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La boîte

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Haruka18
view post Posted on 12/8/2019, 16:17




Bien c'est très présomptueux de ma part. Parce que je suis sûre qu'il existe des fics de ce type bien plus élaborées, bien mieux écrites et surtout plus fidèles à la vraie oeuvre originale. Mais ce week-end j'ai trop goûté à la frustration avec les romans de Pika.
Alors désolée de vous embêter, mais il fallait que ça sorte....
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J’ai une boîte sur mon bureau. Un coffret simple, sans fioriture, en bois de chêne de Virginie.
Longtemps j’ai considéré ce coffre comme ma boîte aux horreurs.
Le dessus est orné de tâches, de cercles décolorés. Les côtés sont amochés, des éclats ont écorné les arêtes, conséquences de vols non maîtrisés de l’objet.
Longtemps, le soir, et les soirées commençaient tôt et finissaient tard, croyez-le, je m’attablais devant une petite table face à ce coffret. En « tournée » dans tous ces misérables troquets, je fourrais le programme du soir (« Terry Graham dans… ») et puis je posais ma bouteille, cachet du soir dessus avant de la vider minutieusement, méticuleusement, pour enfouir littéralement ma vie, mon avenir sous l’alcool. C’était drôle n’est-ce pas ?
Dans ma boîte aux horreurs il y a aussi une lettre signée d’Annie et Patty, les amies de Candy. J’ai lu la première phrase et fourré la lettre avec le reste. Peu m’importait. En fait je devrais dire trop m’importait. Alors la lettre dans le coffret et une bouteille par-dessus. Et voilà, enfermée, noyée la souffrance ! Oh je faisais bonne figure, enfin je crois que je faisais bonne figure devant Suzanne et ma mère j’affirmais que j’apportais la culture à de pauvres hères, que eux m’apportaient tant ! Surtout en liquide…
Il y a un encart aussi, un avis de décès, l’ainé des frères Cornwell, Alistair. C’est peut-être le seul vestige de cette époque qui ne soit pas centré sur ma petite personne.
Et puis, et puis il y a le programme de ce soir là. Ce soir là où je l’ai vue, mes yeux, ma tête, mon cœur, tout aspirait tellement à sa présence que j’ai eu l’impression que mon corps se déchirait et que les mots de Shakespeare étaient les seuls capables de l’atteindre, où qu’elle soit. Et à chaque syllabe, c’était mon âme qui s’envolait et la rejoignait. Où qu’elle soit, quoiqu’elle fasse. Et chaque larme que je versais libérait les sentiments tapis sous chaque goutte d’alcool ingurgitée La douleur, la souffrance, et la honte. Oh Mon Dieu combien de raisons avais-je d’avoir honte. Honte de ne pas avoir son courage, son abnégation, sa résilience, honte de faillir à mes promesses.
En rentrant, j’ai vu ma mère. Elle se tenait à côté de ma petite table, j’ai avancé, fourré le programme dans la boîte et…l’ai jetée dans la cheminée.
Calmement, Mère a retiré le coffret de l’âtre à l’aide du tisonnier. Des braises ont volété , maculant la jupe de sa robe de petite traces de brûlures. Nous nous sommes fait face, et je me suis jeté dans ses bras, pleurant comme le sale gosse que j’étais.

