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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 4/12/2012, 20:03 by: Leia
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La journée s’était écoulée bien tranquillement. Patty s’était de nouveau endormie et Candy s’était replongée dans la lecture de son livre. A vrai dire, elle s’ennuyait un peu. C’était le seul livre en anglais qu’on avait pu lui proposer et il n’était pas des plus palpitants. Elle bailla, s’étira longuement sur son siège, puis reprit le livre entre ses mains en tapotant la couverture d’un air distrait. L’irruption soudaine d’une infirmière dans la chambre vint mettre un terme à son ennui.

- Mademoiselle André, il faudrait que vous veniez à l’accueil. Nous avons un petit problème…
- C’est grave ? – demanda Candy alors qu’elles longeaient le couloir qui menait vers l’entrée de l’hôpital.
- Non, je vous rassure. C’est juste un peu, disons… encombrant !...

Parvenues à l’accueil, Candy comprit sans peine l’insinuation de l’infirmière : une montagne de valises bouchait le passage devant le bureau, si bien que le personnel et les visiteurs devaient zigzaguer entre les bagages pour circuler. Le strict nécessaire pour deux dames du monde…

La jeune américaine afficha un sourire gêné devant le grotesque de la situation.

- On vient de nous les livrer de la gare et on m’a bien précisé qu’ils vous appartenaient – fit l’infirmière, une pointe de moquerie dans la voix.
- Croyez-moi - se dit Candy - si cela n’avait tenu qu’à moi, il n’y en aurait beaucoup moins et je ne serais pas plantée là, ridicule, devant cet amas de valises dont j’ignore encore en grande partie ce qu’elles contiennent…

L’espace d’un instant, elle s’en voulut d’avoir laissé Annie s’occuper de ses bagages. Cette dernière lui avait expliqué qu’une jeune femme de son rang se devait de voyager avec un tel chargement afin de ne pas porter atteinte au prestige de la famille. Il fallait qu’elle ait quotidiennement une tenue différente, quitte à en changer plusieurs fois par jour en fonction des évènements de la journée.

- Tu comprends, Candy – lui avait-elle dit alors que son amie soupirait devant l’extravagance de son équipement - Tu es l’héritière des André. Tu vas représenter la famille sur le bateau et à l’étranger. Si tu es vêtue comme une « pauvresse », les gens vont s’imaginer que nous avons des problèmes financiers. Ils vont se poser des questions, des rumeurs vont circuler, et cela risque de porter préjudice à la compagnie. Tout est lié !
- Je n’en reviens pas qu’un simple bout de chiffon puisse avoir autant d’influence sur les titres d’une société… - avait répondu Candy, perplexe.
- Malheureusement, c’est comme cela que cela fonctionne. Connaissant ta nature, je devine combien tu peux trouver cela futile et ridicule, mais il y a des codes à suivre, et leur désobéir peut causer beaucoup plus de dommages que tu ne l’imagines. Un simple écart, et l’on perd tout respectabilité, toute considération. Cela peut ruiner toute une réputation !
- Mon dieu !!! C’est effrayant !!!... Dans quel étrange monde vivons-nous ???... Bon !… Soit !... J’appliquerai ces codes à la lettre et je ferai de mon mieux pour faire honneur au nom des André. Je ne voudrais pas qu’Albert en vienne à regretter de m’avoir adoptée…
- Ne sois pas sotte ! – avait-elle ricané - Il sait ce qui est le plus important dans la vie, mais la société dans laquelle nous évoluons place la barre au-dessus de ces choses essentielles. Nous pouvons bien sûr ne pas être d’accord, mais, si en nous y adaptant, nous pouvons par notre présence et nos actions, permettre de faire tout doucement évoluer les mentalités, les deux pauvres orphelines que nous avons été pourront s’enorgueillir d’avoir accompli quelque chose d’honorable et dont nous pourrons être fières.
- Ma foi, c’est un point de vue bien convaincant. Mais… Es-tu vraiment certaine qu’il faille que j’en prenne autant ??? – avait demandé Candy en montrant la multitude de vêtements étalés sur son lit.

Le oui ferme et catégorique d’Annie avait clos la conversation et Candy n’avait plus insisté. Mais à présent, devant les sourires ironiques du personnel qui la croisait, elle maudissait son amie et son excessif enthousiasme.

