candycandy, candyterry, candycandyfinalstory, anohito
Forum candyneige.com

Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

« Older   Newer »
  Share  
Leia
view post Posted on 15/3/2013, 19:01 by: Leia
Avatar

Membre Actif >100 messages

Group:
Member
Posts:
326

Status:


Quand Candy revint dans la chambre de Patty, cette dernière l’attendait patiemment dans son lit. On lui avait apporté son repas mais elle n’y avait pas touché. Elle leva vers son amie des yeux empreints d’inquiétude et de reproche tandis que celle-ci s’asseyait à côté d’elle sur le bord du lit.

- Excuse-moi, Patty. Je crois que j’ai réagi de façon excessive… - fit Candy en posant sa main sur celle de la jeune malade en soupirant d’embarras.

Patty opina, esquissant une moue contrariée.

- Tu sais, – poursuivit Candy en baissant la tête, fixant les plis de sa robe – il m’a dit quelque chose qui m’a contrariée, quelque chose qu’il croit savoir de moi mais qui n’est pas vrai. Cela m’a beaucoup fait réfléchir. Dans d’autres circonstances, je m’en serais moquée mais je ne voudrais pas que toi aussi, tu penses cela de moi…

Patty avait penché la tête sur le côté et la regardait, intriguée.

- Il m’a dit que j’avais réagi de cette manière parce que je ne voulais pas que les choses changent pour toi, que je voulais pour mon confort te garder célibataire, disponible, afin que ça ne me renvoie pas à ma propre solitude. Mais il se trompe ! Oh Patty, crois moi, il se trompe !

Elle s’était tournée vers son amie et lui adressait un regard droit et franc qui ne cillait point.

- Je me fiche d’être seule, d’être celle qui assiste au mariage de ses amies alors que revient toujours la même question : « Pourquoi n’es-tu pas encore mariée ? ». Tu sais, je pourrais être l’unique célibataire de cette terre que cela n’aurait aucune importance pour moi. Ce qui m’importe, c’est ton bonheur, Patty. Je t’ai vue tellement souffrir pendant toutes ces années que je n’ai pu, je ne peux m’empêcher de me faire du souci pour toi et de me comporter comme une mère poule avec ses petits. Je n’aurais pas dû réagir ainsi, pardonne-moi…
- Candy… - répondit Patty avec douceur. Son regard avait changé, plein de bienveillance – Je comprends ce que tu ressens. Je pense que j’aurais réagi de la même façon si j’avais été à ta place. Depuis toujours, tu nous as protégées, Annie et moi, et cela nous arrangeait bien, je te l’avoue. Mais à présent, il faut que tu me fasses confiance. Je ne suis plus une petite fille. Et si par malheur, je devais me tromper sur Alessandro, enfin, sur le docteur Biazini, je n’aurais à m’en prendre qu’à moi-même. Je sais que la vie me réserve d’autres surprises, des bonnes et aussi des mauvaises. Mais je voudrais que tu me laisses grandir. Il n’en est que trop temps.
- Pardonne-moi, Patty, d’avoir été aussi intrusive dans ta vie. Je crois que j’ai un peu trop reporté mes propres craintes sur toi. Je vais faire des efforts et rester à ma place désormais : celle de l’amie sur laquelle tu peux compter et qui sera toujours là pour t’aider et te soutenir.
- Oh Candy, je ne me fais aucun souci pour cela ! Je sais très bien que tu es la meilleure amie que l’on puisse avoir. C’est bien pour cela que tu es si excessive. C’est parce que tu prends ton rôle trop à cœur.
- Que veux-tu, on ne se refait pas ! – gloussa-t-elle en haussant les épaules.

Patty acquiesça en roulant des yeux. Puis elle saisit la main de Candy et lui demanda, emportée par la curiosité :

- Mais dis moi, comment est-il parvenu à te faire changer d’avis ???
- Il a eu un discours, disons… percutant !... Il s’est brillamment défendu. Il a été honnête avec moi, sans détour. Et c’est ce que j’ai apprécié chez lui. Je crois qu’il mérite que je lui laisse une chance…
- Tu sais, Candy… - murmura Patty d’une voix que la pudeur rendait timide – je n’avais pas ressenti cela pour quelqu’un depuis, depuis…
- Oui, je vois ce que tu veux dire…
- Si tu savais le bien que cela fait de sentir de nouveau battre son cœur pour quelqu’un ! Je croyais que je n’en serais plus jamais capable.

