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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 10/1/2013, 17:47 by: Leia
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La cloche de l’église toute proche venait de tinter huit fois quand Candy ouvrit les yeux. Les rayons du soleil matinal réchauffaient à travers les persiennes son corps engourdi de trop de sommeil. Elle s’étira longuement, tirant profit du peu de tranquillité qu’il lui restait avant de se lancer dans une journée bien remplie. Elle se leva, fit sa toilette puis ouvrit sa valise. Elle ne manquait pas de robes mais aucune ne convenait à la situation. Il lui fallait quelque chose de plus simple, de plus confortable. Vérone était avant tout une ville touristique qui fourmillait de vacanciers et elle avait envie de se sentir comme eux, à l’aise et non apprêtée. Elle ne pouvait néanmoins sortir nue, c’est pourquoi elle choisit la plus discrète de ses robes et la revêtit. Elle trouverait bien quelque chose plus tard dans les boutiques de la ville.

Elle quitta sa chambre et descendit jusqu’à la salle à manger où elle prit un rapide petit déjeuner. Les pâtisseries de la signora Roberta étaient délicieuses, et le café, bien qu’un peu fort à son goût, était excellent. Avant de partir, elle demanda à la gérante de lui indiquer le bureau de poste le plus proche. Cette dernière lui confia un petit imprimé sur lequel se trouvait le plan du centre-ville et marqua d’une croix l’emplacement où elle devait se rendre. Ce n’était pas très loin. Elle y serait rapidement et munie du plan, elle n’avait aucun risque de se perdre. Candy la remercia chaleureusement puis quitta la pension d’un pas sautillant. Il était très agréable de marcher dans les rues de Vérone qui avait préservé de nombreux vestiges romains, mais aussi conservé un magnifique centre historique et médiéval vers lequel elle se dirigeait. Cela la changeait des grandes avenues de Chicago ou de sa petite ville de La Porte. Ici, l’histoire ressortait par chaque pore des murs. Elle pouvait imaginer sans aucun mal, déambulant dans les ruelles, de riches notables, des princes et des princesses, parés de leurs plus beaux atours. Elle ressentait cela comme véritable dépaysement et elle en appréciait avec d’autant plus de plaisir chaque pas qu’elle posait sur les pavés antiques des rues qu’elle arpentait.

Enfin elle aperçut l’enseigne du bureau de poste. Il y avait un peu de monde à l’intérieur mais la file avançait vite. Quelques instants plus tard, elle remettait au préposé le texte de son télégramme dans lequel elle informait Albert de leur mésaventure :

« Patty, crise d’appendicite. Opération à l’hôpital de Vérone.
Allons très bien.
Dès rétablissement, partons à Venise.
T’écrirai de nouveau. Aucun souci.
A bientôt.
Candy
»

Tombé sous le charme, le postier lui promit de faire au plus vite, si bien qu’avec un peu de chance, le télégramme allait parvenir à son destinataire au petit matin, heure locale. Candy était ravie et gratifia le fonctionnaire de son plus beau sourire. Il la regarda s’éloigner en soupirant mais fut rapidement rappelé à l’ordre par une mama revêche qui s’impatientait devant le guichet. Le contraste était si saisissant que, contrarié, il la rabroua avec irritation en lui faisant comprendre qu’elle pouvait attendre un peu. Ceci ne plut pas du tout à la madame qui partit dans des cris d’orfraie, prenant à témoin les gens autour d’elle pour manifester son mécontentement. Les tons montèrent crescendo dans une cacophonie ahurissante où les noms d’oiseaux et autres sobriquets se mirent à fuser comme des flèches, pour finir par s’écraser tout aussi vite sur le sol, chacun retrouvant son calme et reprenant le cours de ses occupations, la crise étant passée. Malheureusement, ce délicieux spectacle avait échappé à Candy, qui était déjà bien loin, occupée à regarder les vitrines des magasins en quête d’une jolie robe. Elle finit par en trouver une qui lui convint tout à fait : en coton, à col carré, cintrée à la taille, pas trop longue, juste au-dessus du genou. La forme lui plut tellement qu’elle en acheta plusieurs de motifs différents : à fleurs, à petits carreaux, et une dernière d’un joli écru qui lui rappelait les glaces italiennes dont se délectaient nombre de passants qu’elle avait croisés en chemin. Ce fut cette dernière qu’elle garda sur elle ainsi qu’une paire de sandales plates. Quel soulagement de ne plus avoir à marcher avec des chaussures à talon ! La vendeuse remplit un grand sac en papier des nouvelles robes et des anciens vêtements de Candy et lui proposa de le faire transporter à son hôtel. Ravie de ne pas avoir à se promener aussi chargée, Candy accepta et lui donna l’adresse de sa pension. Elle traversa ensuite la rue et s’arrêta devant une boutique de souvenirs où elle acheta un livre sur Vérone pour Patty. Il contenait de nombreuses photos, ce qui permettrait à son amie d’avoir une idée d’ensemble de la ville dans laquelle elle se trouvait et qu’elle ne pouvait visiter. La matinée était déjà bien avancée mais il lui restait encore du temps avant de la rejoindre à l’hôpital. Elle poursuivit donc sa promenade avec contentement.

