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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 22/3/2014, 23:58 by: Leia
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- Où m'amènes-tu donc ? – demanda-t-elle alors qu'il lui prenait la main et l'entrainait vers le fond du jardin. Des massifs de lilas blancs, disposés le long du terrain, libéraient leur parfum capiteux qui venait, par bouffées, se refermer sur leur sillage. Candy riait tandis que Terry restait silencieux, se tournant de temps en temps vers elle avec ce mystérieux sourire qui se promenait sur ses lèvres depuis qu'elle était arrivée. Elle avait naïvement pensé que le déjeuner se déroulerait sur la jolie terrasse, noyée sous le lierre et les rosiers grimpants, qu'elle avait découverte en sortant du salon par la grande porte-croisée, dont les vantaux vitrés laissaient pénétrer la lumière joyeuse de cette belle journée d'été. Elle avait été amusée par la décoration surannée de l'intérieur de la maison qui rappelait une toute autre époque. Des tonalités sourde de rose poudré alliées au gros velours du canapé et des fauteuils créaient une douce intimité qui laissait imaginer sans peine la maîtresse de maison en train de lire ou de tricoter, confortablement installée dans un siège prolongé d'un repose-pied à côté de la cheminée en marbre. Un court instant, elle avait cru voir mademoiselle Pony assise à cette place et son cœur s'était serré de nostalgie. Puis son regard avait dévié sur le côté pour s'arrêter sur le piano qui tournait le dos au jardin, et des pensées bien différentes lui avait traversé l'esprit ; le souvenir d'un après-midi d'orage en Ecosse où elle avait découvert les talents de pianiste de Terry, et ce jour plus récent à New-York où elle avait retrouvé ledit piano dans la pièce la plus personnelle de l'appartement du jeune homme. Elle s'était demandée si Terry oserait jouer une nouvelle fois devant elle cette irritante mélodie qu'il avait composée pour elle et qu'il avait perfidement intitulée "Thème de Tarzan taches de son et de la guenon". Elle avait plissé les yeux de défi à cette évocation et l'avait rejoint sur la terrasse où il l'attendait, un panier à la main.
- Un pique-nique ? Dans le jardin ? – avait-elle demandé, un sourire dubitatif au coin des lèvres.
- Pas tout à fait… - lui avait-il répondu avec un demi- sourire, en montrant d'un signe de tête, le fleuve Adige qui coulait au fond du jardin.

Devant sa mine incrédule, il avait laissé échapper un petit rire et s'était contenté de lui tendre la main qu'elle avait acceptée après quelques secondes d'hésitation. L'extrémité du jardin se prolongeait par un ponton ancré solidement sur le fleuve dont les ondulations venaient clapoter doucement contre les poteaux de bois. En apercevant la barque attachée au pied du ponton, elle crut un instant que Terry allait l'obliger à monter dedans et se sentit saisie d'effroi. A son grand soulagement, il bifurqua vers la droite en direction d'un bois. Elle n'était pas très à l'aise dans les barques depuis qu'elle avait failli se noyer en s'enfuyant de chez les Legrand. C'était du reste Albert qui l'avait sauvée de ce mauvais pas comme de bien d'autres plus tard. Albert… Son protecteur, son ange-gardien… Toujours là au bon moment… Toujours là pour l'aider… Pourrait-elle jamais un jour le remercier de tous ses bienfaits ?...

Ils se mirent à longer la berge sur un sentier façonné par les ans, jalonné de bouleaux et de trembles penchés au dessus de la rivière à la recherche de leur reflet. Les herbes folles qui le parsemaient laissaient à penser que l'on ne l'avait pas emprunté depuis bien longtemps. Terry continuait à mener la marche en serrant fortement la main de Candy comme s'il craignait qu'elle lui échappe. Elle se laissait conduire, intriguée, se demandant bien où il l'emmenait. Il s'était montré tellement secret ces derniers jours qu'elle avait du mal à comprendre ce qu'il avait en tête. Finalement, il était bien resté le même : tendre et aimant à un moment, puis distant et mystérieux l'instant suivant. Comment allait-il se comporter avec elle aujourd'hui ?

