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Lettres à Juliette, (sans rapport avec une autre fanfic du nom de "les lettres à Juliette"...)

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Leia
view post Posted on 15/1/2013, 19:59 by: Leia
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Il n’était pas loin de quatre heures quand Candy revint à la maison de Juliette. Le temps s’était écoulé rapidement auprès de Patty qui s’était enthousiasmée de la découverte de son amie. Cette dernière en poussant la porte de la chambre avait tout de suite remarqué qu’une nouvelle rose était venue s’ajouter à la précédente et qu’il faudrait à ce rythme bientôt songer à changer de vase pour contenir toutes celles qui allaient grossir ce bouquet encore balbutiant. Les joues de Patty avaient rosi en apercevant le regard de Candy posé sur les fleurs, et elle avait souri timidement en baissant les yeux. La jeune blonde ne s’était pas senti le courage de lui faire part de ses doutes et avait volontairement négligé cette nouvelle attention du bel Alessandro Biazinni. Elle savait qu’il faudrait à un moment ou à un autre qu’elle se mêle de cette relation qui commençait à prendre une tournure équivoque, mais la joie qui resplendissait sur le visage de Patty la retenait dans sa résolution. Elle avait donc pris la décision d’attendre encore un peu avant d’interroger plus précisément le séduisant docteur sur ses réelles intentions.

L’heure n’était pas pour l’instant aux reproches ni aux suspicions, laissant la place au cri de joie de Patty en découvrant le livre sur Vérone que Candy lui avait ramené. A ce moment là, le repas leur avait été porté et avait interrompu leur lecture, qu’elles avaient reprise sitôt le déjeuner terminé. Candy s’était empressée de lui montrer des photos de la maison de Juliette tout en lui décrivant le bouleversement intérieur que cela lui avait provoqué. Puis elle avait évoqué toutes ces lettres accrochées au mur de la maison, tous ces mots désespérés en attente d’une improbable réponse. Tout ceci avait laissée Patty songeuse et Candy s’était inquiétée que toutes ces histoires n’affectent pas son moral du fait qu’elle soit coincée à l’hôpital.

- Ne t’inquiète pas, je n’ai pas le temps de m’ennuyer. Je finis tout doucement mon tricot pour le futur bébé d’Annie, je lis, j’ai des visites… (Elle avait rougi en disant cela).
- C’est bien vrai ? Tu ne dis pas cela pour me rassurer, au moins ?
- Pas du tout ! Tout va bien. Au contraire, si tu étais restée avec moi ce matin, tu n’aurais pas pu me raconter ta promenade et cela aurait été bien dommage…
- Tu en es sûre ?
- Je ne sais comment te le dire si ce n’est qu’en te mettant à la porte ! – avait lancé Patty en riant – D’ailleurs, je commence à être fatiguée et j’aimerais bien dormir un peu… - avait-elle ajouté en baillant.
- Excuse-moi, je parle trop ! Je reviens tout à l’heure… Repose-toi bien d’ici là.

Patty avait opiné en enfonçant sa tête dans l’oreiller. Elle avait déjà les yeux fermés au moment où Candy avait tourné la poignée de la porte, qu’elle avait refermée avec précaution. Elle n’avait eu aucune hésitation sur la destination choisie : direction la maison de Juliette !

A présent qu’elle s’y trouvait, elle remarqua que le nombre de lettres accrochées au mur avait augmenté. Il ne manquait plus que la sienne ! Mais étrangement, alors qu’elle avait tout son temps, elle peinait à écrire les premiers mots. Difficile en effet de confier ce que l’on a été incapable de s’avouer à soi-même !... Nez en l’air, toute occupée à chercher l’inspiration, elle aperçut à ce moment là une jeune femme, un panier en osier au bras, entrer dans la cour et se diriger vers le mur aux messages. Quelle ne fut pas sa surprise de la voir prendre chaque lettre et d’en remplir son panier ! En quelques minutes, le mur se retrouva vierge de papier et la jeune femme, le panier plein, tourna les talons et quitta les lieux. Intriguée, Candy voulut en savoir plus et prit la décision de la suivre. L’inconnue remonta la rue, puis tourna à droite dans une rue plus étroite qui menait sur une petite place où se trouvaient plusieurs cafés. Elle entra dans l’un d’eux et disparut. Candy hésita un instant, puis entra à son tour. Mais nulle présence de la jeune femme ! Contrariée, elle allait partir quand une voix d’homme l’interpella :

- Mademoiselle ?

Ennuyée, Candy ne savait pas comment expliquer en italien les raisons de sa présence dans ce café. Finalement, elle demanda :

- Juliette ?
- Haaaaaa, Juliette !!! – s’écria-t-il, ses gros sourcils noirs et épais se dressant jusqu’au milieu de son front. Puis il tourna la tête, affichant un profil de montagnard, et, les poings serrés contre son tablier qui ceinturait sa large taille, il ouvrit grand la bouche - Isabella!!!! Il y a quelqu’un pour toi !!!

La jeune femme qu’elle avait vue tantôt sortit de la pièce à côté, visiblement une cuisine, à demi-cachée par un rideau de perles en bois et peintes de toutes les couleurs.

- Oui ? – fit celle qui devait s’appeler Isabella.
- Excusez-moi, mademoiselle… Je… Heu !... Hummmm ! Parleriez-vous anglais par hasard ?
- Oui, en effet. Puis-je vous aider ? – répondit la jolie brune dans un anglais parfait.

Candy émit un soupir de soulagement et tendit une main amicale à la jeune italienne.

