surprise, ayant croisé le regard de son fier ancêtre écossais, James Fraser, qui, il l'aurait juré, venait de lui adresser un clin d'oeil des plus complices...

Fin du chapitre 15



Edited by Leia - 20/10/2015, 22:45
view post Posted: 7/10/2015, 10:50 Commentaire pour Lettres à Juliette - Commentaires pour les Fanfictions
QUOTE (jeanne 29 @ 1/10/2015, 21:44) 
C'est surtout a nous de te remercier Leia :D je suis pas douée pour commenter ,et je lis très peu de fanfics , je sélectionne les meilleurs cru!!! Et je tiens a te dire bravo et merci!!! j'attendrais le temps qu'il faut et je sens que mon cœur va encore faire boum boum :lv10:

Chère Jeanne29, merci de prendre la peine de m'écrire ces encouragements, d'autant plus que tu es très occupée déjà avec la traduction. J'espère que la suite continuera à te plaire ! :)

QUOTE (CandyTerryforever @ 5/10/2015, 04:15) 
bonjour Leia,
Encore un moment de grand plaisir, j'avoue que j'attendais avec impatience la confrontation avec le Duc. Il y a si longtemps que Candy ne l'avait pas vu, ne l'ayant rencontré qu'une seule fois, et de surcroît pour l'ouspiller et le secouer, lui dire ses quatre vérités au sujet du choix de son fils. Elle semble craindre encore sa réaction malgré les tentatives de Terry pour l'apaiser.
Comme elle se trompe ! Le Duc semble s'être adouci, on l'a vu au début de ta fic, il est allé à la rencontre de Terry et a même provoqué une bonne partie des choses pour faciliter le trajet de Terry et son arrivée en Italie.
Bravo Leia. :bravo1: au plaisir de te lire à nouveau très bientôt.
:happy:

Merci CandyTerryforever :)
Je ne sais pas si le Duc aurait changé aussi radicalement s'il n'avait pas eu peur de perdre Terry. Je lui ai donné une occasion de se racheter et il a visiblement su la saisir. Espérons qu'il ne retournera pas à ses vieilles habitudes... ;)

QUOTE (Nolwenn @ 5/10/2015, 18:21) 
Mon Dieu, Leia, j'avais oublié combien cela faisait du bien de te lire... sinon je m'y serais remise bien plus tôt !!!
On se sent si bien dans ton récit... C'est jubilatoire.
La dégringolade des Legrand, quel bon moment. Bon c'est pas très charitable ce que je dis là, mais voilà, ça leur fait les pieds.
J'adhère totalement à ton Terry et ta Candy. Ils ont l'air plus vrais que nature et on les imagine sans peine en train de dire les phrases que tu mets dans leur bouche, de penser ce que tu mets dans leurs petites têtes coquines et d'agir comme ils le font.
Comme d'habitude tes mots me touchent beaucoup : en suivant nos amoureux dans leur voyage, je souriais (bêtement sûrement, mais heureusement, il n'y avait personne dans le coin pour le voir) et à la fin j'avais la larme à l'oeil lorsque le Duc serre Candy dans ses bras (bon d'accord je suis une incorrigible sentimentale).
En tout cas me voilà toute requinquée !
Merci Leia ! Bises et à bientôt !

Merci Nolwenn, je suis vraiment heureuse de te lire ! :)
Je suis moi aussi ravie d'avoir retrouvé candy et terry et de pouvoir m'amuser à leur faire dire et faire toutes ces choses. L'inspiration est revenue avec une foule d'idées qui étaient restées bloquées tous ces derniers mois et j'espère pouvoir les écrire aussi rapidement et régulièrement que possible. Merci pour ton soutien, ta patience et ta fidélité. En espérant te lire très bientôt à mon tour ! ;)

QUOTE (CandyTerryforever @ 7/10/2015, 09:50) 
Bonjour Leia,
j'avais évidemment adoré la partie italienne de ta fic :wub: : être transporté à Venise et Vérone avait été un ravissement et un complet dépaysement, original aussi puisque jamais vu dans aucune fic que je connaisse, (et je commence à en épuiser un certain nombre.) Mais cette suite en Angleterre n'est pas du tout pour me déplaire, bien au contraire, on se croirait vraiment les hôtes de ces châteaux inquiétants, sombres, froids, et emplis peut-être de fantômes. En tout cas si tous ressemblent à Terry :lv8: , moi je n'ai pas peur des fantômes ! ;)
Des fiançailles rapides, dans deux semaines ? Fantastique ! Le duc s'est vraiment radouci et nous montre un côté enthousiaste et chaleureux qu'on ne lui connaissait pas. En revanche le retour de la marâtre et des demi-frère et sœur, ne me dit rien qui vaille...
Enfin, je verrai bien dans les prochains posts... Tu t'étaie tue pendant quelques mois, :( mais ces chapitres postés régulièrement ces temps-ci me comblent de joie, et compensent grandement la pénible attente précédente :happy: :lv10: :thx1:

C'est vrai que les fiançailles peuvent paraître précipitées mais je me suis dit qu'avec ses relations, le Duc était capable de les organiser rapidement. Vu son influence, les gens vont se battre pour y assister ! J'espère que la belle-mère et ses glorieux rejetons ne viendront pas tout gâcher... ;)
view post Posted: 6/10/2015, 23:05 Lettres à Juliette - Fanfics pour tous les âges
- Avez-vous encore besoin de mes services, mademoiselle ? - demanda la femme de chambre à Candy après l'avoir aidée à revêtir sa chemise de nuit.

Assise devant sa coiffeuse, occupée à ôter ses boucles d'oreilles, elle lui répondit avec un sourire amical à travers le reflet du miroir.

- Merci Bénédicte, cela ira. La journée a été longue pour vous aussi. Dépêchez-vous d'aller vous coucher.
- Je vous remercie, mademoiselle. Je vous souhaite une bonne nuit.
- Bonne nuit à vous aussi, Bénédicte. Merci.

La domestique vérifia une dernière fois les plis de la robe de chambre en soie qu'elle avait étendue sur le lit et quitta la chambre. Dès qu'elle eut fermé la porte, la jeune André s'empressa de s'étirer comme un chat tout en baillant à gorge déployée. La tension nerveuse qu'elle avait éprouvée toute la journée l'avait épuisée ! C'était sans compter le repas gargantuesque que la cuisinière du Duc leur avait préparé ! Candy avait bien eu droit à une collation dans l'après-midi pour calmer sa faim douloureuse, mais elle ne s'attendait pas à un tel festin en soirée ! Chaque met était un tel délice qu'elle n'avait pu se résoudre à laisser des morceaux dans son assiette. Elle n'avait pas non plus voulu froisser la cuisinière qui avait visiblement mis tout en œuvre pour les satisfaire. Elle se sentait lourde et malgré la fatigue, assurée de mal dormir. Une petite promenade dans les jardins du château lui ferait certainement du bien...

Elle mit e sa robe de chambre, la noua prestement autour de sa taille, puis passa la tête à travers l'embrasure de la porte. Personne à l'horizon ! A pas feutrés, elle s'engagea dans le couloir et se dirigea vers l'escalier principal pour rejoindre le grand salon. Le château était si grand qu'elle ne voulait pas se perdre et préférait se fier aux pièces qu'elle avait déjà visitées. Une des portes-fenêtres était entrouverte et elle s'y faufila, débouchant sur une terrasse en surplomb d'un immense jardin dont elle discernait les ombres mystérieuses sous le voile sombre de la nuit. C'était une belle nuit d'été, chaude et odorante. Cela sentait l'herbe coupée d'où s'élevait un concert de chants de grillons. Elle s'appuya sur la rambarde et ferma les yeux.