Se tenant derrière lui, elle profitait de sa position pour le contempler avidement, admirant sa silhouette élancée, sa taille fine, ses belles et larges épaules qu'elle devinait sous sa chemise blanche dont les manches retroussées révélaient des avant-bras musclés, traversés d'une veine saillante, preuve manifeste de sa riche musculature. Son corps d'adolescent s'était agréablement transformé et elle regrettait de n'avoir pu assister aux différentes étapes de cette mutation. Elle appréciait d'autant plus retrouver dans ce corps d'homme qu'elle découvrait un peu plus chaque jour, cette allure féline et sensuelle qui avait coutume, à Saint-Paul déjà, de la perturber chaque fois qu'il apparaissait devant elle. Ne lui avait-elle pas, d'ailleurs, donné secrètement le surnom de "Tigre" ?

Elle se remémora ce jour où, pendant les vacances en Ecosse, elle avait machinalement écrit “T.G. T.G” sur une fenêtre recouverte de buée du dortoir de l'école d'été. Bien entendu, T.G signifiait les initiales de Terrence Grandchester qu'elle avait écrites dans son journal intime. Patty l'avait surprise et lui avait demandé ce qu'elle écrivait. Elle lui avait répondu ""Tigre", j'ai écrit "Tigre" en rougissant tout en s'empressant d'effacer les lettres sur la vitre. Sur l'impulsion du moment, elle avait imaginé cette excuse, mais elle se doutait bien que Patty avait deviné ce à quoi elle pensait vraiment. Le Tigre qu'elle avait inconsciemment écrit sur la fenêtre ce jour là, prenait tout son sens à présent, car, tout comme cet animal, émanait de Terry une force sauvage qui la fascinait.

Après ce petit épisode, elle avait réalisé que ce trouble qu'elle éprouvait envers lui venait en réaction à l'attirance qu'il exerçait sur elle et qu'elle avait refusé de concevoir pendant si longtemps. Quelques semaines auparavant, il aurait été inimaginable pour elle de ressentir quoi que ce soit pour cet arrogant personnage qui se fichait d'elle à la moindre occasion ! Son cœur appartenait à Anthony et à nul autre ! Elle n'aurait pu le trahir en se laissant séduire par ce délinquant, buveur et bagarreur, à la verve sarcastique et aux propositions indécentes. Et pourtant… Elle avait bien été obligée de reconnaître qu'elle était vaincue et qu'il avait capturé son cœur et son âme. Elle, qui avait toujours pensé qu'on ne pouvait aimer passionnément qu'une fois, avait bien dû se résoudre à l'évidence : qu'elle était capable d'éprouver des sentiments pour un autre et avec une telle intensité que cela lui faisait tourner la tête…

Plongée dans ses pensées, elle ne remarqua pas tout de suite qu'il s'était arrêté et buta contre lui. Des yeux magnétiques croisèrent les siens. Elle cligna des paupières, éblouie par ce regard aux milles nuances qui la dévisageait avec un certain amusement.

- Qu'y a-t-il ? – demanda-t-elle en rougissant, inquiète qu'il ait pu lire sur son visage la raison de sa rêverie.
- Je te parlais mais tu semblais ailleurs… - gloussa-t-il avec un sourire narquois.
- Je… J'étais absorbée par cet endroit qui me rappelle les bois de Lakewood – mentit-elle en esquivant son regard scrutateur – J'avais l'habitude de m'y promener en sautant de branche en branche. C'est d'ailleurs comme cela que j'ai fait la connaissance d'Alistair.
- Fichtre ! Il n'a pas eu la trouille ? Cela a dû lui faire bizarre d'apercevoir une guenon en robe dans les arbres... - ricana-t-il tout en se préparant à affronter les foudres de la jeune américaine.

Piquée au vif, elle s'arcbouta. Mais refusant de céder à la provocation, elle se contenta de croiser les bras et de le toiser, les yeux plissés de dédain.

- Désolée de te décevoir mais il ne s'est pas enfui en courant. Loin s'en faut. Il m'a au contraire proposé de monter dans sa voiture. Nous avons même fini par nous retrouver en petite tenue…
- Pardon ??? – couina-t-il, les yeux exorbités de stupéfaction.

Elle et Alistair ??? Des images terribles fusèrent alors dans son esprit, effaçant d'un trait le sourire goguenard qu'il arborait fièrement quelques secondes auparavant. Candy jubilait intérieurement tout en se retenant de rire mais se ravisa bien vite devant sa mine consternée.

