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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 26/4/2013, 22:53 by: Leia
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Le bruit de pneus crissant sur le goudron suivi immédiatement d’un coup de klaxon prolongé et strident tirèrent violemment Candy de sa distraction. Emergeant de sa torpeur, elle réalisa qu’elle se trouvait au beau milieu de la rue et posa un regard hébété sur le chauffeur de l’automobile qui l’assommait d’injures. Penaude, elle se hâta de rejoindre le trottoir puis s’adossa contre un mur, un peu à l’écart dans une ruelle, pour tâcher de se calmer. Depuis quelques minutes, elle était incapable de toute pensée rationnelle. Un seul nom hantait son esprit, celui qui lui avait fait quitter précipitamment le club de Juliette après qu’elle eût compris qu’il était l’auteur de la lettre qui avait tant émue Isabella.

- Terry, Terry est ici ! – se disait-elle sans parvenir à y croire – Terry est à Vérone !!!

La tête en appui contre le mur, elle essaya de respirer profondément pour ralentir les battements de son cœur qui manquait d’exploser dans sa poitrine. En vain… Elle était dans un tel état d’excitation qu’elle perdait toute maîtrise de ses pensées et de son corps. Comment pourrait-il en être autrement alors que les paroles éloquentes de Terry lui revenaient constamment en mémoire, aussi exactement que si elle tenait la lettre entre ses mains ?

« Chère Juliette,

Comme il est étrange pour moi d’être là devant toi et de t’écrire ces mots. Nous nous connaissons si bien pourtant et depuis si longtemps. Je me rappelle de notre première à Broadway. J’étais si intimidé, si paralysé par le trac que j’avais l’impression que rien ne pourrait sortir de ma bouche, et puis soudain, comme par magie, toute cette angoisse, toute cette oppression s’était envolée car je te savais avec moi, Juliette, mon amie, rassurante, si proche que je pouvais, même sans te voir, sentir que tu me frôlais.

Te souviens-tu de notre première rencontre ? Je venais d’avoir quatorze ans et j’étais allé voir en cachette ma mère qui jouait à Londres. Elle m’avait offert ce recueil des œuvres de ton créateur, William Shakespeare, et c’est ainsi que j’avais fait ta connaissance. Je t’avais immédiatement trouvée fascinante. Tu avais presque le même âge que moi, tu sortais tout juste de l’enfance et cependant, cet amour, cette passion folle, violente et aveugle qui t’animait pour ce garçon, ce Roméo, me subjuguait. Je me demandais comment on pouvait être aussi jeune et éprouver avec une telle intensité ces sentiments, sentiments que je ne destinais qu’aux autres, convaincu que j’étais de ne jamais pouvoir ressentir la même chose. Et pourtant… Qui m’aurait dit alors qu’un soir de Saint-Sylvestre, j’allais être étreint moi aussi par cette émotion divine qui allait bouleverser toute mon existence ?... Oh, si tu l’avais vue, Juliette, dans sa robe de soie crème et son ravissant ruban qui retenait ses longues boucles blondes, tu aurais été toi aussi éblouie par sa beauté et par la grâce touchante qui émanait d’elle ! J’étais si troublé que pour ne pas me trahir, je me comportai comme un mufle et ironisai sur les tâches de rousseur qui parsemaient son petit nez. Loin d’être intimidée, elle riposta immédiatement, le nez plissé de colère et les yeux, d’un vert profond, magnétiques, qui me toisaient avec aplomb. Elle m’affrontait sans ciller, et me renvoyait toute mon arrogance au visage, me tançant vertement comme s’il eût agit d’un galopin. Je la trouvai en retour exquise, exceptionnelle, et tombai à jamais fou amoureux d’elle...

Dès ce jour, chaque fois que je la croisais, mon cœur s’emballait, mes jambes flageolaient sans pouvoir les contrôler. J’avais si peur que cela se voit ! Alors, je redoublais de goujaterie pour qu’elle ne se doute pas de mes sentiments. Elle occupait sans cesse mes pensées. Je voulais être près d’elle, entendre sa voix, ses rires. Malheureusement, elle restait à distance de l’antipathique personnage que je lui inspirais…

Mais parfois, quand deux destins sont voués à se rencontrer, il n’est pas d’écueil infranchissable… Ainsi, peu à peu, nous apprîmes à nous connaître et elle à m’apprécier… C’était la première fois que je me sentais en confiance avec quelqu’un au point d’esquisser quelques gestes de tendresse vers elle qu’elle accueillait en baissant les yeux, rougissante. J’aimais la voir ainsi baisser la garde, ce qui me laissait le fol espoir qu’elle pût éprouver des sentiments réciproques…

