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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 19/2/2014, 23:26 by: Leia
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Les jours suivants s'écoulèrent tranquillement. A vrai dire, un peu trop tranquillement au goût de Candy. Etrangement, malgré l'échange torride qu'elle avait eu avec Terry dans la tour Lamberti, elle avait dès le lendemain ressenti la désagréable impression qu'il mettait une certaine distance entre eux. Depuis, à plusieurs reprises, elle avait cherché à évoquer le sujet avec lui, mais il s'arrangeait toujours pour ne pas être seul. Paradoxalement, elle voyait bien dans ses yeux que son amour pour elle n'avait pas disparu, ce qui la rassurait mais, dès que son regard se détournait incompréhensiblement d'elle, elle replongeait rapidement dans une angoissante et cruelle incertitude. Cette négligence manifeste la contrariait énormément, ce qu'elle essayait tant bien que mal de lui cacher pour ne pas l'inquiéter ou le culpabiliser. Elle savait que le métier de Terry était très envahissant, et elle devait s'y résoudre si elle voulait faire partie de son existence. Mais au fur et à mesure que les jours défilaient, s'insinuaient dans son esprit des interrogations qui la mettaient mal à l'aise au point de l'effrayer. Qu'avait-elle donc fait pour qu'il s'éloigne d'elle ainsi ?

Elle était tellement désespérée qu'elle en était venue à se demander si les élans amoureux qu'elle avait eus envers lui cette nuit là ne lui avaient pas laissé croire qu'elle était une fille légère. Peut-être avait-il été surpris par la fougue qu'elle avait manifestée quand il la tenait dans ses bras ? Peut-être aurait-il préféré qu'elle le repousse ou qu'elle ne lui octroie qu'un chaste baiser ? Peut-être ne s'attendait-il pas à autant d'ardeur de sa part et qu'il en avait été choqué, déçu, voire pire : dé-gou-té ??? Cette éventualité la paralysait d'angoisse et commençait à s'infiltrer insidieusement dans ses pensées, si bien qu'elle éprouvait beaucoup de mal à se concentrer sur ses tâches quotidiennes, et plus particulièrement sur celles du Club de Juliette. Ses camarades avaient bien entendu remarqué son étrange comportement mais avaient mis cela sur le compte de l'étourdissement dans lequel son amour pour le jeune homme l'entraînait. Candy s'était bien gardée de faire part de ses inquiétudes à qui que ce soit, pas même à Patty qui, malgré son insistance, n'était jamais parvenue à savoir ce qui s'était vraiment passé dans la tour. La jeune blonde était restée très évasive et avait évoqué une longue promenade en ville. Patty, sans être dupe, avait accepté cette explication. Après tout, Candy avait le droit à son intimité, même si la curiosité d'en savoir plus la dévorait de l'intérieur ! Et puis, elle ne lui disait pas tout elle non plus, notamment ce baiser* qu'elle avait échangé avec le beau chirurgien, devant la pension, quand il l'avait ramenée après le théâtre… Maintenant que Terry en avait terminé avec ses représentations, il allait certainement repartir en emmenant Candy avec lui. Une question la préoccupait alors : comment leur annoncer qu'elle avait décidé de rester un peu plus longtemps à Vérone auprès d'Alessandro ? Il n'avait pas eu besoin de beaucoup insister pour qu'elle reste. Elle était si heureuse avec lui qu'elle ne voulait pas renoncer à ce nouveau bonheur qui s'offrait à elle. Elle voulait tout savoir de lui : sa famille, ses amis, l'endroit où il vivait… Toutes ces choses avec lesquelles elle n'avait pas encore eu l'occasion de faire connaissance. Elle savait qu'elle partait à l'aventure et qu'elle serait peut-être déçue, mais elle voulait se fier pour une fois à son cœur plutôt qu'à sa raison, perspective qui loin de l'effaroucher, faisait palpiter l'espoir dans sa poitrine.

