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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 21/9/2015, 22:17 by: Leia
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Chapitre 15




Madame Legrand referma la porte de la chambre de sa fille en soupirant tristement.

Cela fait une semaine qu'Elisa a été conduite dans cet hôpital et elle n'a toujours pas retrouvé ses esprits...

Elle avait encore du mal à accepter que sa fille soit dans un asile pour malades mentaux. Ce genre d'endroit était destiné aux fous et non pas à sa glorieuse fille ! Mais elle avait bien dû se rendre à l'évidence dès la première fois qu'elle l'avait vue, attachée à un lit, hystérique, hurlant des chapelets d'insanités, puis redevant étonnamment calme quelques secondes plus tard, bredouiller d'une voix plaintive des mots incompréhensibles parmi lesquels s'échappaient plus distinctement les prénoms de Candy et d'Albert, pour ensuite repartir de plus belle dans son délire paranoïde. Son état depuis lors, ne connaissait pas d'amélioration et les médecins ne semblaient pas très optimistes...

Après chacune de ses visites, la rage emplissait son cœur de mère meurtrie, suivie d'une soif de vengeance qui l'étouffait jusqu'au malaise. Elle n'avait pas encore informé la Grand-Tante Elroy de l'état de sa nièce. La femme acariâtre et autoritaire d'antan avait depuis quelques années cédé la place à une vieille dame à la santé fragile, dont le port impérial qui avait si souvent imposé le respect autour d'elle, n'était plus qu'illusion. Aucun choc émotionnel ne lui était permis et le cœur, bien qu'insensible de Sarah Legrand, ne se sentait pas le courage de lui faire part de cette mauvaise nouvelle.

Il faudra pourtant bien le faire à un moment ou à un autre...

Elle savait par l'intermédiaire des domestiques que la Grand-Tante avait réclamé Elisa à plusieurs reprises déjà. Elle ne pourrait pas lui mentir éternellement... Mais avant d'en arriver à cette extrémité, elle souhaitait parler à son cousin pour le convaincre de revenir sur sa décision. De retour dans sa suite de l'hôtel Waldorf Astoria, elle s'empressa de demander à l'opératrice de composer son numéro, ses doigts pianotant fébrilement d'impatience sur le combiné...

*********************


Le sourcil légèrement arqué de Georges tandis qu'il lui tendait le téléphone était on ne peut plus éloquent. Intrigué, Albert prit le combiné et la voix gémissante de sa cousine lui parvint aussitôt, faisant accélérer son pouls d'irritation. Levant les yeux au ciel, il l'écouta d'une oreille distraite faire l'éloge de sa fille tout en exprimant son incompréhension quant à cette terrible décision qu'il avait prise à son égard, et qui n'était certainement dû qu'à un coup de folie de sa part. Un petit rire étouffé secoua les épaules athlétiques du chef de famille devant l'impudence de cette insinuation.

- N'avez-vous donc pas de coeur, mon cousin ? - l'implorait-elle, sur un ton des plus larmoyants destiné à l'amadouer.
- Je l'avais mise en garde, ma cousine. Et ce, à plusieurs reprises !
- Mais... En venir à la rejeter alors qu'elle est un membre de la famille...
- Etait !...
- Mais voyons, mon cousin, tout cela est ridicule ! Avez-vous perdu tout bon sens ?
- Bien au contraire, ma chère, votre fille m'a aidé à retrouver toute ma lu-ci-di-té ! Il n'était que temps que je mette un terme à toutes ses manigances ! J'ai été bien patient pendant toutes ces années, mettant sur le compte de la bêtise et l'éducation que vous lui aviez donnée, le comportement scandaleux de votre fille à l'égard de la mienne...
- Permettez-moi de m'interroger sur votre définition du mot scandale, mon cousin – rétorqua-t-elle, piquée au vif - Vous, qui avez adopté cette orpheline dont on ignore les origines, celles d'un bagnard et d'une professionnelle probablement...
- Ma chère cousine, quand je vous écoute, je ne peux nier la filiation qui vous lie toutes deux. Vous êtes bien la digne mère de votre fille !...

Sarah Legrand pâlit. La remarque acide d'Albert était loin d'être un compliment et elle pinça les lèvres de mécontentement, des larmes d'indignation au bord des yeux. Puis se ressaisissant, elle ajouta dans un ultime trémolo :

- Je vous en supplie, Albert, je sais que nous avons souvent été en désaccord, mais vous ne pouvez pas laisser Elisa dans cette situation ! Son mari vient de demander le divorce et la garde de leurs deux enfants. Elle va se retrouver à la rue !

La réponse glaciale d'Albert la parcourut de part en part.

