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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 6/10/2015, 23:05 by: Leia
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- Avez-vous encore besoin de mes services, mademoiselle ? - demanda la femme de chambre à Candy après l'avoir aidée à revêtir sa chemise de nuit.

Assise devant sa coiffeuse, occupée à ôter ses boucles d'oreilles, elle lui répondit avec un sourire amical à travers le reflet du miroir.

- Merci Bénédicte, cela ira. La journée a été longue pour vous aussi. Dépêchez-vous d'aller vous coucher.
- Je vous remercie, mademoiselle. Je vous souhaite une bonne nuit.
- Bonne nuit à vous aussi, Bénédicte. Merci.

La domestique vérifia une dernière fois les plis de la robe de chambre en soie qu'elle avait étendue sur le lit et quitta la chambre. Dès qu'elle eut fermé la porte, la jeune André s'empressa de s'étirer comme un chat tout en baillant à gorge déployée. La tension nerveuse qu'elle avait éprouvée toute la journée l'avait épuisée ! C'était sans compter le repas gargantuesque que la cuisinière du Duc leur avait préparé ! Candy avait bien eu droit à une collation dans l'après-midi pour calmer sa faim douloureuse, mais elle ne s'attendait pas à un tel festin en soirée ! Chaque met était un tel délice qu'elle n'avait pu se résoudre à laisser des morceaux dans son assiette. Elle n'avait pas non plus voulu froisser la cuisinière qui avait visiblement mis tout en œuvre pour les satisfaire. Elle se sentait lourde et malgré la fatigue, assurée de mal dormir. Une petite promenade dans les jardins du château lui ferait certainement du bien...

Elle mit e sa robe de chambre, la noua prestement autour de sa taille, puis passa la tête à travers l'embrasure de la porte. Personne à l'horizon ! A pas feutrés, elle s'engagea dans le couloir et se dirigea vers l'escalier principal pour rejoindre le grand salon. Le château était si grand qu'elle ne voulait pas se perdre et préférait se fier aux pièces qu'elle avait déjà visitées. Une des portes-fenêtres était entrouverte et elle s'y faufila, débouchant sur une terrasse en surplomb d'un immense jardin dont elle discernait les ombres mystérieuses sous le voile sombre de la nuit. C'était une belle nuit d'été, chaude et odorante. Cela sentait l'herbe coupée d'où s'élevait un concert de chants de grillons. Elle s'appuya sur la rambarde et ferma les yeux.

On se croirait presque à la maison Pony...

Le visage de ses deux mères de cœur se rappela à sa mémoire et elle se promit de leur envoyer un télégramme le lendemain pour leur annoncer la bonne nouvelle.

- Il se peut qu'Albert les ait déjà mises au courant – se dit-elle – Dieu qu'il me tarde de tous les revoir !

Mais ces retrouvailles n'allaient pas pouvoir se dérouler tout de suite. Au cours du repas, le Duc avait évoqué les fiançailles et expliqué que malgré sa meilleure volonté, elles ne pourraient avoir lieu avant deux semaines. Comme le mariage n'allait pas se passer en Angleterre, il voulait que la cérémonie des fiançailles soit célébrée dans des conditions à la hauteur de leur rang, c'est à dire avec faste et beaucoup d'invités. Candy et Terry auraient souhaité une fête plus intime mais il semblait si concerné qu'ils n'avaient pas osé le contredire.

- Nous organiserons en Amérique notre mariage comme nous le désirons, laissons-lui donc ce plaisir s'il n'y a que cela pour le contenter - avait suggéré Terry à Candy tandis qu'ils remontaient l'escalier qui conduisait à l'étage où se trouvaient leurs chambres - Je crois ne l'avoir jamais vu aussi enjoué de toute ma vie !
- Je n'y vois pas d'inconvénient, mon aimé - avait-elle répondu en continuant de monter les marches - Je suis si heureuse de voir que tout va mieux entre vous, et si nos fiançailles peuvent renforcer votre relation, je suis toute disposée à me soumettre à ses désirs.


Parvenue sur le palier ,elle leva les yeux vers l'immense portrait de Béatrix Grandchester, accroché sur le mur devant eux. Elle était assise sur un fauteuil, dans une position classique, les mains croisées sur les cuisses, le port de tête noble mais sévère. Au style de la robe qu'elle portait, on devinait que le tableau avait déjà quelques années.