On se croirait presque à la maison Pony...

Le visage de ses deux mères de cœur se rappela à sa mémoire et elle se promit de leur envoyer un télégramme le lendemain pour leur annoncer la bonne nouvelle.

- Il se peut qu'Albert les ait déjà mises au courant – se dit-elle – Dieu qu'il me tarde de tous les revoir !

Mais ces retrouvailles n'allaient pas pouvoir se dérouler tout de suite. Au cours du repas, le Duc avait évoqué les fiançailles et expliqué que malgré sa meilleure volonté, elles ne pourraient avoir lieu avant deux semaines. Comme le mariage n'allait pas se passer en Angleterre, il voulait que la cérémonie des fiançailles soit célébrée dans des conditions à la hauteur de leur rang, c'est à dire avec faste et beaucoup d'invités. Candy et Terry auraient souhaité une fête plus intime mais il semblait si concerné qu'ils n'avaient pas osé le contredire.

- Nous organiserons en Amérique notre mariage comme nous le désirons, laissons-lui donc ce plaisir s'il n'y a que cela pour le contenter - avait suggéré Terry à Candy tandis qu'ils remontaient l'escalier qui conduisait à l'étage où se trouvaient leurs chambres - Je crois ne l'avoir jamais vu aussi enjoué de toute ma vie !
- Je n'y vois pas d'inconvénient, mon aimé - avait-elle répondu en continuant de monter les marches - Je suis si heureuse de voir que tout va mieux entre vous, et si nos fiançailles peuvent renforcer votre relation, je suis toute disposée à me soumettre à ses désirs.


Parvenue sur le palier ,elle leva les yeux vers l'immense portrait de Béatrix Grandchester, accroché sur le mur devant eux. Elle était assise sur un fauteuil, dans une position classique, les mains croisées sur les cuisses, le port de tête noble mais sévère. Au style de la robe qu'elle portait, on devinait que le tableau avait déjà quelques années.

- Je suis curieuse de rencontrer ta belle-mère... - avait-elle murmuré. Au ton de sa voix, on devinait
néanmoins une certaine appréhension car Lady Grandchester n'avait pas la réputation d'être la personne la plus aimable au monde.
- Je t'avoue que je suis beaucoup moins impatient que toi de la revoir – avait-il rétorqué en grimaçant – Je suis bien heureux qu'elle poursuive sa cure à Bath et ne rentre que deux jours avant les fiançailles. Deux jours qui seront déjà de trop...
- Nous n'avons que peu évoqué tes frères et sœurs pendant le repas. Penses-tu qu'ils seront là ?
- J'en ai bien peur... - avait-il soupiré de désolation.
- Où sont-ils en ce moment ? Je pensais qu'ils seraient au château ?
- Mon frère, Rodolphe travaille dans une banque à Londres où il gère des porte-feuilles immobiliers tandis que ma sœur, Sibylle, est à Bath avec sa mère, laquelle doit être en train de s'évertuer à lui chercher un mari mais il faut dire que les prétendants ne se disputent pas sa main...

D'un mouvement de tête, il avait indiqué le portrait d'une jeune fille un peu plus loin, dont les traits excessivement ingrats, malgré tous les efforts de l'artiste pour les camoufler, ne la flattaient point.

- Oh mon dieu ! - s'était écriée Candy, horrifiée, en portant sa main à sa bouche.

Terry avait hoché la tête en fermant les yeux de consternation.

- Hé oui... Et je peux aussi ajouter qu'elle est particulièrement sournoise et méchante !
- C... Comme Elisa ? - avait-elle demandé, incapable d'imaginer qu'il existât sur terre une autre personne aussi odieuse que sa cousine.
- Comme elle, mais... en plus moche !

Le sourcil froncé de reproche, elle lui avait asséné une tape sur l'épaule, non sans laisser échapper un gloussement nerveux.

- Ce n'est pas beau de se moquer, Terry !
- Constater n'est pas se moquer... - avait-il répliqué, l'oeil plein de malice – Et puis, quand tu feras la connaissance de ma sœur, tu perdras toute envie d'être charitable !
- Quelle perspective réjouissante ! - s'était-elle exclamée en poursuivant sa visite, passant en revue d'un œil scrutateur le défilé des ancêtres, en quête d'un air de ressemblance avec leur illustre descendant. Soudain, elle avait stoppé net devant le portrait d'un homme en tenue de Highlander, dont la chevelure d'un roux flamboyant contrastait fortement avec les cheveux bruns de Terry. C'était un homme d'une quarantaine d'années très séduisant qui n'avait pas vraiment de ressemblance avec le jeune aristocrate, mais dont la détermination dans le regard rappelait singulièrement le sien.

- Qui est-ce ? - avait-elle demandé, troublée.
- James Alexander Malcolm MacKenzie Fraser(1), un de mes ancêtres écossais, qui combattit les anglais pendant la rébellion jacobite. C'était un homme très courageux et un véritable guerrier. Il a aussi participé à la révolution américaine. On ne sait pas trop de quoi il est mort d'ailleurs. On dit qu'il a disparu avec sa femme qu'on soupçonnait d'être une sorcière...
- Une sorcière ? Vraiment ???
- Sans rentrer dans les détails car cela serait trop long tellement sa vie est un roman, je peux néanmoins te dire qu'il a eu un fils, William, avec une riche aristocrate anglaise, et que ce William a eu plus tard une fille qui a épousé un Grandchester, un autre écossais, au grand effroi de la lignée britannique !
- Deux familles de valeureux écossais... - avait-elle murmuré, émerveillée – Quelle chance tu as d'avoir de tels ancêtres, Terry ! Moi, je ne sais même pas d'où je viens...
- Du singe assurément, vu ton agilité dans les arbres !... - avait-il lancé, moqueur, avec la sotte idée que cela allait chasser la tristesse qui était apparue dans ses yeux.

Il s'était attendu à une réaction violente de sa part, mais étonnamment, il n'en avait été rien, se contentant de répliquer par un inquiétant sourire qui laissait présager de prochaines représailles, représailles qu'elle s'était empressée d'exercer, impitoyablement, en arrivant devant la porte de sa chambre.

- Je pourrai venir te rejoindre dans la soirée ? - avait-il roucoulé d'un ton charmeur, le bras appuyé contre le chambranle de la porte.
- Cela ne sera pas possible, monsieur Grandchester – avait-elle répondu en se retournant vers lui, affichant un air des plus ingénu - Vous oubliez que nous ne sommes pas mariés. Je ne voudrais pas que notre comportement porte atteinte à l'honneur de la famille...
- Cesse tes idioties et dis-moi que je pourrai venir plus tard !
- N'insistez pas monsieur Grandchester, ou je me verrai dans l'obligation de demander à la femme de chambre de rester dormir avec moi...
- Pfffff ! - avait-il rouspété en secouant la tête – Tu m'en veux à cause de ma plaisanterie sur les guenons ?
- Une guenon maintenant ! Merci de cette précision ! - s'était-elle écriée en simulant l'indignation, se divertissant intérieurement de la mine désappointée de son bien-aimé – Et bien la guenon va de ce pas aller dormir, SEULE !

Terry avait ouvert la bouche pour répliquer quand une voix féminine les avait interrompus. C'était la femme de chambre qu'on l'on avait attribuée à Candy pour le séjour.

- Bonsoir mademoiselle André. Je suis Bénédicte, votre femme de chambre, et je viens vous aider à vous vêtir pour la nuit.
- Vous arrivez à point nommé ! - s'était exclamée la jeune femme en l'invitant à entrer. Puis, un sourire revanchard au coin des lèvres, elle avait claqué la porte au nez du jeune homme qui en était resté tout interdit.

