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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 17/5/2013, 21:29 by: Leia
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Parvenue au croisement entre la rue Rosa et le cours Sainte Anastasia, Candy s'arrêta un instant pour faire une pause . Il lui fallait encore traverser la place delle Erbe, s'engager dans son prolongement dans la rue Capello puis tourner quelques mètres plus loin à droite dans la rue Saint André, et elle serait enfin arrivée au Club. Cela correspondait à une centaine de mètres tout au plus, mais épuisée comme elle était, cela revenait pour elle à franchir le mont Everest ! Reprenant son souffle, elle s’assit sur une borne en pierre devant le palais baroque Maffei, indifférente à la beauté de l’édifice qui la dominait de toute sa hauteur. Sur le toit, des statues de divinités romaines, retenues par une balustrade, l’observaient de leurs yeux vides.

Cela faisait deux heures qu’elle allait et venait sous cette chaleur caniculaire, ses pieds la faisaient souffrir atrocement, et elle se sentait gagnée par le doute et le découragement. Elle espérait que Terry se trouverait encore au club et qu’il n’aurait pas choisi, ne la voyant pas là-bas, de repartir pour une autre destination. Elle savait que les membres du club pouvaient être très convaincantes quand il le fallait, mais aussi excessivement bavardes, ce qui risquait plutôt de le faire fuir que de le mettre en confiance…

Pour se redonner du courage, elle repensa aux paroles réconfortantes et rassurantes qu’avait eues Patty à son égard alors qu’elle frisait la crise de nerfs en découvrant que Terry n’était plus à l’hôpital. Elle n’avait pu cacher son désarroi et se laissant choir sur le bord du lit, elle s’était confiée à son amie, relatant dans les grandes lignes son aventure, malgré l’incommodante présence du docteur Biazini.

- Mariée ??? Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ??? Comment peut-il croire que tu sois mariée ???
- Je l’ignore. Mais il en est bel et bien convaincu !...
- Tu ne dois pas le laisser dans cette certitude. Tu dois repartir au club, Candy. C’est là qu’il se trouve.
- A condition qu’il ne disparaisse pas une nouvelle fois. Oh Patty, comment vais-je parvenir à le retrouver si j’arrive toujours après son passage !
- Calme-toi, respire un bon coup – l’avait-elle tranquillisée en posant une main sur la sienne, devinant qu'elle était sur le point de s’effondrer.
- Oh Patty !... J’ai si peur, j’ai si peur qu’il me rejette !
- Je puis te rassurer sur ce point. La tête qu’il a fait quand je lui ai dit que tu n’étais pas là témoigne, je puis te le certifier, d’un grand intérêt pour toi. Cesse donc de t’enfouir la tête dans le sable et de nier l’évidence : tu l’aimes, il t’aime. Il te cherche, et toi de même. Il te suffira de quelques secondes pour le rassurer sur ton amour pour lui, et vous serez ensemble à jamais !
- Patty… - avait murmuré Candy, de grosses larmes roulant de nouveau sur ses joues.
- Crois-tu que je t’encouragerais dans ta quête si je n’étais pas sûre de vous deux ? – avait murmuré Patty en essuyant une larme sur le visage bouleversé de la jeune blonde - Allez, Candy, il est temps que tu connaisses le grand bonheur de retrouver celui que tu aimes !


Les yeux baissés, Candy avait hoché la tête en reniflant, puis les deux amies s’étaient serrées affectueusement l’une contre l’autre avant de se séparer sous les yeux ahuris du médecin qui n’en revenait pas de la tragi-comédie qui s’était déroulée devant lui en l’espace de quelques minutes. Brutalement exposé à la complexité des sentiments féminins et à leurs tourments, il avait tourné un visage affligé vers Patty.

- Enfin, enfin !!! – ne cessait de dire cette dernière en fixant la porte par laquelle Candy avait déjà disparu, ses petits poings serrés contre son cœur.

