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Dreams Of Summer Days - Partie 01 : Alistair

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view post Posted on 26/9/2020, 08:18
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Bonjour tout le monde. Je me permets de reposter le premier chapitre de Dreams of Summer Days, qui se trouvait sur l'ancien forum. Seulement, j'ai modifié certaines choses, à commencer par le choix de répartition des chapitres etc. Le premier volet est spécialement prévu pour Ali, qui se trouve désormais en France.

Enjoy your reading! ^^

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Il ne trouvait pas le sommeil, c'était une habitude – qu'il regrettait amèrement – depuis son arrivée en France. À peine eût-il monté sur le paquebot menant vers ce pays en guerre qu'il était en proie à de terribles insomnies, durant lesquelles il ne pouvait que réfléchir, à sa vie, à sa famille, à ses amis. Chaque fois qu'il faisait un pas bref vers le sommeil, une pensée, bonne ou mauvaise, venait anéantir tous ses espoirs afin de dormir. Il était terriblement fatigué, épuisé, exténué même. Seulement, il reconnaissait qu'il était fortement inutile de le mentionner dans ses lettres, et cela ne ferait qu'accroître l'anxiété que son départ avait provoqué chez chacun, mais tout particulièrement chez Patricia. En pensant à cette dernière, un drôle de sentiment venait le chatouiller au creux de son ventre, il en ignorait la cause principale, mais il pouvait mettre en avant, quelques-unes de ses hypothèses. En songeant une nouvelle fois, parmi tant d'autres moments, au sourire de la jeune femme, qu'il avait commencé à côtoyer durant le Festival de Mai, il se mit à sourire lui-même. Il ne savait pas encore si tous ses sentiments pour Candy avaient disparu, il se doutait cependant que ces sentiments, qu'il avait tant ressentis par le passé, semblaient davantage fraternels qu'amoureux. Il n'était pas comme Archibald, son petit-frère si téméraire et prêt à se battre pour la jeune femme aux cheveux blonds et joliment bouclés. Il n'aimait pas se battre, il tenait en horreur les combats, et pourtant, voilà qu'il se trouvait sur une base aérienne Française, et qu'il était formé aux combats en avion afin de se battre contre l'ennemi, pour libérer la France de cette terrible guerre, qui paraissait vouloir durer éternellement.



Son ami, Dominique, dit Domy, lui avait posé une question à laquelle il n'avait pu répondre qu'en ne laissant son instinct le dicter, et avec une franchise dont il était doté depuis sa plus tendre enfance : pourquoi s'était-il engagé dans une guerre qui ne concernait même pas son pays, et surtout pourquoi avait-il pris cette décision alors qu'il avait « une amie qu'il aimait tant » ? Il lui répliqua, sans un seul mensonge, qu'il n'en pouvait plus de voler dans les cieux américains en pensant qu'il y avait, quelque part dans ce même ciel, des combats aériens qui se déroulaient chaque jour, qu'il souhaitait alors voir de ses propres yeux, ce céleste séjour redevenir paisible. Il n'avait que peu réfléchi, il savait que c'était la bonne réponse, et pourtant, lorsque le plus Français de ses amis avait, par la suite, poursuivit avec sa propre histoire, il fit en sorte de semer le doute dans l'esprit du jeune aviateur américain. Patricia, étant une Anglaise de nationalité, n'avait-il pas voulu protéger sa patrie, sans même s'en apercevoir ? Et surtout, la protéger elle-même et sa famille ? Tout lui semblait plus clair, désormais. Bien que son sens inouï du pacifisme l'ait guidé sur ces terres montagneuses de l'Est Français, il ne pouvait que constater, qu'inconsciemment, sa partie protectrice l'avait conseillé d'aller se battre, pour Patricia, pour sa famille qui n'avait pu quitter l'Angleterre et qui se retrouvait, bien malgré elle, au sein-même des combats.