Je sais tout ce qui se trouve dans cette boîte, je tiens un inventaire précis sans pour autant jamais l’ouvrir. Je suis sûrement trop lâche.
Après cet épisode, je n’y ai ajouté que peu de choses, j’essayais de devenir un homme, un homme bien et ma boîte aux horreurs était devenue ma boîte à faiblesses. Il y a un article, le premier où William A. Aldray était photographié. Si ma stupéfaction n’avait pas été si grande, j’en aurais ri. Encore aujourd’hui je ne sais pas trop quoi en penser. J’ai pensé lui écrire, à lui, pour avoir de ses nouvelles, à elle. Mais ma boîte à faiblesses ne contenait pas ma lâcheté, elle, je la gardais encore en moi.
Je crois avoir subi malgré moi ma vie, en fait je voulais oublier ma vie. Etre acteur est formidable après tout, on s’oublie pour être quelqu’un d’autre, c’est probablement pour cela que j’ai eu un certain succès. Mon orgueil n’est pas dans ma boîte non plus.
Je ne veux plus mentir, ni aux autres, ni à moi, ni à ma boîte. Avec le temps c’est devenu ma « boîte à plus tard », plus tard quand je serai vieux, plus tard quand la douleur aura fait place à la nostalgie.
Je dois me sentir chanceux j’aurais pu vivre dans la rancune, mais, je vous l’ai dit, j’ai subi ma vie. J’aidais Suzanne à être narratrice. Elle était douée. Je me souviens d’un spectacle pour enfants que nous avions monté pour un gala de charité, elle était, je dois l’avouer grandiose sur cette simple chaise, faisant prendre vie aux contes de fées. Derrière, nous, n’étions que des mimes et les enfants ne voyaient qu’elle.
On a parfois des peurs irrationnelles n’est-ce pas ? Et, en ce qui me concerne, je scrutais le public à la recherche d’une tignasse blonde et de tâches de rousseur… Aucune de ces jeunes mères de famille ne présentaient ses caractéristiques physiques, grâce à Dieu.Je voulais qu’Elle soit heureuse, mais…
Quand ma belle-mère est morte, j’étais en Angleterre avec ma mère. Nous jouions ensemble. J’ai appris plus tard qu’elle avait financé cette pièce, pour que nous soyons réunis sur scène. Le premier soir, à Londres, elle avait pris la parole devant le public pour annoncer que son « merveilleux partenaire » était son fils. Mon père était là. Voulais-je voir une émotion dans son regard ? Est-ce mon imagination qui créa des larmes sur ses joues ?
J’ai fait la paix avec lui, je crois que je l’ai, enfin, après toutes ces années compris.
Alors, quand Suzanna est tombée malade quelque temps plus tard, la honte est venue me submerger. Et durant deux ans, je restais au chevet de celle qui, finalement, était probablement devenue ma plus chère amie. Souvent, honteux, je me disais c’était ma faute si la pauvre Suzanna déclinait.
Un jour, son état était tel que je passais la nuit à son chevet, mortifié quand, tout à coup je m’apercevais que si j’avais subi ma vie, elle, elle m’avait subi et que j’avais failli à mes promesses. Encore. Parce que au final ma lâcheté était toujours chevillée au corps et pas dans la boîte. Et j’ai prié. Sans doute pour la première fois sincèrement.
Alors, le matin, quand je me suis réveillée et l’ai vue le visage reposé, un air mutin dans le regard, j’étais si heureux, si égoïstement soulagé. Je me suis rué au dehors pour aller chercher un prêtre pour nous marier. Comment pouvais-je encore lui refuser cela ? Il me fallait avancer, il me fallait être un homme. Toutes les histoires n’ont pas une fin heureuse mais on n’est pas tenu qu’elles se terminent toutes mal, si ? Après tout si je pouvais offrir un peu de bonheur à Suzanna, m’offrir une paix relative, une fin en demi-teinte. Quand le prêtre et moi sommes rentrés, le silence régnait dans la maison. Et dans sa chambre, Suzanna avait réuni tout le monde on dirait. Pourquoi étaient-ils donc silencieux, à la regarder dormir ?

Ce soir là, je me suis attablé devant ma boîte aux horreurs.
Le lendemain je fourrais un encart, un avis de décès dans ma boîte et ajoutait une nouvelle auréole sur le couvercle du coffret.
La semaine suivante, je rangeais le coffre dans une armoire.

Plusieurs mois plus tard, nous montions une fois encore Roméo et Juliette. J’avais demandé à jouer Frère Laurent. Le costume de Roméo était trop lourd à enfiler pour cette fois.
De retour chez moi, je sortais la boîte à faiblesses de sa cachette, et, m’attablais devant. Sans bouteille, mais muni d’une d’une feuille et d’un stylo.
Candy
J’ai posé ma plume, sorti mon étui à cigarettes.
Une heure plus tard, je noircissais la page.
Candy, Candy,Candy,Candy,….
Je fourrai la lettre dans la boîte.
Tous les soirs, je regardais cette boîte, d’un air mauvais.
Et puis vint l’anniversaire de la mort de Suzanna.
Je m’attablais devant la boîte, une feuille, une plume à la main. Les mots vinrent mais…. Un acteur vole les mots des autres parce qu’il ne sait pas parler en fait, vous le saviez ?
Et pourtant, tous les soirs, je lui écrivais, c’était très mauvais. Je voulais, je voulais être honorable, je voulais dire tout ce qu’il y avait dans mon cœur mais les mots étaient si faibles… Alors invariablement, je fourrais la lettre dans la boîte.
Et invariablement, tous les soirs, jusqu’à…. Jusqu’à ce soir où, ayant rabattu le couvercle sur la missive du jour, j’ai d’un mouvement rageur fait voler le coffret à l’autre bout de la pièce. La boîte, dont la serrure avait éclaté, a vomi ses horreurs, a répandu mes faiblesses. J’ai contemplé ce désastre qui avait été mon existence, et me suis mis à rire nerveusement. Non, ce n’était pas un désastre, et ce ne serait pas si je m’en donnais les moyens. J’ai tout ramassé, tout brûlé. Sauf la boîte que j’ai reposée, la refermant soigneusement pour y enfermer ma lâcheté. Me suis emparé d’un crayon et d’une nouvelle feuille.
Chère Candy,
Comment vas-tu ?
Une année s'est écoulée depuis lors... Après cela, je m'étais promis de t'écrire mais assailli par le doute, j'ai encore laissé passer six autres mois.
Mais à présent, je trouve le courage de t'envoyer cette lettre.
Rien n'a changé pour moi.
Je ne sais pas si ces mots te parviendront, mais je voulais que tu saches au moins ceux-ci.
T. G.
*