- Demandez-donc à son escroc de frère de lui attribuer une suite dans un des nombreux hôtels qu'il a bâtis en Floride en rachetant à un prix dérisoire des terres à des paysans naïfs et crédules !
- Voilà maintenant que vous vous en prenez à Daniel ! Cela devient une obsession !
- L'obsession qui est mienne à présent est de ne plus jamais avoir affaire à un seul membre de votre lignée, ma cousine. Et croyez-moi, rien ne pourra me faire changer d'avis !
- Mais, Albert, vous avez perdu la tête !...
- Bien au contraire, elle est plus que jamais solidement vissée sur mes épaules ! Et je puis vous assurer que moi vivant, plus aucun Legrand ne portera préjudice à Candy et au nom des André ! Que cela vous plaise ou non, elle est ma fille. Sa bonté d'âme et son honnêteté éclipsent d'un battement de cils vos préjugés d'un autre temps, temps que je ne me sens plus obligé de perdre avec vous !
- Albert, je vous en prie !...
- Je crois que nous nous sommes tout dit, ma cousine. Je souhaite, même si cela m'en coûte, un bon rétablissement à votre fille. Candy m'en voudrait trop de manquer de charité chrétienne et je ne veux pas la décevoir. Mais la miséricorde que je lui accorde s'arrête là. Je me laisse le soin de faire part de ma décision à la Grand-Tante Elroy afin de rétablir la vérité sur les mensonges que vous allez de ce pas lui conter...
- Vous allez lui briser le cœur. Elle est très attachée à Elisa...
- J'en prends le risque !...
- Vous êtes... Vous... Vous n'avez aucune...
- Je sais, je sais, ma cousine... Mettons cela sur le compte de l'hérédité, voulez-vous ? Moi aussi je suis capable de n'éprouver aucune pitié, mais contrairement à vous, c'est un sentiment que je réserve uniquement aux gens qui ne m'inspirent que mépris... Ne cherchez donc plus à me contacter si ce n'est par l'intermédiaire de mon avocat. Adieu !

Il raccrocha sans autre sommation, laissant la mère d'Elisa hébétée, le regard fixé sur le combiné du téléphone à travers lequel lui parvenait la voix de l'opératrice lui demandant si elle voulait passer un autre appel. Elle ne répondit pas et raccrocha à son tour, le cœur battant et l'estomac tout retourné. La démarche hésitante, elle traversa le petit salon et se dirigea vers sa chambre, chassant d'une main exaspérée une femme de chambre qui se trouvait là, occupée à ranger les robes qu'on avait remontées de la lingerie, et se laissa choir au bord du lit pour s'abandonner aux larmes qu'elle avait trop longtemps retenues...

***************



- Voilà une bonne chose de faite ! - s'écria Albert, ses doigts tapotant joyeusement le bord de son bureau. Georges acquiesça silencieusement avec un imperceptible sourire. Habitué à dissimuler la moindre de ses émotions, il n'avait pu réprimer son contentement devant la détermination de son protégé. Durant toutes ces années où il avait été au service d'Albert, il avait assisté, impuissant, aux insupportables agissements de madame Legrand et de ses détestables enfants. L'entendre se faire remettre à sa place aussi magistralement lui procurait un plaisir jouissif qu'il avait du mal à contenir. A l'instar d'Albert, il appréciait énormément Candy. Il l'avait connue enfant, l'avait vue grandir et traverser avec courage et dignité les pires tourments. Il était grand temps qu'on lui accorde un peu de répit !

Albert s'était un peu plus enfoncé dans son fauteuil et contemplait son bureau d'un air songeur comme s'il allait le quitter bientôt. Tellement de choses s'étaient décidées dans cette pièce ! Notamment l’adoption de Candy... Son regard se posa sur le télégramme qu'elle lui avait envoyé quelques jours auparavant et il le prit entre ses doigts. Elle lui annonçait ses retrouvailles avec Terry ainsi que leur prochain mariage dès leur retour en Amérique. Un sourire de satisfaction se dessina sur ses lèvres. Il n'aurait plus à s'inquiéter désormais. Un autre que lui allait prendre le relais et s'occuper de Candy. Il se sentait rassuré. Les Legrand hors d'état de nuire, mariée à l'homme qu'elle aimait, Candy allait enfin vivre heureuse pour le restant de ses jours et cette perspective lui réchauffait le cœur. Sa main droite se remit alors à trembler et il reposa, en soupirant d'agacement, le télégramme qui s'agitait maladroitement sous ses yeux.

- Voulez-vous que j'appelle le docteur, monsieur ? - demanda Georges en remarquant le mal-être de son maître.
- C'est inutile mon ami. Nous savons tous deux que ce "désagrément" va se produire malheureusement de plus en plus souvent. J'espère seulement être encore en état de conduire Candy jusqu'à l'autel le moment venu...

Fin de la première partie



Edited by Leia - 11/7/2016, 16:53
 
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