Ne pouvant sommeiller et ce, après tous ses efforts, le garçon se tournait et se retournait dans son lit, ne sachant quelle position adopter, sans omettre que la chaleur de la chambre était assez élevée, pour ce premier jour d'été. Après un mois de sécheresse absolue sur une majorité du pays, la pluie était attendue avec une impatience qui n'était guère naturelle, seulement, les cultures avaient besoin d'eau afin d'être sauvées un minimum, et les conditions climatiques causaient de nombreux soucis pour ravitailler les hommes qui se trouvaient dans les tranchées, et sur les bases aériennes. L'eau manquait terriblement et chacun avait hâte de voir les premières gouttes de pluie céder à la pesanteur atmosphérique pour enfin apporter un peu de fraîcheur sur le pays assoiffé. Bien qu'il fût chaud, trop lourd pour pouvoir se laisser séduire par le sympathique Morphée, Alistair ne put ouvrir la fenêtre qui lui faisait face : les moustiques se seraient volontiers chargés de lui, ce qui aurait été un combat déloyal. Il se mit alors à penser, à diverses choses, variant en même temps les nombreux thèmes qui lui étaient proposés. Il imagina, dans un premier temps, une nouvelle invention qui pourrait être révolutionnaire et qui aurait pu changer la vie des pilotes à tout jamais ! Cet appareil servirait à détecter les avions ennemis, et serait en forme de grosse loupe, accroché à leur tableau de bord. Voilà qu'il venait d'avoir une idée génialissime, et sans l'aide de Domy, il n'y parviendrait pas. En effet, son ami c'était révélé comme étant une grande aide dans la création de ses ouvrages – qui étaient bien souvent loufoques. Il était heureux de l'avoir rencontré, autour d'un ou deux verres de vin – si ce n'était plus, il ne s'en souvenait plus, c'était probablement la première fois qu'il buvait autant. Il se mit à rire, ayant en tête de nombreuses images de cette fameuse soirée, qui fut bien arrosée pour chaque jeune aviateur de la base, avec la musique, le vin qui coulait à flot et les garçons qui dansaient, jamais nous n'aurions dit que des batailles se déroulaient à plusieurs lieues de leur emplacement. Jamais il n'aurait osé songer que malgré la guerre qui sévissait, les hommes et les femmes purent s'amuser et faire la fête, comme si rien ne se passait, comme de rien n'était, ce qui fut une chose qui le surprit énormément. Le jeune homme s'autorisa à se dire en son for intérieur que c'était mieux ainsi, car si, même en Amérique on ne parlait que de cette querelle, le monde continuait à tourner et la vie n'allait pas s'arrêter pour autant, à part pour de malheureux soldats, qui après s'être battus corps et âmes afin de défendre leurs patries, leurs valeurs et leurs familles, tombaient sous des balles folles ou des boulets de canons. Là où il se trouvait, il recevait du confort, il pouvait se laver et manger correctement, alors que plus loin, des hommes, des jeunes gens, souffraient dans les tranchées : ils souffraient de la soif, de la fin, du manque d'hygiène, des climats incertains, mais ils souffraient également des batailles sans fin, qui les fatiguaient encore plus, en menant certains à la mort. Oui, la mort les guettait sans cesse, sans trêve, alors que les aviateurs bénéficiaient de tellement de choses, toutefois, ils ne pouvaient que difficilement s'extirper des bras de la grande Faucheuse si elle avait à les accueillir, après de multiples duels dans les airs.



Chassant cette abominable pensée de son esprit, qui lui fit perdre son sourire, il se positionna sur le dos, fixant le plafond dans l'obscurité. Son corps en sueur brillait sous les rayons de la lune, et déplaçant ses deux mains afin de les mettre sous sa tête, il commença alors à rêvasser. Il se souvint avec un pincement au cœur, des jeux que son cadet, leur cousin et lui-même s'inventait, lorsqu'ils étaient enfants. Leur gouvernante leur avait raconté l'histoire des « Trois Mousquetaires », ce roman Français qui faisait tant rêver les jeunes garçons ne les avait pas épargnés. Durant de nombreux jours, les trois petits garçons s'imaginèrent à la place de chacun des mousquetaires, Anthony voulut incarner le personnage de Porthos, son jeune frère, du même âge que leur cousin, voulut être Athos, alors il ne lui restait uniquement le personnage d'Aramis. Pendant de longues heures, les trois petits jouèrent munis de leurs poneys, de leurs capes et de leurs épées factices, à reproduire cette fantastique histoire d'Alexandre Dumas, mais malheureusement, ils n'avaient pas leur chef, le grand d'Artagnan. Dans ses souvenirs les plus lointains, il semblait au jeune homme à lunettes, qu'un jeune blond avait volontiers décidé de partager leur jeu, en incarnant le personnage de leur chef, celui-ci fut royal, lorsqu'il se trouvait en selle, sur son cheval à la robe isabelle. Néanmoins, Alistair n'avait pas la conviction que ce dernier être fut vraiment réel, s'il n'était qu'un spectre.



