| Les enfants étaient chez leurs grands parents.
Eléonore avait trouvé Candy un peu palotte et lui avait proposé de prendre les enfants pendant toute une semaine .
Candy avait rechigné à se séparer de ses enfants si longtemps mais à force de persuasion, Eléonore avait réussi à la convaincre.
Cela lui permettrait de remettre un peu d'ordre chez elle et de se reposer. Elle s'était octroyée un congé de longue durée,, se sentant terriblement fatiguée.
L'hopital dans lequel elle exercait à mi-temps à Londres n'avait pas fait de difficultés pour lui accorder son congé, étant donné le nombre d'heures supplémentaires qu'elle avait en son actif.
Après avoir faiit quelques rangements dans cette pièce qu'elle affectionnait particulièrement, elle s'accorda un peu de répit en s'installant confortablement dans l'imposant fauteuil en cuir qui trônait dans la bibliothèque, en face du bureau qu'utilisait Terry pour ses correspondances.
Sur le bureau, elle avait déposé ce coffret qu'ele avait trouvé trop luxueux pour elle lorsque Terry le lui avait offert. Il était incrusté de pierres précieuses et on y retrouvait les armoireries de la famille Grandchester.
La clef ne réussit pas à ouvrir la serrure du premier coup. Elle se dit qu'il faudrait qu'elle pense à la faire réparer. Puis enfin, la serrure céda et elle ouvrit délicatement le précieux coffret et avec d'infinies précautions, sortit son contenu :
des paquets de lettres reliés par un ruban rose. La correspondance de toute une vie y dormait confortablement.
Avant de ranger la dernière lettre reçue de Soeur Maria et de sa soeur Mary, elle la relut une dernière fois. Cette lettre qui la faisait tant souffrir. Soeur Maria et Mary la rassuraient sur la lente guérison de Mlle Pony mais elle se doutait au fond d'elle, que les religieuses , pour l'épargner ne lui avaient pas tout dit sur la gravité de l'état de Mlle Pony. Candy était très inquiète. La Maison Pony lui manquait cruellement
Mais sa grossesse déjà bien avancée ne lui permettait pas de faire un voyage aussi éprouvant dans son état. Terry s'y était formellement opposé, gardant en mémoire la précédente grossesse de Candy qui s'était terminée par une fausse couche et la descente aux enfers qui s'en était suivie. Jamais il n'aurait cru son épouse aussi fragile. Il avait été très affecté de la voir dans un état pareil et s'était juré de ne plus chercher à avoir d'enfants.
Mais comme toujours, Candy avait fini par reprendre le dessus grâce à l'appui de son époux et de ses amis. Mais pour l'heure, le médecin avait été clair : du repos. Alors qu'il était en tournée, Terry avait pris soin d'engager une domestique pour gérer la maisonnée, recommandant à son épouse le repos le plus total, sachant également qu'il n'avait que peu de chances d'être entendu de son épouse.
Son mari, dont elle avait pourtant pris l'habitude de se séparer régulièrement lui manquait à un tel point qu"elle en souffrait horriblement
Etait ce sa grossesse qui excarbait ainsi ses sentiments ou l'inquiétude qui la rongeait sur l'état de santé de Melle Pony ?
Toujours est-il qu'elle était dans un état de tristesse telle que les larmes coulaient toutes seules.
Elle repensait à leur installation en Angleterre. Le succès que Terry avait rencontré à Londres et dont il était si fier.
En effet, revenir en Angleterre , après qu'il ait quitté ce pays presque comme un voleur. signifiait beaucoup pour lui.
C'était presque le retour de l'enfant prodigue.
Il lui avait confié à quel point il aimait ce pays qui lui avait permis de la rencontrer, elle .
Mais au début,de leur emménagement, ses incertitudes d'adolecents, ses rapports houleux avec son père et l'absence de dialogue entre eux étaitent revenus à la surface comme un monstre tapi dans l'ombre prêts à lui sauter à la gorge.
Certes, depuis, il avait renoué avec ses parents grâce à l'intervention de son épouse qui avait su donner à Terry le recul nécessaire pour tourner cette douloureuse page de sa vie .
Plongée dans ses lectures, les heures s'étaient écoulées sans qu'elle ne les voit passer.
Candy, installée sur ce large fauteuil en cuir, qu'occuppait si souvent Terry pour avait éparpillé sur ses genoux les différentes lettres qu'ils s'étaient échangés pendant leur séparation, après leur départ de Saint Paul.
Les coupures de journaux qui parlaient de ses prestations formaient une épaisseur assez conséquente , elle les avait regroupés et reliés par un ruban rose.
Depuis ses débuts jusqu'à sa consécration, les articles élogieux étaient légion. Elle se sentait tellement fière de lui mais ce petit pincement de coeur ne la quittait pas. Il était si souvent loin d'elle et égoïstement, elle se prenait quelquefois à détester ce métier qui lui enlevait son mari pendant de si longues périodes.