La jeune blonde répondit par un sourire complice. Elle aussi avait cru que cela ne lui arriverait plus jamais après la mort d’Anthony. Cela avait été un amour d’enfance si pur, si parfait, qui lui avait apporté tant de bonheur, qu’elle n’aurait jamais pensé qu’il soit possible de pouvoir ressentir quelque chose d’aussi fort pour quelqu’un d’autre. Mais quand elle avait réalisé ce qu’elle éprouvait pour Terry, la puissance de ses propres sentiments l’avait affolée. Cela lui avait fait l’effet d’un tremblement de terre, une secousse violente qui pénétrait tout son être, et qui l’avait laissée assommée, incapable de trouver les mots pour décrire l’ampleur de ses émotions. Cela l’avait ramenée à la vie. Le voile gris du chagrin qui l’avait recouverte s’était déchiré, révélant une lumière, des couleurs qu’elle avait oubliées et qui l’avaient surprise par leur intensité. Elle s’était trouvée dans un état de grâce, identique à celui dans lequel à présent était plongée Patty, et elle se sentit émue de voir les yeux de cette dernière briller du même éclat que le sien à ce moment là.

- Je suis heureuse de te voir aussi radieuse, Patty. Même si c’est pour cet irrésistible beau parleur…

Et devant le regard réprobateur de son amie, elle s’empressa d’ajouter :

- Qui a eu la délicatesse de me demander l’autorisation de… de te faire la cour !
- Tu plaisantes ??? Il t’a demandé ça ??? – s’écria Patty en se sursautant dans son lit, comme si elle s’était assise sur un porc-épic.
- En effet…
- Et qu’as-tu dit ?
- Crois-tu qu’il est de ceux auxquels on refuse quelque chose ?

Patty répondit par la négative avec une moue espiègle. Ses joues avaient rosi et un sourire de soulagement fendit son doux visage.

- Je lui ai néanmoins précisé qu’il avait intérêt à bien se comporter sinon il aurait à faire le rude apprentissage de mon lasso…
- Il ne t’a pas crue !
- Evidemment non. Il s’est gaussé comme un beau diable…
- Aïe, aïe, aïe ! Il n’aurait pas dû te provoquer…
- Je l’ai laissé baigner dans son ignorance, me délectant de la pensée de le voir un jour ficelé et pendu à un arbre comme un joli porcelet.
- Quel inconscient !... – gémit Patty en secouant la tête. Elle se retenait péniblement de rire.
- D’ailleurs, en parlant de cochon, n’est-ce pas du rôti de porc aux herbes qui attend dans ton assiette? - demanda Candy, dont le ventre la rappelait à l’ordre. Elle fixait le plat avec avidité.
- C’est ce qu’il me semble…
- Et tu n’y as pas touché ??? – s’écria-t-elle scandalisée, les yeux écarquillés d’étonnement.

Son estomac continuait à gargouiller, laissant échapper des cris affamés impatients d’être rassasiés.

- Je n’avais pas très faim… - fit Patty en approchant cruellement l’assiette vers Candy qui salivait d’envie.
- Et à présent ???
- L’appétit m’est revenu…
- A la bonne heure ! Je meurs de faim moi aussi !!!
- Le contraire m’aurait étonnée…
- Tu peux rire de mon estomac mais n’oublie pas que toi aussi tu dois reprendre des forces si tu veux aller danser avec le bel Alessandro…

Elle avait prononcé son nom en roucoulant, ses sourcils s’arquant en un mouvement répétitif, un sourire béat aux lèvres.

- Oh !!! – s’écria Patty en lui jetant sa serviette à la figure – Au lieu de te moquer de moi, tu ferais mieux d’aller te renseigner auprès de l’aide-soignante s’il lui reste un plateau pour toi. Ce serait dommage que tu sois obligée de me regarder manger…
- Ah non, ils ne peuvent pas me faire ça ! Je suis à la limite de l’inanition !!! – s’écria-t-elle en disparaissant comme un éclair dans le couloir.