Contrairement aux apparences, Terry traversait lui aussi des tourments similaires. A vrai dire, il ne s'était toujours pas remis de ce qui s'était passé avec Candy dans la tour, et il ne remercierait jamais assez le ciel de lui avoir donné la force de mettre un terme à leurs emportements. Cette nuit là, grisé par le succès de la pièce et par le bonheur d'avoir retrouvé la jeune femme qu'il aimait, il n'avait pas réalisé le risque qu'il lui avait fait courir en laissant aller son enthousiasme. Elle ne l'avait point repoussé pour autant et s'était même révélée très encourageante, mais il se serait reproché toute sa vie de l'avoir couverte de la honte du déshonneur. Candy méritait un tout autre traitement que celui d'être culbutée en haut d'une tour, et la simple pensée que cela aurait pu se produire lui glaçait l'échine. Pour être honnête, il ne regrettait pas ce corps à corps passionné qu'ils avaient vécu et qui lui revenait en mémoire, le soir, quand il regagnait sa chambre. Le souvenir de la fougue de leurs baisers, de la langueur de leurs soupirs, de sa voix gémissante quand il posait ses lèvres sur sa peau ou quand ses mains partaient à la découverte de son corps, le laissait frémissant et frissonnant jusque tard dans la nuit. Quand il parvenait enfin à s'endormir, c'était pour plonger dans des rêves où elle occupait à nouveau tout l'espace, et le laissait au réveil, mort de fatigue. Mais, passés ces moments d'émerveillement, la raison reprenait le dessus et lui imposait de se soumettre à la résolution qu'il avait prise : celle de prendre ses distances avec Candy pour ne pas avoir à le payer très cher par la suite. Ainsi, dès qu'il était avec elle, il trouvait toujours un prétexte pour qu'ils ne soient jamais seuls. Les repas se passaient désormais en compagnie de la troupe, et les journées, en répétition. Un opportun concours de circonstances avait aussi voulu que le bel Alessandro fût de garde les soirs où il n'y avait pas de représentation et Candy, refusant alors que Patty reste seule, l'invitait à se joindre à eux, ce qui allégeait d'un poids la conscience du jeune acteur. Les choses devenaient de plus en plus difficiles à gérer et il remarquait bien que son étrange comportement contrariait la jeune femme. Connaissant son caractère impétueux, il s'attendait à ce qu'elle lui demande des comptes à plus ou moins brève échéance, et il ne voulait pas avoir à affronter cette situation. C'est pourquoi, il était soulagé qu'il n'y ait plus de représentation. La veille, après la dernière, ils s'étaient tous réunis pour une fête d'adieu dans une salle de réception d'un grand hôtel de la ville. Il ignorait encore si c'était le fait que cette étrange aventure prenne fin ou parce qu'il savait qu'il ne reverrait pas ses nouveaux amis avant un long moment, mais le trouble qui l'avait envahi à ce moment là l'avait grandement surpris. Il ne s'attendait pas à autant de sensiblerie de sa part, lui qui avait toujours su maîtriser ses émotions en toute circonstance. Seule Candy, par je-ne-sais quel extraordinaire pouvoir qu'on avait coutume de nommer "sixième sens féminin", était parvenue à lire en lui et à déceler ses faiblesses. C'est pourquoi il se sentait un peu désorienté alors qu'il serrait longuement et chaleureusement la main de ce brave Sidney, d'être obligé de détourner la tête pour cacher les larmes qui lui montaient aux yeux. Le metteur en scène n'en menait pas large non plus, et, dans une grande inspiration vacillante, avait gratifié Terry d'un élogieux commentaire :

- Jamais je ne pourrai assez te remercier pour ce que tu as fait, mon ami. Tu nous as retiré une sacrée épine du pied, tu sais !
- Ne me remercie pas, Sid. Cela devrait être à moi de le faire. Si tu n'avais pas insisté pour que je rejoigne la troupe, mon chemin n'aurait certainement pas croisé celui de Candy. Je te dois le bonheur qui est le mien à présent.