Se remémorant cet épisode amusant de la soirée, elle se demanda si Terry était dans sa chambre en train de pester contre elle. Elle avait encore en tête l'image de son visage stupéfait devant sa résistance et se mit à ricaner de satisfaction. Elle remarqua alors une odeur de tabac qui se répandait autour d'elle et comprit que quelqu'un l'observait. Elle pivota d'un coup vif sur elle même mais ne distingua personne. Seule une cigarette achevait de se consumer dans un cendrier posé sur une petite table à côté d'une chaise longue. Intriguée, elle balaya du regard la terrasse en quête d'une présence. Le lieu semblait pourtant résolument vide. Sentant la peur s'emparer d'elle, elle se dit qu'elle irait se promener à une autre occasion dans le jardin, préférant regagner sa chambre au plus vite. Elle n'avait pas oublié qu'il y avait des fantômes en Angleterre, et elle n'était pas très disposée à tenter l'expérience cette nuit. Un peu plus rapidement qu'à l'aller, elle reprit le chemin en sens inverse, et rejoignit sa chambre avec un soupir de soulagement. Elle ne s'habituerait jamais à ces longs couloirs sombres où la moindre ombre vous tétanisait de peur.

Assise au bord du lit, elle était en train d'enlever sa robe de chambre quand un drôle de bruit en provenance de l'armoire entrouverte la fit sursauter. Une silhouette en jaillit comme un diable de sa boite. Muette de terreur, elle saisit un chandelier sur le guéridon à côté du lit, qu'elle brandit au-dessus d'elle en guise de défense, et réalisa alors que la silhouette n'était autre que celle de Terry.

- Terry ??? Mais que... - fit-elle, surprise, en reculant devant la mine étrange qu'il arborait. Elle buta contre le mur derrière elle, le chandelier pendant à son bras ballant. Il se tenait tout près d'elle, la chemise entrouverte et la respiration frémissante. Elle pouvait sentir son haleine imprégnée de tabac effleurer sa joue.
- Voilà l'explication à mon fantôme... - se dit-elle en se reprochant son manque de discernement. Elle avait le cœur qui battait à vive allure et pouvait sentir la chaleur de sa peau irradier à travers le tissu de sa chemise. Elle se mordit la lèvre devant l'insoutenable envie de la lui arracher puis se ressaisit, se rappelant qu'elle ne devait pas céder. Les guenons ne dormaient-elles pas dans les arbres alors que leurs compagnons restaient au sol, enfouis sous les hautes herbes ?

Elle leva les yeux vers lui, lequel restait silencieux, seule sa mâchoire crispée témoignait de son trouble.

- Tu... Tu ne devrais pas être ici, Terry. Ce n'est pas bien – bredouilla-t-elle, tandis qu'il posait ses bras au dessus d'elle et la fixait. Elle sentait qu'elle ne pourrait pas lui échapper bien longtemps. Il était si beau avec sa mèche de cheveux qui retombait sur son visage ! Beau à se damner ! Et c'était bien une énième damnation qu'elle encourait si elle le laissait continuer !
- Demande-moi de partir... - murmura-t-il de sa voix chaude en baissant la tête vers ses lèvres qu'il effleura sans les toucher pour ensuite descendre vers le creux de son gorge, la laissant haletante – Demande-moi de partir... Et j'obéirai...

Elle esquissa une ébauche de réplique qui se perdit dans le couinement de plaisir qu'elle émit au moment où il se glissait sous sa chemise de nuit et écrasait ses lèvres sur sa peau. Emportée par le désir, elle laissa échapper le chandelier qui retomba avec un bruit sourd sur le tapis, pour rebondir sous le lit, vers lequel il l'entraîna avec un cri de rage victorieux, rapidement étouffé sous la mélodie confuse de leurs longs et voluptueux soupirs....

(1) Personnage principal de la saga Outlander (Le chardon et le tartan) de Diana Gabaldon

Fin de la quatrième partie



Edited by Leia - 9/10/2015, 11:05
view post Posted: 4/10/2015, 21:24 Lettres à Juliette - Fanfics pour tous les âges
Le domaine londonien des Grandchester était situé à l’extérieur de la ville et s'étendait sur plusieurs centaines d'hectares. Le château, qui datait de la Renaissance avait été entièrement rebâti au cours du XIXème siècle dans le style victorien et dominait de façon imposante les environs. On le distinguait de très loin si bien que Candy pouvait l'apercevoir alors qu'il leur restait encore quelques kilomètres à parcourir ! Son cœur bondit dans sa poitrine et elle serra un peu plus fort le mouchoir qu'elle tenait dans sa main gantée de blanc. L'angoisse qui s'emparait d'elle devenait de plus en plus oppressante, bloquant régulièrement sa respiration. Elle chercha un peu d'air du côté de la fenêtre mais son malaise ne s'atténuait point si bien qu'elle se demanda avec inquiétude si son estomac allait tenir jusqu'à leur arrivée. Soudain, la voiture s'arrêta au milieu du chemin.

- Viens – lui dit Terry en posant une main rassurante sur la sienne – Nous terminerons le dernier kilomètre à pied. Cela te fera du bien.

Il sortit de la voiture et la contourna par l'arrière pour aller lui ouvrir la portière. La jeune femme émergea, livide, de l'habitacle. Se retenant de rire, il ordonna au chauffeur de partir au devant annoncer leur arrivée toute proche. Puis il revint vers Candy, laquelle n'avait toujours pas repris de couleurs. Un sourire ironique au coin des lèvres, il l'attira contre lui, et passant un bras autour de ses épaules, se mit à conduire la marche.

- Tu es aussi blanche qu'une feuille de papier, ma chérie. Si mon père te voit dans cet état, il va penser que tu es souffreteuse et refuser que je t'épouse !

Candy leva vers lui un regard inquiet mais le petit rire qui secouait ses épaules la rassura.

- Je ne sais pas ce que j'ai – dit-elle en riant nerveusement – Même devant la Grand-Tante Elroy, je ne me suis jamais sentie aussi mal...
- Si cela peut te mettre à l'aise, je ne me sens pas tranquille non plus. La dernière fois que je suis venu ici, j'ai eu une violente dispute avec mon père. Les murs en avaient tremblé.
- Le château ne semble pas en avoir gardé de traces – ironisa-t-elle en pointant du menton l'impressionnant édifice qui se précisait peu à peu à ses yeux. Avec ses parements en pierre de Bath et ses tourelles carrées néo-renaissance, il avait grande allure. Elle avait néanmoins une préférence pour le manoir de la famille en Ecosse, plus petit et rustique, mais dont elle avait gardé d'émouvants souvenirs.

Le soleil avait débuté sa descente derrière les toits de l'imposante demeure, indiquant que l'après-midi était bien entamée. Un gargouillement en provenance de son estomac lui rappela alors qu'elle n'avait pas mangé depuis le petit-déjeuner, et elle posa sa main contre son ventre en réaction pour essayer d'atténuer le bruit qu'il faisait, maudissant le monstre perfide qui devait y loger.

- Flute ! - grommela-telle, espérant que Terry n'ait rien entendu.
- Je remarque en tout cas que toutes ces émotions ne t'ont pas coupé l'appétit !... - s'écria-t-il alors, laissant ainsi à penser qu'entre autre qualité, il avait l’ouïe fine, ce qui aux yeux de Candy avait en cet instant valeur d'insupportable défaut.
- Je meurs de faim à vrai dire... - confessa-t-elle en baissant les yeux d'embarras, se préparant à subir le rire moqueur de son compagnon, tandis que son estomac s'égosillait de plus belle.
- Ne t'inquiète pas, je pense qu'il y a suffisamment de réserves en cuisine pour amadouer l'ogre qui gouverne cette partie de ton anatomie.

