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Une rencontre inattendue

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view post Posted on 21/10/2015, 10:37
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Cela fait un certain temps, déjà, que j'ai écrit cet article...
Je remercie Leia qui a accepté que je mette en ligne cet épisode de sa vie privée que je n'aurais pas osé publier sans son accord.
C'est tout à fait par hasard que j'ai appris son voyage à New-York, il y a quelques temps, et tout à fait par hasard aussi que j'ai eu vent de ce qui s'y était réellement passé et qu'elle avait jusqu'à présent, préféré tenir secret.





--oooOOOooo--



Leia se réveilla aux aurores. Sans bruit pour ne réveiller personne, elle s’habilla et quitta la chambre d’hôtel qu’elle avait louée pour la semaine. Elle allait profiter de cette heure matinale pour se promener dans la rue Horatio qu’elle n’avait pas eu le temps d’arpenter la veille, cette rue où elle avait placé l’appartement de Terry…

La matinée était plutôt fraîche pour la saison et la jeune femme se félicita d’avoir tout de même pensé à mettre son manteau malgré l’état d’ébullition dans lequel se trouvait son esprit depuis son arrivée à New-York. Il n’y avait pas encore vraiment de circulation en ce tout début de journée et presqu’aucun piéton. La jeune femme remonta lentement l’avenue, s’arrêtant devant chaque immeuble et caressant les murs de pierre et de brique pour s’imprégner de l’atmosphère de ce lieu qui avait pour elle un parfum tout particulier. Elle fut soudain prise d’un léger étourdissement et dut s’appuyer contre le mur pour ne pas tomber. Le décalage horaire sans doute. Elle s’était couchée tard la veille. Lorsqu’elle releva la tête, elle perçut un mouvement de l’autre côté de la rue. Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsqu’elle vit la silhouette qui s’avançait dans sa direction. L’homme l’avait également remarquée et malgré la distance elle eut l’impression d’être transpercée par son regard bleu-vert. Elle sentit ses jambes se dérober sous elle et se retrouva assise sur le banc de bois qui se trouvait fort providentiellement à l’endroit exact où elle s’était laissé choir, sans force. En quelques enjambées, celui qui ressemblait trait pour trait à l’idée qu’elle se faisait de Terrence Grandchester fut près d’elle.

-Qui… qui êtes-vous ? Balbutia la jeune femme, abasourdie.

L’homme, qui s’était précipité, inquiet pour elle, la considéra un moment, silencieux et surpris. C’était si rare de tomber sur quelqu’un qui ne le reconnût pas… Il ébaucha un sourire en se présentant.

-Je m’appelle Terrence, Terrence Graham…
-Ce… Ce n’est pas possible…

Le sourire du jeune homme s’élargit. Elle le reconnaissait donc, finalement… Mais elle avait un tel air effaré qu’il se demanda ce qui pouvait bien la mettre dans un tel état. Ce n’était pas lui tout de même qui l’effrayait à ce point ? Quoique, les réactions de ses fans étaient souvent imprévisibles et incontrôlables… Pourtant, il n’était pas sûr que la jeune femme qu’il avait en face de lui en fît vraiment partie. En tout cas, il ne pouvait décemment la laisser ainsi, toute seule dans la rue… Elle était si pâle qu’il lui semblait qu’elle allait s’évanouir devant lui... Et même si le jeune acteur n’avait pas pour habitude de ramener chez lui les groupies hystériques, là, inexplicablement il avait la sensation que c’était la chose à faire. N’y était pas étrangère non plus la curieuse impression, extrêmement dérangeante pour lui qui était doté d’une mémoire quasi photographique, de se retrouver devant une vieille connaissance sur laquelle il n’arrivait à mettre ni nom, ni lieu, ni date.

-Venez, lui fit-il en s’approchant d’elle pour l’aider à se relever.

Leia eut l’impression que tout chavirait autour d’elle lorsque le jeune acteur enroula son bras autour d’elle pour la soutenir et elle s’agrippa à la veste de Terry, comme à une bouée de sauvetage, avant de sombrer dans un trou noir.

