La silhouette de Terry, éclairée par la lueur diffuse d'un lampadaire à côté du piano, se distinguait discrètement dans l'obscurité de la pièce. Malgré les deux portes-fenêtres derrière lui, la lumière du jour parvenait difficilement à se frayer un chemin à travers les énormes nuages sombres qui s'étaient accumulés dans le ciel. La pluie criblait les vitres de grosses gouttes collantes qui glissaient avec lourdeur sur les carreaux, renforçant l'aspect fantomatique du paysage au dehors. Un éclair zébra soudain la noirceur et le tonnerre gronda, tout près. Pourtant aguerrie aux orages, Candy tressaillit au son du roulement grave si proche et pressa le pas. Le jeune homme leva la tête en l'apercevant et s'arrêta dans son élan.
- Pardonne-moi, je t'ai réveillée... - fit-il d'une voix douce.
La jeune femme secoua négativement la tête.
- Je l'étais déjà, rassure-t...
Elle s'interrompit, muette de saisissement devant le délicieux spectacle qu'il offrait à ses vertes prunelles. Vêtu d'un bas de pyjama qui soulignait harmonieusement son torse nu et musclé sur ses hanches minces, il l'observait innocemment, faisant fi d'ignorer son trouble.
Dieu qu'il était beau !...
Décidément, elle ne s'habituerait jamais à une telle perfection... Il lui sourit d'un air entendu tout en la détaillant à son tour de haut en bas. Une petite fossette creusait sa joue, le rendant d'autant plus irrésistible. Elle rougit, et pour dissimuler son embarras, s'assit prestement à côté de lui sur le banc en resserrant son peignoir autour d'elle. Elle sentait son regard scrutateur posé sur elle mais préférait cela à l'affrontement direct, surtout après ce
qu'ils... Elle ne voulait pas qu'il lise sur son visage toutes les pensées suggestives qui étaient en train de lui traverser l'esprit et frissonna nerveusement en enfouissant sa tête dans ses épaules.
Il lui prit alors les mains et les posa délicatement sur les touches du piano.
- Il est grand temps que nous reprenions cette leçon que nous avions commencée en Ecosse. Tu t'en souviens?...
Elle acquiesça en hochant vivement la tête. Elle se rappelait chaque minute de ce moment précieux qu'elle avait passé avec lui, de leurs rires et de leurs chamailleries qui se dispersaient en écho dans la salle de musique du manoir des Grandchester, de cette assommante improvisation qu'il avait réalisée pour elle et dont il égrainait les notes en les fredonnant d'un air moqueur. Elle se souvenait de la façon dont il l'avait regardée, si différente des autres fois, et avait compris que quelque chose d'extraordinaire était en train de se passer entre eux, quelque chose d'indescriptible mais de si merveilleux qu'elle s'était sentie légère, libérée d'un poids qui la poursuivait depuis un temps infini, et elle avait réalisé qu'elle était tombée follement amoureuse de lui... Dix ans s'étaient écoulés déjà depuis cela, mais l'émoi qu'elle avait ressenti ce jour là était resté le même, aussi vif et intense que celui qu'elle éprouvait à cet instant à côté de lui.
Les mains longues et fines de Terry recouvrirent les siennes. Leur chaleur apaisante la rassura. Elle se sentait si gauche et si stupide, lui qui savait tout faire et qui avait tous les talents au point de lui donner l'impression qu'elle savait jouer. En bon professeur, il guidait ses mains, lesquelles glissaient avec la souplesse d'une ballerine sur les touches d'ivoire jauni par le temps. Au diable les quelques couacs de maladresse ! Ses mains virevoltaient, sautillaient joyeusement comme un couple de roitelets sur une branche, sifflotant une mélodie singulière mais réjouissante. Elle se mit à pouffer puis à rire de bon cœur, délivrée de cette tension nerveuse qui l'avait envahie dès qu'elle l'avait rejoint. Il l'observait de son côté du coin de l'œil d'un air amusé, enchanté d'un tel enthousiasme. Il la trouvait adorable et éprouvait une folle envie de l'embrasser, de l'enlacer, de...