Elle le repoussa d'un coup de poing à l'épaule et redressa le nez, vexée. Il éclata de rire et resserra affectueusement son étreinte malgré la réticence qu'elle lui témoignait, réticence qui s'évanouit au moment même où il déposait un baiser triomphant sur le dessus de son crâne.

- Tu ne m'épargneras jamais rien, n'est-ce pas ? - soupira-t-elle en levant les yeux au ciel.
- Jamais ! - lança-t-il, l'oeil malicieux, en l'embrassant une nouvelle fois. Elle pencha un peu plus la tête vers lui et colla sa joue contre sa poitrine, espérant secrètement qu'il ne change jamais.

Cette petite querelle lui avait redonné des couleurs, et ce fut les joues rosies de frais qu'elle se présenta quelques instants plus tard devant le majordome qui les attendait sous le porche surmonté des armoiries de la famille.

- Bonjour Carson – fit Terry en saluant l'employé de maison, lequel le salua à son tour avec un discret mais chaleureux sourire. C'était un homme de grande taille et à forte carrure. Une raie parfaitement rectiligne séparait en deux côtés identiques ses cheveux grisonnants qu'il avait gominé légèrement. Ses yeux gris fatigués par le temps contemplaient avec une infinie tendresse le jeune couple.
- Bonjour, My Lord. Permettez-moi de vous exprimer tout le plaisir que me procure votre visite.

Des enfants Grandchester, Terry avait toujours été son préféré. Il avait tant de fois assisté à regret au traitement inégal et injuste qu'on lui réservait qu'il s'était attaché à cet enfant solitaire, mis à l'écart de la famille. Discrètement et dans la mesure de ses attributions, il s'était efforcé de le protéger. Il avait toujours trouvé les mots pour consoler le petit garçon qui s'isolait dans sa chambre pour pleurer loin des regards de ses cruels frères et sœurs, lui redonnant courage et fierté. Son départ pour le Collège Saint-Paul avait été un crève-coeur pour tous deux mais il l'avait encouragé à tenir bon, devinant dans l'adolescent qui se tenait devant lui l'homme au destin glorieux qu'il deviendrait un jour. L'avenir lui avait donné raison et il avait du mal à dissimuler en cet instant son émotion.

- Le plaisir est partagé, Carson, soyez-en assuré. - répondit Terry, visiblement ému lui aussi. Ce n'était pas le genre de Carson de manifester ainsi sa joie et il en était très touché. S'éclaircissant la gorge, il demanda : Mon père est-il là ?
- Il vous attend ainsi que mademoiselle André dans le salon, My Lord. Souhaitez-vous vous rafraichir avant de le rencontrer ? J'ai fait monter vos bagages dans vos chambres – s'enquit le majordome tandis qu'on finissait de vider le coffre de la voiture stationnée quelques mètres plus loin devant une des entrées de service.
- Vous êtes bien aimable, Carson, mais ce ne sera pas nécessaire. J'ai hâte de présenter ma future épouse à mon père.
- Dans ce cas, My Lord, ne le faisons pas attendre plus longtemps et suivez-moi.

Candy adressa à Terry un regard de biche effrayée. Ce dernier lui prit délicatement la main avec un sourire bienveillant et l'entraîna à l'intérieur. Ils traversèrent le long vestibule qui desservait un certain nombre de pièces comme la bibliothèque, les salons de musique et de dessin, le fumoir, croisant ça et là des servantes empressées. Le majordome poussa enfin une porte à deux battants qui s'écartèrent sur une grande pièce rectangulaire baignée de lumière grâce au toit de verre qui la surplombait. Une magnifique voute en ogive de style gothique soutenait le toit et retombait gracieusement vers le sol nappé d'épais tapis d'orient. Des tableaux de famille ornaient les murs tapissés de tentures anciennes et de boiseries, observant de leurs yeux curieux les nouveaux visiteurs. Une porte à l'extrémité opposée de la pièce s'ouvrit et une silhouette que Candy avait eu l'occasion d'approcher une fois apparut. Tétanisée, elle serra si fort la main de Terry qu'il ne put retenir un petit cri de douleur. Le Duc de Grandchester avançait vers eux l'air grave, son regard acier les fixant tous deux. Il était aussi grand et impressionnant que dans ses souvenirs. Parvenu à leur hauteur, il s'arrêta, ses yeux d'un bleu profond se promenant de l'un à l'autre. Candy avait le cœur qui battait à vive allure et la respiration tremblante.

- Il va me jeter dehors ! - se dit-elle au bord de l'évanouissement, ses vertes prunelles écarquillées vers lui, telle une proie hypnotisée par la bête qui s'apprêtait à la dévorer.

Contre toute attente, elle vit soudain les traits de son visage se détendre et ses yeux pénétrants se plisser de contentement. Puis elle sentit ses bras puissants l'attirer violemment contre lui, sa joue, emportée dans l'élan allant s'écraser dans un bruit d'étoffe contre la veste de son costume. Elle ne pouvait bouger, prisonnière de ses bras qui l'enserraient, et essayait du coin de l'oeil de capter le regard de Terry, mais il était trop en retrait et elle ne pouvait l'apercevoir.

- Bienvenue – entendit-elle alors prononcer le Duc d'une voix frémissante empreinte d'une sincère émotion – Bienvenue chez vous, mon enfant...

Fin de la troisième partie



Edited by Leia - 19/10/2015, 21:39
view post Posted: 1/10/2015, 20:15 Commentaire pour Lettres à Juliette - Commentaires pour les Fanfictions
Merci les filles ! :)
Merci de m'avoir rappelé mon erreur à propos de Brighton et Southampton. Il est vrai ça ne posait pas de pb tant que Candy n'évoquait pas la jetée où elle avait fait ses adieux à Terry. Correction est faite ! Merci pour votre réactivité ! :)
En ce qui concerne le sourire de la gd-mère, je me demande encore si elle a vraiment entendu ce que disait Terry où si c'était simplement parce qu'elle les regardait avec nostalgie. Il est bon de croire qu'elle a tout entendu. ;)
J'ai bien prévu pour Patty un petit épilogue sur son séjour en Italie avec le bel Alessandro. Mais ce sera après avoir terminé Lettres à Juliette. Chaque chose en son temps. ;)

Merci encore de continuer à me lire en espérant que je ne vous ferai pas trop attendre. A bientôt ! :)
view post Posted: 1/10/2015, 14:41 Lettres à Juliette - Fanfics pour tous les âges
La sirène du bateau qui reliait Le Havre à Southampton retentit. Deux silhouettes lovées l'une contre l'autre, en appui contre le garde-corps, tournèrent la tête vers l'horizon cabossée de formes urbaines sous la lumière du matin. Déjà, des petits bateaux à moteur se dirigeaient vers le navire pour le guider jusqu'à l'entrée du port.

- Nous voilà en Angleterre, mon aimée – murmura Terry à son oreille – Toi et moi, ensemble...

Candy opina avec un sourire mélancolique. Depuis quelques minutes déjà, une multitude de souvenirs remontaient à sa mémoire. Cela faisait plus de dix ans qu'elle avait quitté le collège Saint-Paul mais cette année passée là-bas, bien que lointaine, restait aussi vive dans son esprit qu'au premier jour. Certainement parce-que Terry avait occupé une grande partie de cette période compliquée de son existence. Parfois, elle se disait que si elle ne l'avait pas rencontré, elle aurait peut-être sagement continué ses études puis serait docilement retournée en Amérique pour épouser un bon parti que la famille aurait choisi pour elle. Elle se sentait tellement redevable d'avoir été adoptée par la famille André, qu'elle aurait fait n'importe quoi pour satisfaire l'Oncle William. Mais Terry lui avait montré que l'on était maître de son destin et qu'il ne fallait pas avoir peur de vouloir être libre.

