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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 1/10/2015, 14:41 by: Leia
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La sirène du bateau qui reliait Le Havre à Southampton retentit. Deux silhouettes lovées l'une contre l'autre, en appui contre le garde-corps, tournèrent la tête vers l'horizon cabossée de formes urbaines sous la lumière du matin. Déjà, des petits bateaux à moteur se dirigeaient vers le navire pour le guider jusqu'à l'entrée du port.

- Nous voilà en Angleterre, mon aimée – murmura Terry à son oreille – Toi et moi, ensemble...

Candy opina avec un sourire mélancolique. Depuis quelques minutes déjà, une multitude de souvenirs remontaient à sa mémoire. Cela faisait plus de dix ans qu'elle avait quitté le collège Saint-Paul mais cette année passée là-bas, bien que lointaine, restait aussi vive dans son esprit qu'au premier jour. Certainement parce-que Terry avait occupé une grande partie de cette période compliquée de son existence. Parfois, elle se disait que si elle ne l'avait pas rencontré, elle aurait peut-être sagement continué ses études puis serait docilement retournée en Amérique pour épouser un bon parti que la famille aurait choisi pour elle. Elle se sentait tellement redevable d'avoir été adoptée par la famille André, qu'elle aurait fait n'importe quoi pour satisfaire l'Oncle William. Mais Terry lui avait montré que l'on était maître de son destin et qu'il ne fallait pas avoir peur de vouloir être libre.

- Tu m'as sauvé la vie... – se dit-elle en tournant un visage empreint de tendresse et d'admiration vers le jeune aristocrate, lequel, remarquant son étrange regard arqua un sourcil interrogateur.
- Je vous aime, monsieur Grandchester... – murmura-t-elle en réponse, ses yeux brillant du trouble que ce flot d'émotions ravivées provoquait en elle.

Elle avait passé ses bras autour de son cou, et il l'avait enlacée à son tour, contemplant tous deux leur amour dans le regard de l'autre.

Cesse donc ! - finit-il par dire en ricanant. Mais comme elle insistait, faisant mine de ne pas comprendre, il ajouta :
Cessez donc mademoiselle André de me regarder ainsi, où je me verrai dans l'obligation de vous conduire à votre cabine pour vous tancer comme il se doit !...

Les joues de Candy s'enflammèrent immédiatement tandis qu'elle tournait la tête de tous côtés pour s'assurer qu'on ne l'avait pas entendu.

- Un peu moins fort, voyons ! - chuchota-t-elle tout en écrasant son index contre sa bouche à lui – On pourrait t'entendre !

Le pont s'était rempli de voyageurs appuyés contre la barrière pour assister à l'arrivée. Une élégante vieille dame à côté d'eux les observaient avec un demi sourire.

- Se pouvait-il qu'elle ait compris le sous-entendu ? - se demanda Candy en rougissant de plus belle tandis que Terry, un sourire provocateur au coin des lèvres, plongeait sa tête dans le creux de son cou. Le souffle chaud de sa respiration caressait sa nuque faisant frémir de délice tout son être. Elle ferma les yeux, impuissante. Elle ne pouvait nier que la proposition indécente du jeune homme qui la tenait dans ses bras la séduisait. Les nuits torrides qu'ils avaient passées depuis leurs retrouvailles avaient rendu son corps plus que jamais avide du sien, comme une drogue dont elle était devenue l'esclave consentante et bien souvent requérante. Jamais auparavant elle n'aurait pu imaginer combien sa chair pouvait se montrer faible dès qu'il posait les mains sur elle, la précipitant dans un monde où le désir dominait la raison auquel elle se soumettait avec une ardeur qui la surprenait chaque fois plus encore. Elle comprenait à présent toute la signification que revêtait cette fusion charnelle, qui, non content d'unir leurs corps s'adressait aussi à leurs âmes, lesquelles, loin d'être perdues se rejoignaient dans un partage exclusif des sens et des pensées que seuls quelques privilégiés du grand amour pouvaient connaître.

- J'ai tellement de chance de pouvoir vivre cela avec celui que j'aime plus que tout au monde – se dit-elle, émergeant de sa torpeur alors qu'il persistait à la butiner de ses baisers. A bout de résistance, elle le repoussa discrètement, lui décochant un œil de reproche, provoquant chez lui un gloussement moqueur.

- D'accord... - soupira-t-il en feignant la déception. Il se posta derrière elle puis l'attira contre lui et, le menton en appui sur sa blonde tête, il ajouta en marmonnant – Mais tu ne perds rien pour attendre...

A l'écoute de cette promesse des plus suggestives, elle s'efforça d'afficher un visage impassible malgré le tressaillement de ses paupières qui la trahissait. Heureusement qu'il ne pouvait pas le voir sinon il aurait une nouvelle fois ricané bêtement, ravi de l'émoi qu'il provoquait en elle.