En disant cela, il avait discrètement dévié son regard aigue-marine vers le fond de la pièce où Candy était en train de discuter avec Patty et deux comédiennes de la troupe. Elle portait cette fois une jolie robe verte en soie de forme droite qui s'arrêtait au dessus des genoux, ceinturée aux hanches par un large ruban noir noué sur le côté. Un bandeau incrusté de perles ceignait son joli front, rehaussant l'éclat de ses yeux turquoise qui le contemplaient sans rien dire. Elle était divine ! Il s'en voulait tellement de l'avoir volontairement délaissée ces derniers jours !... L'irrésistible envie de traverser la salle pour la rejoindre et la prendre dans ses bras l'avait saisi, mais il s'était repris tout aussitôt, conscient des contraintes qu'il s'était imposé pour son propre salut. Se rendait-elle compte du pouvoir qu'elle avait sur lui et de l'effort surhumain que cela lui demandait de résister à l'appel des sens qu'inconsciemment elle lui envoyait ?

- Tu es un sacré veinard, tu sais ! – avait chuchoté Sidney sur un ton admiratif en remarquant l'émoi de Terry.

Ce dernier avait acquiescé en souriant timidement et avait enfoui ses mains dans les poches en se dandinant d'embarras. Le plus chanceux des hommes…

- Qu'allez-vous faire maintenant ? – avait-il alors demandé en se raclant la gorge, s'efforçant de ramener son esprit vagabond vers une réalité plus terre à terre.
- Ma foi, suite au succès que nous avons eu ici, nous avons été contactés par d'autres festivals pour aller jouer aux quatre coins du pays pendant tout l'été. Bien sûr, nous n'aurons pas l'honneur de t'avoir parmi nous, mais ce que tu as montré à mes gosses les a grandement inspirés. Tu as rallumé leur flamme. Quant à moi, tu m'as redonné la motivation d'en faire une grande troupe. Vois-tu, je n'aurais jamais imaginé pouvoir dire cela un jour. Je me surprends à avoir des projets alors que je m'étais assez bien habitué à cette vie tranquille.
- Haaa, Sid, je me réjouis de ces paroles ! Je les comprends d'autant mieux que, moi aussi, je m'étais accoutumé à une vie solitaire et contemplative que rien ne devait bousculer.
- Et à présent ? – demanda le quinqua en arquant un sourcil entendu.
- A présent… - soupira le jeune comédien en prenant appui contre le mur derrière lui – A présent, je renais de mes cendres. C'est une sensation étrange. Je me sens engourdi comme après un long sommeil tant ce bonheur soudain me paraît irréel. Je me sens fragile et désarmé comme un petit enfant…
- Je ne me fais pas de souci pour toi, Terry. Tes tourments ont pris fin avec cette petite. A ses côtés, tu vas retrouver l'énergie qui t'avait quitté toutes ces années. Surtout ne la laisse pas s'en aller cette fois !
- Rassure-toi, je ne commettrai pas la même erreur… - avait-il murmuré en posant un regard attendri sur Candy, laquelle, se sentant observée avait levé la tête vers lui, puis, un léger sourire aux lèvres, avait baissé les yeux en rougissant. Le besoin irrépressible d'être avec elle s'était emparé une nouvelle fois de lui. N'y tenant plus, il avait bredouillé quelques mots d'excuse et abandonné son vieil ami pour courir la rejoindre. Elle s'était redressée et l'avait regardé, intriguée. Sans rien dire, il l'avait prise par le bras et l'avait conduite dans un coin de la salle, à l'écart si ce n'est des regards, mais tout au moins des oreilles indiscrètes. Puis, recueillant ses mains dans les siennes, il avait balbutié, d'une voix hésitante.

- Candy… Je… J'ai tant de choses à me faire pardonner… Je…
- Terry… - avait-elle répondu, le front plissé d'incompréhension.
- Je sais que je t'ai délaissée ces derniers jours… Ne m'en veux pas… - avait-il poursuivi d'un air coupable.
- Terry… Je ne pourrai jamais te reprocher d'aimer ton métier… Je ne sais que trop l'importance qu'il a dans ta vie et la joie qu'il t'apporte.

Il avait secoué la tête de désapprobation.

- Candy… Cette joie, c'est toi qui me la procures maintenant. Je pourrais vivre sans le théâtre, mais sans toi… sans toi, cela me serait impossible !

