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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 4/10/2015, 21:24 by: Leia
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Le domaine londonien des Grandchester était situé à l’extérieur de la ville et s'étendait sur plusieurs centaines d'hectares. Le château, qui datait de la Renaissance avait été entièrement rebâti au cours du XIXème siècle dans le style victorien et dominait de façon imposante les environs. On le distinguait de très loin si bien que Candy pouvait l'apercevoir alors qu'il leur restait encore quelques kilomètres à parcourir ! Son cœur bondit dans sa poitrine et elle serra un peu plus fort le mouchoir qu'elle tenait dans sa main gantée de blanc. L'angoisse qui s'emparait d'elle devenait de plus en plus oppressante, bloquant régulièrement sa respiration. Elle chercha un peu d'air du côté de la fenêtre mais son malaise ne s'atténuait point si bien qu'elle se demanda avec inquiétude si son estomac allait tenir jusqu'à leur arrivée. Soudain, la voiture s'arrêta au milieu du chemin.

- Viens – lui dit Terry en posant une main rassurante sur la sienne – Nous terminerons le dernier kilomètre à pied. Cela te fera du bien.

Il sortit de la voiture et la contourna par l'arrière pour aller lui ouvrir la portière. La jeune femme émergea, livide, de l'habitacle. Se retenant de rire, il ordonna au chauffeur de partir au devant annoncer leur arrivée toute proche. Puis il revint vers Candy, laquelle n'avait toujours pas repris de couleurs. Un sourire ironique au coin des lèvres, il l'attira contre lui, et passant un bras autour de ses épaules, se mit à conduire la marche.

- Tu es aussi blanche qu'une feuille de papier, ma chérie. Si mon père te voit dans cet état, il va penser que tu es souffreteuse et refuser que je t'épouse !

Candy leva vers lui un regard inquiet mais le petit rire qui secouait ses épaules la rassura.

- Je ne sais pas ce que j'ai – dit-elle en riant nerveusement – Même devant la Grand-Tante Elroy, je ne me suis jamais sentie aussi mal...
- Si cela peut te mettre à l'aise, je ne me sens pas tranquille non plus. La dernière fois que je suis venu ici, j'ai eu une violente dispute avec mon père. Les murs en avaient tremblé.
- Le château ne semble pas en avoir gardé de traces – ironisa-t-elle en pointant du menton l'impressionnant édifice qui se précisait peu à peu à ses yeux. Avec ses parements en pierre de Bath et ses tourelles carrées néo-renaissance, il avait grande allure. Elle avait néanmoins une préférence pour le manoir de la famille en Ecosse, plus petit et rustique, mais dont elle avait gardé d'émouvants souvenirs.

Le soleil avait débuté sa descente derrière les toits de l'imposante demeure, indiquant que l'après-midi était bien entamée. Un gargouillement en provenance de son estomac lui rappela alors qu'elle n'avait pas mangé depuis le petit-déjeuner, et elle posa sa main contre son ventre en réaction pour essayer d'atténuer le bruit qu'il faisait, maudissant le monstre perfide qui devait y loger.

- Flute ! - grommela-telle, espérant que Terry n'ait rien entendu.
- Je remarque en tout cas que toutes ces émotions ne t'ont pas coupé l'appétit !... - s'écria-t-il alors, laissant ainsi à penser qu'entre autre qualité, il avait l’ouïe fine, ce qui aux yeux de Candy avait en cet instant valeur d'insupportable défaut.
- Je meurs de faim à vrai dire... - confessa-t-elle en baissant les yeux d'embarras, se préparant à subir le rire moqueur de son compagnon, tandis que son estomac s'égosillait de plus belle.
- Ne t'inquiète pas, je pense qu'il y a suffisamment de réserves en cuisine pour amadouer l'ogre qui gouverne cette partie de ton anatomie.

Elle le repoussa d'un coup de poing à l'épaule et redressa le nez, vexée. Il éclata de rire et resserra affectueusement son étreinte malgré la réticence qu'elle lui témoignait, réticence qui s'évanouit au moment même où il déposait un baiser triomphant sur le dessus de son crâne.

- Tu ne m'épargneras jamais rien, n'est-ce pas ? - soupira-t-elle en levant les yeux au ciel.
- Jamais ! - lança-t-il, l'oeil malicieux, en l'embrassant une nouvelle fois. Elle pencha un peu plus la tête vers lui et colla sa joue contre sa poitrine, espérant secrètement qu'il ne change jamais.

Cette petite querelle lui avait redonné des couleurs, et ce fut les joues rosies de frais qu'elle se présenta quelques instants plus tard devant le majordome qui les attendait sous le porche surmonté des armoiries de la famille.