Un nouveau coup de sirène la fit sursauter, éloignant pour quelques instants le flot de pensées impudiques qui la traversait et dirigea son regard troublé de fièvre vers la jetée qui se rapprochait. Elle reconnaissait le lieu bien qu'il fût baigné de brouillard la dernière fois qu'elle s'y était rendue. C'était sur cette jetée qu'elle avait fait ses adieux à Terry... Et qu'elle s'était enfin avoué qu'elle l'aimait... Elle se serra un peu plus contre lui et ferma les yeux, savourant la chaleur de son corps à lui qui l'enveloppait. Il était bel et bien présent, avec elle sur ce bateau. Elle n'était plus seule... Elle posa sa main sur la sienne et la pressa tendrement, pour se rassurer encore une fois. Elle n'avait de cesse de le toucher depuis pour vérifier que tout cela n'était pas qu'un rêve. Elle se dit que dès qu'elle foulerait le sol britannique, nombre des entraves psychiques qu'elle s'imposaient commenceraient à s'exorciser.

Le chauffeur du Duc de Grandchester les attendait sur le quai. Le jeune couple s'installa dans la voiture tandis qu'il déposait les bagages dans la malle. Puis ils quittèrent Southampton en direction de Londres où se trouvait le père de Terry. Une boule d'angoisse grossissait dans la gorge de Candy au fur et à mesure que les kilomètres défilaient. Elle redoutait cette rencontre avec le Duc même si Terry l'avait assurée que tout se passerait bien.

- Il a hâte de te revoir, Candy – lui dit-il en lui prenant la main, remarquant l'inquiétude sur son visage – Il a beaucoup d'estime pour toi.

Candy lui sourit sans grand enthousiasme. Le Duc de Grandchester l'avait toujours impressionnée. Quand elle avait osé le confronter à Saint-Paul après le départ de Terry, ce n'était que poussée par la rage du désespoir. Dans d'autres circonstances, elle s'en serait bien gardée. Elle espérait qu'il ne lui gardait pas rancune de son audace et qu'il saurait apprécier le choix de son fils.

Elle se tourna vers lui et vit qu'il s'était assoupi, la tête posée contre la vitre de la portière. Il avait le visage si détendu qu'elle osait à peine remuer de peur de le réveiller. Il faut dire qu'ils ne dormaient pas beaucoup depuis ces derniers jours, et elle rougit une nouvelle fois à cette évocation. Depuis leurs retrouvailles en Italie, ils ne s'étaient plus quittés. Candy avait rendu sa chambre à la pension Roberta dès le lendemain. En bonne copine, Patty n'avait pas cherché d'explication, comprenant sans peine la gêne de Candy. Il n'était pas commun qu'une jeune femme de son rang passe ses nuits avec un jeune homme sans être mariée, même si on pouvait supposer qu'ils dormaient chacun dans une chambre séparée... A vrai dire, tout cela l'avait bien arrangée car elle allait pouvoir à son tour organiser son emploi du temps sans avoir l'impression de rendre des comptes même si Dame Roberta avait toussoté de réprobation en soupçonnant la raison du départ de Candy. Elle s'attendait à quelques reproches si elle aussi venait à rentrer à des heures indues... (voir mini-fic parallèle sur Patty et Alessandro prochainement) et s'était dit qu'elle devrait demander à ce dernier de l'attendre plutôt au coin de la rue quand elle le rejoindrait après son travail.

Candy et Terry n'étaient restés que deux jours à Vérone, le temps pour tous deux de faire leurs adieux à leurs nouveaux amis : le banquier qui avait si généreusement prêté la maison de sa mère à Terry, les gardiens de la dite maison et plus particulièrement, leur discrétion, les dames du club de Juliette, les infirmières de l'hôpital, le docteur Biazinni et bien sûr Patty qui avait préféré passer quelques jours de plus auprès de son beau médecin. Les deux amies s'étaient quittées avec effusion, toutes à la joie de ce nouveau bonheur qui s'offrait à chacune d'elles, et s'étaient promis de se revoir au plus vite. Terry désirait se marier rapidement afin de pouvoir s'afficher ouvertement avec Candy mais cette dernière souhaitait que le mariage ait lieu à la Maison Pony. Il n'était pas question pour elle de se marier sans ses deux mères de cœur. Ils avaient donc opté pour des fiançailles dans sa famille à lui en Angleterre, ce qui officialiserait leur relation tout en laissant un peu de temps à Albert pour organiser leur mariage en Amérique. En chemin, ils avaient fait une halte à Venise pour saluer le Comte Contarini puis avaient repris leur route vers le pays de Shakespeare. Les jours s'étaient écoulés à une vitesse folle les laissant tout étourdis de joie et d'excitation. Elle était si heureuse, si heureuse ! Que pouvait-il arriver maintenant qui viendrait troubler ce bonheur ? Elle posa sa tête contre le dossier de la banquette sur laquelle elle était assise, et laissa vagabonder ses pensées , le regard tourné vers le paysage au dehors qui défilait derrière les vitres closes, le cœur palpitant d'espérance...

Fin de la deuxième partie



Edited by Leia - 3/10/2015, 21:38
 
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