Elle l'avait regardé bouche bée, un peu décontenancée par ses douces paroles, qu'elles connaissaient pourtant pour les avoir entendues dans la tour. Lui, si distant depuis quelques jours, semblait retrouver son éloquence. Elle en savourait chaque mot comme une délicieuse mélodie. Une chaleur réconfortante l'avait alors enveloppée, et des larmes d'émotion avaient commencé à lui monter aux yeux.

- J'ai tellement de choses à te dire, Candy… Cela fait si longtemps que je rêve de te les dire, si longtemps !... Ecoute… Je…

Une main s'était alors posée sur son épaule, le faisant sursauter de surprise. C'était le directeur du théâtre des Arènes qui venait les interrompre. Terry avait concédé un sourire crispé tout en toisant l'importun d'un regard furibond.

Ce crétin ne voyait-il pas qu'il dérangeait ???

- Ah, vous voilà enfin, Terrence ! Vous êtes difficile à trouver dans cette foule d'invités ! – s'était exclamé le directeur, faisant fi délibérément de sa propre indélicatesse – Le maire est là et je souhaiterais que vous vous joigniez à nous pour une photo qui immortalisera cette soirée. Vous ne voyez aucun inconvénient, n'est-ce pas mademoiselle, à ce que je vous emprunte votre… ami ?

Candy avait entrouvert la bouche pour répondre mais le malotru avait déjà passé son bras autour des épaules de Terry et le poussait vers un groupe d'hommes en costume à l'allure très officielle. Le jeune homme avait esquissé une grimace de mécontentement, et, dans un dernier mouvement vers l'intéressée, lui avait glissé discrètement :

- Viens chez moi demain, pour le déjeuner !
- Mais je ne sais toujours pas où tu habites ! – avait-elle rétorqué avec malice. Il avait répondu par un sourire gêné.
- Ne te fais pas de souci pour cela…

Sur ces paroles sibyllines, il lui avait soufflé un baiser de la main, puis s'était laissé emporter vers d'autres lumières qui s'étaient mises à crépiter à son approche. Réclamé de toute part, il n'était pas parvenu à la rejoindre de la soirée et avait dû se résoudre à la voir partir avec Patty un peu plus tard. Mais en cette fin de matinée, alors qu'il remerciait Rosa pour le panier de pique-nique qu'elle avait préparé pour eux, il se sentait libre, libre de toute contrainte, libre de pouvoir enfin confier à la jeune femme qu'il attendait si impatiemment, ses souhaits les plus ardents. La cloche du portail retentit soudain et son cœur bondit dans sa poitrine. Il se rendit sur le seuil et aperçut, derrière la grille entrouverte, s'éloigner le taxi qu'il avait envoyé pour chercher Candy. Un énorme massif cachait en partie le chemin qui menait à la maison mais il pouvait entendre le bruit de pas gracieux sur le fin gravier blanc. Il posa fébrilement la main sur la poche de son pantalon pour s'assurer une dernière fois que ce qu'elle contenait était bien en place et prit une forte inspiration tout en essayant de prendre une allure décontractée. Elle apparut enfin, vêtue d'une adorable robe sans manches à larges rayures bleues. Un petit sac en bandoulière se balançait en cadence contre sa hanche tandis qu'elle s'approchait en sautillant. Elle avait les joues roses de contentement et arborait un sourire radieux.

- Bonjour Terry ! – fit-elle en faisant claquer un baiser sur sa joue – Tu habites une bien jolie maison – ajouta-t-elle en promenant un regard admiratif sur la bâtisse.
- Bienvenue dans mon humble demeure, gente demoiselle… - ironisa-t-il pour dissimuler le trouble qui l'habitait. Puis, dans une révérence, il l'invita à entrer, tirant la porte derrière eux qui se ferma avec un petit claquement sec, comme un livre qu'on referme avec hâte, un livre qui se refermait sur un lourd passé pour se rouvrir sur un nouvel avenir, celui qu'il avait bien l'intention de proposer à Candy…

* baiser qui pourrait être relaté dans une fanfiction parallèle un peu plus tard…

Fin de la troisième partie



Edited by Leia - 20/2/2014, 11:45
 
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