- Que vais-je faire de tous ces bagages ? – gémit-elle – Ils ne rentreront jamais dans la chambre de Patty !
- Ecoutez – fit l’infirmière, devant la mine contrite de Candy – Je vous propose de faire une sélection de choses que vous mettrez dans une ou deux valises, et je ferai transporter le reste au sous-sol, là où nous stockons notre matériel. Vous le récupérerez au moment de votre départ.
- Vraiment ??? Vous me sauvez la vie ! J’apprécie sincèrement votre aide, mademoiselle !!!… Mademoiselle … ?
- Emma ! Je m’appelle Emma. – répondit l’infirmière dans un joli accent italien, en serrant franchement la main que Candy lui tendait - Ravie de vous rendre service !
- J’espère avoir l’opportunité de vous en rendre un à mon tour. N’hésitez pas à me solliciter si l’occasion se présente. Si c’est dans mes capacités, je me ferai une joie de le faire.
- Ne vous inquiétez pas pour cela, mademoiselle. Je n’attends rien en retour. C’est normal de rendre service.

Candy la gratifia d’un chaleureux sourire puis se pencha sur ses bagages afin de sélectionner ceux qu’elle voulait garder. Elle mit de côté une valise pour Patty qui contenait ses affaires de toilette, quelques chemises de nuit et quelques robes, et en fit de même pour sa propre personne. La question du logement l’interpella soudain. En effet, où allait-elle résider pendant la convalescence de Patty ? Elle ne voulait pas quelque chose de trop éloigné de l’hôpital car elle souhait pouvoir rester au chevet de son amie aussi tard que possible sans avoir la crainte de rentrer la nuit à son hôtel. Elle ignorait s’il y en avait un dans les environs et se tourna vers Emma pour lui poser la question.

- Un hôtel dans le coin ? Non. Mais il y a une petite pension de famille au bout de la rue. « Chez Roberta ». Elle est modeste mais très bien tenue. Malheureusement, je ne pense pas qu’elle corresponde à vos attentes.
- Détrompez-vous. Cela conviendra parfaitement. Je vais d’ailleurs m'y rendre de ce pas. S’il vous plait, au cas où mon amie se réveillait avant mon retour, pourriez-vous lui expliquer la raison de mon absence ? Je ne voudrais pas qu’elle s’inquiète.
- Ne vous faîtes aucun souci. Prenez votre temps. Si besoin, je mettrai de côté pour vous un plateau-repas que vous pourrez manger en compagnie de votre amie quand vous reviendrez.

Candy la remercia en souriant et partit d’un pas alerte à la recherche de la pension de famille. Parvenue dans la rue, elle fut étonnée par la douceur de l’air qui contrastait avec la chaleur étouffante qui régnait dans le bâtiment. Une rangée de platanes protégeait de son ombre bienveillante son exploration des lieux. Il faisait bon, le soleil perdait peu à peu de l’altitude mais était encore loin de céder sa place à l’obscurité. Elle croisa un petit garçon en culottes courtes qui courait en riant derrière son chien, et elle pensa avec nostalgie aux petits pensionnaires de la maison Pony. Cela faisait du bien de marcher et de prendre l’air. Rester enfermée durant des heures lui portait peine, mais c’était mieux que d’être couchée dans un lit comme Patty. Ce n’était pas les vacances idylliques auxquelles elle s’attendait, mais cela lui ferait un bon sujet de conversation en rentrant en Amérique.

En Amérique… Que de choses elle allait pouvoir raconter à Terry ! Comme elle avait hâte déjà, alors que son séjour en Europe était à peine entamé. Malgré l’exotisme des lieux, elle savait qu’elle allait trouver le temps bien long et elle se reprocha immédiatement son manque de gratitude envers Albert et ses amis qui avaient organisé ce voyage.

Albert…

Albert !!!!

Albert qui n’était pas au courant de leur mésaventure et qui devait se faire un sang d’encre ! Comment avait-elle pu oublier de l’en informer??? Manifestement, les émotions de ces derniers jours lui avaient fait perdre la raison et il fallait qu’elle se reprenne avant de la perdre complètement !