- Holala, tu as beaucoup trop d'imagination ! – fit-elle en éclatant de rire - Alistair était un chauffeur très maladroit et nous avons tout bonnement échoué dans un lac. C'est pourquoi nous avons dû mettre à sécher nos vêtements…

Il arqua cette fois du sourcil d'un air soupçonneux.

- Si cela peut te rassurer, j'avais encore sur moi ma sous-robe !...
- Et lui ?
- Lui ? Il était tout nu, je crois !...

Elle sentit cette fois qu'il allait défaillir et elle s'empressa d'ajouter en pouffant.

- Voyons, Terry, je te taquine ! C'est fou ce que tu prends ce genre de chose au sérieux ! Détends-toi !
- Je n'ai pas très envie de plaisanter quand il s'agit de tes petits copains d'Amérique, voilà tout !...
- Mes "petits copains", comme tu dis, sont mes cousins, je te le rappelle !

Il hocha vivement la tête à plusieurs reprises, visiblement excédé.

- Ouais, ouais, ce n'est pas ça qui les empêchait d'avoir des vues sur toi ! Surtout l'autre gravure de mode ! Je me souviens tres bien de la bonne correction que je lui ai donnée…
- Si mes souvenirs sont bons, vous avez fini ex aequo…
- Tu prends sa défense, ma parole !
- Pas du tout, mais je trouve ta jalousie ri-di-cule !
- Ce qui est ridicule, c'est que tu puisses me croire jaloux de ce type en fanfreluches !
- Ta réaction excessive me conforte dans cette opinion en tout cas…

Pour toute réponse, Terry lui renvoya un sourire crispé, puis avec un soupir d'exaspération, poursuivit son chemin d'un pas rageur. Il ne lui tenait plus la main cette fois et Candy dut accélérer le pas car il n'avait manifestement pas l'intention de l'attendre. Elle n'aimait pas du tout quand ils se disputaient. Cela faisait tout juste quelques jours qu'ils s'étaient retrouvés et déjà ils se querellaient. Mais elle n'aimait pas non plus quand il critiquait ses chers cousins auxquels il reprochait tout simplement de porter des pantalons. Mais au fond d'elle, elle appréciait qu'il réagisse ainsi car cela voulait dire qu'il avait des sentiments pour elle et son cœur se gonfla d'allégresse.

C'est ce moment là que choisit une poule d'eau pour surgir d'un fourré. Dérangée dans sa tranquillité, apeurée, elle traversa le chemin à toute vitesse et se précipita vers la rivière en caquetant bruyamment. Parvenue à une distance respectueuse, elle les toisa de son plus grand mépris, bec rouge dressé et postérieur dédaigneux.

- Voilà bien une Véronaise qui n'a pas succombé à ton charme… - ironisa Candy en faisant allusion à la horde d'admiratrices qui attendait Terry à chaque représentation devant sa loge.

L'irritation perça à travers les yeux mi-clos du jeune homme.

- Je n'en suis pas réduit à devoir séduire des volailles pour élargir mon public… - riposta-t-il, avec une grimace pincée.
- Pourtant elles m'avaient tout l'air de "cocottes", celles qui s'époumonaient derrière ta porte !...

Terry s'immobilisa, bouche entrouverte et yeux écarquillés. La colère qu'elle avait pu lire précédemment sur son visage s'était évanouie. Elle l'observait, perplexe, tandis qu'il s'efforçait de retenir un rire, lequel finit par exploser, faisant basculer sa tête en arrière. Quand enfin il se redressa, un sourire provocateur fendait de part en part son visage, révélant des dents de carnassier parfaitement alignées.

- Je le savais ! Tu es jalouse ! – fit-il en agitant un index moqueur sous son nez plissé d'agacement.
- Pardon ??? Mais pas du tout !!! - s'écria-t-elle en reculant.
- Si, si, tu es ja-lou-se ! Hahaha ! Et dire qu'il n'y a pas deux minutes, c'est moi que tu accusais d'être jaloux ! C'est un comble !

Elle haussa les épaules avec un grognement de mépris.

