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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 23/9/2016, 22:10 by: Leia
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Cookie s'était rapidement assoupi pendant que Candy lui faisait la lecture. On l'avait installé sur une chaise longue, dans le jardin de la demeure des Grandchester, à l'ombre d'un arbre qu'une brise légère venait régulièrement visiter, emportant sur son sillage toute la moiteur de cette chaude journée d'été.

Contre toute attente, cet été londonien s'avérait tout aussi caniculaire que celui qu'elle avait connu en Italie, mais Candy en souffrait beaucoup plus ici car elle ne pouvait plus se permettre de porter les petites robes légères et confortables qu'elle avait achetées à Vérone. Ici, elle se devait d'être irréprochable en toute circonstance, elle devait faire honneur à la famille Grandchester et à la famille André devant les visiteurs qui venaient au domaine pour faire sa connaissance. Elle devait tenir son rang, et même si elle s'en acquittait avec bonne volonté, elle ne pouvait s'empêcher de s'imaginer en train de piquer une tête dans la rivière toute proche, comme elle l'aurait bien volontiers fait si elle avait été à la maison Pony.

Le livre n'était pas très épais, et elle se mit à l'agiter devant son visage, comme d'un éventail. Elle regardait Cookie qui dormait paisiblement, un sourire tranquille sur les lèvres, les traits reposés de celui qui se remet tout doucement. On s'était bien occupé de lui à Plymouth, mais on sentait malgré tout, sous ses faux airs enthousiastes, qu'il commençait à s'ennuyer et que son humeur en pâtissait. Ses anciens collègues qui ne pouvaient se permettre de rester sans travail avaient trouvé un autre bateau et étaient repartis, le laissant seul dans cette chambre d'hôpital, avec pour toute vue, celle du cimetière voisin, ce qui ne favorisait pas un bon moral. Ainsi, il avait été rapidement décidé que Cookie viendrait s'installer à Londres pour poursuivre ses soins et qu'il y resterait le temps de sa convalescence.

Il ne pouvait pas encore marcher mais il n'avait pas perdu sa langue, si bien que les repas en sa compagnie devenaient interminables tant il avait d'histoires de marin à raconter, des anecdotes du bout du monde qui emportaient les convives vers des contrées lointaines, où le magique se mêlait au merveilleux, grâce à l'imagination débordante du jeune infirme qui n'hésitait pas à enjoliver ses souvenirs pour retenir l'attention. Cookie se sentait visiblement plus à l'aise dans cette maison que ne l'était Candy, laquelle avait toujours peur de mal agir ou de mettre Terry dans l'embarras. C'était plus simple pour lui car ce n'était pas lui qui allait épouser Terry, et elle sentait peu à peu grandir en elle l'angoisse du grand jour, celui de leurs fiançailles qui devait avoir lieu à la fin de la semaine. Mais avant cela, elle devait faire face à quelque chose de bien plus angoissant : sa rencontre avec la Duchesse Grandchester et ses deux enfants qui devaient arriver le lendemain. Malgré la chaleur, elle frissonna d'effroi à cette évocation, se demandant avec inquiétude comment cette rencontre allait se dérouler et si tout allait bien se passer. Elle en avait vu d'autres avec la famille Legrand ou la Grand-Tante Elroy, mais elle n'en restait pas moins en alerte surtout vis à vis de Terry, chez qui la patience était loin d'être une vertu, ce qui laissait présager quelques grincements de dents.

Elle leva les yeux vers l'immense bâtisse derrière elle, à la fois austère d'apparence, mais bien vivante à l'intérieur, avec son armée de petites mains qui allait et venait dans les étages, guettant la moindre imperfection pour la corriger dans l'instant, avec le frêle espoir que cela n'ait pas déjà été constaté par Carson, le majordome, lequel se montrait particulièrement intransigeant pour ce qu'il considérait être de la négligence. Malheur à celui qui laissait trainer un seau de nettoyage, qui avait laissé un grain de poussière sur les meubles, ou qui n'avait pas changé les fleurs fanées ! Personne n'avait envie d'avoir affaire à lui dans ces moments là, et en conséquence, faisait de son mieux pour éviter que cela arrive. Candy aimait cette atmosphère d'agitation perpétuelle, cela lui rappelait son enfance chez les Legrand. Elle aussi avait travaillé comme domestique, avait frotté bien des sols et fait briller bien des parquets. Elle savait ce que c'était que d'avoir les mains abimées par le travail, elle qui les avait souhaitées si douces et si jolies pour Anthony… Et pourtant, pour rien au monde elle n'aurait échangé son sort contre celui d'Elisa et de Daniel, pour la bonne raison que tout le monde les détestait, se moquant d'eux derrière leur dos avec une moue de mépris qui témoignait de la réelle hostilité de leurs sentiments. Candy, au contraire, avec sa gentillesse et sa bonne humeur, avait su se faire apprécier tout de suite du personnel, l'accueillant chaleureusement à chacune de ses visites, lui mettant de côté les restes d'un bon repas, l'encourageant quand elle avait le moral au plus bas, pestant avec elle après un mauvais coup des enfants Legrand… Elle en avait gardé un si bon souvenir, qu'elle n'avait pas hésité à réitérer l'expérience avec les domestiques du Duc, qui n'en étaient pas revenus de la voir déambuler un jour dans les couloirs du sous-sol, visiblement très à l'aise, avec un mot aimable pour chacun. En quelques minutes, elle les avait conquis et ils ne tarissaient pas d'éloges à son encontre depuis.