Les sept coups de cloche d’une église toute proche l’interrompirent dans ses pensées et accrurent son désarroi. Il était vain à cette heure de chercher un bureau de poste dont elle trouverait la porte close. Contrariée, elle prit la décision de s’y rendre le lendemain à la première heure afin d’envoyer au plus vite un télégramme rassurant à son bienfaiteur.

Alors qu'elle marchait, perdue dans ses réflexions, elle ne remarqua pas au premier abord la pancarte de la pension Roberta, solidement fixée au mur du petit immeuble qui l’abritait. Un écriteau en dessous sur lequel figuraient les mots « english spoken » la rassura tout à fait. Finalement, ce n’était pas compliqué de voyager à l’étranger : ils parlaient tous anglais !

Elle secoua la clochette qui se trouvait à côté de la porte d’entrée, laquelle s’ouvrit quelques secondes plus tard sur une femme gironde, vêtue d’un tablier, les cheveux noués sous un fichu noir et blanc.

- Mademoiselle ?
- Bonjour Madame. Roberta, je présume ? – demanda Candy en saluant son interlocutrice.
- C’est cela. Que puis-je pour vous ?
- Permettez-moi de me présenter. Je me nomme Candy Neige André et je cherche une chambre pour quelques jours. Une infirmière de l’hôpital juste à côté m’a dit que vous pourriez peut-être me loger.
- Vous avez de la chance car en été à cause de tous ces touristes, nous sommes généralement complets. Mais un couple d’américains est parti cet après-midi, et je peux vous louer leur chambre si vous voulez.
- C’est parfait, madame, je vous remercie. Je m’en vais de ce pas en informer mon amie qui est malade et qui doit rester alitée à l’hôpital. Je reviendrai m’installer dans la soirée si vous n’y voyez pas d’inconvénients.
- Venez quand vous voulez, mademoiselle. La porte est toujours ouverte. D’ici là, votre chambre sera changée de frais. C’est la numéro six. La clé se trouvera sur le meuble dans le couloir de l’entrée.

Candy remercia une nouvelle fois l’hôtelière et rebroussa chemin. Elle prit son temps néanmoins et fit un détour par quelques rues pour s'imprégner du quartier. Quand elle revint à l'hôpital, elle retrouva Patty éveillée, les joues roses de contentement.

- Et bien dis donc, tu as l’air sacrément heureuse de me revoir !!!
- Ne le prends pas mal – gloussa Patty en lui montrant d’un signe de tête vers la table de chevet, un petit vase qui contenait une jolie rose rouge– Mais ce n’est pas toi la raison de ma bonne humeur…
- Ce qu’elle sent bon ! – s’écria Candy en plongeant son nez dans la fleur – Qui donc te l’a offerte ?
- Alessandro !...
- Alessandro ??? Alessandro Biazinni, le docteur ?
- Oui, oui !!! – répondit Patty en opinant avec agitation de la tête – Il me l’a apportée tout à l’heure au moment de sa visite du soir.
- Mazette ! Il ne perd pas de temps celui-là !...
- Oh, Candy ! Ne sois pas si soupçonneuse ! Ce n’est qu’une fleur, voyons… Il n’y a pas de mal à cela.
- Une rose rouge quand même !...
- Peut-être qu’il n'en a que de cette couleur dans son jardin. Allons, Candy, ne trouves-tu pas que c’est une délicate attention de sa part ?
- Si fait ! mais c’est aussi un italien, et tu connais leur réputation : charmeur, séducteur… Je ne voudrais pas que Casanova s’amuse avec ton petit cœur fragile…
- Ne te fais pas de souci. Je crois que tu présumes un peu trop de la réputation des italiens. Le docteur Biazinni s’est comporté avec moi en véritable gentleman.
- C’est bien ce qui me fait peur… - se dit Candy tout en décidant de taire ses interrogations. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas vu Patty aussi enjouée qu’elle ne voulait pas gâcher cette joie nouvelle. Néanmoins, elle se promit de surveiller d’un peu plus près le bel italien afin de découvrir ses réelles intentions.
- Il m’a dit que je récupérais vite et qu’à ce rythme, je pourrais quitter l’hôpital dans quelques jours – poursuivit Patty en soupirant gaiement.
- C’est une excellente nouvelle !!! J’ai hâte que tu quittes cet endroit, ma chère Patty. Il y a de si jolies choses à voir dans le coin !
- Tu sais, Candy, je ne veux pas que par ma faute tu restes bloquée ici. Il te faut sortir et visiter la ville.
- Mais voyons, Patty, il n’est pas question que je te laisse seule ici ! Tu vas t’ennuyer à mourir !!!
- C’est la raison pour laquelle je te demande de profiter de ta liberté pour nous deux. Ecoute, tu pourrais venir me rejoindre au moment des repas et me raconter ce que tu as vu. Je voyagerais à travers toi.
- Je ne suis pas sûre que…
- Voyons, Candy !!! Ne sois pas entêtée ! Tu seras mes yeux et mes oreilles. Tu me feras tellement rêver que j’aurais encore plus envie de me rétablir pour découvrir avec toi toutes ces merveilles !
- Soit !... – dit finalement Candy en soupirant avec résignation - Mais au moindre doute, nous reprendrons par là où nous avons commencé !
- Si tu veux, mais crois-moi, je suis sûre que c’est la meilleure chose à faire.
- Je te ramènerai des spécialités !!!
- Candy ! Tu n’es vraiment qu’un estomac !!! – s’écria Patty en riant – Mais ma foi, je ne dis pas non car je crains que comme dans tous les hôpitaux, la nourriture ne soit pas fameuse ici.
- Nous allons pouvoir le vérifier ! – répondit Candy en apercevant la femme de service qui entrait en poussant un chariot sur lequel était posés deux plateaux-repas.
- Cela tombe bien, je meurs de faim !