Alistair, dès son plus jeune âge, prenait soin de son petit frère. Lorsqu'il n'était âgé que de deux années, ce petit être qui pleurait sans cesse et qui lui volait sa maman l'interloquait beaucoup. Mais déjà, il prit son rôle de grand-frère à cœur, ce petit bonhomme, il le savait, allait être son compagnon, son meilleur ami et son confident jusqu'à la fin, ils allaient pouvoir faire des bêtises ensemble et embêter les nourrices : tout seul, ce n'était pas drôle. Dès qu'il entendait le nourrisson pleurer, il accourait chercher sa mère, la tirant par la main afin de l'attirer dans la chambre dans laquelle se trouvait le berceau, il n'était qu'un tout petit bébé de quelques jours que le petit Alistair était déjà immensément attaché à lui, et il se souvint d'une promesse qu'il s'était déjà faite à l'époque : qu'il le protégerait malgré tout, que c'était hors de question pour lui-même qu'on ne s'attaque à son petit-frère. Il était le plus grand, il était chargé de veiller sur son cadet. Puis vint le jour où Archibald apprit à marcher, puis les bêtises tant attendues par l'aîné de la branche des André purent enfin être faites, pour son plus grand bonheur ! Les domestiques et les nourrices connaissaient parfaitement bien le caractère taquin du petit Alistair, alors elles ne purent jamais vraiment le punir. Couché, seul dans sa chambre éclairée seulement par la lune et les étoiles, le jeune homme était fier de lui, et de ce qu'il était devenu. Sa vie n'avait été remplie que de bonheur pur, et ce, malgré tous les malheureux coups bas que celle-ci avait pu placer sur son chemin. De plus, il avait connu la passion amoureuse, à l'arrivée de Candy, mais qui, avec le temps et se déclarant hors-jeu, ayant une première fois Anthony puis une seconde fois Terrence en grands vainqueurs, s'était transformée en amour fraternel. Il s'en rendait compte, désormais, il ne pouvait pas s'agir d'un amour vrai, sinon platonique, envers Candy, jamais il n'aurait pu passer à autre chose de cette façon, alors que son jeune frère, quant à lui, n'en démordait pas, ce qui démontrait bien qu'il était réellement, véritablement épris de la belle blonde aux yeux verts. Il souffrait pour lui, il avait mal pour Annie. Il en était convaincu, cette dernière était très jolie, et si calme, si douce et si attentionnée qu'Archibald ne pouvait faire autrement que de finir par s'en éprendre... Il faudra du temps, mais d'après le pilote, cela finira par arriver, il connaissait bien son frère, trop téméraire, trop têtu pour passer à autre chose et s'avouer vaincu.





Sa passion pour Candy s'éteignit peu à peu après qu'il eut rencontré la jeune Patricia, qui était alors toute timide et qui n'osait peu parler. Il sourit aux anges en se remémorant ce Festival de Mai, plus ou moins chaotiques. Cette première rencontre fut par son hilarité, un moment mémorable et qui s'est, en l'espace d'un seul instant, inscrit dans son esprit. Un faux pas, et tout bascule ! Voilà ce qu'il s'était produit, un faux pas et une bousculade qui s'est terminée à la recherche des lunettes des deux danseurs. Lorsqu'ils se sont redressés tous les deux, après avoir récupéré leurs biens, leurs simples regards sans verres se sont croisés et restant un instant sans rien dire, et seulement à se contempler dans le blanc des yeux, le pilote de l'air fut surpris en s'apercevant qu'il avait retenu, avec précision, mot pour mot, ce qu'il avait dit à cette jeune fille : « Tu es plus mignonne sans lunettes », ce à quoi elle avait répliqué « et toi aussi tu es beaucoup plus beau » après quoi ils tentèrent de danser sans leurs paires de lunettes, ce qui fut un fiasco total. Ce souvenir était l'un des plus beaux, l'un des plus indélébiles qu'il pouvait encore avoir à l'esprit. Était-ce cela, le très connu coup de foudre ? Il lui paraissait impossible de le savoir avec exactitude, mais il lui semblait bien qu'ils avaient tous deux étés en proie aux petits anges avec leur arc, Cupidon les avait liés par ce regard, et voués à une belle histoire. Abaissant ses paupières, Alistair revit le beau sourire souvent accompagné d'un faible rire, et les joues rougissantes de Patricia, ce beau visage auquel il pensait si souvent, celui qui avait envahi ses pensées lorsqu'il lui écrivait cette lettre si difficile. Il souhaitait le garder pour lui seul, probablement par orgueil, mais c'était à cause de ce magnifique portrait si joyeux qu'il avait longuement hésité avant de sauter le grand pas et de partir, en France, il ne désirait pas la voir pleurer, la voir sangloter par sa faute, et c'était pour cela qu'il s'était enfui, sans rien dire à personne.