Je me souviens de cette fin d’après-midi en Ecosse où un orage nous avait surpris et nous avait contraints à rentrer nous protéger au manoir. Je l’observais, agenouillée devant l’âtre de la cheminée, vêtue de la robe de chambre de ma mère, essayant de réchauffer ses membres engourdis par la pluie glacée. Nous étions seuls dans cette grande maison, au milieu d’un profond silence que nous n’osions briser de peur de rompre le charme. Assis à côté d’elle, je regardais les flammes se refléter dans ses yeux d’un vert singulier, pénétrant, qui, lorsqu’ils se posaient sur moi, me faisaient oublier jusqu’à mon nom, tandis que ses jolies lèvres, pulpeuses, s’arrondissaient en s’adressant à moi. Elle était si belle et si fragile, que je souhaitais ardemment la tenir entre mes bras, la serrer tout contre moi, passer mes doigts dans ses cheveux et humer la douce odeur de sa peau. Malgré l’envie irrésistible qui me tenaillait, je n’ai pas eu le courage de l’embrasser. Je craignais trop sa réaction, dont je fis quelques jours plus tard l’expérience, au bord du lac, quand je puisais enfin l’audace de poser mes lèvres sur les siennes. La gifle qu’elle m’administra en retour reste encore douloureusement ancrée dans ma mémoire, sans altérer néanmoins l’inoubliable souvenir de ce moment magique, qui me confirma qu’elle m’aimait aussi. L’espace d’un instant, je l’avais tenue entre mes bras, et avais été assuré qu’elle ne me mentait pas… »


- Oh Terry, par excès d’orgueil, je n’ai pas voulu te l’avouer sur le moment, mais ce baiser fut pour moi un des évènements les plus merveilleux de mon existence… - se dit Candy, un sourire nostalgique au coin des lèvres – Je n’ai pas oublié… Non, je n’ai pas oublié ce délicieux contact de tes lèvres sur les miennes. Il suffit que je ferme les yeux et les quelques minutes passées contre toi ravivent en moi des émotions extraordinaires, que j’ai chéries tout au long de ces années loin de toi. C’était mon premier baiser, Terry… Quel bonheur de l’avoir reçu de toi !…

Toute à ses pensées, elle reprit sa route, d’un pas encore plus déterminé.

« Malheureusement, un tel bonheur ne pouvait pas durer et du fait des agissements malhonnêtes d’une diabolique personne, nos destins furent séparés. La mort dans l’âme, je quittai l’Angleterre pour l’Amérique, sans savoir si je la reverrai un jour. Dès mon arrivée, je rendis tout d’abord visite à ces deux personnes dont elle m’avait si souvent parlées et qui l’avaient éduquée. D’une main fébrile, je toquai à la porte qui s’entrouvrit sur une vieille dame, chaussée de lunettes épaisses, qui me regarda avec bienveillance. Mon cœur fit un bond en la découvrant ainsi que sa collègue, une religieuse très dévouée. J’avais l’impression de les connaître depuis toujours. Elle m’avait tellement parlé d’elles que leur voix et leur visage me semblaient familiers. Et quand je leur dis que j’étais dans le même collège que leur fille, elles m’accueillirent avec tant de chaleur, que je sus immédiatement qu’elles m’avaient adopté et qu’elles avaient aussi compris combien j’étais amoureux d’elle. Plus tard, avant de repartir, j’allai me recueillir sur sa colline, cette colline que lui rappelait tant celle du collège Saint-Paul où nous avions l’habitude de nous retrouver. Je restai là, immobile, sous la neige qui tombait à gros flocons et pensai à elle, longuement. Je voulais graver dans ma mémoire ces lieux où elle avait grandi, et qui avaient fait d’elle l’être admirable qu’elle était, plein de compassion et de dévouement pour les autres, bon et généreux, mais aussi combatif et courageux. Ah, Juliette, la connaître c’était recevoir une grande leçon de vie !... »

- Les larmes me brouillent les yeux quand je repense à ce moment, Terry… On distinguait encore les traces de tes pas dans la neige quand je suis arrivée au sommet de la colline. A travers le vent qui me cinglait le visage, j’ai crié à plusieurs reprises ton nom, sans grand espoir, car je devinais que tu étais déjà bien loin. Tu étais si proche et si loin à la fois ! Quelques minutes seulement nous séparaient ! Oh Terry !... La tasse de thé que tu avais tenue entre tes mains était encore tiède !… Je l’ai gardée longuement entre les miennes pour conserver le plus longtemps possible ta chaleur entre mes doigts, pour te garder encore un peu avec moi…