Soudain, un éclair déchira le ciel avec fracas faisant surgir dans une violente lumière l'univers qui les entourait, puis, tout aussi vite, la pièce retomba dans la pénombre avec, flottant dans l'air, le léger écho des vibrations des cordes du piano. Clignant des paupières, Candy découvrit avec surprise qu'elle s'était agrippée au biceps de Terry qu'elle tenait serré de toutes ses forces entre ses bras menus. Embarrassée, elle retira son étreinte, levant des yeux penauds vers lui. Elle ne discernait de son visage que des traits diffus, la lampe qui les éclairait n'ayant pas résisté au choc électrique. Mais elle devinait qu'il la regardait avec intensité et se sentit de nouveau envahie par cette pénible gêne qui s'intensifiait au fur et à mesure qu'elle sentait son souffle se faire plus proche. L'excitation de leurs étreintes disparue, elle rétablissait malgré elle cette perfide distance qui s'était instaurée entre eux dès le premier jour.
Si seulement il faisait le premier pas, se dit-elle.
Un autre éclair perça l'obscurité de la pièce et elle entrevit l'espace d'une seconde son regard sombre posé sur elle qui fit accélérer son pouls. Quel était donc ce mystérieux pouvoir qu'il avait sur elle, capable de la déstabiliser d'un battement de cils alors que sa vie toute entière démontrait sa capacité à tout affronter ? Intérieurement, elle connaissait la réponse, depuis ce jour à Saint-Paul où elle lui avait donné son cœur et libre accès à son âme, alors que lui, ne laissait échapper que quelques bribes dans les rares moments où il baissait furtivement la garde.
Comme tout à l'heure dans la chambre… Le ton moqueur de ce dernier la soutira brutalement de ses rêveries et lui confirma la lutte ardue qui l'attendait avant qu'il s'ouvre pleinement à elle.
- On dirait que vous avez peur des orages,
mademoiselle Taches de son ! – ricana-t-il - C'est étonnant pour une fille de la campagne !...
- Sache que je n'ai pas peur des orages ! J'ai été surprise, c'est tout ! – riposta-t-elle un brin agacée en le repoussant – Et cesse de m'appeler ainsi. J'aurais espéré que tu eusses perdu cette ridicule habitude !
Le bruissement de son peignoir lui indiqua qu'elle avait croisé les bras pour bouder et il ricana de plus belle, ce qui eut pour effet de l'irriter d'avantage. Comme elle persistait dans son silence, il se tourna vers elle et sur un ton enjôleur, cherchant de son index sa joue puis, descendant le long de son cou, il demanda :
- Tu es fâchée ?
Elle haussa les épaules en soupirant de lassitude.
- Tu sais bien que je suis incapable de l'être vraiment après toi…
- Cela me rassure… – gloussa-t-il en portant de soulagement une main à son coeur- J'aurais regretté que tu m'en veuilles pour une remarque aussi… anodine…
- Se moquer de mes taches de rousseur est loin d'être anodin pour moi ! Je te rappelle que ce surnom me poursuit depuis notre toute première rencontre !
Il lui prit la main et la porta à ses lèvres, la pressant très fort entre ses doigts.
- Soit… Je me suis comporté comme un idiot ce soir là, mais comme un idiot qui n'avait trouvé que ce subterfuge pour dissimuler l'émotion qui l'avait saisi en te voyant… D'ailleurs… – ajouta-t-il, abandonnant sa main et cherchant à tâtons son visage pour le rapprocher du sien – C'est ton joli nez parsemé de taches de rousseur qui m'a définitivement conquis…
A ces mots, il déposa un tendre baiser sur ledit ravissant appendice. Il la sentit fléchir, la raideur de ses membres s'amollir doucement, et un sourire entendu étirer sa jolie bouche qui lui murmura :
- Vous êtes un charmeur, monsieur Grandchester. Bien trop charmeur pour être honnête...
- Il est un peu tard pour m'en faire le reproche,
Tâches de son… - fit-il d'une voix devenue sourde. Elle émit un temps d'arrêt, interrogative, mais lorsqu'il passa ses doigts autour de sa nuque pour l'attirer à lui, elle n'eut plus aucun doute sur ses intentions. Il l'embrassa de nouveau, cette fois sur la bouche, langoureusement. Elle bascula en arrière de saisissement, moulinant l'air de ses bras en quête d'équilibre mais se détendit rapidement au contact de ses lèvres chaudes sur les siennes, qu'elle sentit soudain se retirer, glissant vers le lobe de son oreille, puis le long de sa gorge… Une sensation puissante qui ne lui était plus inconnue s'empara d'elle, précipitant les battements de son cœur.