À peine était-il sur le bateau qu'il s'empressa de lui écrire une nouvelle lettre, elle lui manquait déjà, c'était une chose indéniable, chaque soir, il se quémandait en lui-même s'il avait fait le bon choix, et une fois qu'il fut arrivé à la base aérienne qui avait suivie l'école d'aviation d'Avord, il s'affairait à dessiner sur le capot de son biplan, des lunettes. Content de lui, il souriait pendant un long moment en ne pouvant déplacer son regard ailleurs que sur sa nouvelle invention, et probablement la plus réussie, mais aussi la moins difficile à créer ! Ainsi, l'appareil qu'il pilotait avait déjà une identité, et celle-ci fut Patricia : il s'aperçut alors que cette jeune femme comptait beaucoup plus pour lui que ce qu'il n'aurait pu concevoir. Il avait pris connaissance de cette demoiselle très facilement, et elle fut la première à qui il confiait ses rêves, ses secrets, ses angoisses, elle fut sa première confidente, détrônant ainsi son petit-frère. Ils avaient tellement de points en commun, de passions communes... Ils étaient semblables, et désormais difficilement séparables l'un de l'autre, même leurs amis s'étonnaient, par moments, de ne pas les voir ensemble. Quant à Archibald, il était ravi de pouvoir taquiner son aîné sur sa « fiancée », pour se venger de ces multiples railleries lorsqu'il recevait les lettres d'Annie, alors qu'elle n'était encore qu'en Amérique. Mais, contrairement à la relation que le plus jeune des Cornwell entretenait avec la fille adoptive des Brighton, sa relation avec Patricia existait bel et bien, au plus grand plaisir de tous. Quand tard le soir les deux frères se retrouvaient dans la même chambre, à la demeure familiale ou au Collège Royal de Saint Paul, ils discutaient fréquemment de tout et de rien, et quelques fois, même, ils vaquaient chacun à leurs occupations respectives. Malgré ces moments de silence, ils se comprenaient tous les deux, ils n'avaient guère besoin de paroles, seuls certains gestes ou certains regards leur permettaient de discuter, mais dès qu'il s'agissait de parler de conquêtes féminines, les brimades débutaient leur longue bataille et leur ascension vers la victoire : celle-ci reviendrait à celui qui parviendra à mettre l'autre en rogne. Mais lorsque la colère naissait pour l'un ou l'autre, ce n'était jamais pour bien longtemps, et les rires remplaçaient vite la tension ambiante dans la pièce. Ces petits jeux entre eux deux naquirent lorsqu'ils étaient partis en Écosse, pour les vacances d'été. Archibald ayant remarqué le rapprochement soudain et imprévu de son grand-frère avec la timide Patricia, sauta sur l'occasion pour questionner Alistair sur sa relation avec la jeune fille. Étrangement, il n'eut que quelques bribes de phrases en guise de réponses, ce qui amusa un peu plus le plus petit de la famille Cornwell.





Laissant son regard glisser sur sa gauche, Alistair fixa les marionnettes qui le représentait, puis plus loin, celle qui matérialisait Patty, qu'il était en train de confectionner. Il comprit alors que son instinct lui jouait des mauvais tours, mais qu'il avait une plaisante sensation qui n'était présente dans le seul but de lui faire comprendre que depuis qu'il était arrivé à bon port, dans cette base emplie d'avions, il ne se rendait pas compte de ce qu'il faisait. Son cerveau lui jouerait-il des beaux tours ? Ou peut-être ses sentiments doux, paisibles et intrigants envers Patty le guidaient-il vers la voie du plaisir absolu, de la suave passion qui envoûtait son cœur ? À force de réflexions, le jeune homme finit par arriver à la conclusion que Candy n'était qu'un premier amour, d'adolescent, celui qu'il n'avait jamais vécu en étant enfant, mais voilà que Patricia lui apportait un plaisir d'autant plus plaisant, des sentiments davantage posés, plus beaux et plus calmes, qui se distinguaient du feu de la tendresse de l'attachement adolescente, qui était bien des fois, caractérisée comme étant rapide mais futile dans beaucoup des situations. Et plus que tout, lorsque le désir se frayait paisiblement un chemin et venait se lier avec les sentiments, pouvait-on alors parler du véritable amour ? Voilà une chose importante qui différenciait l'amour qu'il parvenait à porter à Candy, il ne ressentait pas de désir à son égard, juste une admiration qui dépassait toutes ses espérances, par le fait qu'elle était forte, qu'elle gardait le sourire malgré toutes les mauvaises aventures qu'elle avait pu vivre dans sa courte vie. Oui, il avait touché en plein dans le mille, c'était une admiration sans limite qu'il vouait à cette belle jeune femme, mais bien entendu, il l'avait toujours trouvé jolie...



Comme beaucoup de jeune homme, il trouvait toute la gente féminine magnifique, et tellement incroyable, et il ne pouvait que se l'admettre, même son effrayante cousine, sa chère Elisa, était une belle jeune femme, si on ne prenait en compte que l'extérieur. Les femmes étaient si fortes et tellement pleines de mystères qu'elles le passionnaient, ils ne désiraient que résoudre ces drôles d'énigmes qui les entouraient. Ce ne fut pas la raison pour laquelle il s'était épris, sans aucun doute sans qu'il ne s'en rende réellement compte, de la jeune Patricia. Elle avait quelque chose en plus, cette petite chose qu'il ne parvenait pas à déceler mais qui faisait tout. Il savait qu'elle ne se trouvait pas spécialement belle, il avait souvent perçu son regard envieux dirigé vers Candy ou bien Annie, mais pourtant, il la trouvait magnifique. Elle était son nouvel astre éclairant ses brèves nuits, mais elle ne le savait pas. Il n'était pas doué pur écrire des lettres d'amour, et chacune des lettres qu'il réussissait à écrire, concernaient tout le monde. Il ne voulait pas non plus éveiller la jalousie, mais il ne souhaitait pas non plus créer une déception intense, il était tiraillé entre plusieurs sentiments trop bons, qui ne le rendaient pas assez égoïste. Mais dès que l'occasion se présentait, il faisait en sorte de n'écrire que pour « sa très chère Patricia », comme il avait tendance à le calligraphier, au début de chacune des missives. Décidément, l'amour avec un grand « A » était une chose compliquée à laquelle il ne savait que faire, perdu dans un flot d'exaltations qui lui donnait l'impression d'être un parfait inconnu, pour lui-même.