--oooOOOooo--



Lorsqu’elle reprit conscience elle était allongée sur un canapé en cuir. Elle était seule dans une grande pièce qu’elle observa avec un étonnement croissant. Tout y était, comme elle l’avait imaginé dans son roman : la table basse en bois massif posée sur le tapis persan aux couleurs verdoyantes, la cheminée en marbre, avec au-dessus le fameux tableau de Picasso. Elle devait être en train de faire un rêve. Et quel rêve ! Tout semblait si réel, si net, si cohérent, si totalement aux antipodes des situations sans queue ni tête et des scènes chaotiques qui émaillent habituellement les rêves. Si logique, aurait-elle ajouté, s’il n’avait pas été complètement irrationnel qu’elle pût se trouver dans l’appartement de son personnage de dessin animé favori... Leia perçut une discussion assourdie puis une porte claqua quelque part dans l’appartement et la jeune femme se redressa, troublée, en entendant des pas se rapprocher.

Son cœur battait la chamade lorsque Terrence apparut dans l’embrasure de la porte, encore plus séduisant et charismatique qu’elle ne se l’était imaginé, ce qui lui parut invraisemblable. Terry… Terry était là, devant elle ! Elle ne l’avait donc pas rêvé. Ou plutôt si, elle était en train de rêver, il ne pouvait en être autrement. Mais il avait, lui aussi, l’air si parfaitement réel ! Il s’immobilisa sur le seuil de la pièce, son air soucieux se muant en soulagement dès qu’il eût constaté que son invitée improvisée avait émergé de l’état d’inconscience dans lequel il l’avait laissée quelques instants plus tôt. Leia n’arrivait pas à détacher ses yeux du regard magnétique qu’elle avait tant de fois décrit et qui pourtant la troublait plus que de raison.

« Vous allez mieux ? »

La voix chaude et modulée la fit tressaillir. Elle ne savait pas trop si elle allait mieux. Ce qui lui arrivait était si complètement hors-normes qu’elle se demandait si elle n’était pas en train de sombrer dans la folie à force de s’évertuer à communier avec ses héros favoris. Bien qu’elle connût parfaitement la réponse à sa question, elle ne put s’empêcher de demander :

« Où sommes-nous ?
-Dans mon appartement… Mais ne vous inquiétez pas, je viens d’envoyer ma gouvernante chercher un médecin et nous ne sommes pas seuls… »

Comme pour faire écho à ce qu’il venait d’affirmer, une femme apparut à l’entrée de la pièce.

-Ah… Agatha… Pourriez-vous nous apporter du thé s’il vous plaît ?

Puis s’adressant à son invitée il ajouta :

-À moins que vous ne préfériez quelque chose de plus fort ?

Leia se rendit compte qu’elle fixait sans vergogne le beau brun qui lui faisait face et sentant le rouge lui monter aux joues, elle détourna le regard sans répondre. C’est alors qu’elle vit dépasser de dessous son manteau qui avait dû être jeté à la hâte sur la table basse, un bout de ce qu’elle devina être le fameux chapeau cloche de Candy. Ainsi donc, elle serait arrivée en ce jour mémorable ? Elle commença à s’affoler. Terry aurait dû remarquer ce chapeau, mais sa présence à elle l’en avait distrait. Elle ne voulait pas qu’à cause de cela Terry pût manquer l’occasion de retrouver sa Taches de Son. Elle devait s’avouer qu’elle s’était sentie fondre devant ce merveilleux sourire, cette chevelure brune dans laquelle elle aussi avait envie de passer la main, mais elle savait parfaitement qu’une seule personne comptait pour lui. Aussi, soulevant son manteau du dessus de la table, elle poussa le chapeau vers Terry et s’enquit d’une voix tremblante :

« Pardon de vous poser des questions personnelles, mais ce chapeau, n’appartient-il pas à l’une de vos amies ? »

Le jeune acteur fronça les sourcils en découvrant le fameux chapeau, avant de se détendre et de déclarer :

« Ma gouvernante a dû se faire plaisir… »

Contrairement à ce qu’espérait Leia, son hôte ne se saisit pas du couvre-chef pour l’étudier sous toutes ses coutures comme il était censé le faire. Le parfum qui s’en dégageait ne pourrait donc pas atteindre ses narines et provoquer l’étincelle qui le pousserait vers le port. Et qui plus est, à cause d’elle, la gouvernante n’était même pas là pour aiguiller son jeune maître vers sa belle.