- Tu m'as sauvé la vie... – se dit-elle en tournant un visage empreint de tendresse et d'admiration vers le jeune aristocrate, lequel, remarquant son étrange regard arqua un sourcil interrogateur.
- Je vous aime, monsieur Grandchester... – murmura-t-elle en réponse, ses yeux brillant du trouble que ce flot d'émotions ravivées provoquait en elle.

Elle avait passé ses bras autour de son cou, et il l'avait enlacée à son tour, contemplant tous deux leur amour dans le regard de l'autre.

Cesse donc ! - finit-il par dire en ricanant. Mais comme elle insistait, faisant mine de ne pas comprendre, il ajouta :
Cessez donc mademoiselle André de me regarder ainsi, où je me verrai dans l'obligation de vous conduire à votre cabine pour vous tancer comme il se doit !...

Les joues de Candy s'enflammèrent immédiatement tandis qu'elle tournait la tête de tous côtés pour s'assurer qu'on ne l'avait pas entendu.

- Un peu moins fort, voyons ! - chuchota-t-elle tout en écrasant son index contre sa bouche à lui – On pourrait t'entendre !

Le pont s'était rempli de voyageurs appuyés contre la barrière pour assister à l'arrivée. Une élégante vieille dame à côté d'eux les observaient avec un demi sourire.

- Se pouvait-il qu'elle ait compris le sous-entendu ? - se demanda Candy en rougissant de plus belle tandis que Terry, un sourire provocateur au coin des lèvres, plongeait sa tête dans le creux de son cou. Le souffle chaud de sa respiration caressait sa nuque faisant frémir de délice tout son être. Elle ferma les yeux, impuissante. Elle ne pouvait nier que la proposition indécente du jeune homme qui la tenait dans ses bras la séduisait. Les nuits torrides qu'ils avaient passées depuis leurs retrouvailles avaient rendu son corps plus que jamais avide du sien, comme une drogue dont elle était devenue l'esclave consentante et bien souvent requérante. Jamais auparavant elle n'aurait pu imaginer combien sa chair pouvait se montrer faible dès qu'il posait les mains sur elle, la précipitant dans un monde où le désir dominait la raison auquel elle se soumettait avec une ardeur qui la surprenait chaque fois plus encore. Elle comprenait à présent toute la signification que revêtait cette fusion charnelle, qui, non content d'unir leurs corps s'adressait aussi à leurs âmes, lesquelles, loin d'être perdues se rejoignaient dans un partage exclusif des sens et des pensées que seuls quelques privilégiés du grand amour pouvaient connaître.

- J'ai tellement de chance de pouvoir vivre cela avec celui que j'aime plus que tout au monde – se dit-elle, émergeant de sa torpeur alors qu'il persistait à la butiner de ses baisers. A bout de résistance, elle le repoussa discrètement, lui décochant un œil de reproche, provoquant chez lui un gloussement moqueur.

- D'accord... - soupira-t-il en feignant la déception. Il se posta derrière elle puis l'attira contre lui et, le menton en appui sur sa blonde tête, il ajouta en marmonnant – Mais tu ne perds rien pour attendre...

A l'écoute de cette promesse des plus suggestives, elle s'efforça d'afficher un visage impassible malgré le tressaillement de ses paupières qui la trahissait. Heureusement qu'il ne pouvait pas le voir sinon il aurait une nouvelle fois ricané bêtement, ravi de l'émoi qu'il provoquait en elle.

Un nouveau coup de sirène la fit sursauter, éloignant pour quelques instants le flot de pensées impudiques qui la traversait et dirigea son regard troublé de fièvre vers la jetée qui se rapprochait. Elle reconnaissait le lieu bien qu'il fût baigné de brouillard la dernière fois qu'elle s'y était rendue. C'était sur cette jetée qu'elle avait fait ses adieux à Terry... Et qu'elle s'était enfin avoué qu'elle l'aimait... Elle se serra un peu plus contre lui et ferma les yeux, savourant la chaleur de son corps à lui qui l'enveloppait. Il était bel et bien présent, avec elle sur ce bateau. Elle n'était plus seule... Elle posa sa main sur la sienne et la pressa tendrement, pour se rassurer encore une fois. Elle n'avait de cesse de le toucher depuis pour vérifier que tout cela n'était pas qu'un rêve. Elle se dit que dès qu'elle foulerait le sol britannique, nombre des entraves psychiques qu'elle s'imposaient commenceraient à s'exorciser.

Le chauffeur du Duc de Grandchester les attendait sur le quai. Le jeune couple s'installa dans la voiture tandis qu'il déposait les bagages dans la malle. Puis ils quittèrent Southampton en direction de Londres où se trouvait le père de Terry. Une boule d'angoisse grossissait dans la gorge de Candy au fur et à mesure que les kilomètres défilaient. Elle redoutait cette rencontre avec le Duc même si Terry l'avait assurée que tout se passerait bien.

- Il a hâte de te revoir, Candy – lui dit-il en lui prenant la main, remarquant l'inquiétude sur son visage – Il a beaucoup d'estime pour toi.

Candy lui sourit sans grand enthousiasme. Le Duc de Grandchester l'avait toujours impressionnée. Quand elle avait osé le confronter à Saint-Paul après le départ de Terry, ce n'était que poussée par la rage du désespoir. Dans d'autres circonstances, elle s'en serait bien gardée. Elle espérait qu'il ne lui gardait pas rancune de son audace et qu'il saurait apprécier le choix de son fils.

Elle se tourna vers lui et vit qu'il s'était assoupi, la tête posée contre la vitre de la portière. Il avait le visage si détendu qu'elle osait à peine remuer de peur de le réveiller. Il faut dire qu'ils ne dormaient pas beaucoup depuis ces derniers jours, et elle rougit une nouvelle fois à cette évocation. Depuis leurs retrouvailles en Italie, ils ne s'étaient plus quittés. Candy avait rendu sa chambre à la pension Roberta dès le lendemain. En bonne copine, Patty n'avait pas cherché d'explication, comprenant sans peine la gêne de Candy. Il n'était pas commun qu'une jeune femme de son rang passe ses nuits avec un jeune homme sans être mariée, même si on pouvait supposer qu'ils dormaient chacun dans une chambre séparée... A vrai dire, tout cela l'avait bien arrangée car elle allait pouvoir à son tour organiser son emploi du temps sans avoir l'impression de rendre des comptes même si Dame Roberta avait toussoté de réprobation en soupçonnant la raison du départ de Candy. Elle s'attendait à quelques reproches si elle aussi venait à rentrer à des heures indues... (voir mini-fic parallèle sur Patty et Alessandro prochainement) et s'était dit qu'elle devrait demander à ce dernier de l'attendre plutôt au coin de la rue quand elle le rejoindrait après son travail.