Les deux amies se régalèrent de pâtes et d’une soupe minestrone bien fumante. Plus précisément, ce fut Candy la plus vorace, car Patty, bien que très motivée au début, dut renoncer rapidement à son repas. Son estomac restait encore fragilisé par l’opération et les médicaments qu’on lui faisait prendre, et la tête lui tournait facilement au moindre effort. Elle s’abandonna un peu plus profondément au creux de son oreiller et murmura d’une voix lasse :

- Je crois que je ne vais pas tarder à sombrer de nouveau dans les bras de Morphée… C’est usant de rester couchée toute la journée…

Candy sourit d’amusement en constatant que son amie n’avait rien perdu de son ironie. C’était ce qu’elle aimait le plus chez Patty : une apparence effacée bâtie par sa timidité maladive mais qui cachait savamment une personnalité pleine d’humour et de malice.

- Je vais te laisser te reposer… – dit-elle en tapotant ses lèvres avec une serviette – Tu seras en meilleure forme demain. Je profiterai de la matinée pour te trouver quelque chose qui t’empêchera de t’ennuyer et qui occupera tes longues journées.
- Tu es bien aimable de penser à moi, pauvre être que je suis et que la maladie a cloué au lit…
- N’en fais pas trop quand même ! – s’écria Candy en riant - Dans quelques jours, tu danseras au bras du bel Alessandro. C’est lui même qui l’a dit !
- Il n’a pas évoqué cette éventualité – fit Patty en rougissant, les yeux brillant d’émotion - mais cela pourrait m’encourager à me rétablir encore plus vite…
- Pour le moment, pense surtout à te reposer – répondit Candy en posant un baiser sur le front de son amie - Demain est un autre jour… Fais de beaux rêves !...

Patty opina en souriant et ferma doucement les yeux. Rapidement sa respiration prit un rythme régulier et Candy se dit qu’elle pouvait la laisser tranquillement dormir avec les anges. Elle prit son sac à main et la valise qu’elle avait mise de côté et quitta l’hôpital. Heureusement, la rue qui menait à la pension descendait en pente douce, et le poids de son bagage lui parut moins lourd. Sa chambre se trouvait au premier étage et c’est avec un grand soupir de soulagement qu’elle se laissa enfin choir sur le lit. Elle se débarrassa de ses souliers d’un revers du pied et resta étendue quelques minutes à fixer le plafond.

Soudain, on toqua à sa porte. C’était sa logeuse Roberta qui portait un énorme broc d’eau chaude.