Leia commença à s’inquiéter sérieusement : combien de temps était-elle restée inconsciente ? N’était-il pas trop tard pour inverser une situation qui était en train de déraper ? Elle fut un moment tentée de prolonger ces moments magiques qu’elle était en train de partager avec Terry mais elle savait trop bien que le cœur du talentueux comédien était déjà pris.

« Je ne crois pas que ce soit le chapeau de votre gouvernante, finit-elle par bredouiller d’une voix mal assurée. »

Terry la considéra un instant, pétrifié par cette étrange affirmation. Qui était-elle pour déclarer une telle chose ? Cette jeune femme, il ne la connaissait ni d’Adam, ni d’Ève, et malgré l’étrange sentiment de familiarité qui ne l’avait plus quitté depuis qu’il l’avait rencontrée, il commençait à se demander ce que son attitude pour le moins énigmatique pouvait dissimuler. Il était temps d’assouvir cette curiosité qui n’avait cessé de croître depuis qu’il l’avait secourue tantôt :

« Vous ne m’avez pas dit votre nom… »

Leia ferma les yeux, se mordilla la lèvre inférieure avant de finalement lâcher dans un murmure :

« Qui je suis n’a pas beaucoup d’importance… Mais ce chapeau… Ce chapeau c’est… c’est celui de… de Candy. »

En un instant Terry fut sur elle. La saisissant aux épaules il eut le plus grand mal à ne pas la secouer comme un prunier.

« Qu’avez-vous dit ? » gronda-t-il en cherchant dans les prunelles claires de la jeune femme des explications à ces paroles incompréhensibles. Comment diable pouvait-elle connaître Candy ? C’était tout à fait impossible. Il n’avait jamais dévoilé à personne les relations qui l’avaient autrefois lié à sa merveilleuse Taches de Son.

« Vous ne devriez pas perdre de temps… Elle est au port, en partance pour l’Europe. Si vous vous dépêchez, vous pourrez peut-être la voir. Le paquebot est au pier quatre-vingts quelque chose, je crois… »

Ce n’était pas le moment, mais Leia ne se souvenait plus exactement du numéro qu’elle avait choisi, dans sa fic. Pourvu que cela n’empêche pas son héros préféré de retrouver sa belle ! Elle fixa le jeune acteur d’un air éperdu. Pourquoi était-il encore là à la dévisager au lieu de filer sans attendre au port ?

Soudain, tous les doutes s’envolèrent dans le cœur de Terry. Cette femme étrange, cette femme qui était là, devant lui, cette femme lui disait la vérité. Mais il avait des choses à mettre au point avec elle.

« Je veux que vous attendiez mon retour ! Le médecin ne va pas tarder à arriver et j’ai un tas de questions à vous poser ! déclara-t-il d’un ton sans réplique en enfilant rapidement son manteau avant de quitter précipitamment l’appartement. »

Aussitôt qu’il fut hors de vue, Leia ressentit un insupportable vide tout autour d’elle et eut une folle envie de rappeler le jeune acteur. Mais ce n’était pas raisonnable. Terry devait faire son chemin et elle le sien… Par chance, la gouvernante, un sourire bienveillant aux lèvres, faisait son entrée quelques instants plus tard, interrompant le flot de pensées négatives qui étaient en train d’envahir son esprit. Le médecin n’était pas avec elle, il avait été retenu au chevet d’un autre malade. Mademoiselle Denise – c’est ainsi que s’appelait la vieille femme – proposa de lui préparer son grog-miracle :

« Vous verrez, il a des vertus assez extraordinaires »

Leia remercia chaleureusement la vieille dame, mais refusa poliment : elle ne voulait pas s’attarder davantage, malgré son très vif désir d’attendre le retour de Terry. Elle craignait de ne plus être capable de partir si elle ne le faisait pas là, immédiatement. Le jeune acteur avait un long voyage à préparer et n’avait pas besoin d'avoir une inconnue dans ses jambes. Et puis elle se sentait beaucoup mieux à présent.