- Tu es vraiment bien présomptueux ! Je te répète que je ne suis pas jalouse !
- Si tu le dis…

La tête penchée sur le côté, il l'observait du coin de l'œil, avec ce demi-sourire qui laissait à penser qu'elle ne l'avait pas convaincu. Elle ne l'était pas non plus du reste, mais aurait tout donné pour qu'il cesse de la narguer avec cet air triomphant.

- Ooooooh ! Ce que tu me fatigues !!! – s'écria-t-elle soudain en le repoussant avec force. Pris par surprise, déstabilisé, Terry trébucha et glissa en arrière dans un affaissement de la berge qui tombait tout droit vers la rivière. Chutant irrémédiablement, il se mit à mouliner énergiquement des bras pour tenter de retrouver son équilibre. En vain. Candy réagit immédiatement et happa sa main au vol. Le corps penché dans le vide, il s'agrippa à elle tandis qu'elle le tenait fermement et le tirait de toutes ses forces vers elle.

- Ouf ! – soupira-t-il de soulagement quand ses pieds eurent touché la terre ferme - Merci ! Sans toi, j'étais bon pour un bain forcé !

Son regard plein de gratitude la dévisageait alors qu'elle n'osait lever les yeux sur lui, trop embarrassée qu'elle était de sa maladresse.

- Excuse-moi, je ne voulais pas te faire tomber à l'eau. Mais si tu ne m'avais pas énervée comme ça je… - répondit-elle d'un air contrit.
- C'était de ma faute, pardonne-moi. – fit-il en lui relevant tendrement le menton, mais l'étincelle de malice qui jaillit au même moment dans son regard laissait augurer qu'il n'allait pas tarder à la provoquer une nouvelle fois.

- Vous avez vraiment une force herculéenne... Mademoiselle Taches de son… - murmura-t-il à son oreille avec un insolent sourire.
- Appelle-moi encore une fois comme ça et je te jure que tu iras rejoindre dans la rivière la poule d'eau de toute à l'heure !!! - siffla-t-elle, dents serrées.

Il éclata de rire avec arrogance et la folle envie de le gifler la saisit. Mais l'affectueux baiser qu'il vint poser sur sa joue réduisit à néant ses dernières résolutions.

- Viens ! – fit-il en lui décochant un clin d'œil ravageur qui l'acheva définitivement. En disant cela, il s'enfonça un peu plus profondément dans le bois pour s'arrêter peu de temps après sous un arbre de taille imposante. Il l'attendait fièrement à côté du tronc, le panier à ses pieds.
- C'est là que nous allons nous installer ? – demanda-t-elle en regardant autour d'elle.
- Là ? Non. Mais là-haut, oui !

Candy leva la tête et aperçut une cabane perchée dans l'arbre. Des souvenirs heureux lui revinrent aussitôt en mémoire, ceux de délicieux moments passés dans la cabane de ses cousins à Lakewood.

- Je parie que tu n'es jamais montée dans une cabane… - lança Terry avec un sourire satisfait.

Candy n'osa pas le détourner de ses certitudes. Il aurait encore été capable de lui faire une scène en apprenant qu'elle avait passé des journées entières dans une cabane en compagnie de ses cousins ! Son ventre se mit à gargouiller. Elle mourait de faim et toutes ses émotions lui avaient creusé l'estomac. Elle se tourna vers lui et lui adressa un sourire entendu.

- Par où monte-t-on ? – fit-elle en redressant orgueilleusement le menton.

Terry fouilla dans les branches de lierres qui tapissaient le tronc et en retira une échelle de corde.

- Après toi ! – dit-elle avec un sourire malicieux.
- Ce serait préférable que je protège ton ascension en restant derrière toi…
- Bien tenté ! Mais je suis en robe et je n'ai pas envie que tu en profites pour te rincer l'œil.
- Tu me prêtes de bien mauvaises intentions… - fit-il en prenant un air penaud.
- On n'est jamais trop prudent !...

Terry haussa les épaules.

- Soit… Mais n'en profite pas à ton tour pour lorgner mon postérieur ! – dit-il, faussement offusqué tout en commençant à se hisser sur l'échelle.

Prenant un air des plus innocents, elle opina du chef. Mais quand elle leva la tête, elle se dit en rougissant qu'elle avait bien fait de mettre une robe...

(A suivre... :Demon09: :Demon09: :Demon09:)

Edited by Leia - 16/6/2016, 16:39
 
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