-Terry… - gémit-elle tandis qu'il dévoilait son épaule pour y poursuivre la route de ses baisers. Sa main à lui se faufila à l'intérieur du peignoir, descendit ensuite le long de ses côtes jusqu'à rencontrer un peu plus bas la ceinture qui entourait sa taille. Il tira dessus et le nœud succinct qui la maintenait en place se desserra, libérant le lien qui tomba sur le tapis. Le peignoir, n'étant plus retenu, s'affaissa à son tour sur le banc dans un bruissement d'étoffe, la laissant nue devant lui. Bien qu'ils fussent assis et qu'elle ne put véritablement identifier ses traits, elle devina, à sa respiration frémissante, qu'il n'était pas insensible à ce qu'il découvrait.
- Qu'as-tu fait de moi, Candy ? – haleta-t-il en plaquant son front contre le sien – Pourquoi le simple fait de te toucher me rend-il si avide de toi ? Je brûle d'envie de caresser chaque parcelle de ta peau, de te couvrir de baisers, de… de m'enfouir en toi et d'y rester à jamais. Je… Je ne peux plus raisonner dès que je te tiens contre moi. Oh Candy, tu n'as pas idée du pouvoir que tu as sur moi !...
Au feu qui lui montait aux joues, il lui semblait, malgré l'obscurité de la pièce, qu'elle scintillait comme une luciole ! Elle ouvrit la bouche avec l'envie de lui dire qu'elle ressentait la même chose, que de drôles de pensées la traversaient elle aussi dès qu'elle posait ses yeux sur lui, sur ses mains, sur sa bouche parfaitement ourlée, sur ses yeux magnétiques qui la faisaient chanceler au moindre regard. Nul besoin de le toucher pour qu'un flot de pensées impudiques qui la surprenait encore et toujours, lui vienne à l'esprit et prenne le contrôle de sa chair rendue si vulnérable, dévorée d'une soif de lui que seules ses caresses pouvaient étancher.
- Je.. Je.. – balbutia-t-elle enfin en baissant la tête. Elle sentait sa poitrine si proche frôler ses cheveux, ainsi que le lent mouvement de sa respiration qui précipitait la sienne. Elle leva la main à la rencontre de cette peau douce, chaude, sous laquelle palpitaient les muscles qui modelaient son torse glabre aux volumes ronds et harmonieux. De la pulpe des doigts, elle en suivit la courbe et se mordit la lèvre inférieure de retenue, émerveillée, le cœur battant à tout rompre sous l'effet du sang qui bouillonnait dans ses veines. Elle secoua la tête pour retrouver de la contenance mais dut bien se résoudre à l'évidence ; la proximité de Terry était en train de la pousser indubitablement au déraisonnable et elle se surprit à en apprécier l'éventualité. L'avant-goût qu'elle en avait eu quelques heures auparavant à l'étage l'incitait à réitérer la délicieuse expérience. La barrière qu'elle s'était imposée était en train de céder. Elle ne pouvait plus reculer... et c'était, il faut bien l'avouer, la dernière chose qu'elle voulait faire...
Repoussant alors les dernières particules de résistance que sa bonne éducation lui avait inculquée, elle posa sa main sur son visage à lui, caressa du pouce l'arrête de sa mâchoire qu'elle sentit se crisper à son contact, puis après un instant d'hésitation, prenant appui sur son bras, elle se hissa à sa hauteur et l'attira à elle. Prudent, il ne réagit pas quand sa bouche se posa sur la sienne. Il voulait être certain de ne pas se tromper, que ce qu'il soupçonnait était bien ce qu'elle souhaitait. Mais quand ses lèvres se firent plus insistantes, que sa langue franchit la barrière de ses dents et vint effleurer la sienne, ses doutes s'évanouirent. Prenant alors son visage entre ses mains, il l'embrassa à son tour avec une douce violence, la rage du désir contenu décuplant ses ardeurs. Elle perdit l'équilibre, et bascula de l'étroit banc de piano sur lequel ils étaient assis, l'entraînant dans sa chute. Fort heureusement, un épais tapis sous leurs pieds amortit le choc. Ebranlée par la secousse, elle laissa échapper une exclamation de surprise qu'elle regretta aussi sec car il se redressa tel un ressort et d'une voix inquiète, lui demanda :
- Tu vas bien ? - demanda-t-il, à genoux à côté d'elle, la palpant de partout de crainte qu'elle se soit brisé un membre.