- Je suis curieuse de rencontrer ta belle-mère... - avait-elle murmuré. Au ton de sa voix, on devinait
néanmoins une certaine appréhension car Lady Grandchester n'avait pas la réputation d'être la personne la plus aimable au monde.
- Je t'avoue que je suis beaucoup moins impatient que toi de la revoir – avait-il rétorqué en grimaçant – Je suis bien heureux qu'elle poursuive sa cure à Bath et ne rentre que deux jours avant les fiançailles. Deux jours qui seront déjà de trop...
- Nous n'avons que peu évoqué tes frères et sœurs pendant le repas. Penses-tu qu'ils seront là ?
- J'en ai bien peur... - avait-il soupiré de désolation.
- Où sont-ils en ce moment ? Je pensais qu'ils seraient au château ?
- Mon frère, Rodolphe travaille dans une banque à Londres où il gère des porte-feuilles immobiliers tandis que ma sœur, Sibylle, est à Bath avec sa mère, laquelle doit être en train de s'évertuer à lui chercher un mari mais il faut dire que les prétendants ne se disputent pas sa main...

D'un mouvement de tête, il avait indiqué le portrait d'une jeune fille un peu plus loin, dont les traits excessivement ingrats, malgré tous les efforts de l'artiste pour les camoufler, ne la flattaient point.

- Oh mon dieu ! - s'était écriée Candy, horrifiée, en portant sa main à sa bouche.

Terry avait hoché la tête en fermant les yeux de consternation.

- Hé oui... Et je peux aussi ajouter qu'elle est particulièrement sournoise et méchante !
- C... Comme Elisa ? - avait-elle demandé, incapable d'imaginer qu'il existât sur terre une autre personne aussi odieuse que sa cousine.
- Comme elle, mais... en plus moche !

Le sourcil froncé de reproche, elle lui avait asséné une tape sur l'épaule, non sans laisser échapper un gloussement nerveux.

- Ce n'est pas beau de se moquer, Terry !
- Constater n'est pas se moquer... - avait-il répliqué, l'oeil plein de malice – Et puis, quand tu feras la connaissance de ma sœur, tu perdras toute envie d'être charitable !
- Quelle perspective réjouissante ! - s'était-elle exclamée en poursuivant sa visite, passant en revue d'un œil scrutateur le défilé des ancêtres, en quête d'un air de ressemblance avec leur illustre descendant. Soudain, elle avait stoppé net devant le portrait d'un homme en tenue de Highlander, dont la chevelure d'un roux flamboyant contrastait fortement avec les cheveux bruns de Terry. C'était un homme d'une quarantaine d'années très séduisant qui n'avait pas vraiment de ressemblance avec le jeune aristocrate, mais dont la détermination dans le regard rappelait singulièrement le sien.

- Qui est-ce ? - avait-elle demandé, troublée.
- James Alexander Malcolm MacKenzie Fraser(1), un de mes ancêtres écossais, qui combattit les anglais pendant la rébellion jacobite. C'était un homme très courageux et un véritable guerrier. Il a aussi participé à la révolution américaine. On ne sait pas trop de quoi il est mort d'ailleurs. On dit qu'il a disparu avec sa femme qu'on soupçonnait d'être une sorcière...
- Une sorcière ? Vraiment ???
- Sans rentrer dans les détails car cela serait trop long tellement sa vie est un roman, je peux néanmoins te dire qu'il a eu un fils, William, avec une riche aristocrate anglaise, et que ce William a eu plus tard une fille qui a épousé un Grandchester, un autre écossais, au grand effroi de la lignée britannique !
- Deux familles de valeureux écossais... - avait-elle murmuré, émerveillée – Quelle chance tu as d'avoir de tels ancêtres, Terry ! Moi, je ne sais même pas d'où je viens...
- Du singe assurément, vu ton agilité dans les arbres !... - avait-il lancé, moqueur, avec la sotte idée que cela allait chasser la tristesse qui était apparue dans ses yeux.

Il s'était attendu à une réaction violente de sa part, mais étonnamment, il n'en avait été rien, se contentant de répliquer par un inquiétant sourire qui laissait présager de prochaines représailles, représailles qu'elle s'était empressée d'exercer, impitoyablement, en arrivant devant la porte de sa chambre.

- Je pourrai venir te rejoindre dans la soirée ? - avait-il roucoulé d'un ton charmeur, le bras appuyé contre le chambranle de la porte.
- Cela ne sera pas possible, monsieur Grandchester – avait-elle répondu en se retournant vers lui, affichant un air des plus ingénu - Vous oubliez que nous ne sommes pas mariés. Je ne voudrais pas que notre comportement porte atteinte à l'honneur de la famille...
- Cesse tes idioties et dis-moi que je pourrai venir plus tard !
- N'insistez pas monsieur Grandchester, ou je me verrai dans l'obligation de demander à la femme de chambre de rester dormir avec moi...
- Pfffff ! - avait-il rouspété en secouant la tête – Tu m'en veux à cause de ma plaisanterie sur les guenons ?
- Une guenon maintenant ! Merci de cette précision ! - s'était-elle écriée en simulant l'indignation, se divertissant intérieurement de la mine désappointée de son bien-aimé – Et bien la guenon va de ce pas aller dormir, SEULE !