*Merci à Sophie pour la "vraie" lettre
 
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Haruka18
view post Posted on 12/8/2019, 17:08




Non, pas marié, Terry arrive avec le curé mais finalement pour les derniers sacrements😝
La saison des jonquilles, j'y vole!

Edited by Haruka18 - 12/8/2019, 17:24
 
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Haruka18
view post Posted on 12/8/2019, 17:30




Bah je croyais que lui faire miroiter le mariage juste avant qu'elle passe l'arme à gauche c'était déjà se ficher d'elle😅
Merci pour les compliments je crois que j'ai juste tapé ce que j'aurai voulu lire🙂
 
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view post Posted on 14/8/2019, 08:42
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qui adore Candy et Terry, et qui aime aussi Albert

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Bravo Haruka18.
Très beau texte. Très bien écrit.
Merci à toi. :D :merci:
Pour rajouter une fic à la liste de Une fin heureuse, je te propose de lire "les collines de la vie" de Black Swan et toutes celles disponibles sur les forum de Candyneige et CandyTerryGeorgie, il y en a de très belles.
 
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Haruka18
view post Posted on 14/8/2019, 12:28




merci à toutes les deux, il y avait longtemps que je n'avais pas écrit de fics (je n'en avais jamais écrite sur Candy d'ailleurs) et là, comme j'ai un peu de temps, l'envie me reprend...
La preuve hier soir j'avais envie de rire une peu...
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RETOUR DE KARMAS

Chère Candy,
J’espère que toi et Terry vous portez bien, la nouvelle de ta grossesse nous a tous tellement réjouit ! Décidément Annie et toi ne pouvez vous empêcher de tout faire en même temps !
Ces enfants ne sont pas encore parmi nous et pourtant ils opèrent quelques miracles autour de nous.
Tout d’abord, moi, Grand-Père, à mon âge ! Voilà qui va sûrement refroidir les ardeurs de bien des demoiselles…
Je crois que la plus enthousiaste à l’arrivée de ces petits est sans aucun doute la Tante Elroy, crois le ou non, moi qui ne l’avais jamais vue une aiguille à la main, figures toi qu’elle s’est mise en tête de tricoter l’intégralité des trousseaux elle-même. Ce fut un désastre sans nom jusqu’à ce que, m’accompagnant à la Maison Pony,(elle s’est enfin décidée à voir où tu avais grandi, mais je t’expliquerai cet intérêt soudain après) elle demande l’aide de Mlle Pony ! Même Georges a eu l’air choqué ; Je n’irai pas jusqu’à dire que notre Tante affiche aujourd’hui un sourire béat lorsque nous t’évoquons mais sa culpabilité est grande à ton égard .
L’affection que je te porte doit me pousser à être honnête : un tel changement d’attitude n’est pas uniquement dû à l’arrivée d’angelots, bien que âgée, elle n’est pas encore gâteuse. Mais Il y a eu ces derniers mois certaines « agitations » dans la famille qui ont amené notre aïeule à reconsidérer le passé, notamment sa partialité envers toi.
Archibald et moi avions décidé de ne t’en parler que lorsque nous aurions tous les éléments en main, et comme il en arrivait tous les jours, il eut été compliqué de t’expliquer au fur et à mesure l’ensemble de l’histoire. Je pense même qu’Archibald espérait au fond de lui qu’Annie se charge de te mettre au courant mais …