« Peu de temps après, j’étais engagé dans la compagnie Stratford et je me lançai à corps perdu dans le théâtre. J’étais libre de satisfaire ma passion, passion qu’elle m’avait encouragée à cultiver quand je lui en avais fait part, lors d’une de nos longues conversations au bord du lac, en Ecosse. Elle croyait si fort en moi ! C’était pour elle une évidence et je voulais tant lui prouver qu’elle ne s’était pas trompée. J’y mettais donc tout mon cœur et toute mon âme pour avoir l’impression, pendant quelques heures, de la faire venir à moi. Mais un jour, contre toute attente, le rêve rejoignit la réalité, et le destin de nouveau nous réunit … Je me revois encore, le cœur battant à tout rompre, tenant fermement la poignée de la porte de ce train tandis qu’elle courait derrière lui dans son ravissant uniforme d’infirmière. Elle était là en Amérique alors que je la croyais toujours en Angleterre ! Il n’y avait plus d’océan entre nous ! Nous allions enfin pouvoir nous retrouver !!! Je croisai son regard à travers lequel je décelai la joie qui l’habitait, identique à la mienne. J’avais tant de choses à lui dire, tant de choses que la distance m’empêchait de partager avec elle. Quelle torture ce fut de la voir si près de moi mais de ne pas pouvoir la toucher, ni la serrer dans mes bras !...

Je me rattrapai très vite en lui envoyant un billet pour la première de Roméo et Juliette qui avait lieu à New-York. J’y avais inclus un billet de train en aller-simple car je voulais la retenir près de moi, ne plus la laisser repartir. Mais encore une fois, le sort voulut, de sa main perfide, mettre un terme à cet illusoire espoir, avec cet événement tragique : l’accident de Suzanne, cette jeune comédienne, qui en me sauvant la vie, avait perdu l’usage de sa jambe. Rongé par la culpabilité, contraint de me soumettre aux exigences de cette écrasante responsabilité, je me trouvai dans l’horrible situation de devoir renoncer à Elle alors que mon cœur et mon âme s’y refusaient. La quitter pour me dévouer à quelqu’un que je n’aimerais jamais m’était insupportable !!! Et quand elle vint me rejoindre à New-York, je ne pus trouver le courage de lui dire la vérité. Les mots butaient contre mes lèvres et ne parvenaient pas à sortir. Elle était là, enfin, devant moi, d’une beauté irréelle, et je n’osai faire un geste vers elle, car j’en avais perdu le droit ! Comment décrire avec des mots toute l’horreur et le dégoût de moi-même qui s’emparèrent de moi quand je la découvris sur le toit de cet hôpital, auprès de Suzanne qui avait tenté de mettre fin à ses jours ?... J’avais tellement honte de moi, honte de devoir lui faire affronter cela… Alors que je ramenais Suzanne à sa chambre, le poids si léger qu’elle représentait me paraissait de plomb. Titubant, je croisai SON regard atterré mais si lucide que je compris que tout était fini… Pour mon salut, elle venait de faire ce dont j’avais été incapable : ce choix douloureux, cet impossible choix de sacrifier ce bonheur que nous venions tout juste de toucher du doigt. Je voulais hurler mon désespoir, l’empêcher de partir, je ne voulais pas qu’elle disparaisse à jamais de ma vie ! Quelle cruauté, quelle ignominie de se séparer ainsi, sur les marches de l’hôpital Jacob, sur lesquelles brillaient encore nos larmes versées !... Oh, Juliette, il n’y eut pas pire supplice que de devoir écarter mes mains de sa taille et de la laisser partir… Peut-être aurait-il mieux valu ne jamais nous rencontrer puisque nous étions voués à nous séparer…»


- Oh non, Terry, il ne faut pas dire cela… Malgré toutes ces années loin de toi, je n’ai jamais regretté de t’avoir connu. J’ai tellement appris de toi. Tu m’as ramenée à la vie alors que je n’aurais jamais cru possible de pouvoir me remettre de la mort d’Anthony. Pendant que tout le monde me ménageait, tu ne t’es pas laissé aller à la pitié, tu m’as confrontée à mes démons et poussée à réagir. Sans toi, j’en serais peut-être encore à pleurer sur mon sort. Terry, si j’ai pu vivre tout ce temps loin de toi, c’est bien parce-que je ne voulais pas te décevoir, parce-que je m’étais promis de lutter, en souvenir de tout ce qui nous liait. C’était notre pacte, te rappelles-tu ? Notre promesse commune de ne pas flancher et de tout faire pour avoir une vie heureuse… Tout faire, oui, pour continuer à avancer, sans toi… Bien des fois, j’ai failli me laisser aller, bien des fois j’ai failli abandonner, mais je repensais alors à toi, et je te revoyais dans ce misérable théâtre ambulant, où, ivre mort, tu ne parvenais même plus à réciter deux vers à la suite. Mon cœur se serre à cette évocation tant ce spectacle était désolant et douloureux à regarder. Je savais que j’en étais la cause, et je voulais me jeter dans tes bras, te rassurer, te dire combien je t’aimais. Mais je ne le pouvais pas car je savais qu’à un moment ou un autre tu devrais revenir vers Suzanne pour prendre soin d’elle et qu’il n’y avait pas de place pour moi dans ta vie… Et puis, tout d’un coup, tu t’es ressaisi et j’ai su que tu ne te laisserais plus aller au désespoir, que tu tiendrais toi aussi ta promesse. Et j’ai tenu la mienne jusqu’à aujourd’hui …

