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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 14/12/2012, 18:42 by: Leia
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La petite cuillère tournoyait rageusement dans la tasse de café d’Elisa. Pendant tout le repas, cette dernière avait tenté de faire bonne figure et avait caché sous ses grimaces habituelles la colère qui bouillonnait en elle. L’invitation à déjeuner d’Albert, alors qu’elle était de passage à Chicago, ne l’avait pas surprise car c’est ce qui se faisait dans toute bonne famille, mais l’accueil qu’il lui avait réservé à son arrivée l’avait passablement ébranlée. A vrai dire, elle ne s’y attendait pas du tout car Albert avait toujours gardé une certaine distance vis à vis d’elle, qu’elle avait interprétée comme de la crainte à son égard, surtout depuis qu’elle avait épousé le richissime industriel Auguste Withmore. Cet orgueil démesuré qui l’aveuglait l’avait empêchée de remarquer le mépris que son mari lui inspirait, lui qui s’était enrichi pendant la guerre en vendant à qui le voulait bien, l’acier et les armes destinés à tuer autrui. Une de ces armes qui avait peut-être causé la mort d’Alistair… Malheureusement, Albert restait convaincu que cela ne lui avait certainement pas traversé l’esprit tant elle restait indifférente au monde qui l’entourait. De son côté, Elisa l’avait toujours considéré comme un original qui n’avait pas toute sa tête, car il fallait bien ne pas l’avoir sur les épaules pour adopter cette idiote de Candy et en faire son héritière. La grand-tante Elroy en avait depuis partiellement perdu la raison et s’était réfugiée chez sa fille Sarah, la mère d’Elisa, avec laquelle elle pouvait pleurnicher sur le temps passé où les pauvres savaient rester à leur place. Heureusement qu’Elisa avait relevé le niveau en épousant Auguste Withmore, qui malgré une apparence physique singulière caractérisée par de grandes oreilles, des yeux globuleux et une lèvre tombante qui lui donnait un air libidineux, possédait la grande qualité d’avoir un compte en banque très fourni, ce qui, avec un peu d’imagination, permettait d’oublier tous ces imperfections. Avec cette union, elle avait donc pensé qu’Albert allait lui témoigner des égards particuliers mais sa déception s’était avérée à la hauteur de ses aspirations, ce qui n’avait fait qu’accentuer sa rancœur à son égard et sa haine envers Candy. Candy, qui une fois encore, était à l’origine de l’humiliation qu’elle avait subie quelques heures auparavant dans le bureau de son oncle. La blessure était encore vive et douloureuse, et elle se demandait si elle allait un jour être capable de lui pardonner cet éprouvant moment, dont chaque seconde lui revenait en mémoire en écho…

Au moment où elle avait poussé la porte, Albert lui avait, d’un geste détaché, fait signe d’entrer. Assis derrière son bureau, son visage ne laissait transparaître aucune émotion, mais elle avait pu sentir qu’il n’était pas en joie de la revoir. Désireuse d’échapper à l’atmosphère oppressante de la pièce et de retrouver une contenance, elle avait initié un mouvement vers un confortable fauteuil mais il l’avait coupée net dans son élan en lui lançant :

- Cela ne sera pas nécessaire que tu t’asseyes, Elisa. Ce que j’ai à te dire tient en une seule phrase…

Elle avait relevé la tête, interdite, tandis que ses yeux noirs s’étaient écarquillés en entendant ces mots.

- Laisse-Candy-tranquille !!! – avait-il poursuivi en la regardant fixement, mâchoire serrée.
- Candy ??? Mais… Je… - avait-elle bégayé en prenant un air des plus innocents. Rapidement l’ironie de sa voix avait baissé d’un ton devant le regard sévère et explicite qu’il lui avait adressé.
- Je t’en prie, ne joue pas à l’ingénue avec moi ! J’ai lu ton interview mensonger dans le journal, et je peux te dire que sur le moment, j’avais vraiment envie de te traiter de la même manière que ce torchon de papier que je venais de chiffonner et de jeter par terre !

La jeune femme avait tressailli et reculé d’un pas. Mais sa nature bravache avait rapidement repris le dessus, et affrontant l’ennemi, elle s’était écriée :

- Mais enfin !.. Vous vous égarez mon oncle ! Quelle violence dans vos propos !
- Crois-moi, Elisa, si tu connaissais le fin fond de ma pensée, tu n’aurais pas autant de morgue !... Je te le répète une dernière fois : reste en dehors de la vie de Candy !