Candy et Terry n'étaient restés que deux jours à Vérone, le temps pour tous deux de faire leurs adieux à leurs nouveaux amis : le banquier qui avait si généreusement prêté la maison de sa mère à Terry, les gardiens de la dite maison et plus particulièrement, leur discrétion, les dames du club de Juliette, les infirmières de l'hôpital, le docteur Biazinni et bien sûr Patty qui avait préféré passer quelques jours de plus auprès de son beau médecin. Les deux amies s'étaient quittées avec effusion, toutes à la joie de ce nouveau bonheur qui s'offrait à chacune d'elles, et s'étaient promis de se revoir au plus vite. Terry désirait se marier rapidement afin de pouvoir s'afficher ouvertement avec Candy mais cette dernière souhaitait que le mariage ait lieu à la Maison Pony. Il n'était pas question pour elle de se marier sans ses deux mères de cœur. Ils avaient donc opté pour des fiançailles dans sa famille à lui en Angleterre, ce qui officialiserait leur relation tout en laissant un peu de temps à Albert pour organiser leur mariage en Amérique. En chemin, ils avaient fait une halte à Venise pour saluer le Comte Contarini puis avaient repris leur route vers le pays de Shakespeare. Les jours s'étaient écoulés à une vitesse folle les laissant tout étourdis de joie et d'excitation. Elle était si heureuse, si heureuse ! Que pouvait-il arriver maintenant qui viendrait troubler ce bonheur ? Elle posa sa tête contre le dossier de la banquette sur laquelle elle était assise, et laissa vagabonder ses pensées , le regard tourné vers le paysage au dehors qui défilait derrière les vitres closes, le cœur palpitant d'espérance...

Fin de la deuxième partie



Edited by Leia - 3/10/2015, 21:38
view post Posted: 29/9/2015, 09:35 Commentaire pour Lettres à Juliette - Commentaires pour les Fanfictions
QUOTE (CandyTerryforever @ 22/9/2015, 13:27)
Bonjour Leia,

Ravie d'être la première à commenter parce que je suis peut-être la première à avoir lue la suite de cette merveille à partir du chapitre15 , la reprise s'étant fait tellement désirer. Alors en visite sur le forum, j'ai découvert que tu avais posté un début de chapitre ! Quel soulagement pour moi, ta fic étant une de mes favorites, sur le forum de Sophie et celui de Gentillefille confondus. :thx1: :thx1: :bravo1:
Enfin voilà l'horrible mégère Sarah Legrand remise à sa place, renvoyée dans ses 18 mètres ! Elle l'a bien cherché ! Depuis le temps qu'elle et ses enfants humilient et jouent tous les tours pendables à notre Candy ! Sa fille devient folle ? Son fils se jette dans des malversations ? Tant pis pour elle ! C'est le résultat de ses manigances et de l'éducation désastreuse inculquée à ses enfants ! :marteau:
Mais dis-moi tu m'inquiètes dans les dernières lignes de ce trop court passage : Albert serait malade, souffrant d'une maladie dégénérative? Et c'est pour confier Candy à l'amour de sa vie qu'il a organisé ces retrouvailles entre sa fille et Terry ? J'ai le coeur qui se serre rien que d'y penser... Y glisserais-tu une part de tragédie dans cettefic qui semblait se dénouer avec plus de bonheur et de facilité qu'elle n'avait commencé ? :(
Oh là là ! J'ai très envie de connaître la suite. Je prie donc à partir de ce soir la muse de la littérature pour qu'elle t'épaule et te chuchote tous les encouragements nécessaires à la poursuite de ton récit qui me donne, à chaque fois que je le relis entièrement ou à travers quelques passages, toujours autant de frissons... :wub:

Bon courage Leia et encore merci !
:rolleyes:

Chère CandyTerryforever,
Merci pour tes mots d’encouragements ! :) Il est assez jubilatoire de pouvoir remettre à sa place Sarah Legrand après tout ce qu'elle a fait subir à Candy. J'ai toujours souffert de ce manque de justice dans cette histoire. Même si la vraie vie nous apprend que les méchants s'en tirent malheureusement bien souvent, il n'y a pas de raison pour que la fiction ne nous permette pas d'agir selon nos convictions. Si je ne m'étais pas retenue, je les aurais tous envoyés au bagne ! :)
Quant à ce qui arrive à Albert, je vais développer tout ça dans les prochains chapitres. J'ai dû m'y résoudre sachant qu'il est le grand absent dans Final Story et qu'on ne sait pas ce qu'il est devenu, même si on devine qu'il n'est plus présent... :cry:
J'espère que la suite ne te décevra pas. A bientôt ! :)

QUOTE (Rafaella @ 25/9/2015, 14:13)
waouh que de la peine encore à venir ! c 'est comme Mitzuki aucun répit pour Candy il est cher le prix du bonheur ! mais avec Terry à ses côtés ce sera moins douloureux.
et peut être que son amour sa patience soulageront Albert....
Merci Leia
j'ai hâte de lire la suite il faut avouer que cela se mérite pour trouver les chapitres... mais quel bonheur de vous suivreau plaisir

Merci Rafaella ! :)
Ravie que tu aies pu lire tous les chapitres ! ;) Les prochains ne vont pas tarder ! :)

QUOTE (Mandoline- @ 27/9/2015, 00:22)
Ah ma chère Leia, quel ravissement que de te lire à nouveau. :lv6:
Et chaque partie y est si juste que l'on s'imagine sans peine les scènes défilées devant nos yeux.
Enfin ce qui aurait dû se passer depuis longtemps est enfin arrivé ! Il était temps qu'Albert prenne des dispositions pour mettre fin aux agissements des Legrand ! Toujours aussi jouissif ! Après la fille, cette fois c'est autour de la mère d'être remise à sa place.

Mais cette fin de chapitre à moi aussi m'a serrée le coeur. :( Qu'est ce que cela signifie ? :unsure: Quel sort réserves-tu à ce cher Albert ? :(

En tout cas ce fut encore un régal de te lire ! :lv6:
Merci et bravo Leia !!!

Merci Mandoline ! :)
Moi aussi j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce passage. Cela soulage ! :D
Quant au sort réservé à Albert, comme je l'ai dit plus haut, ce sera développé dans les prochains chapitres. ;)
A bientôt et merci pour ta fidélité ! :)
view post Posted: 29/9/2015, 09:26 Commentaires pour Un Passé Trop Présent - Commentaires pour les Fanfictions
QUOTE (Terry4Candy4Ever @ 28/9/2015, 18:18) 
Bonjour à tous,
Je viens de finir le chapitre 8 de cette fiction et je souhaiterais savoir s'il y a une suite/fin quelque part; j'espère que oui!!!
Je suis complètement ACCRO; help help :D :D
Je vous remercie beaucoup!!!
Terry4Candy4Ever ;)

Chère Terry4Candy4Ever :)

Merci pour ton intérêt pour cette fic que j'ai mise de côté depuis bien longtemps. :B):
J'y reviendrai dessus quand j'aurai terminé "Lettres à Juliette". Je ne peux malheureusement te dire quand. Merci pour ta patience ! :)
view post Posted: 21/9/2015, 22:17 Lettres à Juliette - Fanfics pour tous les âges

Chapitre 15




Madame Legrand referma la porte de la chambre de sa fille en soupirant tristement.

Cela fait une semaine qu'Elisa a été conduite dans cet hôpital et elle n'a toujours pas retrouvé ses esprits...

Elle avait encore du mal à accepter que sa fille soit dans un asile pour malades mentaux. Ce genre d'endroit était destiné aux fous et non pas à sa glorieuse fille ! Mais elle avait bien dû se rendre à l'évidence dès la première fois qu'elle l'avait vue, attachée à un lit, hystérique, hurlant des chapelets d'insanités, puis redevant étonnamment calme quelques secondes plus tard, bredouiller d'une voix plaintive des mots incompréhensibles parmi lesquels s'échappaient plus distinctement les prénoms de Candy et d'Albert, pour ensuite repartir de plus belle dans son délire paranoïde. Son état depuis lors, ne connaissait pas d'amélioration et les médecins ne semblaient pas très optimistes...