pt18056 Tout en remontant la via cappello, elle remarqua de drôles d’allées et venues en provenance d’une ruelle, un peu plus haut. Elle s’en approcha et découvrit que la ruelle s’enfonçait sur quelques mètres pour déboucher sur une jolie petite cour dallée de pierres entourée d’un mur d’une hauteur de trois ou quatre mètres, recouvert de lierre. Au pied du mur se trouvait une statue en bronze qui représentait une jeune femme du moyen âge, une main sur le cœur, l’autre tenant un pan de sa longue robe. Les yeux baissés, son doux visage semblait songeur. Candy reconnaissait ce genre d’expression pour l’avoir bien des fois surprise sur son propre visage au hasard d’un miroir ou d’un reflet dans une vitre. Mais quand elle lut le prénom qui était gravé aux pieds de la statue, elle comprit… Juliette.



Juliette, Juliette… - se dit-elle en tressaillant - L’héroïne de la pièce de Shakespeare, le grand amour du jeune Roméo que Terry avait si bien interprété à Broadway !

Le hasard l’avait donc conduite en ce lieu mythique où la légende côtoyait la réalité. Pour une raison encore inconnue, elle n’avait pas réalisé que sa présence à Vérone n’avait rien de fortuit. Une nouvelle fois, le destin jouait avec la chance et l’obligeait à se retourner sur son passé, et plus principalement sur celui qui n’avait eu de cesse de faire battre son cœur. Quelle autre ville que Vérone aurait pu aussi follement raviver ces souvenirs et tout cet amour enfoui ? Vérone, la ville de Roméo et Juliette, la pièce qui avait révélé Terry, cette pièce qu’il lui avait fait découvrir alors qu’ils étaient ensemble en Ecosse et qui lui avait ouvert les yeux sur son immense talent !…

Toute tremblante d’émotion devant ces murs qui abritaient la demeure des Capulet, elle leva les yeux et aperçut le balcon de Juliette, ce célèbre balcon sur lequel cette dernière avait dû si souvent se pencher pour écouter son Roméo, dissimulé par les ombres de la nuit, en train de lui déclamer tous les vers d’amour qu’elle lui inspirait. Elle pouvait imaginer la scène sans effort. Et étrangement, les deux héros revêtaient dans ses pensées une apparence familière. La voix puissante et envoutante de Terry sur scène lui revint en mémoire, si profondément qu’il lui sembla qu’il se tenait à côté d’elle et que son souffle frôlait le creux de son oreille jusqu’à l’en faire frissonner. Au bout d’un moment, elle parvint à reprendre ses esprits et réalisa qu’elle n’était pas seule, mais entourée de couples qui se tenaient tendrement la main, mais aussi de jeunes filles qui paraissaient très inspirées. Certaines, assises dans un coin ou sur un banc, étaient occupées à écrire sur une feuille, qu’elles pliaient ensuite en quatre ou qu’elles plaçaient dans une enveloppe, pour finir par aller la coincer dans les interstices des pierres usées du mur de la maison. Puis elles s’en allaient en soupirant, non sans poser un dernier regard sur leur bout de papier. En cette fin de matinée, le mur comptait déjà plusieurs dizaines de mots du même genre. De loin, on aurait pu croire que des papillons multicolores s’étaient posés sur la muraille, prêts à s’envoler au moindre courant d’air.