Puis elle avait levé la tête vers lui. Une joie extatique faisait briller ses jolies prunelles et rosissait ses joues. Le sourire d’espérance qui courait sur ses lèvres avait alors pénétré d’un flot de tendresse son cœur d’endurci, flot auquel il s’était abandonné, troublé, quand elle s’était précipitée dans ses bras…

********



Puisant dans les dernières forces qui lui restaient, Candy se releva, contourna une colonne de marbre blanc surmontée d’un lion de Saint-Marc, symbole de la République de Venise, et commença à traverser la place . Sur les façades des maisons, des fresques antiques datant de l’ancien forum romain à l’emplacement duquel la place avait été construite, s’exposaient aux affres du temps. Mais l’esprit de Candy n’avait pas le cœur à s’attarder sur ces merveilles historiques. Elle voulait parvenir au club au plus vite !

C’était jour de marché. Pestant intérieurement contre les étals des marchands éparpillés sur la place et qui la ralentissaient, elle se chercha un passage dans les allées encombrées. A mi-parcours, elle déboucha sur une parcelle isolée au milieu de laquelle, tel un oasis dans un désert, une fontaine chapeautée d’une statue de Madone, s’offrait à sa gorge assoiffée. Réunissant ses mains en coupe sous l’eau fraîche jaillissante, elle s’en désaltéra longuement, buvant à pleine gorgée le liquide rafraîchissant. Puis elle plongea ses bras nus dans le bassin et s’aspergea à plusieurs reprises la nuque et les jambes en frissonnant de volupté. Une dernière fois avant de poursuivre sa route, elle plongea les mains dans l’eau, releva la tête en arrière et les passa dans ses boucles dorées, illuminées de soleil, comme une auréole. Elle ferma les yeux dans l’élan mais s’arrêta soudain, stupéfiée. Une image, celle d’un regard familier, qu’elle n’avait pas croisé depuis des siècles venait de se saisir de son esprit, un regard d’océan sous l’orage, paralysant, ensorcelant, qui vous pénétrait l’âme et vous étourdissait de vertige. Elle rouvrit les yeux et vacilla sous le choc. Il se tenait devant elle, à quelques mètres seulement, de l’autre côté de la fontaine, ce regard qu’elle avait si souvent cherché en rêve et qui l’avait accompagnée toutes ces années. Il l’observait sans bouger, aussi incrédule qu’elle pouvait l’être, comme brusquement réveillé d’un songe. Toute tremblante, le souffle coupé, elle esquissa un pas vers lui, puis s’arrêta, guettant un mouvement de recul de sa part. Il s’avança en retour, suffisamment pour qu’elle perçoive à travers sa chemise blanche entrouverte, les mouvements de sa respiration haletante gonfler sa poitrine. Puis il s’immobilisa. Elle le regardait, comme hypnotisée, les lèvres frémissantes, incapable de prononcer un mot bien qu’un flot hurlant butait dans sa boite crânienne et l’assourdissait. Il restait devant elle, impassible, et elle se sentit désemparée devant cette froideur qu’elle reconnaissait et qu’il avait coutume d’afficher quand il était en colère.

- Il m’en veut… - se dit-elle, anéantie, en secouant la tête – Je le retrouve enfin pour me rendre compte qu’il me déteste ! – gémit-elle tandis que des larmes de désespoir remontaient de sa gorge et emplissaient ses vertes prunelles.

C’est alors qu’elle vit sa main à lui venir à la rencontre de la sienne. Une chaleur réconfortante l’enveloppa, toute la tension que son corps avait accumulée se relâchant aussitôt, comme une divine délivrance.

- Candy… - l’entendit-elle murmurer tendrement, de sa voix douce et profonde.