Elle avait gardé également un document qui lui avait fait verser tellement de larmes à l'époque. C'était un courrier de sa chère cousine Eliza, Elle avait accompagné sa courte missive d'un extrait d'un journal à sensation qui relatait les pseudo-aventures sentimentales de l'acteur ainsi qu'une photographie de lui avec une jeune femme qui était censée être sa dernière conquête .
Il est vrai que la photo était assez équivoque. Candy n'en n'avait jamais parlé à Terry, redoutant sa colère , mais Eléonore qui était venue lui rendre visite l'avait découvert en larmes devant ce courrier et l'avait grondée de croire en de telles sornettes.
Elle l'avait avertie que la mise en cause de la réputation du grand acteur qu'il était devenu, n'échapperait malheureusement pas à ce genre de torchons. Elle en avait fait également les frais à une période de sa vie.
Candy avait séché ses larmes, se souvenant de la voix calme et posée d'Albert la mettant en garde contre des conclusions hâtives.
Elle ne comprenait décidément pas cet acharnement d' Eliza , alors même qu'elle n'avait pas eu l'occasion de la rencontrer récemment.
Candy avait soupiré souhaitant qu'Eliza trouve enfin chaussure à son pied, pour le propre bonheur d'Eliza d'abord , mais aussi pour lui permettre d'avoir d'avoir enfin la paix !
Elle avait d'ailleurs appris quelques mois plus tard une nouvelle qui l'avait réjouie : le mariage d'Eliza !
Elle apprit ensuite par Annie les circonstances peu glorieuses de ce mariage avec un certain Henri Fergusson. (petit clin d'oeil à la fic de Sunny) Ils partageaient d'ailleurs tous deux une réputation sulfureuse au grand dam des parents d'Eliza. Pour sauver la réputation de leur fille , ils n'eurent d'autre choix que d'accepter ce mariage. En effet, Eliza n'avait pas attendu le mariage pour découvrir les plaisirs de la chair et l'inévitable se produisit. C'est d'ailleurs Albert qui dut intervenir pour obliger le bougre à assumer ses responsabilités. Quant à son frère Niels, au contact d'Archibald , de Georges et d'Albert, et loin de l'influence de sa soeur, il devint peu à peu une personne fréquentable.
Albert se surprit même à lui offrir des missions importantes en compagnie d'Alexandre. Ces voyages à l'étranger achevèrent de le faire grandir. Il était devenu méconnaissable : gentlemen, courageux et généreux, ces qualités qui lui manquaient tant, alors adolescent.
Ce que ses parents et son séjour au collège Saint Paul ne purent lui inculquer comme valeurs, il les apprit dans la vraie vie, douloureusement, quelquefois ..
Il écrivit même une lettre à Candy pour s'excuser de son comportement envers elle lorsqu'il était plus jeune. Candy n'ayant pas connaissance de son cheminement, avait d'abord pensé que cela avait été dictée par une obligation quelconque mais finalement le ton de la lettre la rassura sur la sincérité du nouveau Niels ! Les courriers d'Annie lui confirmèrent ce changement radical. Les miracles existaient !
Elle continuait à lire le reste des lettres, celle qu'elle avait écrit à Anthony et ses larmes redoublèrent. Elle se souvenait de cet ange que lui avait ôté le destin. Ce garçon, si doux qui avait su la prendre sous son aile et l'aimer, malgré tout.
Elle en avait beaucoup parlé à Mary et avait partagé avec elle des moments uniques. Elles s'étaient même rendues dans la demeure de leurs parents décédés, qui depuis, avait été rénovée. Les nouveaux locataires contactés par Terry avaient volontiers accepté de recevoir les jumelles et le grand acteur dans leur modeste demeure.
Elles étaient allés jusqu'en Irlande pour découvrir le cadre de vie de leur oncle et de leurs parents. Ce recueillement pourtant douloureux leur apporta malgré tout un certain apaisement.
Candy ne remercierait jamais assez son époux pour ses recherches et garderait pour lui, une reconnaissance éternelle.
Elle pleurait encore, se disant à quel point la chance lui avait souri dans la vie. Elle avait un mari si aimant et si attentionné , de si beaux enfants, une famille , des amis fidèles ? alors pourquoi cette mélancolie s'était installée dans son coeur depuis quelques semaines ?
Ces derniers temps, malgré la présence de ses enfants, elle se sentait seule et ce vague à l'âme s'était installé sournoisement. Elle avait hâte que son mari revienne.
Perdue dans ses pensées, elle n'entendit pas le moteur de la voiture.
- Mais que fais tu là dans le noir ?
Son coeur bondit de joie lorsqu'elle entendit la voix chaude de Terry. Il alluma la lumière et lui offrit ce sourire qu'elle aimait tant. Elle alla se nicher avec délice dans ses bras.
Elle ignorait encore qu'il lui réservait une surprise qui achèverait de lui rendre définitivement le sourire.
FIN
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