Terry avait ouvert la bouche pour répliquer quand une voix féminine les avait interrompus. C'était la femme de chambre qu'on l'on avait attribuée à Candy pour le séjour.

- Bonsoir mademoiselle André. Je suis Bénédicte, votre femme de chambre, et je viens vous aider à vous vêtir pour la nuit.
- Vous arrivez à point nommé ! - s'était exclamée la jeune femme en l'invitant à entrer. Puis, un sourire revanchard au coin des lèvres, elle avait claqué la porte au nez du jeune homme qui en était resté tout interdit.

Se remémorant cet épisode amusant de la soirée, elle se demanda si Terry était dans sa chambre en train de pester contre elle. Elle avait encore en tête l'image de son visage stupéfait devant sa résistance et se mit à ricaner de satisfaction. Elle remarqua alors une odeur de tabac qui se répandait autour d'elle et comprit que quelqu'un l'observait. Elle pivota d'un coup vif sur elle même mais ne distingua personne. Seule une cigarette achevait de se consumer dans un cendrier posé sur une petite table à côté d'une chaise longue. Intriguée, elle balaya du regard la terrasse en quête d'une présence. Le lieu semblait pourtant résolument vide. Sentant la peur s'emparer d'elle, elle se dit qu'elle irait se promener à une autre occasion dans le jardin, préférant regagner sa chambre au plus vite. Elle n'avait pas oublié qu'il y avait des fantômes en Angleterre, et elle n'était pas très disposée à tenter l'expérience cette nuit. Un peu plus rapidement qu'à l'aller, elle reprit le chemin en sens inverse, et rejoignit sa chambre avec un soupir de soulagement. Elle ne s'habituerait jamais à ces longs couloirs sombres où la moindre ombre vous tétanisait de peur.

Assise au bord du lit, elle était en train d'enlever sa robe de chambre quand un drôle de bruit en provenance de l'armoire entrouverte la fit sursauter. Une silhouette en jaillit comme un diable de sa boite. Muette de terreur, elle saisit un chandelier sur le guéridon à côté du lit, qu'elle brandit au-dessus d'elle en guise de défense, et réalisa alors que la silhouette n'était autre que celle de Terry.

- Terry ??? Mais que... - fit-elle, surprise, en reculant devant la mine étrange qu'il arborait. Elle buta contre le mur derrière elle, le chandelier pendant à son bras ballant. Il se tenait tout près d'elle, la chemise entrouverte et la respiration frémissante. Elle pouvait sentir son haleine imprégnée de tabac effleurer sa joue.
- Voilà l'explication à mon fantôme... - se dit-elle en se reprochant son manque de discernement. Elle avait le cœur qui battait à vive allure et pouvait sentir la chaleur de sa peau irradier à travers le tissu de sa chemise. Elle se mordit la lèvre devant l'insoutenable envie de la lui arracher puis se ressaisit, se rappelant qu'elle ne devait pas céder. Les guenons ne dormaient-elles pas dans les arbres alors que leurs compagnons restaient au sol, enfouis sous les hautes herbes ?

Elle leva les yeux vers lui, lequel restait silencieux, seule sa mâchoire crispée témoignait de son trouble.

- Tu... Tu ne devrais pas être ici, Terry. Ce n'est pas bien – bredouilla-t-elle, tandis qu'il posait ses bras au dessus d'elle et la fixait. Elle sentait qu'elle ne pourrait pas lui échapper bien longtemps. Il était si beau avec sa mèche de cheveux qui retombait sur son visage ! Beau à se damner ! Et c'était bien une énième damnation qu'elle encourait si elle le laissait continuer !
- Demande-moi de partir... - murmura-t-il de sa voix chaude en baissant la tête vers ses lèvres qu'il effleura sans les toucher pour ensuite descendre vers le creux de son gorge, la laissant haletante – Demande-moi de partir... Et j'obéirai...

Elle esquissa une ébauche de réplique qui se perdit dans le couinement de plaisir qu'elle émit au moment où il se glissait sous sa chemise de nuit et écrasait ses lèvres sur sa peau. Emportée par le désir, elle laissa échapper le chandelier qui retomba avec un bruit sourd sur le tapis, pour rebondir sous le lit, vers lequel il l'entraîna avec un cri de rage victorieux, rapidement étouffé sous la mélodie confuse de leurs longs et voluptueux soupirs....

(1) Personnage principal de la saga Outlander (Le chardon et le tartan) de Diana Gabaldon

Fin de la quatrième partie



Edited by Leia - 9/10/2015, 11:05
 
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