Te souviens-tu lors de l’inauguration de Miami, que nous avions décidé de retirer les actifs André des sociétés des Leagan ?Leur façon de gérer leurs affaires ne convenait pas à mon éthique et Archie n’a jamais vraiment pardonné leur conduite envers toi et Annie. Durant deux ans nous avons donc vendu nos actions, petit à petit, de manière à ce qu’ils ne soient pas mis en difficulté par un actionnaire bloquant toutefois.
Il y a six mois, j’ai « offert » nos dernières actions à Eliza et Neil. Bien sûr, que cela coïncide avec ton mariage ne fut en rien le fruit du hasard. Ne t’inquiètes pas, je n’ai pas privé la famille de quoi que ce soit en renonçant à ses parts, loin de là, la situation économique actuelle est trop troublée, il était bien plus sain d’agir ainsi et de recentrer nos actifs sur des bases plus solides, sûres et terre à terre. Crois moi, ce fut plus un soulagement qu’un sacrifice pour nos affaires.
Toi et Terry êtes partis en Angleterre et j’avoue que nous n’avons pas entretenu plus de relations que cela avec les Leagan.
Annie et Archie se sont toutefois rendus au mariage d’Eliza avec Tante Elroy mais, prétextant de l’état d’Annie, s’en sont rapidement éclipsés, en effet, Archibald a vite reconnu parmi les invités, un certain nombre de personnes qu’il n’est pas bon de fréquenter, cette ville devient littéralement un repère de truand. Au point que nous pensons vendre tout ce que nous possédons dans la région (y compris Lakewood).
Et c’est là que nous sommes entrés dans un mauvais roman.
Depuis qu’on lui a diagnostiqué un problème cardiaque, Tante Elroy ne sortait plus beaucoup. Un après-midi, Neil est venu. Il a tenu des propos absolument incohérents, au point que le Dr Léonard, qui était présent pour sa visite hebdomadaire a préféré rester avec notre Tante, et bien lui en a pris car Neil fut alors pris d’un accès de fureur et a commencé à molester notre vieille Tante. Il a fallu trois personnes pour le maîtriser.
Il fut alors interné et le diagnostic a sans doute plus choqué Elroy que les claques que Neil lui a assénées. Neil est syphilitique. Et depuis assez longtemps pour qu’il ait sombré peu à peu dans la démence. Avec le recul je pense que la cour qu’il t’a imposée peut en être prise pour les prémices.
Je ne suis certainement pas le seul à y avoir pensé et la Tante s’est alors questionné sur son propre jugement tant Neal l’a influencé en diverses occasions (je te passerai sous silence certaines découvertes que j’ai récemment fait sur le portefeuille d’action privé d’Elroy).
Ce n’est pas à l’infirmière que tu es que j’expliquerai la façon dont on attrape cette maladie…
Neil est aujourd’hui interné, et d’après le docteur Léonard, son espérance de vie est assez réduite.
C’est alors que Leagan a proposé à son gendre de prendre la place de Neil au sein de sa société. Ce dernier s’est empressé d’accepter et Eliza a alors décidé de prendre « sa souffrante Tante Elroy »sous son toît.
Jusqu’à ce que Tante Elroy soit tirée un beau matin de son lit par des policiers armés, le gang auquel appartenait le mari d’Eliza (oui Archie avait vu juste) venait d’être démantelé.
Une inspection minutieuse des comptes Leagan a démontré que beaucoup d’argent a été détourné. Jusqu’où Leagan lui-même le savait-il, je l’ignore mais il a mis fin à ses jours en celluleil y a quelques semaines. Le mari d’Eliza est emprisonné et tous leurs avoirs sont gelés.
Sarah et Eliza, elles se sont enfuies au Mexique (ce qui t’en dit aussi long que moi sur leur probité dans toute cette histoire ), emportant jusqu’au crucifix en argent de tante Elroy.
Tante Elroy habite à présent chez Archie, elle a appris à apprécier Annie et cette dernière, avec la douceur qui la carctérise, lui a ouvert les yeux sur le comportement et l’attitude des Leagan depuis votre enfance. Je pense que cela explique aujourd’hui, l’intérêt qu’elle te porte, je crois qu’elle essaie d’apprendre qui tu étais enfant, chose qu’elle refusa de connaître à l’époque.
Oh Candy ! Je vais abuser de ton grand cœur… Tu sais quelle importance eut ma tante au décés de mes parents puis à celui de RoseMary, je t’en pris, accepte qu’elle entrevoit ce qu’elle a raté. Pour ton « vieil » Oncle William (oui j’ose sortir cette carte).
J’espère que toi et ton ventre rond accepterez d’apporter un peu de réconfort à une vieille dame en repentir .
Je vous embrasse affectueusement,
Albert.
PS Tante Elroy me demande de te transmettre ses remerciements pour ta recommandation au Dr Léonard, celui-ci lui a prescrit certains médicaments pour ses nerfs qui lui font beaucoup de bien.
 
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Haruka18
view post Posted on 15/8/2019, 20:41




😅 je crois qu'on peut dire que tu lui en veux à elle😄
 
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5 replies since 12/8/2019, 16:17   456 views
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