Poussant un dernier soupir, le jeune aviateur laissa son opinion sur ce déstabilisant sujet, s'échapper tout haut : « Je n'y comprends rien, l'amour, je n'imaginais pas ça si compliqué à comprendre... Je n'aurais pas cru que les femmes étaient plus simples que ce sentiment étrange qui nous enflamme... Bah ! J'en parlerai avec Domy, demain ! » Ses lèvres s'étirèrent sur son visage afin de ne former qu'un grand et beau sourire, et, gardant un œil sur les marionnettes qui étaient toutes deux déposées sur son bureau, il pensa une nouvelle fois à la jeune femme, se demandant si elle était en train de s'amuser avec les autres, s'ils se baignaient ou profitaient d'un dîner tous ensemble. Elle n'était pas seule et elle était en sécurité, c'était tout ce qui lui importait, et même s'il devait mourir au combat, il veillerait à ce qu'elle soit toujours heureuse et à ce que rien ne puisse lui arriver. Le soleil devait se lever dans plusieurs heures, mais Alistair ne put fermer un seul œil de la nuit, et ne quitta pas les deux poupées séparées et qui n'attendaient que d'être réunies pour ne former qu'une seule et même entité vivante.
 
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view post Posted on 27/9/2020, 15:42
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Hello, voici le chapitre 2 de ma fic. J'espère qu'il vous plaira! ^^

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À bord de son coucou, le jeune homme observait distraitement le paysage terrien qui s'offrait à lui. La vue qu'il pouvait avoir lorsqu'il marchait sur ce même sol ne lui paraissait pas si magnifique que celle qu'il pouvait savourer avec un intense bonheur du haut de son cockpit ouvert, alors qu'il avait entre ses deux mains les commandes d'un appareil de l'aviation française. Il ne pouvait cacher sa fierté d'être devenu un des potentiels meilleurs pilotes de l'armée de l'air, alors qu'il n'avait que peu d'expérience. Arborer la cocarde bleue, blanche et rouge sur son avion ne pouvait pas signifier autre chose, pour lui, que la concrétisation d'un rêve, qu'il ne cessait de faire lorsqu'il était enfant et adolescent.


Voler était son moment de détente. Lorsqu'il pilotait, Alistair ne songeait plus à la terrible guerre qui sévissait à des centaines de kilomètres de lui, et qui chaque jour, faisait de nombreuses victimes. Parmi elles se trouvaient des hommes jeunes ou vieux, célibataires ou mariés, père ou non, et malgré ces différences de statuts, leur disparition causait un deuil profond, au sein des famille comme au front lui-même. La terreur apportée par ce conflit était plus simple à oublier, en tant que jeune pilote de l'air qui n'avait jamais connu les guerres de tranchées et les nombreuses batailles qui s'y déroulaient. Alistair ayant été volontaire, il n'avait jamais eu connaissance de la dure vie que menaient les poilus. Lorsque les plus jeunes qui venaient d'arriver osaient se plaindre de la qualité de vie sur la base aérienne, certains supérieurs qui avaient eu la malchance de côtoyer la vie des tranchées les reprenaient sévèrement. « Vous ne connaissez ni la boue, ni l'odeur des cadavres en décomposition, les nombreuses mutineries ne vous sont qu'inconnues. Donc si vous ne pouvez accepter de dormir dans un lit où l'on sent les ressorts, que vous ne supportez pas de manger cette bouillabaisse chaque jour, alors votre place n'est pas ici. Soit vous apprenez à vivre dans ces conditions, soit vous reprenez immédiatement vos baluchons et déguerpissez. Ai-je bien été clair ?» pouvaient-ils dire, souvent avec un voile devant leurs yeux. Il était évident que les mauvais souvenirs, les traumatismes n'étaient guère effacés et n'attendaient qu'un seul événement avant de ressurgir.




Haut dans le ciel, il ne s'empêchait jamais de zyeuter le paysage qui se trouvait sous son appareil. Les vallées s'étendaient à perte de vue, et parfois une rivière était à l'origine d'un immense lac plus éloigné, creusé au milieu des reliefs. Sur cette énorme étendue d'eau, qui lui paraissait ridicule, se reflétait le soleil, la transformant alors en une impressionnante toison d'or scintillante, éblouissante. Ce paysage ne lui était pas totalement inconnu : il ressemblait, à quelques détails près, à l'Ecosse. Une nostalgie l'étreignait, ces souvenirs pourtant si proches, lui paraissaient soudain tellement lointain qu'il ne pouvait plus en garantir la parfaite authenticité. « J'aurais tant aimé te montrer cela, Patricia... » pensa-t-il, un sourire béat sur son doux visage.