- Permettez-moi de me présenter. Je me nomme Candy et je me trouvais dans la cour de la maison de Juliette quand vous êtes venue chercher les lettres. Veuillez pardonner ma curiosité mais cela m’a tellement intriguée que je n’ai pas pu résister à la tentation de vous suivre.
- Et vous avez bien fait ! – fit son interlocutrice en riant – Bienvenue au Club de Juliette, mademoiselle Candy !
- Le club de Juliette ???
- Suivez-moi, et vous comprendrez…

Candy ne dit rien et suivit la jeune femme qui la conduisit au premier étage, dans une pièce où se trouvaient déjà trois autres femmes occupées à ouvrir du courrier.

- Voici donc le club de Juliette ! – fit Isabella en balayant de la main la pièce et ses habitantes.
- Mesdames… - fit Candy en les saluant de la tête.
- Notre travail consiste à recueillir les messages laissés à l’attention de Juliette, de les lire et d’y répondre si on a laissé une adresse de retour… - dit Isabella, un soupçon de fierté dans la voix.
- Vraiment ???? C’est incroyable !!!
- Nous recevons du courrier du monde en entier et nous tâchons d’y répondre le mieux possible.
- Vous êtes toutes Juliette, alors !
- Disons plutôt ses secrétaires… Donatella, par exemple, a été mariée pendant cinquante ans avec le même homme. Elle répond aux femmes qui ont des problèmes avec leur mari. Francesca est infirmière : elle prend en charge la maladie et le deuil. Et Maria, elle a douze enfants, vingt-huit petits-enfants et seize arrière-petits-enfants. Elle répond à qui elle veut.
- Et vous ?
- Isabella répond aux lettres complexes – intervint Francesca en tendant à Candy une lettre.
- C’est vrai… – acquiesça Isabella - les querelles d’amoureux, les ruptures, les relations particulièrement difficiles… Il faut bien que quelqu’un s’en charge…
- Si j’en avais écrite une, vous seriez celle qui y aurait certainement répondu… - soupira tristement Candy – Mais cela va beaucoup mieux depuis ! – ajouta-t-elle en souriant en remarquant la mine affligée d’Isabella.
- Cela me rassure ! J’ai du mal à gérer la détresse. Je crois que je la partage un peu trop chaque jour…
- Si vous voulez, je peux vous aider ! – proposa spontanément Candy – L’amie avec qui je voyage est clouée à l’hôpital à cause d’une crise d‘appendicite. J’ai quelques jours devant moi avant que nous reprenions le cours normal de notre voyage. Je serais donc très heureuse de pouvoir vous aider, tout au moins pour les lettres écrites en anglais…
- Ma foi, une personne de plus ne serait pas du luxe… Qu’en pensez-vous les filles ?

Elles répondirent toutes en choeur par l’affirmative, d’une façon si franche et unanime que les yeux de Candy pétillèrent en retour de cet accueil si chaleureux. Donatella tira une chaise à côté d’elle et fit signe à Candy de s’asseoir. Devant elle, un petit paquet de lettres l’attendait. Elle ouvrit la première enveloppe. L’adresse indiquait qu’elle venait du Nebraska. Elle n’en revenait pas que quelqu’un de ce coin perdu des Etats-Unis connût la Juliette de Vérone et prît la plume pour lui écrire. Mais quand ses yeux allèrent à la rencontre de l’écriture raffinée et lyrique de son auteur, elle mit au panier ses préjugés, et se plongea dans la lecture de ses confidences, le cœur battant et la gorge serrée…

********************



Quand Candy pénétra dans la chambre de Patty, l’heure était déjà bien avancée. La nuit était pratiquement tombée dehors et on entendait le chant des grillons par la fenêtre entrouverte. Elle n’avait pas vu l’heure passer, et c’est plein de reproches contre elle-même qu’elle avait parcouru les deux kilomètres qui la séparaient de son amie à une allure des plus sportives. Essoufflée, elle observa, désappointée, Patty qui dormait à poings fermés, son visage paisible tourné vers le vase de fleurs qui contenait cette fois une troisième rose. Candy aurait tant souhaité s’excuser de son retard dû à ces délicieuses pastas à la tomate de la mama qu’elle n’avait pu refuser et qui l’avaient retenue plus longtemps que prévu. Elle aurait tant voulu lui parler de sa rencontre avec le club de Juliette et de la nouvelle et extravagante occupation qu’elle s’était trouvée. Elle décida alors de lui écrire un mot pour lui expliquer ce qui c’était passé et le laissa sur la table de chevet afin qu’elle le voie le lendemain matin à son réveil. Puis elle prit le chemin du retour vers la pension Roberta, en espérant que cette dernière lui ferait encore la surprise d’un bon bain. Le ciel au-dessus d’elle était constellé d’étoiles qui scintillaient sur des kilomètres sans rencontrer de nuages. Une chaude et belle journée s’annonçait pour le lendemain, une nouvelle journée avec Patty et ses nouvelles amies, et peut-être d’autres agréables surprises. Elle remonta la rue le cœur léger et le pas sautillant sans se douter qu’à une centaine de lieues de là, le cœur de celui qu’elle aimait sombrait dans le plus profond désespoir, anéanti par l’insoutenable infortune qu’il venait de découvrir, ses rêves et ses espoirs réduits en miettes par la folie destructrice d’un esprit malade et maléfique…

Fin de la cinquième partie du chapitre 7



Edited by Leia - 16/1/2013, 09:06
 
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