- O... Oui, rassure-toi, je n'ai rien. Je ne suis pas si fragile !... – fit-elle, déroutée par cette démonstration excessive d'inquiétude. Mais il persistait dans ses vérifications.
- Tu es sûre que tu n'as rien ?
Devant son insistance, elle se releva, et, passant ses bras autour de son cou, lui répondit, un soupçon d'agacement mêlé d'impatience dans la voix :
- Je vais bien mais... par pitié, Terry, cesse donc de parler !!!
Il resta un instant interdit face au ton à la fois ferme et suppliant qu'elle avait employé. Le message qu'elle lui adressait était sans équivoque.
Décidément, elle le surprendrait toujours...
Secoué d'un petit rire rauque, il pencha la tête vers elle, et un sourire éloquent au coin des lèvres, se hâta de la rassurer de ses caresses. Il avait les mains chaudes et elle était glacée. Il l'allongea sur le sol, glissa un genou entre ses jambes pour se frayer un passage et la recouvrit de son corps pour la réchauffer. Elle l'accueillit avec un soupir de satisfaction et l'enveloppa de ses bras. Elle n'avait plus froid.
La tête enfouie dans son cou, il se mit à baiser sa peau, son souffle chaud caressant son oreille, suivit la ligne de sa gorge jusqu'au creux à l'intersection des clavicules, et se mit à le titiller de sa langue. Comme sous l'effet d'une décharge électrique, elle resserra instinctivement ses cuisses autour de ses hanches, l'encerclant plus fort de ses bras, pressant ses doigts sur les muscles de son dos qu'elle sentait se contracter sur leur passage. Elle prenait le temps cette fois de sentir, de toucher chaque parcelle de ce corps qui l'émerveillait, se dessinant mentalement une carte de son anatomie, sur laquelle elle comptait situer, d'une croix imaginaire, chaque trésor qu'il recelait. Il s'écarta et son regard se posa sur sa poitrine sur laquelle jouait la pâle lumière du jour mourant. Il prit ses seins entre ses mains et se mit à les caresser, jouant avec leur souplesse jusqu'à ce que darde leur extrémité et que sa bouche gourmande s'abatte impitoyablement sur l'une d'elle. Elle poussa un cri étouffé et planta ses doigts dans ses cheveux, refermant, sous la pression de ses succions, le poing sur les mèches de son crâne.
La langue de Terry s'enroulait sur le mamelon durci, exécutait des cercles savants sur l'aréole dont les éminences, stimulées par ses soins, avaient doublé de volume. Elle posa sa main sur sa nuque, le pressant un peu plus contre elle. Elle sentait la chaude caresse de sa respiration sur sa chair frémissante. La douceur de ses lèvres charnues autour du téton attisait l'incendie qui était en train de naître dans son ventre et menaçait de se propager dans tout le bas de son corps.
Visiblement rassasiée, la prodigue bouche de son jeune amant quitta alors son sein pour descendre lentement le long de la courbe de son ventre qu'il se mit à baiser par touches, les mains refermées autour de sa taille fine. Il mordillait sa peau, tirant dessus délicatement, la décollant de sa chair, la goûtant de sa langue comme s'il la dégustait. Elle poussa un petit cri effarouché qui s'évanouit en soupirs quand elle le sentit descendre beaucoup plus bas, usant de ses larges épaules pour élargir l'espace entre ses cuisses. Un flot de pensées confuses l'agita alors. Elle se raidit, les yeux écarquillés de stupeur.
Non... Il ne va pas... Là !?...L'air frais qui caressait sa peau sensible la fit tressaillir, mais bien moins que lorsqu'elle sentit le souffle chaud de Terry sur ce qu'elle avait de plus intime...