Candy devinait aisément que ces lettres s’adressaient à Juliette, le symbole de l’amour éternel. Ces demoiselles, l’œil encore humide de larmes, lui faisaient la confidence de toutes leurs attentes et toutes leurs craintes, avec le secret espoir qu’elle pourrait les aider à exaucer leur vœu. La jeune américaine, en les regardant, sentit une boule d’émotion enfler dans sa gorge. Elle comprenait si bien toutes ces filles avec lesquelles elle partageait les mêmes interrogations. Combien de fois n’avait-elle pas prié pour se retrouver avec celui qu’elle aimait, combien de fois n’avait-elle pas éprouvé cet ardent sentiment de pouvoir sentir sa présence, de pouvoir le serrer dans ses bras, de sentir la chaleur de son corps qui aurait pu redonner vie au sien ? Quand ce manque de lui se faisait plus douloureux, elle ne savait où fuir ni à qui se confier tant elle savait qu’elle ne pouvait obtenir de réponse. Le devoir et la raison la rappelaient à l’ordre et elle s’y soumettait, repentante, recouvrant ses blessures d’un sourire de convenance sur lequel tout le monde fermait les yeux. Comme elle aurait souhaité à cette époque là avoir une Juliette près d’elle sur laquelle s’épancher !... Elle éprouva alors l’envie de partager, elle aussi, ses pensées avec la douce Juliette. Peut-être que cela parviendrait à calmer les doutes qui l’assaillaient en permanence ? Ce n’était pas facile de croire au bonheur quand on en avait été privée aussi longtemps…

Elle prit une feuille et un stylo plume qui étaient proposés à dessein dans une boite en carton au pied du mur et alla s’asseoir dans un coin. Mais au moment où elle s’apprêtait à rédiger sa lettre, la cloche d'une église sonna la demie de onze heures, et elle dut abandonner sa tache pour partir rejoindre Patty. Elle serait bien étonnée de tout ce qu’elle allait lui raconter !

Elle regarda une dernière fois la statue de Juliette et se promit de revenir lui rendre visite au plus vite. Cet endroit lui évoquait tant de choses qu’elle n’avait pas envie de le quitter. Elle sentait que ce qu’elle avait à y faire n’était pas encore terminé…

Fin de la troisième partie du chapitre 7



Note de l’auteur :

La maison de Juliette est visitée chaque année par de milliers de touristes. Il s'agit du Stallo del Cappello, une vieille maison-tour qui remonte au XIIIe-XIVe siècle. D'après la tradition populaire, il s'agissait de la maison des Capuleti, la famille de l'héroïne de Shakespeare. Endommagée par le passé des siècles, la maison et la cour ont été restaurées et ont été ajoutés des éléments architectoniques et décoratifs qui s'inspirent de l'époque médiévale. Le célèbre balcon, duquel Juliette se penchait pour voir son Roméo, fut ajouté à la façade donnant sur la cour intérieure lorsque la maison fut complètement restaurée entre 1936 et 1940. La statue de Juliette fut réalisée au début du XXème siècle par Nereo Costantini. Pour conserver le charme de l’histoire, je n’ai pas tenu compte de tous les détails chronologiques tel que le balcon qui fut construit bien après la visite de Candy en ce lieu. J’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.

Pour la petite histoire, c’est en voyant le film « Lettres à Juliette » que j’ai découvert la maison de Juliette et l’enthousiasme de ses visiteurs. C’est ce qui m’a grandement inspiré pour cette fic. Je vous invite à voir ce film qui est très divertissant avec de magnifiques images.
 
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