Comprenant la gravité de la situation, la jeune femme avait opté pour une autre tactique, et baissant les yeux, elle avait repris d’une voix plaintive :

- Vous me prêtez des intentions à son égard qui sont fausses ! – avait-elle dit en reniflant - Certes, je n’ai jamais vraiment accepté son intrusion dans la famille mais ce n’est pas une raison pour imaginer que je lui veuille du mal. Chaque action que j’ai entreprise envers elle visait uniquement à rechercher la vérité.
- Nous n’avons visiblement pas la même définition de la vérité, ma chère ! – avait-il répondu en soupirant, un sourire amer au coin des lèvres – Je ne vais pas énumérer ici tous les coups fourrés que tu lui as tendus. La liste serait trop longue. Mais le dernier que tu viens de lui faire, par pure méchanceté, est celui de trop !
- Voyons, mon oncle, je n’ai fait que décrire une réalité que vous vous obstinez à ne pas voir : le danger qu’elle représente pour la famille ! Sous ses airs candides, elle cache une nature hypocrite. C’est une manipulatrice qui sème le malheur partout où elle passe ! Vous oubliez qu’elle a tué Anthony ! Elle nous a couverts de honte à maintes reprise, elle…
- Cela suffit !!!! Je te demande de te taire !!! – avait-il hurlé en tapant vigoureusement du poing sur la table.

Il s’était levé de son siège et il la dominait à présent de toute sa hauteur. De frayeur, le cœur d’Elisa s’était mis à battre très fort. C’était la première fois qu’elle voyait Albert réagir aussi violemment. Reculant un peu plus, elle avait buté contre le mur derrière elle qui bloquait sa fuite.

- Bien peu de personnes auraient pu surmonter aussi bien que Candy toutes les épreuves que tu as mises en travers de sa route. Je comprends que tu las détestes. Elle est l’antithèse de ce que tu représentes. Tu n’es que jalousie et haine alors qu’elle serait, j’en suis sûr, encore capable de te tendre la main malgré toutes les souffrances qu’elle a dû endurer par ta faute. Je sais malheureusement que c’est peine perdue que de vouloir chercher un soupçon d’humanité dans la pierre qui te sert de cœur. Je n’ai pas d’explication à ce mystère qui veut que coule dans tes veines ce poison perfide qui fait de toi cet être démoniaque que j’exècre. Mais ce dont je suis malheureusement certain, c’est que ce mal qui est en toi ne disparaîtra jamais et que tu resteras toute ta vie cette personne détestable et détestée de tous. Je n’ai donc aucun espoir pour qu’un jour tu te rachètes de tous les actes inqualifiables que tu as commis envers elle. Tu as pu agir librement pendant très longtemps, passablement encouragée par ta mère et par notre tante, puis tu es restée tapie dans l’ombre en attendant une nouvelle occasion de lui faire du tort. Mais à présent que je suis responsable de cette famille, chaque décision que je prends ne peut m’être contestée, et si je dois te bannir, ce que je n’hésiterai pas à faire si tu me désobéis, on ne pourra pas m’en empêcher…
- Ce ne sont que de viles menaces !… - fit-elle, sans desserrer les dents – De toute façon, vous ne pouvez pas faire cela ! Vous n’en avez pas le droit !
- Rien ne m’empêchera de te laisser porte close partout où tu iras ! Je peux aussi te déshériter si bon me semble et j’y prendrai d’autant plus de plaisir en imaginant ta tête quand tu iras dans les salons mondains et qu’on te regardera comme une pestiférée, comme celle qu’on a chassée de la famille André. La honte rejaillira aussi sur ton époux qui ne pourra plus supporter de vivre aux côtés d’une femme qui aura perdu nom et dignité. Il demandera certainement le divorce et il ne te restera plus rien : ni nom, ni rang social, juste des souvenirs…
- Décidément, mon oncle, vous vous révélez pire que je ne l’imaginais. Comment pouvez-vous être capable de quelque chose d’aussi monstrueux envers un propre membre de votre famille ?
- Ma pauvre Elisa, tu m’as tant de fois montré l’exemple que c’est devenu un jeu d’enfant pour moi de t’imiter. On récolte ce que l’on sème, et je peux dès à présent présager que la moisson te concernant sera abondante. C’est pourquoi je tiens à être clair avec toi. Désormais, si tu défies encore une fois mon autorité, tu me trouveras en travers de ta route et tu n’auras pas assez d’une vie pour regretter tes actions passées !… As-tu bien compris ce que je viens de te dire ?