Après chacune de ses visites, la rage emplissait son cœur de mère meurtrie, suivie d'une soif de vengeance qui l'étouffait jusqu'au malaise. Elle n'avait pas encore informé la Grand-Tante Elroy de l'état de sa nièce. La femme acariâtre et autoritaire d'antan avait depuis quelques années cédé la place à une vieille dame à la santé fragile, dont le port impérial qui avait si souvent imposé le respect autour d'elle, n'était plus qu'illusion. Aucun choc émotionnel ne lui était permis et le cœur, bien qu'insensible de Sarah Legrand, ne se sentait pas le courage de lui faire part de cette mauvaise nouvelle.

Il faudra pourtant bien le faire à un moment ou à un autre...

Elle savait par l'intermédiaire des domestiques que la Grand-Tante avait réclamé Elisa à plusieurs reprises déjà. Elle ne pourrait pas lui mentir éternellement... Mais avant d'en arriver à cette extrémité, elle souhaitait parler à son cousin pour le convaincre de revenir sur sa décision. De retour dans sa suite de l'hôtel Waldorf Astoria, elle s'empressa de demander à l'opératrice de composer son numéro, ses doigts pianotant fébrilement d'impatience sur le combiné...

*********************


Le sourcil légèrement arqué de Georges tandis qu'il lui tendait le téléphone était on ne peut plus éloquent. Intrigué, Albert prit le combiné et la voix gémissante de sa cousine lui parvint aussitôt, faisant accélérer son pouls d'irritation. Levant les yeux au ciel, il l'écouta d'une oreille distraite faire l'éloge de sa fille tout en exprimant son incompréhension quant à cette terrible décision qu'il avait prise à son égard, et qui n'était certainement dû qu'à un coup de folie de sa part. Un petit rire étouffé secoua les épaules athlétiques du chef de famille devant l'impudence de cette insinuation.

- N'avez-vous donc pas de coeur, mon cousin ? - l'implorait-elle, sur un ton des plus larmoyants destiné à l'amadouer.
- Je l'avais mise en garde, ma cousine. Et ce, à plusieurs reprises !
- Mais... En venir à la rejeter alors qu'elle est un membre de la famille...
- Etait !...
- Mais voyons, mon cousin, tout cela est ridicule ! Avez-vous perdu tout bon sens ?
- Bien au contraire, ma chère, votre fille m'a aidé à retrouver toute ma lu-ci-di-té ! Il n'était que temps que je mette un terme à toutes ses manigances ! J'ai été bien patient pendant toutes ces années, mettant sur le compte de la bêtise et l'éducation que vous lui aviez donnée, le comportement scandaleux de votre fille à l'égard de la mienne...
- Permettez-moi de m'interroger sur votre définition du mot scandale, mon cousin – rétorqua-t-elle, piquée au vif - Vous, qui avez adopté cette orpheline dont on ignore les origines, celles d'un bagnard et d'une professionnelle probablement...
- Ma chère cousine, quand je vous écoute, je ne peux nier la filiation qui vous lie toutes deux. Vous êtes bien la digne mère de votre fille !...

Sarah Legrand pâlit. La remarque acide d'Albert était loin d'être un compliment et elle pinça les lèvres de mécontentement, des larmes d'indignation au bord des yeux. Puis se ressaisissant, elle ajouta dans un ultime trémolo :

- Je vous en supplie, Albert, je sais que nous avons souvent été en désaccord, mais vous ne pouvez pas laisser Elisa dans cette situation ! Son mari vient de demander le divorce et la garde de leurs deux enfants. Elle va se retrouver à la rue !

La réponse glaciale d'Albert la parcourut de part en part.

- Demandez-donc à son escroc de frère de lui attribuer une suite dans un des nombreux hôtels qu'il a bâtis en Floride en rachetant à un prix dérisoire des terres à des paysans naïfs et crédules !
- Voilà maintenant que vous vous en prenez à Daniel ! Cela devient une obsession !
- L'obsession qui est mienne à présent est de ne plus jamais avoir affaire à un seul membre de votre lignée, ma cousine. Et croyez-moi, rien ne pourra me faire changer d'avis !
- Mais, Albert, vous avez perdu la tête !...
- Bien au contraire, elle est plus que jamais solidement vissée sur mes épaules ! Et je puis vous assurer que moi vivant, plus aucun Legrand ne portera préjudice à Candy et au nom des André ! Que cela vous plaise ou non, elle est ma fille. Sa bonté d'âme et son honnêteté éclipsent d'un battement de cils vos préjugés d'un autre temps, temps que je ne me sens plus obligé de perdre avec vous !
- Albert, je vous en prie !...
- Je crois que nous nous sommes tout dit, ma cousine. Je souhaite, même si cela m'en coûte, un bon rétablissement à votre fille. Candy m'en voudrait trop de manquer de charité chrétienne et je ne veux pas la décevoir. Mais la miséricorde que je lui accorde s'arrête là. Je me laisse le soin de faire part de ma décision à la Grand-Tante Elroy afin de rétablir la vérité sur les mensonges que vous allez de ce pas lui conter...
- Vous allez lui briser le cœur. Elle est très attachée à Elisa...
- J'en prends le risque !...
- Vous êtes... Vous... Vous n'avez aucune...
- Je sais, je sais, ma cousine... Mettons cela sur le compte de l'hérédité, voulez-vous ? Moi aussi je suis capable de n'éprouver aucune pitié, mais contrairement à vous, c'est un sentiment que je réserve uniquement aux gens qui ne m'inspirent que mépris... Ne cherchez donc plus à me contacter si ce n'est par l'intermédiaire de mon avocat. Adieu !

Il raccrocha sans autre sommation, laissant la mère d'Elisa hébétée, le regard fixé sur le combiné du téléphone à travers lequel lui parvenait la voix de l'opératrice lui demandant si elle voulait passer un autre appel. Elle ne répondit pas et raccrocha à son tour, le cœur battant et l'estomac tout retourné. La démarche hésitante, elle traversa le petit salon et se dirigea vers sa chambre, chassant d'une main exaspérée une femme de chambre qui se trouvait là, occupée à ranger les robes qu'on avait remontées de la lingerie, et se laissa choir au bord du lit pour s'abandonner aux larmes qu'elle avait trop longtemps retenues...

***************



- Voilà une bonne chose de faite ! - s'écria Albert, ses doigts tapotant joyeusement le bord de son bureau. Georges acquiesça silencieusement avec un imperceptible sourire. Habitué à dissimuler la moindre de ses émotions, il n'avait pu réprimer son contentement devant la détermination de son protégé. Durant toutes ces années où il avait été au service d'Albert, il avait assisté, impuissant, aux insupportables agissements de madame Legrand et de ses détestables enfants. L'entendre se faire remettre à sa place aussi magistralement lui procurait un plaisir jouissif qu'il avait du mal à contenir. A l'instar d'Albert, il appréciait énormément Candy. Il l'avait connue enfant, l'avait vue grandir et traverser avec courage et dignité les pires tourments. Il était grand temps qu'on lui accorde un peu de répit !

Albert s'était un peu plus enfoncé dans son fauteuil et contemplait son bureau d'un air songeur comme s'il allait le quitter bientôt. Tellement de choses s'étaient décidées dans cette pièce ! Notamment l’adoption de Candy... Son regard se posa sur le télégramme qu'elle lui avait envoyé quelques jours auparavant et il le prit entre ses doigts. Elle lui annonçait ses retrouvailles avec Terry ainsi que leur prochain mariage dès leur retour en Amérique. Un sourire de satisfaction se dessina sur ses lèvres. Il n'aurait plus à s'inquiéter désormais. Un autre que lui allait prendre le relais et s'occuper de Candy. Il se sentait rassuré. Les Legrand hors d'état de nuire, mariée à l'homme qu'elle aimait, Candy allait enfin vivre heureuse pour le restant de ses jours et cette perspective lui réchauffait le cœur. Sa main droite se remit alors à trembler et il reposa, en soupirant d'agacement, le télégramme qui s'agitait maladroitement sous ses yeux.