Le vieux Vérone ne lui avait jamais paru aussi long ni aussi tortueux. Il lui semblait qu’elle errait dans un labyrinthe sans fin. L’esprit troublé, elle ne reconnaissait plus rien tout à coup, alors que cela faisait des jours qu’elle se déplaçait dans ces rues. Mais le soudain tintement des cloches de l’église San Nicolo lui confirma qu’elle était sur le bon chemin…

« Pendant toutes ces longues années, Juliette, tu m’as accompagné, fidèle et loyale. Pourtant, je peux bien te l’avouer à présent, bien que je soupçonne que tu l’aies toujours su : que ces vers d’amour que je te déclamais sur scène ne s’adressaient pas à toi, mais à Elle et Elle seule. C’était ma manière à moi de chasser ce chagrin qui m’habitait, cette douleur de ne pas être auprès d’elle. J’aurais tant aimé pouvoir l’oublier mais son souvenir restait ancré dans ma chair, à la fois obsédant et réconfortant.

Après le décès de Suzanne, je crus que ma vie allait changer, mais c’était sans compter toutes ces années emprisonné dans cette tour de verre, où j’étais resté le spectateur de cette existence que je honnissais. J’éprouvais beaucoup de difficultés à revenir à la réalité. J’avais l’impression d’émerger d’une sombre cellule et d’être aveuglé par la lumière du jour. J’étais libre mais encore prisonnier dans ma tête…

Je voulais lui écrire, lui dire que je l’aimais toujours, que rien n’avait changé pour moi. Maintes fois, je noircis du papier et maintes fois, je le froissais et jetais à la corbeille. J’avais si peur qu’elle me rejette que je laissai plus d’un an s’écouler. Et puis, tout récemment, elle réapparut, si brièvement que je dus traverser l’océan pour la rejoindre. Mais alors que je retrouvais sa trace, j’eus la détestable surprise d’apprendre qu’elle était jeune mariée !!! Tous mes espoirs, tous mes rêves, s’écroulèrent en un instant. Ce fut comme une deuxième mort pour moi. J’étais déjà qu’une enveloppe esseulée depuis notre séparation à New-York, je devenais à présent un spectre errant dans les rues de Venise.

Oh Juliette, si j’avais eu du courage, si je n’avais pas eu peur de lui écrire, ma lettre serait certainement arrivée avant qu’elle rencontre cet homme, cet homme dont j’aurais dû occuper la place, cet homme que je maudis pour tout ce qu’un époux peut partager avec elle !…

J’ai si souvent manqué de bravoure quand il s’agissait d’elle ! J’en accepte à présent le châtiment. Qu’aurait-elle pu attendre d’un pleutre comme moi ? Je ne suis qu’un être misérable, indigne de l’amour qu’elle m’a porté. Je mérite son rejet, son oubli et son indifférence.

C’est pourquoi je te demande ton aide, Juliette, parce que je ne sais pas comment je pourrai jouer après-demain sans avoir envie de planter dans mon cœur ce poignard que tu réserves au tien. Je te fais cette requête comme il serait d’une bouteille jetée à la mer, avec l’hypothétique espoir que tu puisses m’entendre. Je veux bien croire, ne serait-ce qu’un instant, que dans toute cette tragédie pourrait surgir une lumière qui éclairerait mes pas et m’accorderait un peu de répit. Je suis à bout de force, Juliette, je t’en prie, aide-moi…

Terrence »


Un silence de mort avait étendu son voile morbide dans la pièce. Personne n’osait prononcer un mot. Ce fut Donatella qui avait fini par y mettre un terme en s’adressant à Candy, statufiée sur sa chaise, les poings serrés sur ses genoux, le visage vidé de son sang.