- Bonjour Carson – fit Terry en saluant l'employé de maison, lequel le salua à son tour avec un discret mais chaleureux sourire. C'était un homme de grande taille et à forte carrure. Une raie parfaitement rectiligne séparait en deux côtés identiques ses cheveux grisonnants qu'il avait gominé légèrement. Ses yeux gris fatigués par le temps contemplaient avec une infinie tendresse le jeune couple.
- Bonjour, My Lord. Permettez-moi de vous exprimer tout le plaisir que me procure votre visite.

Des enfants Grandchester, Terry avait toujours été son préféré. Il avait tant de fois assisté à regret au traitement inégal et injuste qu'on lui réservait qu'il s'était attaché à cet enfant solitaire, mis à l'écart de la famille. Discrètement et dans la mesure de ses attributions, il s'était efforcé de le protéger. Il avait toujours trouvé les mots pour consoler le petit garçon qui s'isolait dans sa chambre pour pleurer loin des regards de ses cruels frères et sœurs, lui redonnant courage et fierté. Son départ pour le Collège Saint-Paul avait été un crève-coeur pour tous deux mais il l'avait encouragé à tenir bon, devinant dans l'adolescent qui se tenait devant lui l'homme au destin glorieux qu'il deviendrait un jour. L'avenir lui avait donné raison et il avait du mal à dissimuler en cet instant son émotion.

- Le plaisir est partagé, Carson, soyez-en assuré. - répondit Terry, visiblement ému lui aussi. Ce n'était pas le genre de Carson de manifester ainsi sa joie et il en était très touché. S'éclaircissant la gorge, il demanda : Mon père est-il là ?
- Il vous attend ainsi que mademoiselle André dans le salon, My Lord. Souhaitez-vous vous rafraichir avant de le rencontrer ? J'ai fait monter vos bagages dans vos chambres – s'enquit le majordome tandis qu'on finissait de vider le coffre de la voiture stationnée quelques mètres plus loin devant une des entrées de service.
- Vous êtes bien aimable, Carson, mais ce ne sera pas nécessaire. J'ai hâte de présenter ma future épouse à mon père.
- Dans ce cas, My Lord, ne le faisons pas attendre plus longtemps et suivez-moi.

Candy adressa à Terry un regard de biche effrayée. Ce dernier lui prit délicatement la main avec un sourire bienveillant et l'entraîna à l'intérieur. Ils traversèrent le long vestibule qui desservait un certain nombre de pièces comme la bibliothèque, les salons de musique et de dessin, le fumoir, croisant ça et là des servantes empressées. Le majordome poussa enfin une porte à deux battants qui s'écartèrent sur une grande pièce rectangulaire baignée de lumière grâce au toit de verre qui la surplombait. Une magnifique voute en ogive de style gothique soutenait le toit et retombait gracieusement vers le sol nappé d'épais tapis d'orient. Des tableaux de famille ornaient les murs tapissés de tentures anciennes et de boiseries, observant de leurs yeux curieux les nouveaux visiteurs. Une porte à l'extrémité opposée de la pièce s'ouvrit et une silhouette que Candy avait eu l'occasion d'approcher une fois apparut. Tétanisée, elle serra si fort la main de Terry qu'il ne put retenir un petit cri de douleur. Le Duc de Grandchester avançait vers eux l'air grave, son regard acier les fixant tous deux. Il était aussi grand et impressionnant que dans ses souvenirs. Parvenu à leur hauteur, il s'arrêta, ses yeux d'un bleu profond se promenant de l'un à l'autre. Candy avait le cœur qui battait à vive allure et la respiration tremblante.

- Il va me jeter dehors ! - se dit-elle au bord de l'évanouissement, ses vertes prunelles écarquillées vers lui, telle une proie hypnotisée par la bête qui s'apprêtait à la dévorer.

Contre toute attente, elle vit soudain les traits de son visage se détendre et ses yeux pénétrants se plisser de contentement. Puis elle sentit ses bras puissants l'attirer violemment contre lui, sa joue, emportée dans l'élan allant s'écraser dans un bruit d'étoffe contre la veste de son costume. Elle ne pouvait bouger, prisonnière de ses bras qui l'enserraient, et essayait du coin de l'oeil de capter le regard de Terry, mais il était trop en retrait et elle ne pouvait l'apercevoir.

- Bienvenue – entendit-elle alors prononcer le Duc d'une voix frémissante empreinte d'une sincère émotion – Bienvenue chez vous, mon enfant...

Fin de la troisième partie



Edited by Leia - 19/10/2015, 21:39
 
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