« C’est amusant, il se doutait que vous ne voudriez pas rester. Alors il m’a dit de vous donner ce billet. II a dit qu’il espérait que vous viendriez, et qu’il vous attendrait dans sa loge ! »

La jeune femme tourna et retourna le billet dans sa main, étonnée que Terry ait songé à elle en un moment pareil, étonnée, mais secrètement ravie. Il fallait croire que « son » Terrence était bel et bien aussi plein de sensibilité qu’elle se plaisait à l’imaginer.

--oooOOOooo--



Leia remontait lentement l’avenue vivement éclairée par les rayons du soleil de ce radieux après-midi, encore sous le choc des événements incroyables qu’elle venait de vivre, lorsqu’elle s’arrêta subitement, en proie aux doutes. N’aurait-elle pas dû, finalement, patienter jusqu’au retour de Terry et lui expliquer ce qui l’attendait, pour lui éviter tous ces déboires, et qu’il puisse déjouer les manigances de la perfide Éliza ? Mais non, il fallait qu’il les vive, tous ces moments désespérés, la rencontre ultime n’en serait que plus émouvante. D’ailleurs Leia se dit qu’elle n’avait pas passé toutes ces nuits blanches à essayer d’imaginer toutes les étapes de leurs retrouvailles pour, soudainement, les effacer, pchitt, comme cela, d’un coup de pouce.
En même temps… Si par sa faute Terry arrivait trop tard à l’embarcadère ? S’il ne voyait pas Candy, à l’arrière du navire… Si… Ne devrait-elle pas malgré tout retourner là-bas, l’attendre comme il le lui avait expressément demandé et vérifier que tout se passait comme elle l’avait prévu ?

Un nouvel étourdissement la saisit. Allons bon… Elle ne devait pas être en aussi bonne forme qu’elle l’avait cru ! Elle se retrouva, sans savoir comment, assise exactement sur le même banc que celui sur lequel elle s’était laissé choir tantôt et comme tantôt, quelqu’un s’approcha d’elle avec inquiétude, mais cette fois-ci, malheureusement, ce n’était pas Terry.

« Vous allez bien ?
-Oui… C’est juste un petit malaise, ça va passer, j’ai l’habitude… »

C’était un mensonge. Elle n’était pas sujette aux malaises, mais elle avait besoin de rester seule, pour faire le tri de toutes les émotions contradictoires qui l’assaillaient. Le soleil radieux de tantôt avait fait place à la clarté incertaine d’un tout début de matinée, la plongeant dans un grand désarroi. Ainsi ce qu’elle avait supposé était vrai… Elle avait dû perdre conscience un moment et avait rêvé tout ce merveilleux épisode. Elle ne pouvait pas dire que cela l’étonnait outre mesure, mais tout lui avait semblé si vrai. Et Terry… Elle poussa un profond soupir et se releva. Il valait mieux retourner à l’hôtel. Elle ressortirait un peu plus tard.

Comme elle approchait de l’hôtel, elle se rendit compte qu’elle avait froid et glissa ses mains dans ses poches, pour les réchauffer. Sa main droite entra en contact avec un bout de… de … Son esprit luttait pour trouver une explication rationnelle à ce qu’elle sentait, là tout au fond de sa poche. Elle ne se souvenait pas y avoir mis quoi que ce soit, à part… à part… Elle sortit l’objet en question, et, le cœur battant la chamade, elle contempla sans y croire le carton d’invitation que lui avait remis Mademoiselle Denise, un peu plus tôt…

Une invitation pour une représentation qui avait eu lieu près d’un siècle plus tôt…


--ooo FIN ooo---

 
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