- Candy… Serait-ce de toi dont il s’agit ? Tu nous as bien dit que tu étais infirmière, non ? Roméo et Juliette à New-York … C’est bien votre histoire qu’évoque ce jeune-homme…
- En tout cas, tu ne nous avais pas dit que tu étais mariée ! – avait ajouté Maria, sur un ton de reproche, tout en se mordant immédiatement la lèvre de contrition devant les yeux réprobateurs que lui lançait Isabella.

Candy s’était immédiatement levée et avait répondu, la voix tremblante :

- Je… Je ne suis pas mariée ! Je ne l’ai jamais été ! Mon dieu, il croit que… il croit que !...

Elle s’était laissée choir sur sa chaise et avait éclaté en sanglots en secouant la tête.

- Je ne comprends pas – avait-elle bredouillé, le visage au creux de ses mains – Je ne comprends pas ce qui peut lui faire croire cela !...
- ça, ma fille, il n’y a qu’un moyen pour le savoir – avait lancé Francesca – Il te faut aller à sa rencontre et le lui demander !

Candy avait relevé la tête avec étonnement. L’incompréhension se reflétait dans son regard brouillé de larmes.

- Mais je n’ai aucune idée de l’endroit où il se trouve !!!
- Avons-nous lu la même lettre Candy ??? – avait rétorqué Isabella en brandissant les billets pour la pièce de théâtre – N’y dit-il pas qu’il doit jouer demain ?
- Et que joue-t-on demain ? – avait renchéri Donatella, avec un petit sourire ironique.
- Roméo et Juliette… - avait murmuré Candy, confuse. Comment leur expliquer que depuis quelques minutes, sous le coup de l’émotion, elle avait cessé d’écouter ce que lisait Isabella, assaillie d’une multitude de pensées qui la traversait. Une seule dominait néanmoins les autres : Terry était en ville, Terry était à Vérone !!!
- Que fais-tu encore ici, tête de linotte ??? – s’était alors écriée Maria, agitée de la plus vive impatience – Pourquoi n’es-tu pas déjà aux Arènes ???
- Mais oui, Candy !!! Dépêche-toi !!! – avait ajouté Francesca, à la limite de l’hystérie – Vite !!!

Candy s’était relevée en opinant, séchant d’un geste vif les dernières larmes qui baignaient son joli visage. Au moment de passer le seuil de la porte, elle s’était retournée vers ses amies qui la regardaient avec attendrissement et une certaine excitation.

- N’aie aucune crainte, Candy – lui avait soufflé Isabella qui devinait son angoisse – Tout va très bien se passer… L’amour est plus fort que tout ! Et il t’aime, ce garçon, il t’aime à la folie !!! Cours, Candy, cours !!!

Le cœur battant, le souffle court, Candy avait donc marché, couru à travers les rues du vieux Vérone, sans vraiment réaliser où elle allait. Et quand elle déboucha enfin sur la place Bra au milieu de laquelle se dressaient les antiques Arènes, elle se demanda si ce qu’elle était en train de vivre n’était pas un rêve. Il y avait foule en cette heure et elle ne put s’empêcher, alors qu’elle contournait l’édifice, de rechercher le visage de Terry parmi les personnes attablées aux nombreuses terrasses de café qui ceinturaient le lieu. Des dizaines de fois elle crut l’apercevoir, et des dizaines de fois il n’en fut rien. Désappointée, elle se dirigea vers une des entrées de l’amphithéâtre. La gorge sèche, assourdie par les battements de son cœur qui martelaient ses tympans, elle poussa la grande porte entrouverte et pénétra dans l’hémicycle. La scène se trouvait tout près d’elle et elle pouvait distinguer aisément les comédiens en train de répéter. Vacillante, au bord de l’évanouissement, elle fit quelques pas en avant. La plupart des personnes autour d’elle étaient de dos et regardaient le spectacle. Terry était certainement parmi elles, il allait se retourner et l’apercevoir !

Ce fut une voix grave et autoritaire qui la ramena violemment sur terre…

- Je peux vous aider, mademoiselle ? – lui demanda un petit bonhomme ventripotent au crâne bien dégarni. Il l’observait avec de grands yeux scrutateurs et elle balbutia, d’une voix tremblante :
- Je cherche Terrence… Terrence Graham… Granchester… Enfin, je cherche Terry…
- Terry ? – fit Sidney Wilde en devinant immédiatement à qui il avait affaire, un sourire réjoui se dessinant sur ses lèvres replètes – Terry est à votre recherche ma tendre enfant. Vous venez tout juste de le manquer !…

Fin du chapitre 10



Edited by Leia - 26/4/2016, 17:10
 
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