Chaque matin, à la première heure, elle aimait aussi partir se promener seule dans la campagne environnante, son corps engourdi de la nuit s'éveillant à son tour au rythme des rubans de brume flottant au-dessus des champs disparaissant progressivement sous le soleil levant. Elle appréciait ce moment de calme et de solitude, loin du tumulte du château qu'elle contemplait de loin, dominant l'horizon de sa majestueuse stature. Au fur et à mesure que les jours passaient, elle en avait conclu qu'elle n'était pas faite pour vivre dans un tel endroit, si grand que l'on pouvait aisément s'y perdre, où toute communication n'était possible qu'au moyen de clochettes tant chaque occupant pouvait se trouver éloigné l'un de l'autre, où tout était réglé et règlementé comme dans une caserne, organisation nécessaire pour éviter le chaos. Tout ceci était bien trop complexe pour elle et elle était soulagée de repartir en Amérique après leurs fiançailles. Elle s'était alors demandé où ils habiteraient. Certainement à New-York, dans l'appartement de Terry, pourtant cette éventualité avait du mal à devenir certitude car depuis quelques jours, l'image d'une jolie maison à colombages en bord de rivière lui apparaissait en rêve. Etrangement, elle s'y sentait chez elle, avec son jardin de roses blanches et ses massifs de jonquilles tout autour, et la voix de Terry qui chuchotait à son oreille "bienvenue chez nous"… Elle se réveillait à chaque fois, le cœur en joie et tremblante d'émotion avec l'étrange impression que cela se réaliserait un jour, mais pas pour l'instant assurément, les immeubles newyorkais éprouvant une aversion manifeste pour toute habitation vieille de plus de vingt ans. Le mystère de la localisation de cette maison restait donc entier…

Un tendre baiser dans le cou la tira de ses pensées et elle tourna la tête d'un air surpris.

- Terry ! – fit-elle en souriant – Tu es déjà revenu de Londres ?
- Ce que j'avais à y faire s'est déroulé plus vite que je ne l'avais prévu et je suis immédiatement rentré te retrouver, mon aimée. Ces quelques heures loin de toi étaient un véritable supplice…

Il s'était accroupi à côté d'elle et avait pris sa main pour l'embrasser. Fermant les yeux, elle pencha la tête vers lui à la rencontre de son front contre lequel elle s'appuya avec tendresse.

- Tu m'as manqué toi aussi… - murmura-t-elle en prenant sa main à son tour – Le temps me paraît si long loin de toi…
- Cela fait plaisir à entendre ! Ma compagnie est-elle si ennuyeuse que cela ???

Les deux jeunes amoureux se tournèrent vers l'intrus qui venait d'interrompre leur tendre échange.

- Ma parole, Cookie ! Ne pourrais-tu pas te faire plus discret par moment ??? – rugit Terry, visiblement contrarié qu'on ait pu les écouter.
- Mille excuses, monseigneur ! Mais à défaut de jambes, j'ai conservé de bonnes oreilles qui s'avèrent très utiles pour entendre mais qui ne me permettent pas encore de marcher…
- Ne sois pas ironique ! Tu pouvais tout au moins continuer à faire semblant de dormir !...
- Et vous laisser roucouler à qui mieux mieux en ma présence ? Un peu de pudeur, que diable ! – renchérit-il, simulant l'indignation.
- Haaaaa, Cookie ! Quand cesseras-tu donc de faire l'enfant !... – s'exclama Terry en se dirigeant vers lui. L'œil malicieux qu'il lui décocha intrigua ce dernier qui arqua un sourcil perplexe en remarquant au même moment une silhouette blanche qui venait dans leur direction et que le jeune aristocrate ne semblait pas du tout surpris de voir arriver – Cookie, permets-moi de te présenter Lucille, ta nouvelle infirmière !
- Ma nouvelle infirmière ??? – s'écria-t-il en sursautant d'étonnement – Mais je croyais que c'était Candy, mon infirmière !
- Tu as bien usé et abusé de sa gentillesse ces derniers jours mon ami, et je souhaite à présent récupérer ma future fiancée… C'est pourquoi j'ai requis les services de Lucille pour s'occuper de toi…
- C'était donc ça, tes petits allers-retours à Londres depuis deux jours…Vous en avez assez de moi, c'est ça !
- Cesse de gémir sur ton sort, tu sais très bien que ce n'est pas du tout le cas ! Lucille est une infirmière très compétente et je suis certain que vous allez bien vous attendre.