La jeune femme, malgré la distance qui les séparait, était toujours avec lui. Comme de coutume, il avait personnalisé son appareil, et n'ayant pu se retenir et grâce à une certaine spontanéité, le jeune homme aux cheveux profondément noirs, avait peint des lunettes sur le capot de son moteur : cet acte lui avait valu de nombreuses railleries en provenance de ses camarades, mais il n'en avait que faire. Cet avion s'appelait désormais Patricia, et la jeune femme étant myope comme une taupe, elle ne pouvait pas se passer de ses binocles. Leur rencontre fut simple et rapide, et la perte réciproque de leurs lunettes en avait été la cause. Il avait déjà croisé cette jeune femme, à l'allure rondelette et quelque peu enfantine, la voyant parfois accompagnée de Candy. Mais avant le fantastique festival de mai, qui était organisé chaque année au Collège Royal de Saint-Paul, il n'avait jamais véritablement fait attention à elle. Durant le bal du festival, leur rencontre fut fortuite, mais tellement hilarante : comment se faisait-il qu'ils se soient cognés l'un à l'autre au moment d'une valse pourtant simple ? Le hasard faisait, souvent, très bien les choses, leur rencontre ne pouvait qu'être écrite et devait avoir lieu, il n'y avait pas d'autre explication possible. Mais depuis qu'il avait plongé son regard dans le sien, alors que leurs lunettes étaient dans leurs mains respectives, il ne parvenait plus à penser à quelqu'un d'autre. Bien entendu, Candy restait dans sa tête et dans son cœur, mais pas comme il portait Patricia en lui.




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L'atterrissage était le moment qu'il détestait le plus, il savait que sa place était dans les airs, reflet de son caractère lunatique. Il maudissait parfois ses supérieurs qui ordonnaient de retourner se poser, ou le manque de carburant. Cependant, une idée le réjouissait lorsqu'il se disait qu'il devait retourner sur la terre ferme : son ami Domy. Quel bonheur d'avoir un tel camarade dans l’escadrille ! Ensemble, ils faisaient les quatre cents coups, partaient souvent en permission à deux pour aller s'inviter dans des petites fêtes nocturnes. Le jeune Français et l'Américain avaient su dépasser la barrière de la langue, et s'étaient alliés autour de quelques verres de bons vins. La stricte éducation que la Grand Tante Elroy les obligeait à avoir, lui était, au bout du compte, utile : sans les nombreux cours de Français qu'Archibald, Anthony et lui avaient reçus, jamais l'aîné de la famille Cornwell n'aurait été capable de s'adapter rapidement à un pays non-anglophone. Malgré cela, il était contraint de s’avouer à lui-même qu’il avait eu, au premier abord, le mal du pays. Lorsqu’il avait posé son pied droit sur la plateforme du port de Nantes-Saint-Nazaire et qu’il avait levé ses yeux cachés derrière les verres de ses lunettes pour la première fois, il s’était tout de suite senti loin de tout et seul dans un monde qu’il ne connaissait pas. Rien, dans cette base portuaire, ne laissait présager qu’une guerre était en cours dans l’Est de la France, et pourtant sa peur ne faisait que s’intensifier, ses boyaux se serraient au creux de son ventre. Arrivé là, il ignorait que faire, et son français était encore trop fébrile à l’oral pour pouvoir se renseigner ; il était seul et devait se débrouiller par lui-même, c’était un fait auquel il n’avait jamais été confronté auparavant.


Après avoir pris une profonde inspiration, il était parvenu à se renseigner, à sauter dans un train et plusieurs heures durant, le jeune homme observait le paysage tantôt de campagnes, tantôt de villes qui défilait sous yeux. Au plus profond de lui, il se demandait s’il avait bien fait de vouloir s’engager dans une guerre qui n’était pas la sienne, étant conscient que ses chances de revenir sain et sauf étaient restreintes. Malgré tout, il était fier d’avoir osé sauté le pas et qu’il allait enfin servir à quelque chose, une chose importante d’un point de vue européen. Alistair tentait de ne pas imaginer la douleur des siens, lorsqu’ils ont découvert sa lettre : comment aurait-il réagi lui-même si cet engagement avait concerné son cadet ? Très probablement mal. Qu’aurait-il fait si Patricia, au lieu de venir en Amérique, avait pris la décision de devenir infirmière sur le front ? À cette interrogation, son cœur s’était tant serré qu’il avait de la peine à respirer. Il était clair qu’il n’aurait pas pu supporter une telle nouvelle, son inquiétude pour elle aurait été bien trop douloureuse pour lui. L’espace d’un instant, il regretta amèrement son geste fou, voulant faire demi-tour et continuer sa vie auprès de ceux qu’il aimait, en faisant comme si de rien n’était. Seulement, cette possibilité ne lui fut pas permise : il s’était engagé, il ne pouvait pas agir en lâche et fuir avant même d’avoir débuté sa nouvelle vie, dans un nouveau pays, et dans une toute autre forme de luxe.




— La Terre en appelle à Alistair Cornwell, la Terre à Cornwell, vous me recevez ? s’amusa Domy.