Elle se redressa en tressaillant et entrevit à travers ses yeux mi-clos, un sourire ému sur son beau visage. Elle hoqueta de surprise et plongea son regard dans le sien. Ce qu’elle y lut cette fois ne laissait plus aucun doute. Le dialogue muet qui s’instaurait entre eux, qu’eux seuls pouvaient comprendre, les isolait du monde qui s’agitait autour d’eux. Il n’y avait plus que lui, il n’y avait plus qu’elle. Tout ce qui les entourait avait disparu dans un halo flou, oscillant d’ombres et de lumières, dans un bruissement sourd d’éléments confus.

- Candy… - répéta-t-il, comme pour s’assurer qu’il n’était pas au beau milieu d’un rêve.

Emportée par une onde de bonheur, elle se sentit glisser, ses jambes ne la retenant plus. Il était tout contre elle à présent, son bras se refermant lentement autour de sa taille. Elle ferma les yeux et se laissa aller contre sa poitrine. Timidement, ses bras à elle l’enlacèrent à leur tour. Il resserra alors son étreinte et elle enfouit son visage dans le creux de son épaule. Elle pouvait entendre les battements rapides de son cœur, sentir son souffle court caresser ses cheveux, ses muscles se contracter tandis qu’elle frissonnait d’émerveillement.

- Ce n’est pas vrai ce que l'on dit, tu sais. Tu le sais, n’est-ce pas ? - balbutia-t-elle d’une voix étranglée par la vive émotion qui la submergeait.

Pour toute réponse, il recouvrit d’une main amoureuse le dos de sa tête, mêlant ses longs doigts dans ses cheveux qu’il effleurait timidement des lèvres, humant avec délices le parfum de violette qui s’en dégageait. Ils restèrent longuement blottis l’un contre l’autre, sans considération du temps qui s’écoulait, goutant à la joie des retrouvailles. Et quand elle finit par s’écarter de lui, le visage noyé de larmes, elle remarqua que lui aussi avait pleuré. Ils se dévisagèrent, réprimant un sourire, puis éclatèrent d’un rire nerveux, incontrôlable. Quand ils reprirent enfin leurs esprits, ils se tinrent un instant sans parole, réalisant ce qu’ils étaient en train de vivre. Ils se retrouvaient après toutes ces années, et étrangement, il leur semblait qu’elles n’avaient jamais existé. Ils étaient de nouveau ces adolescents de Saint-Paul qui découvraient avec pudeur qu’ils s’aimaient.

- Je suis si heureux de vous revoir, mademoiselle tâches de son… – murmura-t-il, l’œil brillant de malice.
- Tout le plaisir est pour moi, monsieur Grandchester… - répondit-elle, un sourire mutin au coin des lèvres.
- Si heureux… - ajouta-t-il en posant sa main sur sa joue à elle, caressant avec le pouce son joli menton – Le plus heureux du monde…

Rougissante, elle baissa les yeux et inclina la tête sur le côté à la rencontre du doux contact de la paume de sa main contre sa peau. Paupières mi-closes, elle contemplait son merveilleux visage que les ans avaient anobli. Elle se souvenait de cette rare beauté qui le caractérisait, ces traits trop parfaits qui l’avaient si souvent déstabilisée et se sentit frémir à cette évocation. Il n’avait pas changé, si ce n’est... si ce n’est cette blessure au-dessus de l’arcade sourcilière, que de longues mèches brunes dissimilaient en partie.

- Qu’est-ce donc ?... – fit-elle en passant les doigts sur les points de suture.
- C’est une longue histoire… - fit-il en lui prenant la main et en y déposant un tendre baiser.
- Alors, raconte-la-moi…

Un sourire sibyllin se dessina sur ses lèvres et il opina de la tête.

- Cela risque d’être long…
- J’ai toute la vie devant moi… - fit-elle avec un moue complice.

Sans lui laisser le temps de répondre, elle lui prit la main et l’entraîna vers le fond de la place, en direction des ruelles étroites dont les ombres bienveillantes protégeraient leurs confidences…

Fin de la deuxième partie ^_____________^



Edited by Leia - 20/5/2013, 21:23
 
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