Médusée, Elisa avait opiné en baissant la tête, comme une petite fille prise en défaut, mais la rage intérieure qui l’animait faisait battre son pouls si fort qu’il cognait douloureusement à ses tempes et rougissait ses joues.

- Bien, puisque nous sommes d’accord, allons retrouver Archibald et Annie qui nous attendent pour manger. Je suis sûr que tu as hâte de les revoir ! – avait déclaré Albert en se dirigeant vers la porte. Elisa avait acquiescé en soupirant et l’avait suivi d’un pas traînant, maugréant quelques mots polis qui dissimulaient mal son insatisfaction.

L’Oncle William avait manifestement décidé de lui empoisonner la journée par, tout d’abord, ses reproches et ses accusations injustes, puis, cerise sur le gâteau, par la présence de ces deux sombres idiots qu’étaient ses cousins, et plus principalement, cette pauvre Annie qui avait toujours la larme facile. Dieu qu’elle les détestait ! Elle avait bien essayé d’empêcher leur mariage en usant de toute son influence sur la tante Elroy, mais Albert disposant déjà à ce moment là, de toute autorité, avait donné sa bénédiction à cette union et elle n’avait pu, contrainte et forcée, s’y opposer.

Devoir passer tout un repas en leur compagnie lui avait paru un calvaire. Elle regrettait l’absence de son cher époux, retenu pour affaires, car il aurait pu donner plus de hauteur à leurs conversations. Il savait si bien parler d’argent ! Mais elle avait dû se résoudre à subir ce supplice et à les écouter en simulant l’intérêt. Néanmoins, alors qu’elle était en train de boire sans grande passion son café, son attention fut plus étroitement retenue par Annie qui évoquait les vacances de Candy et Patty en Europe.

L’Europe… Quelle idée saugrenue de partir là-bas avec l’autre pétocharde qui manque de s’évanouir à la moindre complication. Candy avait vraiment le don de choisir des amies bizarres !… Quelle belle paire elles devaient faire ces deux là !...

Elles étaient à présent censées être arrivées à Venise et ils attendaient tous de leurs nouvelles, qui tardaient un peu à venir. Mais ils n’étaient pas inquiets car les moyens de communication n’étaient pas aussi développés là-bas qu’en Amérique, et ils savaient que cela prendrait un peu plus de temps. Etrangement, Annie semblait excessivement réjouie de ce voyage…

- Venise !... La ville des amoureux ! N’est-ce pas romantique ? – s’écria-t-elle avec des étoiles plein les yeux.

Mais le regard réprobateur qu’Archibald et Albert lui jetèrent brisa immédiatement son enthousiasme, ce qui n’échappa pas à Elisa. Prétextant un nez à repoudrer en urgence, elle s’éclipsa du salon tout en prenant soin de ne pas trop s’en éloigner, cachée derrière la porte entrouverte.