Mon Dieu !...Rougissante de pudeur, elle voulut le retenir et esquissa un geste vers lui auquel elle renonça dans la seconde quand ses lèvres, avec une joyeuse concupiscence, plongèrent sur le bout de chair qui avait tant de pouvoir sur sa conscience et sur son corps. Elle gémit, s'arquant sous la violence du plaisir inouï qui s'empara immédiatement d'elle. Haletante, elle fixait désespérément les ombres des arbres au dehors qui se balançaient au plafond, passa une main crispée dans ses cheveux dans une ultime tentative de retrouver son calme. Décontenancée par la vive réaction de ses sens aux fougueux assauts de Terry, elle hoquetait, réalisant que l'impudeur de son geste était en train de la conduire à une vitesse foudroyante vers l'extase.
Un grondement sourd retentit dehors. Le tonnerre s'éloignait. Un dernier éclair traversa les profondeurs du ciel et illumina furtivement leurs ébats, lui permettant d'apercevoir, l'espace d'une seconde, les mèches brunes de Terry se mouvoir entre ses cuisses. Elle posa une main hésitante sur son crâne, ses doigts s'enfouissant dans ses cheveux et se surprit, sous la force du plaisir croissant, à les guider au rythme des mouvements de sa tête à lui. Avec un grognement rauque, il fit glisser ses mains sous ses hanches, les soulevant pour mieux la posséder. Sous l'effet de cette implacable exigence, elle se cambra en retour, laissant échapper une plainte qui se voulait un cri tant ce qu'elle était en train de ressentir l'étourdissait. Ce plaisir aussi vif que violent s'exerçait avec tant de force qu'elle ne pouvait plus ni penser ni bouger, si ce n'est s'abandonner, stupéfaite d'émerveillement, aux caresses expertes de cette langue qui aiguisait chaque particule de son corps, la consumant toute entière. Elle ferma les yeux.
Ouiiiiiiiii..... - gémit-elle languissamment, chaque muscle de son corps se crispant sous la tension extrême qui l'envahissait.
Il s'enfouit alors plus profondément en elle, expirant sur sa chair offerte, la suçant et la mordillant, tandis que sa voix à elle s'exhalait en plaintes langoureuses.
Haaaaaa !....Elle capitula, béate, happée dans le tourbillon qui l'entrainait, telle une paille légère, dans une chute vertigineuse où ses sens exacerbés prenaient possession de ce qu'il lui restait de conscience. Dans un long cri délirant, elle s'arcbouta, le corps secoué des spasmes de la délivrance, et s’affaissa privée de toute force. Terry, la joue appuyée contre son ventre, resta immobile, se contentant de lui caresser le bas des reins. Les yeux mi-clos, le souffle court, elle tenta de reprendre ses esprits, ses jambes tremblant des dernières convulsions de la jouissance. Peu à peu, elle émergea de sa délicieuse torpeur, songeuse.
Ce pouvait-il que cela soit si fort à chaque fois ? Qu'elle en oublie jusqu'au lieu où elle se trouvait, jusqu'à son propre nom ? En réponse, les mains de Terry commencèrent à remonter le long de sa taille, de ses côtes si étroites qu'elles pouvaient les ceindre sans effort. Le contact de sa peau nue entre ses jambes lui indiqua qu'il ne portait plus le pantalon de son pyjama et la raideur qui pointait sur son bas-ventre témoignait manifestement du vif intérêt qu'il lui portait.
Terry... - gémit-elle tandis qu'il approchait son visage du sien. Il écarta ses lèvres avec son pouce dont elle lécha la pulpe du bout de la langue, savourant ce goût à la fois salé et imprégné de la moiteur de leur deux corps. Sa bouche à lui, tendre et sensuelle, vint à la rencontre de la sienne et elle se laissa embrasser avec toute la fougue et la gratitude d'une amante comblée. Sa langue effectuait une danse lascive qui suscitait l'excitation du jeune homme lequel se redressa, hors d'haleine, et promena une main crispée sur sa nuque, sa gorge, sur son épaule à laquelle il s'agrippa quand, d'un mouvement de rein, il pénétra en elle. Ses poumons à lui se vidèrent, laissant échapper un soupir d'extase. Elle l'attira à elle, refermant ses bras graciles son torse qui s'appesantit contre sa poitrine , écrasant ses seins qui s'éveillèrent au contact de cette peau virile qui l'envoutait. Au plaisir violent qui les possédait, ils comprirent tous deux qu'il ne leur restait pas beaucoup de temps avant d'en atteindre le paroxysme. Avec un grognement sourd, il la souleva un peu plus contre lui, ramena ses cuisses contre ses flancs, enserra ses genoux de ses bras, et adapta ses mouvements au rythme des siens qui se montraient de plus en plus pressants, stimulant par leur impatience l'ardeur de leurs désirs. Rapidement, les balancements prirent de la vitesse, les soupirs conjugués aux plaintes inarticulées se répandirent dans toute la pièce, les muscles se crispèrent, les laissant comme statufiés durant quelques secondes jusqu'à ce que l'orgasme les emporte, les laissant agonisants, frappés du vertige de l'amour.