Ces paroles firent sortir Alistair de sa profonde torpeur, qui semblait le tirer dans les limbes de ses souvenirs. Relevant la tête vers son camarade, il prit un moment avant de retrouver l’usage de la parole, son esprit lui paraissant encore engourdi par ses songes. Après un court instant de mutisme, il ôta son casque de sa tête, le plaçant sous son bras gauche puis observa longuement son ami français. Ce dernier se mit à sourire avant de rire aux éclats du visage perdu du jeune américain. Amicalement, il entoura son bras droit autour de la nuque d’Alistair, l’attirant légèrement vers le sol puis ils se mirent à marcher en cadence.




— Dis-moi Alistair, tu me sembles complètement perdu dans tes pensées… À quoi, ou plutôt à qui songes-tu comme cela ? À ta fiancée ? lui demanda le français, pris d’une insatiable curiosité.

— Hurm… Eh bien… En partie, je crois. Disons que je me remémore le moment où je suis arrivé ici. Sais-tu que cela a été difficile pour moi, de m’adapter à la vie d’ici ?

— Pour être tout à fait honnête avec toi, Ali… Je pense que cela a été compliqué pour chacun d’entre nous… Cependant, il est vrai que tu n’es pas un Frenchy comme la majorité des aviateurs, mécanos, cuisiniers ou je-ne-sais-qui, seulement tu t’es pas mal adapté à la France, et à sa langue !

— Par chance, j’ai eu de très nombreux cours de français, plutôt stricts, chez-moi, en Amérique. Ma Grand-Tante était effrayante et on ne voulait jamais lui tenir tête, mais afin de m’engager dans l’aviation française, il a fallu que nous nous disputions à maintes reprises.

— Et finalement, tu as obtenu ce que tu voulais, n’est-ce pas ? Tu l’as eu ton autorisation à t’engager dans cette guerre qui n’était pas la tienne…

— Pas complètement. Pour tout te dire, je n’ai pas du tout eu le droit de m’inscrire dans l’aviation française. Je m’y suis inscrit dans la plus grande de toutes les discrétions, en dans le dos de tout le monde. Même mon petit-frère n’était pas au courant, et pourtant nous avons tous les deux une relation fusionnelle.




Le jeune soldat français resta en silence. Il ne savait que répondre et que penser de son histoire, mais il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine, se brisant presque face aux paroles douloureuses de l’américain qui lui faisait face. Étant désormais assis sur le gazon vert et parfaitement coupé qui bordait le hangar à avions, il perdit son regard dans l’horizon bleu du ciel. Désormais, c’était à son tour de se perdre dans le flot intense survenant en vague, de ses trop nombreuses pensées, mais il ne perdait pas de vue qu’il devait songer à répondre à son ami anglophone. Comment Alistair avait-il pu commettre un tel acte ? Risquer sa vie dans un pays qui n’est pas le sien, dans une guerre qui ne concerne même pas l’Amérique, cela lui paraissait être un agissement fou, sans réflexion. Lui-même, au début de la guerre, faisait tout pour éviter d’être envoyé sur le front. Malgré cela, lorsque sa famille fut abattue de sang-froid par les allemands, au début de la guerre, la rage l’avait envahie et c’était désormais une haine profonde qu’il ressentait envers les boches, et c’était elle qui l’avait conduit là où il se trouvait. Toujours il se souviendra de cette douleur qui l’a tant tiraillé, qui l’a tant fait pleurer, et c’est dans ces moments qu’il l’a trouvée, son ange de nuit. Elle était là quand il allait mal, elle lui a apporté le réconfort nécessaire et c’est progressivement qu’il s’était profondément attaché à elle, avant de comprendre qu’il s’agissait de l’Amour. Même avec la peur au ventre, il avait trouvé le courage de se diriger dans le premier bureau de recrutement qui se trouvait près de lui, et il déposa lentement sa signature en bas à droite de la feuille d’engagement avant de prendre conscience de tout l’enjeu de cet acte.


Toujours, le moment où il annonça son engagement dans l’armée de l’air à sa fiancée, restera gravé dans sa mémoire. Elle fut, dans un premier temps, sonnée et ne lui parla plus avant d’entrer dans une subite colère noire qui se termina avec des larmes. Il comprit alors qu’il venait de lui briser le cœur une première fois, et qu’il n’avait pas le droit de perdre sa vie à la guerre, sinon quoi il la détruirait définitivement. Après l’avoir longtemps serrée dans ses bras dans l’objectif de la consoler de sa trahison, ils avaient enfin pu discuter de ce que cela signifiait pour eux, dans un avenir proche mais également lointain. Enfin, le moment de se quitter était arrivé rapidement, c’était déchirant, une première séparation : ils avaient longuement profité du bonheur simple de la vie, dans les bras l’un de l’autre, et afin de lui porter chance sa fiancée lui avait offert un mouchoir brodé avec leurs initiales en lettres majuscules entrelacées et une de ses photos. Ces présents, aussi simples étaient-ils n’en restaient pas moins chers au cœur de l’aviateur français, et jamais ils ne le quittaient.