Sur ce, il s'écarta, cédant le passage à la jeune femme. Cookie finit par lever des yeux dubitatifs vers l'importune qui s'agrandirent d'étonnement au fur et à mesure qu'ils remontaient vers elle. Il ne pouvait certainement pas encore marcher mais il avait toujours une très bonne vue qu'il promena de bas en haut à plusieurs reprises sur elle, la bouche ouverte d'étonnement. Quand Terry avait dit qu'ils s'entendraient certainement bien, il n'avait pas sur l'instant soupçonné l'ironie qu'il détectait à présent tant la jeune soignante qui se tenait devant lui était jolie !

- Bonjour monsieur Dicks – fit la jeune demoiselle en lui tendant la main qu'il serra machinalement de sa main libre, en marmonnant les mots d'usage, tout en se reprochant son manque de contrôle.

- Ressaisis-toi, andouille ! – se dit-il en tentant d'adopter une attitude indifférente. Mais le mal était déjà fait et la jeune Lucille avait bel et bien remarqué son embarras qu'elle accentua en arborant un demi-sourire, ses yeux d'un noir profond brillant d'une étincelle moqueuse comme s'il avait un nez rouge planté au milieu du visage.

- Les présentations étant faites – ricana Terry – Nous allons vous laisser tous deux faire plus ample connaissance. Candy et moi avons encore de nombreuses choses à terminer avant la cérémonie. A plus tard…

Sans laisser le temps à Cookie de réagir, Terry s'empara de la main de Candy, laquelle eut juste le temps de donner à Lucille le livre qu'elle avait commencé à lire à son ami, et l'entraina vers le château.

- Tu m'as l'air bien pressé ! – fit remarquer Candy alors qu'ils s'éloignaient d'un pas rapide.
- C'est que, j'ai une petite surprise pour toi… que je ramène de Londres…
- Une surprise ? De Londres ??? – s'écria-t-elle, écarquillant les yeux d'étonnement – Je me demande bien ce que cela peut être !...
- Tu ne vas pas tarder à le savoir… - fit-il en pénétrant dans le château.

Les hypothèses défilaient dans l'esprit de la jeune femme au fur et à mesure qu'ils traversaient les salons. Elle questionnait Terry régulièrement, scrutant son regard à chacune de ses propositions qui restaient à chaque fois sans réponse, la laissant rageuse devant le sourire énigmatique qu'il se contentait de lui afficher en chantonnant. Quand ils s'arrêtèrent finalement devant la porte de la bibliothèque, elle se tourna vers lui, le visage crispé d'exaspération.

- Pourquoi m'amènes-tu jusqu'ici ??? – demanda-t-elle d'un air soupçonneux.
- J'ai pensé que c'était l'endroit le plus tranquille pour des retrouvailles…
- Des retrouvailles ??? Mais avec qui d… ?

Le jeune aristocrate poussa la porte qui s'ouvrit sur une longue salle dont chaque mur était recouvert de livres et de manuscrits anciens. Une agréable odeur de vieux papier s'exhalait des étagères en boiseries précieuses, répandant dans la pièce une atmosphère d'un autre temps, intimant silence et recueillement. Intimidée, Candy entra à petits pas, cherchant du regard la mystérieuse personne qui était censée s'y trouver, tandis que Terry se tenait en retrait, adossé à un mur, les bras croisés, observant la scène. Soudain, dans un coin de la pièce, elle aperçut une silhouette se lever d'un fauteuil qui lui tournait le dos. C'était un jeune homme de grande taille, habillé ordinairement, arborant un tablier de toile, comme s'il sortait d'un atelier. La lumière de la fenêtre en contre jour, l'empêchait de discerner clairement ses traits et elle s'approcha plus près de cet inconnu qui la regardait avec intérêt, comme s'il la dévisageait. Elle croisa son regard qu'elle perçut à travers ses cheveux noirs en broussailles, et il lui sembla que son cœur allait exploser dans sa poitrine. Tout un flot de souvenirs lointains venait de se réveiller en elle, ceux en compagnie d'un petit garçon pas beaucoup plus jeune qu'elle, avec lequel elle avait partagé tant de belles années à la Maison Pony…

- Petit John… - murmura-t-elle, les larmes aux yeux en portant une main tremblante à sa bouche. Et comme il acquiesçait, elle n'hésita pas une seconde de plus, et se précipita dans ses bras en sanglotant de bonheur…

Fin de la deuxième partie du chapitre 17



Edited by Leia - 24/9/2016, 12:26
 
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