Riant intérieurement, Patty planta d’une main allègre sa fourchette dans un morceau de rôti et le porta à sa bouche. Le plat avait refroidi mais il n’empêcha pas les papilles de sa langue de s’exciter immédiatement au contact de la chair onctueuse et savoureuse. Sans effort, elle reprit une nouvelle bouchée. Ce délice gustatif la laissait en émoi. Ce pays avait manifestement bien des qualités et elle se dit en rosissant, que si un peuple était capable d’une cuisine aussi savoureuse, il devait être très prometteur dans bien d’autres domaines… Les joues en feu, stupéfiée par la suggestivité de ce qui venait de lui traverser l’esprit, elle accueillit avec soulagement le retour de Candy, qui portait fièrement à bout de bras son repas, visiblement très satisfaite d’elle-même. Cette dernière vint s’installer sur la table à côté d’elle et se saisit de ses couverts en soupirant d’aise.

- Hummm, que c’est bon ! – s’écria-t-elle, la bouche pleine – Ces italiens sont vraiment doués pour la cuisine, tu ne crois pas ?

A ces mots, Patty manqua de s’étouffer et partit dans un éclat de rire tonitruant qui laissa interdite la jeune affamée assise à côté d’elle. Sa cicatrice se réveilla alors et elle grimaça de douleur, toujours secouée d’un rire nerveux.

- Mais qu’est-ce que j’ai dit ??? – fit Candy, ahurie, bien loin de se douter de ce qui faisait tant rire son amie. Au bout de quelques minutes, cette dernière parvint à se calmer, et lui dit, en reprenant son souffle, épuisée :
- Ne change jamais, Candy ! Surtout, reste comme tu es !...

Et devant l’air perplexe qu’elle lui adressa en retour, elle repartit de plus belle dans un fou rire incontrôlable, priant pour qu’un répit lui soit accordée avant qu’on ne soit obligé de recoudre sa cicatrice tant elle hoquetait. Avec un peu de chance, ce serait le beau docteur Biazini qui s’en chargerait, et elle rougit comme une fraise à cette évocation…

**********



Vêtu de propre, rasé de près et les cheveux encore humides, Terry poussa la porte de la cuisine. Il n’y avait personne mais une assiette de soupe minestrone l’attendait sur la table. Il se doutait que, vu les circonstances, la pauvre Rosa n’avait pas souhaité l’attendre et qu’elle avait fui le plus loin possible du satyre qu’il devait représenter à ses yeux. Il se mit à rire en repensant à ce qui venait de se passer et espéra qu’il ne l’avait pas trop choquée en lui apparaissant dans le plus simple appareil. De toute manière, il ne pouvait revenir en arrière. Cela avait été une première rencontre peu ordinaire et très embarrassante pour tous les deux, et il se promit de tout faire pour la mettre en confiance.

Toutes ces émotions lui avaient rouvert l’appétit et il engloutit la soupe en quelques secondes. Il se coupa un morceau de fromage qu’il mangea avec un peu de pain, pour terminer par un verre de vin rouge qu’il bût sans précipitation, savourant chaque gorgée. L’horloge comtoise égraina à ce moment là trois coups et il se redressa sur sa chaise. Il était temps qu’il aille rejoindre la troupe. Il s’était comporté en diva une bonne partie de la journée mais il se devait à présent de redevenir professionnel. Il savait qu’on comptait sur lui et il ne voulait pas les décevoir. Sidney lui avait donné l’adresse de l’hôtel où ils logeaient et il se mit en route pour les retrouver.

L’hôtel se trouvait dans la vieille ville, du côté de la piazza Nicolo, pas très loin des arènes. Muni d’un plan, il essayait tant bien que mal de trouver son chemin dans les dédalles de ruelles : via Pigna, Garibaldi, Rosa, Corso, la place Erbe, puis la via Capello, qu’il devait quitter à une intersection pour aller vers la piazza Nicolo. Mais alors qu’il descendait la via Capello, une drôle d'agitation devant lui l’interpella. Il s’approcha et découvrit un étrange cérémonial qui se déroulait au fond d’une petite rue, dans une cour pavée, ceinte de murs recouverts de lierre, éclairés en partie par le soleil. Etrangement, il se sentit attiré comme un aimant et avança. Il n’avait jamais vu ce lieu mais il le reconnaissait. Il y était venu tant de fois en rêve. Et quand il leva les yeux sur l’écriteau au dessus du seuil de la maison devant laquelle il se trouvait, les battements de son cœur s’accélérèrent et il tressaillit d’émotion…

Fin de la troisième partie du chapitre 9



Edited by Leia - 18/3/2013, 17:59
 
Top
59 replies since 22/11/2011, 18:57   34650 views
  Share