- Ma parole, tu es devenue folle ???? – s’exclama Archibald, furibond – Mais qu’est ce qui t’a pris de parler de Candy devant l’autre chipie ???
- Excuse-moi, mon aimé – fit Annie, contrite – Je suis tellement heureuse de ce qui arrive à Candy que j’ai beaucoup de mal à cacher ma joie.
- Si Elisa devine quoi que ce soit, elle est capable de réduire à néant tout ce pour quoi vous avez tant œuvré – poursuivit Archibald, navré – Ce n’est pas que j’aie une grande estime pour ce Grandchester, mais je ne voudrais pas que ma terrible cousine vienne ruiner leurs retrouvailles. Candy mérite d’être heureuse, même si je déplore que cela soit avec lui !...
- Mon dieu ! Tu me fais peur Archibald ! Crois-tu que…
- Ne t’inquiète pas, Annie – intervint Albert, d’une voix rassurante – De là où elle est, Elisa ne peut plus faire grand chose. Elle a peut-être un peu d’influence en Amérique, mais l’Italie reste hors de sa portée. Terry, à l’heure qu’il est, doit être lui aussi à Venise en train de chercher Candy. Il est fort possible qu’ils se soient déjà retrouvés.
- Pourvu que tu dises vrai, Albert ! J’ai tellement hâte d’apprendre qu’ils sont enfin ensemble !
- Laissons faire les choses tranquillement, ma chère Annie – ajouta-t-il avec un sourire confiant – Que sont quelques jours de plus devant toutes ces années qui les ont tenus éloignés l’un de l’autre ? Je n’ai pas d’inquiétude. L’amour qui les unit saura les réunir en temps voulu. Il nous faut juste être patients car je dois vous confier qu’il lui faudra faire preuve d’une grande persévérance pour la retrouver…
- Que veux-tu dire ? – demanda Annie, le front plissé d’inquiétude – Tu lui as donné de fausses informations ???
- Non, pas vraiment… - répondit-il, énigmatique - J’ai choisi un hôtel très proche de la place Saint-Marc, l’hôtel Baglioni. Terry ne devrait pas avoir trop de difficultés à le trouver. J’ai juste un peu compliqué les choses en réservant une chambre pour Candy sous un faux nom. A vrai dire, ce n’est pas pour le démotiver que j’ai fait cela, mais plutôt pour préserver l’anonymat de Candy. Elle est inscrite sous le nom de Capwell.
- Mais il ne la trouvera jamais dans ces conditions !!! – s’exclama Annie, dépitée.
- Rassure-toi, ils ont pour consigne à la réception de prendre son adresse et de le guider discrètement s’il échouait dans sa recherche. Je n’ai pas l’intention de l’abandonner à son triste sort, mais je veux qu’il soit opiniâtre, je veux qu’il démontre sa détermination. S’il aime vraiment Candy, il fera tout pour la retrouver. Je ne veux pas pour elle de quelqu’un qui baisse les bras au moindre imprévu. Elle a assez souffert comme cela, et je m’en voudrais trop qu’elle ait une nouvelle fois le cœur brisé.
- Je crois que je n’aurais pas fait mieux, Albert. – fit Archibald, visiblement convaincu - Candy mérite un homme résolu et volontaire. Terry est de cette trempe. Je suis sûr qu’il réussira.
- J’espère que vous avez tous les deux raison – soupira Annie d’un air pensif en tournant son doux visage vers la fenêtre.

Le plan d’Albert lui semblait très audacieux et cela l’ennuyait qu’il prenne de tels risques avec ses chers amis. Le retour soudain d’Elisa à table lui fit relever la tête, et le sourire radieux qu’elle affichait alors la déconcerta.

Cette dernière leur expliqua rapidement qu’elle devait s’en aller car elle voulait être de retour à New-York dans la soirée et elle ne voulait pas manquer son train. Elle embrassa du bout des lèvres Annie, serra vaguement la main de son oncle et de son cousin, non sans tarir d’éloges sur la qualité du repas et la chaleur de leur accueil. Ils la regardèrent tous trois partir, bouche bée, surpris par l’étrangeté de son comportement qui se distinguait de celui, exécrable, qu’elle avait eu pendant le déjeuner. L’exubérance de ces gestes et la gaieté qu’elle manifestait les laissèrent perplexes.

Les bras croisés derrière le dos, Albert s’approcha de la fenêtre et la regarda s’engouffrer dans sa voiture. Ils l’entendirent piailler de sa voix suraiguë quelque chose à son chauffeur qui démarra en trombe, ne laissant du véhicule qu’un brouillard grisâtre et malodorant dans la cour.

- C’est louche !... – fit Archibald qui s’était approché de son oncle.
- En effet… - fit-il, impénétrable - Il faudra la surveiller de près…

***************



Tandis qu’ils traversaient Chicago en trombe, Elisa, apercevant un bureau de poste, ordonna à son chauffeur de s’arrêter.

Pas le temps d’attendre d’être arrivée chez ma mère, il faut agir au plus vite !

Elle se précipita dans la première cabine téléphonique de libre, puis demanda à l’opératrice de lui passer un certain monsieur Gosseep à New-York, celui qui l’avait interviewée à propos de Candy. Au bout d’un petit moment, une voix masculine se fit entendre à l’autre bout de la ligne :

- Gosseep à l’appareil !
- Monsieur Gosseep, c’est madame Elisa Withmore ! Avez-vous des correspondants en Italie ? J’ai quelque chose qui pourrait les intéresser …

Fin de la deuxième partie du chapitre 7



Edited by Leia - 20/10/2015, 18:11
 
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