- J’ai pensé qu’un bon bain chaud vous ferait du bien, mademoiselle.

Candy la remercia pour cette heureuse initiative et l’invita chaleureusement à entrer. L’hôtelière traversa la pièce et renversa le broc dans la baignoire qui se trouvait au fond de la chambre, à côté de la fenêtre. Un paravent la protégeait des yeux indiscrets et apportait de l’intimité au coin de toilette. Après trois allers-retours, le bain était prêt et Candy ne se fit pas prier pour plonger dedans. Elle émit un gémissement de contentement au doux contact de l’eau chaude sur son corps fatigué et laissa tomber sa tête en arrière contre le bord de la baignoire. Elle ferma les yeux et savoura l’instant, un sourire de satisfaction au coin des lèvres. Elle joua longuement avec les sels de bain, passant et repassant l’éponge savonneuse sur sa peau, battant légèrement des pieds pour se délasser. Mais peu à peu, la température de l’eau se radoucit et la jeune femme dut se résoudre à quitter son petit coin de paradis. Elle se sécha rapidement puis s’enduisit le corps d’une huile parfumée qu’elle avait trouvée sur le cabinet de toilette. Cela fleurait bon le lilas, une de ses fleurs préférées, ce qui la mit d’autant plus en joie. Elle revêtit sa chemise de nuit et s’allongea à plat ventre sur le lit. La tête posée sur le côté au creux de ses bras, son regard se posa sur son sac à main entrouvert à côté d’elle, au pied du lit. La lettre de Terry en dépassait, et d’une main délicate, elle s’en saisit. L’écriture fine et déliée du jeune homme dansait devant ses yeux émus, et les mots tant de fois répétés dans sa tête depuis qu’elle les avait lus pour la première fois, prenaient chair, murmurant à son oreille toute la tendresse qu’ils évoquaient.

Je n’ai pas changé…

La voix douce et chaude du jeune homme s’infiltrait dans tout son être, et il lui sembla un instant qu’elle pouvait le sentir tout contre elle, qu’elle pouvait le toucher. Des sensations curieuses commençaient à s’emparer d’elle et la consumaient de l’intérieur, titillant agréablement son ventre, faisant s’accélérer le rythme de sa respiration, l’enveloppant d’une chaleur délicieuse qui l’emportait vers un territoire qui ne lui était pas inconnu mais qu’elle n’avait jamais vraiment osé pénétrer. Elle se redressa toute tremblante, le souffle court et les joues en feu. Elle referma la lettre précipitamment et la rangea dans son sac. Puis, quelques secondes après, réalisant l’étrangeté de son comportement, elle laissa échapper un rire nerveux qu’elle étouffa de la main. Durant toutes ces années, elle avait refréné ses désirs les plus secrets et à présent qu’elle était libre de les vivre pleinement, elle se sentait fautive comme une petite fille prise en flagrant délit. Son corps de femme se réveillait peu à peu d’un long sommeil qu’elle lui avait imposé, et elle réalisa que si Terry était capable de lui faire vivre d’aussi intenses émotions à distance, qu’en serait-il lorsqu’ils se retrouveraient pour de bon ?

En quête d’air frais, elle s’approcha de la fenêtre et l’ouvrit tout en grand. Une brise légère vint caresser son joli visage et bousculer ses boucles dorées. Elle leva les yeux et aperçut l’étoile du berger qui brillait intensément dans le ciel. L’étoile de l‘amour était une des premières à scintiller dès la tombée du jour, et restait, même lors des plus belles nuits étoilées, l’un des astres les plus brillants que l’on distinguait aisément parmi les milliers d’étoiles qui l’entouraient. Dans quelques heures, Terry aurait lui aussi l’occasion de l’admirer du haut de son large balcon de la rue Horacio… Elle ignorait encore qu’à une centaine de kilomètres de là, le jeune homme était lui aussi penché sur un balcon au-dessus du canal de Venise et contemplait le même ciel occupé à revêtir ses couleurs nocturnes, avec une pensée toute particulière pour elle, se promettant que le lendemain serait le dernier jour qu’ils vivraient loin l’un de l’autre…

Fin du chapitre 6



Edited by Leia - 14/8/2015, 18:14
 
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