- Voulez-vous que j'appelle le docteur, monsieur ? - demanda Georges en remarquant le mal-être de son maître.
- C'est inutile mon ami. Nous savons tous deux que ce "désagrément" va se produire malheureusement de plus en plus souvent. J'espère seulement être encore en état de conduire Candy jusqu'à l'autel le moment venu...

Fin de la première partie



Edited by Leia - 11/7/2016, 16:53
view post Posted: 19/6/2015, 12:12 Commentaire pour Lettres à Juliette - Commentaires pour les Fanfictions
QUOTE (phambe @ 18/6/2015, 16:56) 
Hello,Leia!
Enfin te revoilà parmi nous(ouais,je me permets de te tutoyer!? Puis-je???)
Très heureuse de savoir que tu te remets à la tâche,bien que cela ne doit pas être évident.
Lorsque tu parles de modifs,tu entends par là,des changements notables sur le déroulement,le style ou juste des corrections de syntaxe???!

Un peu de tout ;) Je rajoute des passages aussi. :P

QUOTE
Pour l'heure,je n'aspire qu'à poursuivre ton récit,qui m'a enchanté plus que je ne m'y attendais!!
C'est venu progressivement,le temps que tu installes ton histoire sans doute.
Pas que la partie avant Italie soit moins excitante mais peut-être un peu trop de longueurs à mon goût,tu as su retrouver l'esprit du manga(sensible,audacieux,espiègle,querelleur,romanesque...)
Attention,à ne pas trop ramollir Terry,c'est un personnage très fier,malgré ce qui s'est passé auparavant.
J'espère que ça ne te déranges pas que je te fasse part de mes commentaires aussi franchement,car pour moi,c'est l'une des plus belles créations sur C&T. Le ton est juste,pas trop mélodramatique genre guimauve soap opéra,les réparties sont rafraîchissantes,les situations sont intenses et romantiques,que demander de plus?!
Parfois,quand je lis les fics se rapportant à Candy,je suis déçu par l'excès de certaines intrigues,et souvent les chutes sont bâclées. Ou encore la psychologie,sans parler du style,est loin d'être suffisamment "mature",élaborée.
Bien-sûr ma critique est sévère,toutefois je considère qu'il est courageux et légitime de faire ses propres histoires,de s'exprimer librement et de partager sa vision.
Avant de te laisser,juste un petit mot sur tes 2 autres fics(le coffret,ultime confession) elles sont superbes,subtiles et les clins d'œil au roman original me réjouisse à chaque fois(y compris pour Lettres à J)
Bises à plus! Phambe

Je ne sais pas quoi dire, phambe !:P Merciiiiiii ! :D Je suis ravie que mes petites histoires te plaisent ! :)

QUOTE (phambe @ 18/6/2015, 17:13) 
Désolée ,il semble que je me répète systématiquement!!!
Je t'ai envoyé quasiment partout les même messages,à quelques choses près.
Quant à la fic qui ne m'a pas accroché,mais qui est assez populaire sur le site,
c'est " un passé trop présent"
Je suis trop sensible ou imperméable à ce genre.

Je comprends... ;) Et encore, tu n'as pas lu la fic avant que je la modifie ! ça frôlait santa barbara ! :D
view post Posted: 15/6/2015, 13:54 Commentaire pour Lettres à Juliette - Commentaires pour les Fanfictions
Merciiiiii à toutes ! Comme je l'ai indiqué dans un autre message, je suis en train de relire ma fic pour ne pas trop m'éparpiller. Malheureusement, quand je la relis, je vois des modifs à faire, des énormités que j'ai laissées passer et je retravaille les chapitres au lieu de travailler sur le nouveau. Désolée... :( Mais j'ai quand même commencé à l'écrire, alors j'espère pouvoir vous proposer quelque chose très vite. Merci encore pour votre patience que je ne mérite pas ! j'ai honte ! :D
view post Posted: 15/6/2015, 13:50 Commentaires pour "Le point de vue de Terry" - Commentaires pour les Fanfictions
Puis-je juste me permettre de demander à Nolwenn d'arrêter de nous faire languiiiiiiir ? ;) ;) ;)
On aime trop ce que tu fais !!!! :happy: :happy: :happy:
view post Posted: 15/6/2015, 13:49 Commentaires pour "Confessions Intimes" - Commentaires pour les Fanfictions
QUOTE (phambe @ 15/6/2015, 00:45) 
Toujours un très,très grand plaisir de te lire( je me permets de te tutoyer,si ça ne te dérange pas!)
Tes histoires sont toutes formidables,intenses,drôles,romanesques à souhait et mâtures! ( hormis une fic,à laquelle je n'ai pas adhéré)

Merci tout plein, Phambe ! Tu me combles ! :)
Par curiosité, quelle est donc la fic à laquelle tu n'as pas adhéré ? ;)

QUOTE
Tu me fais aimer C&T de plus en plus,comblant mes frustrations et mes espoirs.
Merci et s'il te plaît,continue ta magnifique L à Juliette. Un vrai bijou,surtout la partie italienne où enfin l'on approche des moments tant attendus!!
Celle-ci est un ravissement pour tout ce qui a manqué dans leur courte histoire.
Comme j'aurais aimé que l'auteur écrive davantage sur nos deux héros durant leurs séjours à St Paul et en Écosse!!! Merci,d'avoir réparé cet oubli !!

Je manque malheureusement de temps. J'ai commencé le chapitre puis l'ai encore recommencé car cela ne me plaisait pas. :( Je suis en train de relire la fic pour ne pas trop m'éparpiller et j'espère apporter quelque chose très vite. Merci pour ton soutien et ton intérêt ! :)
view post Posted: 15/6/2015, 13:44 Commentaires pour "le coffret" - Commentaires pour les Fanfictions
Merci, merci, merci Phambe ! :) Je suis très heureuse que tu apprécies cette fic qui est très chère à mon coeur, je dois te l'avouer. :)
view post Posted: 12/11/2014, 10:37 Commentaires pour " Lettre à Mizuki" - Commentaires pour les Fanfictions
Chère Nolwenn,

J'ai vraiment adoré cette délicieuse petite fic !!! :lv10:
Dans un sens, je ne suis pas étonnée que Terry écrive à Mizuki. Elle-même a d'ailleurs confié que Candy lui parlait parfois. :confus2:
J'aime beaucoup ce Terry rebelle que tu décris et qui se rebelle même contre son auteur car il ne comprend pas et refuse le destin qu'elle lui a attribué. J'aurais d'ailleurs aimé que tu précises comment il a découvert qu'il était une création de Mizuki car Suzanna semblait le savoir depuis longtemps contrairement à lui.
Mizuki reste toujours aussi énigmatique et mystérieuse, et les réponses qu'elle lui donne ne correspondent pas bien sûr à ses attentes jusqu'à ce qu'il bascule dans Final Story, cette fin qu'elle a écrite tout en omettant volontairement de combler les vides entre le terry coincé avec Suzanne et le terry libéré d'elle. Bien sûr qu'il ne peut échapper à son destin cette fois : retrouver Candy ! Et la fin que tu as trouvée est tout à fait celle qui convenait. Bravo !!!! :bravo1: :bravo1: :bravo1:
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