En effet, c'était toujours aussi fort...Délivrée de l’orage, la lampe à côté du piano se ralluma. Eblouie, Candy cligna des yeux, se protégeant avec la main de la lumière crue. Peu à peu, ses yeux s'habituèrent à cette clarté soudaine et croisèrent ceux de Terry qui se tenait au-dessus d'elle et qui la contemplait avec un étrange sourire.
- Alors, mademoiselle André, que pensez-vous de cette leçon de piano ? - gloussa-t-il en repoussant tendrement les boucles blondes qui lui cachaient son si joli visage.
Pour toute réponse, elle pouffa, portant la main à son front d'embarras et évitant son regard. Le sourcil froncé d'inquiétude, il lui prit la main, la forçant à le regarder. Devant sa mine désappointée, elle ne put retenir un petit rire.
- Qu'est-ce qui te fait rire comme cela ? - demanda-t-il, vexé. Il roula sur le côté et elle sentit la douce chaleur qui les avait enveloppés la quitter.
Il lui tournait le dos, les bras repliés contre sa poitrine. Troublée par sa vive réaction, elle posa une main sur son épaule, le secoua légèrement et le sentit se raidir sous ses doigts. Elle déglutit avec peine, contrariée. Elle l'avait blessé sans le vouloir et s'en mordit la lèvre, regrettant sa maladresse. Alors d'une voix tremblante d'émotion, le cœur battant de l'aveu qu'elle avait à lui faire, elle dit :
- J'ai ri bêtement, Terry, parce que...
Elle avait baissé timidement les yeux. Elle se sentait si ridicule à cause du scandale qu'elle lui avait fait dans la cabane.
- Parce que... -reprit-elle - me sont apparus tout à coup les visages horrifiés de la grand-tante Elroy et d'Elisa en me présentant devant elles en tant que... en tant que
Madame Terrence Graham Grandchester...Terry se retourna en sursautant, les yeux écarquillés de surprise, la mâchoire pendante comme si on lui avait donné un coup de massue. Il la scrutait d'un air soupçonneux, incapable de croire ce qu'il venait d'entendre.
Madame Terrence Graham Grandchester....Il avait bien souvent prononcé ces mots dans sa tête mais les entendre de sa bouche à elle le bouleversait. Il restait coi, incapable de prononcer un mot, dérouté par sa propre réaction. Elle lui sourit tendrement, et posant sa main sur sa joue, plongea un regard réel et sincère dans le sien.
- Oui, je le veux, Terry, je veux être ta femme. C'est ce que je souhaite plus que tout au monde... Et toi, veux-tu toujours de moi ?
Sa voix s'était faite toute craintive à cette question. Il frissonna, saisi d'émotion. Ce moment prenait enfin corps, ce moment chéri qu'il avait tant vécu en rêve ! Mais ce qu'il ressentait en cet instant dépassait tout ce qu'il avait pu imaginer. C'était irréel, tellement irréel que tout devenait flou autour de lui. C'étaient les larmes qui lui brouillaient la vue...
Un sanglot perfide s'étrangla dans sa gorge. Il ne voulait pas, il ne voulait pas lui montrer ses faiblesses !!! Mais quand il la sentit passer ses bras autour de son cou, il se laissa aller, la pressa violemment contre lui, et enfouissant sa tête dans le creux de son cou, il sanglota de bonheur...
Fin du chapitre 14...
Edited by Leia - 10/10/2014, 20:06