— Tu sais, Ali… Je ne peux pas te juger d’avoir quitté ton pays pour venir ici, pour nous aider, et je trouve ça vraiment désintéressé de ta part. Mais… Qu’adviendra-t-il de ta fiancée ? Bon, je vais juste être franc avec toi mais, je pense que tu as du lui briser le cœur avec ton départ impromptu.

— Je… Je sais. Ça n’a pas été facile pour moi aussi. Je crois que si je suis parti en secret, c’était aussi pour ne pas la voir pleurer par ma faute. Elle ne le méritait pas, et pourtant je sais qu’elle a du se sentir trahie, abandonnée… Mais avant de partir, au cours de la nuit, j’ai passé beaucoup de temps dans sa chambre à l’observer dormir. Sais-tu quel est mon plus grand regret aujourd’hui ?

— Je pense savoir, mais je ne suis pas absolument certain, alors je vais te laisser me le dire.

— De ne pas lui avoir dit ce que je ressentais pour elle. Jamais. Et pourtant je crois qu’au plus profond de moi, j’ai toujours su que je l’aimais. Mais parce que je suis un imbécile, je me suis tu car j’étais persuadé d’être toujours amoureux de mon amie d’enfance. Mais je crois que les sentiments que j’avais pour Candy n’étaient même pas comparables à ceux que j’ai pour Patty.

— Et pourquoi cela ? Tu n’as pas à te blâmer, Alistair. Mais si cela te ronge de l’intérieur de ne pas avoir pu dire à… Euh… Patty, je crois, ce que tu ressentais, il te reste toujours du papier et de l’encre. Mais le plus beau des cadeaux que tu pourrais lui faire… C’est simplement de lui revenir le plus vite possible, et surtout, en vie.

— J’étais un adolescent qui ne connaissait rien à l’amour, lorsque j’ai rencontré Candy. Elle était notre soleil à mon cousin, mon frère et moi, et elle nous changeait de notre désagréable cousine, de nos tantes et des trop nombreuses domestiques. Elle est arrivée sans qu’on ne demande quoi que ce soit, et nous sommes rapidement tombés sous le charme de son sourire. J’étais juste trop jeune pour oser affronter mes sentiments pour elle. Et pendant longtemps, même après ma rencontre avec Patricia, j’ai cru que j’aimais Candy d’amour.

— Mais ? Qu’est-ce qui t’a fait comprendre que ce n’était pas le cas ?

— Le changement qui s’est effectué en moi. Lorsque je voyais Candy, j’étais un petit fou, toujours à chercher à attirer son attention pour me mettre en valeur face à elle : je crois que mes sentiments à son égard étaient… proches du délire. Cependant, la première fois que j’ai rencontré Patricia, c’était pendant un bal : nous nous étions pris l’un dans l’autre et avions tous les deux perdus nos lunettes. Quand mes yeux ont rencontré les siens, je n’ai pas pu les quitter et à cet instant, ce qui était incroyable, c’est que même Candy ne semblait plus exister. En une seule soirée, je me suis plus dévoilé à Patty qu’à Candy en plusieurs années. Mais là encore, j’ignorais que j’étais tombé amoureux de Patricia. Le moment où j’ai vraiment saisi, c’est lorsque je suis monté à bord du bateau qui allait me ramener en Amérique, quand je l’ai vue disparaître sous mes yeux. J’ai ressenti la même douleur lorsque j’ai quitté notre château, cette fameuse nuit.

— Je pense que sur ce point, je suis en parfaite condition pour te comprendre. L’amour c’est beau, mais bon sang, qu’est-ce que c’est douloureux. Mais tu sais quoi ? On va faire en sorte de se battre, pour nos amours, et on va ressortir vivants de cette maudite guerre.




Alistair ne pouvait rien faire d’autre que hocher la tête. Donnant un léger coup de coude à son ami tout en riant. Un long moment de silence s’installait désormais entre eux, leurs regards étant tous les deux perdus dans l’horizon de la base aérienne, songeant respectivement à leurs amours quittés. Dominique avait raison, même s’il n’avait jamais dit à sa tendre Patty qu’il l’aimait, il pouvait très bien le lui dire par lettres. Malheureusement pour lui, il n’avait jamais été doué pour écrire des billets doux, et encore moins en sachant que son cadet et ses amis allaient eux aussi avoir le droit à la lecture de ses aventures.


Fermant ses yeux et serrant ses paupières, il était capable de visualiser le corps blotti sous les couvertures, de Patricia, telle qu’il l’avait observée avant de déposer la lettre sur sa table de chevet, de baiser tendrement son front et de quitter sa chambre. Il ignorait combien de temps il était resté près d’elle, à fixer son visage illuminé par la lueur de la lune, sans bouger, veillant sur son sommeil. C’était avec la vague à l’âme qu’il avait fermé la porte derrière lui, les larmes aux yeux qu’il s’était hâté de faire disparaître. Désormais, son seul objectif était de retourner en vie en Amérique, après la guerre, et de lui déclamer ouvertement ses sentiments, sans masque et sans failles. Elle l’avait totalement changé, il était plus sage, plus réfléchi encore : elle l’avait fait grandir, il était désormais devenu un homme.
 
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